Images de page
PDF
ePub

ment; toutefois dites-leur bien qu'ils auront defdits 62 écus pour marc Gardez fi cher comme vous avez vos honneurs, qu'ils ne fçachent la loy par vous, à peine d'être déclarés pour traîtres, & les flaons que vous aurez avec une journée de royaux, faites ouvrer & monnoyer en fers que vous avez à préfent, & tous les autres royaux faites refondre, en feignant & difant aux fondeurs, (afin qu'ils ne puiffent de ces chofes appercevoir) que le Maître avoit failly à allayer, & pour cette caufe les faites refondre. Boizard.

On a dû remarquer par les exemples que nous avons rapportés, que quand, dans les mandemens & lettres claufes, il eft fait mention de la taille des efpeces par fous & par deniers, il faut reduire les fous en deniers; & cette fomme de deniers marque le prix du marc hors d'oeuvre. Si le mandement, par exemple, porte 9 fous 2 deniers de poids, ce qui fait 110 deniers, on entend par là qu'il ne faut donner que 110 pieces de cette monnoie pour payer le marc en matiere.

La valeur intrinfeque d'une piece de monnoie pouvoit être énoncée fous différentes expreffions, qui toutes ont la même fignification quant à la valeur de la piece. On peut dire, par exemple, que le fou eft à la taille de 48 au marc d'argent à 12 deniers de loi, de 44 au marc à 11 deniers, de 40 au marc à 10 deniers de 36 au marc à 9 deniers, de 32 au marc à 8 deniers, de 28 au marc à 7 deniers, de 24 au marc à 6 deniers, de 20 au marc às deniers, de 16 au marc à 4 deniers, de 12 au marc à 3 deniers, de 8 au marc à 2 deniers, de 4 au marc à 1 denier. Dans tous ces cas le volume du fou croît comme les nombres 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12; mais il est toujours de la même valeur intrinfeque; il contient toujours également en argent fin le quart d'un denier confidéré comme un poids effectif, c'està-dire, la quarante-huitieme partie d'un marc d'argent fin, l'alliage ou le cuivre étant compté pour rien.

I

Nous obferverons à ce fujet, que le denier employé aujourd'hui fictivement pour compter les degrés de pureté de l'argent, étoit autrefois ufité comme poids effectif, pour pefer ces mêmes degrés de pureté de l'argent. On difoit, par exemple, que quatre deniers pefant d'argent fin, faifoient le fou ou la valeur du fou : quod in fingulis folidis fint quatuor denarii argenti fini. (Hift. du Languedoc, de D. Vaiffette, tom. 2, p. 467.) Cela fignifie, que le fou étoit dela valeur intrinfeque de la 48 partie d'un marc d'argent fin,

mais non pas qu'il fût d'argent fin; il pouvoit être à tout autre titre au-deffous de 12 deniers de loi.

Ce qu'on vient de dire de l'argent fe peut appliquer à l'or; le karat, qui fert à en mefurer les degrés de fineffe, n'étoit point, comme aujourd'hui, un poids fictif; il étoit réel & de la vingtquatrieme partie du marc, ou 192 grains, du poids de Paris. Bouteroue en rapporte pour preuve deux anciennes pieces d'or, dont l'une a pour légende :

De fin or fuis un droit karat pefant.

Et la feconde :

D'or fin fuis extrait de ducats,

Et fus fait pefant trois carats.

Dont la premiere pefe effectivement 192 grains, & la seconde

576.

Après avoir confidéré la monnoie fous les rapports qui fervent à en conftituer la valeur intrinfeque, nous allons la présenter ici fous fes qualités extérieures, en la confidérant comme médaille, nous contentant néanmoins de définir les termes relatifs à cette maniere d'envifager la monnoie. Commençons par les expressions qui appartiennent plus particuliérement à la monnoie.

Volume. On entend par ce mot l'épaiffeur, l'étendue, en un mot la grandeur de chaque efpece. Le relief d'une médaille & la groffeur de la tête font confidérés comme faifant partie du volume d'une médaille.

La figure ou la forme de la monnoie eft ordinairement ronde, comme en France, mais il y a des pays où elle est ovale ou quarrée.

