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Autre exemple fur la même question. Combien faudroit-il de marcs d'or à 24 karats, combien à 20 karats, combien à 16, à 12, à 8 à 6, pour faire un alliage de 116 marcs d'or à 22 karats? Opérez comme il fuit :

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Cet exemple fait voir que pour compofer un alliage d'or de 116 marcs au titre de 22 karats, il faut y faire entrer 96 marcs à 24 karats, 4 à 20 karats, & autant à 16, 12, 8 & 6 karats.

Cette théorie des regles d'alliage, appliquée ici aux mélanges des métaux, eft la même pour toutes les matieres d'une nature différente comme drogues, liqueurs, grains, farines, métaux appréciés en monnoies & non en titres, &c. Dans tous les exemples précédens, on n'a qu'à fubftituer les prix en monnoies de compte aux

titres, & des boiffeaux, des pintes, des livres, &c. à la place des marcs, on réfoudra toutes les queftions propofées fur ces objets.

,

Nous remarquerons que comme il eft rare que le titre de l'or foit exactement d'un nombre entier de karats précis, & le titre de l'argent d'un nombre de deniers parfaits, le calcul des alliages & le calcul pour l'or fe fait par trente-deuxieme de karat des alliages pour l'argent, fe faifoit par grains de fin. C'est de cette maniere que les Maîtres des Monnoies font les alliages des matieres d'or & d'argent, qui ont été apportées aux Hôtels des Monnoies, & échangées contre des efpeces. Ces alliages ont l'avantage de les difpenfer de l'affinage des matieres au-deffous du titre prefcrit pour la monnoie. On pofe les matieres qui font au-deffous & celles qui font au-deffus du titre des efpeces à fabriquer, & on en fait un calcul exact. Par exemple, que l'on ait une once d'or à 21 karats, on veut favoir ce qu'il faut y ajouter d'or à 22 karats, pour travailler de l'or à 22 karats juste. Opé

rez ainfi :

4

4

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On voit par cet exemple, qu'il faut autant d'or à 680 trentetrente-deuxiemes; & comme la quan 'deuxiemes, que d'or à 720 tité de l'or à 680 trente-deuxiemes eft d'une once, il s'enfuit qu'il faut y ajouter une once d'or à 728 trente-deuxiemes, pour avoir deux onces d'or au titre de 704 trente-deuxiemes, ou de 22 karats.

Lorfque les Maîtres des Monnoies n'ont que de l'or & de l'argent au-dessous du titre de la monnoie, il faut affiner; mais lorfqu'ils n'en ont qu'à un titre fupérieur à celui que les loix prefla fabrication des efpeces, alors ils en font l'alliage crivent Pour avec du cuivre qu'ils y ajoutent, jufqu'à ce qu'ils ayent atteint le peut fournir degré légal des matieres qu'ils doivent employer. On un exemple de la maniere de faire le calcul de cette forte d'alliage. On a, par exemple, 11 marcs d'or à 24 karats, ou à 768 trente-deuxiemes qu'on voudroit travailler au titre de 22 karats, ou de 704 trente-deuxiemes, combien faut-il y ajouter de cuivre? Faites cette analogie d'abord : 704; 768;:11:x=

IT 758

704

8448

704

12; puis de 12 retranchez 11, refte 1; c'eft un marc de cuivre qu'il faut ajouter aux 11 marcs d'or à 24 karats, pour avoir 12 marcs d'or au titre de 22 karats.

De même si l'on a 44 marcs d'argent au titre de 12 deniers & qu'on veuille en frapper des monnoies au titre de 11 deniers, on déterminera la quantité de cuivre qu'il y faut mêler, en faifant d'abord cette analogie :

11: 12 :: 44: x

12 X 44
II

=

48; ou bien cette autre, dont les termes font exprimés en grains, 264: 288:44:x= 48. Enfuite on ôtera 44 de 48 & la différence 4 fera connoître qu'il faut mêler 4 marcs de cuivre avec 44 marcs d'argent à 12 deniers, pour en faire 48 mares d'argent à 11 deniers; & ainsi du refte.

L'alliage n'eft pas feulement employé pour donner de la folidité aux monnoies, il l'eft encore pour donner de la beauté aux ouvrages de bijouterie. « Depuis quelques années le luxe, qui rend » les Artiftes inventifs, leur a fait imaginer des moyens pour » donner à l'or différentes nuances par les alliages; on applique » des fleurs & des ornemens faits avec ces ors diversement colorés >> ce qui produit une variété agréable à l'œil, mais c'est aux dé» pens de la valeur intrinfeque du métal, qui eft facrifié à la » beauté de l'ouvrage. On ne connoît que cinq ors de couleur, » qui font : L'or jaune, l'or rouge, l'or verd, l'or gris ou bleu & » l'or blanc. L'or jaune eft l'or fin dans toute fa pureté. L'or rouge » est un or au titre de 16 karats; c'est un alliage de deux parties » d'or fin fur une de cuivre de rofette. L'or verd eft aussi au titre » de seize karats; il eft fait avec deux parties d'or fin & une » partie d'argent fin. Cette proportion fournit un beau verd de pré; trois parties d'or fin, fur une d'argent fin, produisent un » verd feuille morte; on aura un verd d'eau, fi l'on met sept par» ties d'or fin, fur cinq parties d'argent fin. L'or gris ou bleu, » ou pour mieux dire bleuâtre, fe fait quelquefois par le mélange » de l'arfenic ou de la limaille d'acier, mais le plus fouvent c'eft » un alliage de trois quarts d'or fur un de gros fil-de-fer doux. L'or » blanc eft affez improprement appellé or, n'étant autre chose que de l'argent, à moins que pour éteindre fa vivacité on ne » le mélange un peu, ce qui arrive rarement. L'or blanc fe fait

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» auffi en alliant de l'or avec beaucoup de fer; mais ce dernier » est aigre, cassant, & difficile à travailler. En changeant les pro» portions de l'alliage, on peut, de cette façon, avoir de l'or de » différentes nuances ». Dict. Encycl.