Le nom de chaque efpece eft tiré, ou de la figure qui y est imprimée, comme les Moutons d'or & les Tétons; ou du nom du Prince, comme les Henris & les Louis; ou de la valeur, comme les quarts d'écus & les pieces de deux fous; ou du lieu de la fabrication, comme les monnoies Parifis & Tournois; ou du poids, comme la dragme Attique, le marc d'Angleterre; ou de la matiere, comme les Louis d'or les Louis d'argent; ou bien de quelque autre fujet.

Le cordon, cordonnet, chapelet ou grenetis, font des hachures en forme de grains ou de points qui regnent autour des monnoies ou des médailles, vers la circonférence, & qui renferme les légendes ou inscriptions.

La légende ou infcription confifte dans les lettres qu'on lit, foit dans le champ, foit proche les bords, foit fur la tranche d'une monnoie ou d'une médaille. On appelle plus particulierement infcription les paroles qui tiennent lieu du revers d'une médaille, qui en chargent le champ, au lieu de figures, ou qui fervent à expliquer les figures qui y font gravées. C'eft fous Louis VI, ou Louis VII qu'on a commencé à mettre fur les monnoies d'or les légendes fuivantes; favoir, du côté de l'écu, qui eft femé de plufieurs fleurs de lis, Ludovicus. Dei. gracia. Francorum. Rex.” Et du côté de la croix: XPC. vincit. XPC. regnat. XPC. imperat. En termes d'Antiquaire, le mot légende eft confacré pour fignifier les lettres ou les paroles qui font autour de la médaille, & qui fervent à expliquer les figures gravées dans le champ.

Le millefime eft ce qui marque le temps de la fabrication de l'efpece. On ne l'exprimoit autrefois que par le nom du Prince regnant, ou des Magiftrats monétaires; mais depuis l'Ordonnance de Henri II, de l'an 1549, on a toujours marqué fur les monnoies l'année de la fabrication.

Le déférent ou différent eft une petite marque que les Tailleurs particuliers & les Maîtres des Monnoies choififfent, avec le confentement de la Cour, comme un foleil, un croiffant, une étoile, un animal, un fruit, &c. pour être en quelque forte l'enseigne des efpeces frappées au coin des uns, & fous la conduite des autres. Ces différens, que l'on marque ordinairement dans la légende des efpeces, ont été établis pour répondre de leur bonté, & pour indiquer le lieu où elles ont été fabriquées, ainsi qu'il s'est pratiqué dès les temps de nos premiers Rois. Alors le Monétaire faifoit mettre fon nom & fa qualité entiere, ou en abrégé, sur les efpeces. Les différens doivent être particuliers, & ils ne peuvent être marqués fur les efpeces, ni être changés que par l'ordre de la Cour, ou des Juges Gardes, &c.

Le Point Secret étoit un petit point, ou un petit trait, qu'on plaçoit autrefois fous quelque lettre de la légende, pour marquer le lieu de la fabrication, fuivant l'Ordonnance de l'année 1415; par exemple, le point fecret pour la monnoie de Paris, se marquoit fous le deuxieme e du mot Benedictum; pour la monnoie de Rouen fous le B du même mot, &c. mais aujourd'hui cela ne fe pratique plus, & le point secret eft fuppléé par une lettre alphabétique, fuivant l'Ordonnance de Janvier 1549.

Le lieu de la fabrication ou le déférent de Ville étoit aussi désigné autrefois, entre le point fecret, par le nom des Villes, des Ducs, des Comptes & des Souverains; mais depuis l'Ordonnance de François I, du mois de Janvier 1549, qui porte, que les monnoies y mentionnées, c'est-à-dire, les Hôtels des Monnoies, feront défignées par les lettres de l'alphabet, afin, que par ce moyen, on puiffe connoître en quelle Monnoie les ouvrages auront été forgés. Cette Ordonnance a été exécutée, & elle s'exécute encore aujourd'hui, mais avec quelques changemens, quelques Hôtels des Monnoies ayant été fupprimés, & d'autres réduits à l'état de fimple Jurifdiction, ce que l'on verra par la lifte fuivante.

'A. Paris, Hôtel des Monnoies.

B. Rouen, Hôtel des Monnoies.

C. Autrefois S. Lo, depuis Caen, aujourd'hui Jurifdiction.
D. Lyon, Hôtel des Monnoies.

E. Tours, n'eft plus que Jurifdiction.

F. Angers, eft fupprimé.

G. Poitiers, n'eft plus que Jurifdiction.
H. La Rochelle, Hôtel des Monnoies.
I. Limoges, Hôtel des Monnoies.
K. Bordeaux, Hôtel des Monnoies.
L. Baïonne, Hôtel des Monnoies.
M. Toulouse, Hôtel des Monnoies.
N. Montpellier, Hôtel des monnoies.

O. S. Pourçain, depuis Riom, n'eft plus que Jurifdiction.
P. Dijon, n'est plus que Jurifdiction.

Q. Autrefois Châlons, puis Narbonne, puis Perpignan, H. des M.
R. Saint-André puis Villeneuve-lès-Avignon, puis Orléans,

Hôtel des Monnoies.

S. Reims, n'eft plus que Jurifdiction.

T. Sainte Menehoud, puis Nantes, Hôtel des Monnoies.

V. Thurin, puis Amiens, n'eft plus que Jurifdiction.

X. Ville-Franche en Rouergue, à présent &, Provence, puis Aix, Hôtel des Monnoies.

Y. Bourges n'eft plus que Jurifdiction.

Z. Dauphiné, puis Grenoble, n'eft plus que Jurifdiction. 9. Bretagne, puis Rennes, n'eft plus que Jurifdiction. AR. Arras, eft fupprimé,

S

à préfent VV. Lille en Flandre, Hôtel des Monnoies.

Troies, n'eft plus que Jurifdiction.

AA. Metz, Hôtel des Monnoies.

BB. Strasbourg, Hôtel des Monnoies.
Empreinte d'une vache. Pau, Hôtel des Monnoies.
CC. Befançon n'eft que Jurifdiction.

Toute la fuperficie d'une piece de monnoie confifte chez nous en deux faces circulaires, & la bande ou zone qui en couvre l'épaiffeur tout autour. L'une des deux faces circulaires s'appelle le côté de l'impreffion, de l'image, de l'effigie, de la tête, du buste, de la croix. Le côté oppofé s'appelle écu, écuffon, revers, pile.

Le côté de l'effigie eft celui où l'on voit gravée en relief l'image. du Prince régnant, qui y a été mife pour certifier la bonté de l'efpece. Autrefois les Princes y faifoient mettre les monumens de leur Religion, de leur piété, de leur grandeur, de leurs conquêtes. Chez les Romains, Jules-Céfar eft le premier dont on ait ofé mettre la tête fur les monnoies de fon vivant. Dans les monnoies de France, on trouve l'effigie du Prince gravée dès le commencement de la Monarchie, & pendant toute la premiere race de nos Rois. Sous la feconde race cet ufage ne fut pas continué; on y trouve peu de monnoies ainfi gravées après le regne de Louis le Débonnaire. Cet ufage recommença fous Henri II, comme on le voit par un Edit de ce Prince, du mois d'Août 1548, lequel a été obfervé jufqu'à préfent. Le côté de l'effigie, outre le bufte du Prince représenté de profil, porte fur nos écus de fix livres la légende Lud. XV1. D. Gr. Fr. & Nav. Rex, entourée de fon grénetis, & de plus le différent du tailleur, placé au-dessous du buste. Autrefois à la place de l'effigie il y avoit une croix, delà vient que ce côté s'appelle encore croix, & le revers pile, d'où eft émané le jeu de croix ou pile.

Le côté de l'écu, de l'écuffon, de pile, ou le revers, eft la face 'de la monnoie qui eft oppofée à la tête. Le revers de nos écus de fix livres eft chargé des Armes de France, renfermées dans la ·légende: Sit nomen Domini benedictum. A la fuite de cette légende, qui eft également enveloppée dans un grénetis ou cordonnet, on lit le millefime qui marque l'époque de la fabrication de la piece, & au-deffous des Armes on voit le différent de Ville, qui marque par une des lettres de l'alphabet, le lieu où la piece a été fabriquée..

« PrécédentContinuer »