Les Monnoyeurs ne fabriquent point d'efpeces d'or & d'argent fans alliage; c'est-à-dire, qu'ils mettent toujours une portion de cuivre avec ces deux métaux. Les raifons de cet ufage font la rareté des métaux précieux, la néceffité de les rendre plus durs par le mélange de quelque corps étranger, & encore par ce d'éviter les dépenfes de la fabrication, qui fe doivent prendre fur les efpeces fabriquées auffi bien que les droits du Prince : c'est de quoi nous allons préfentement parler.

moyen

le mot

Les frais de la fabrication des monnoies s'exprime par Braffage. Braffer fignifie proprement bien remuer les matieres en bain ou en fonte, afin qu'elles puiffent être également fines partout. Le Braffage eft un droit que le Roi accorde aux Directeurs de la monnoie fur chaque marc d'or, d'argent & de billon, mis en œuvre & fabriqué. Ce droit eft aujourd'hui de cinq fous pour l'or, & pour l'argent, & de fix fous pour le billon. Autrefois le Directeur (que l'on appelloit Maitre), prenoit trois livres par marc d'or, & dix-huit fous par marc d'argent, dont la moitié étoit employée au déchet de la fonte, charbon, frais, &c., & l'autre moitié au payement des ouvriers. Le feigneuriage eft un droit que le Roi, comme Seigneur, leve fur les monnoies ou fur les métaux monnoyés. Rendage eft un terme dont on fe fert ordinairement pour comprendre & exprimer conjointement le braffage & le feigneuriage. Traite eft un terme plus général & qui fignifie plus que rendage, parce que la traite comprend ensemble le brassage, le feigneuriage & les remedes de poids & de loi. En France, on fait monter le rendage à 3 pour cent de la valeur, enforte que celui qui porte des matieres à l'Hôtel de la Monnoie, le poids de cent onces, & du même titre que les efpeces, ne reçoit que 97 onces fabriquées. Selon M. Dupré de Saint-Maur, la traite eft aujourd'hui entre un feizieme & un dix-feptieme du prix des matieres, obfervant qu'en 1719 & 1720 elle étoit bien plus confidérable.

Le droit de feigneuriage étoit non-feulement inconnu aux Anciens, mais même fous les Romains on ne prenoit pas les frais

de fabrication, comme la plupart des Princes font aujourd'hui ; l'Etat les payoit au particulier. Celui qui portoit une livre d'or fin à la monnoie, recevoit 72 fous d'or fin, qui en étoient la valeur. Ainfi l'or & l'argent en maffe, ou converti en monnoie, étoient de même valeur. L'Angleterre aujourd'hui encore ne prend aucun profit fur les monnoies pour le feigneuriage & le braflage; la fabrique en eft défrayée par l'Etat, ce qu'on regarde comme une excellente vue politique.

Il eft difficile, dit M. le Blanc, de marquer quand nos Rois ont commencé à lever le droit de feigneuriage fur leurs monnoies, ou pour mieux dire, fur leurs sujets. Nous n'avons rien fur cela de plus ancien, qu'une Ordonnance de Pepin, où il est dit, que le Monétaire rendra à celui qui apportera une livre d'argent à la monnoie pour la faire monnoyer, 21 pieces, ou 21 fous, & qu'il retiendra le vingt-deuxieme, ces fous étant alors à la taille de 22 au marc. Il a apparence que les Rois de la premiere race en avoient joui, n'étant pas vraisemblable que Pepin eût ofé, dans le commencement de fon regne, impofer un nouveau tribut fur les François qui venoient de lui donner la couronne.

Dans ce qui nous refte d'Ordonnances des Rois de la feconde race, pour les monnoies, il n'y eft fait aucune mention de ce droit. Cependant la donation que Louis le Débonnaire fit à S. Médard de Soiffons, du pouvoir de battre monnoie, fait voir que l'on en tiroit quelque profit, puifqu'il dit qu'il accorde ce droit pour être employé au fervice qui fe faifoit en l'honneur de faint Sé baftien. Monetam publicam cum incudibus, & trapezatum perpetuo famulatu facris ipfius (fancti Sebaftiani) defervituram fubdidit.

Charles le Chauve accorda le même privilége aux Evêques de Langres; & il paroit, par les termes de cette conceffion, que la monnoie produifoit quelqu'utilité à ceux qui avoient droit de la faire battre. Ad utilitatem jam prædictarum Ecclefiarum, earumque Reloris provifionem volumus pertinere. Enfin ce droit de feigneuriage eft clairement marqué dans une donation que Charles le Simple fit à la Chapelle de S. Clément, de la dixieme & neuvieme partie du revenu, qu'on appelloit monéage, de la monnoie qui fe fabriquoit dans le palais de Compiegne: De moneta ejufdem Palarii decimam & nonam partem.

Sous la troisieme race, Henri I donna à Saint-Magloire,

la

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