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La tranche est la zone circulaire qui couvre l'épaiffeur de la piece, fur laquelle on imprime aujourd'hui une légende ou un cordonnet, pour empêcher que les faux monnoyeurs ne la puiffent rogner. On ne peut marquer que les écus de la légende Domine falvum fac Regem, parce que le volume en eft affez confidérable pour porter des lettres fur la tranche; mais le volume des autres efpeces, tant d'or que d'argent, ne peut recevoir fur la tranche qu'un cordonnet avec un grénetis des deux côtés, ou feulement une hâchure. L'ufage de mettre une légende fur la tranche des monnoies a commencé en Angleterre : il n'a été adopté en France que dans le commencement de ce fiecle.

Les Antiquaires emploient des termes qui leur font presque particuliers, mais dont quelques-uns font auffi en ufage parmi ceux qui traitent des Monnoies.

Ils appellent médaille une piece de métal frappée & marquée, foit qu'elle ait été monnoie, ou non. Ils nomment médaillon une médaille d'une grandeur extraordinaire, & communément d'un beau travail.

Le champ d'une médaille eft le fond de la piece qui est vuide & fur lequel il n'y a rien de gravé. Toutes les figures qui font empreintes fur une médaille, en font regardées comme le corps, & la légende en eft regardée comme l'ame.

Exergue eft un mot, une date, des lettres, des chiffres marqués dans les médailles, au-deffous des têtes qui y font représentées; mais le plus fouvent l'exergue eft fur le revers de la médaille. Les lettres ou les chiffres des exergues fignifient ordinairement, ou le nom de la Ville dans laquelle elles ont été frappées, ou le temps, ou la valeur de la piece de monnoie. On voit par là que le mot exergue eft prefque fynonyme avec celui de

revers.

On appelle coin la matrice qui a fervi à donner la forme à une médaille ou à une piece de monnoie. Tous nos écus de 6 livres qui font fabriqués à Paris, le font à un même coin.

Le monogramme font des lettres, caracteres ou chiffres entrelacés; ils dénotent quelquefois le prix de la monnoie d'autres fois une époque, quelquefois le nom de la Ville, du Prince, de la déité représentée fur la médaille. Ce caractère étoit autrefois une abbréviation de nom, & fervoit de figne, de fceau & d'armoiries. La fignature avec des monogrammes étoit fort en usage

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aux feptieme & huitieme fiecles. Charlemagne, dit M. le Blanc, se servoit du monogramme de fon nom dans fes fignatures, comme une infinité de titres de ce temps-là le juftifient; il le fit même graver fur un calice dont Louis le Débonnaire fit préfent à SaintMédard, ainfi que nous l'apprend l'Auteur de la Tranflation de S. Sébastien Calicem cum patera, Patris fui Magni Caroli monogrammate infignita. L'on commença alors, à l'imitation de l'Empereur, à fe fervir en France plus fréquemment du monogramme. Eginard dit que Charlemagne ne favoit pas écrire, qu'il tenta en vain de l'apprendre dans un âge avancé, & que cela fut caufe qu'il fe fervit pour fa fignature du monogramme qui étoit facile à former: Ut imperitiam hanc honefto ritu fupleret, monogrammatis ufum, loco proprii figni, invexit. Nombre d'Evêques de ce tempslá étoient obligés de fe fervir du monogramme pour la même

raison.

On trouve auffi le monogramme de Charlemagne fur les monnoies de ce Prince; & c'est une preuve que Charles le Chauve n'a pas été le premier, comme l'a cru le P. Sirmond, qui ait ordonné qu'on mît fon monogramme fur les monnoies. Sous la feconde race de nos Rois, on mit prefque toujours le monogramme du Prince fur la monnoie, & cette coutume dura jufques fous le Roi Robert, vers l'an 1000. Du Cange s'eft donné la peine de recueillir les monogrammes des Rois de France, des Papes & des Empereurs.

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On appelle nimbe un cercle rayonnant qu'on remarque fur certaines médailles, fur-tout fur celles du Bas- Empire. On nomme relief la faillie des figures & des types empreints fur la tête ou fur le revers d'une médaille. dorsoor

Symbole ou type eft, un terme générique qui défigne l'empreinte de tout ce qui eft marqué dans le champ des médailles.

En termes d'art Numifmatique, on appelle proprement infcription les paroles qui tiennent lieu de revers, & qui chargent le champ de la médaille au lieu de figures; & alors la légende confifte dans les lettres qui font autour de la médaille, & qui fervent à expliquer les figures qui font dans le champ.

Sortons de cette efpece de digreffion, & revenons à quelques obfervations ou définitions plus effentielles à notre objet, qui est l'évaluation des monnoies.

On fe feryoit autrefois en France du terme de monnoie blanche,

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pour fignifier la monnoie d'argent; & de celui de monnoie noire, pour défigner celle de billon; ainfi maille blanche fignifie maille d'argent. Tournois blancs, turones albi, dans l'Ordonnance de Philippe le Long, font des tournois d'argent; & turones parvi ou nigni font de petits tournois de billon.

Par monnoie forte on entendoit, dans les actes & dans les contrats, la monnoie qui étoit de la valeur de celle de S. Louis, & on difoit qu'alors couroit forte monnoie ; & lorsque la monnoie courante étoit de moindre valeur intrinfeque, on difoit qu'alors couroit foible monnoie, Jarm sy

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Les monnoies réelles peuvent être fauffes, altérées, fourrées. La fauffe monnoie eft celle qui n'eft pas fabriquée avec les métaux ordonnés pár le Souverain; comme feroient des louis d'or de cuivre doré, des louis ou des écus d'argent d'étain recouverts de quelques feuilles d'argent fin.

-noLa monnote altérée eft celle qui n'est pas faite au titre & du poids -porté par les Ordonnances, ou qui ayant été fabriquée de bonne qualité, a été diminuée de fon poids, en la rognant, en la limant -fur la tranche, ou en enlevant quelques parties de la fuperficie avec de l'eau régale, fi c'eft de l'or, ou avec de l'eau forte, fi c'eft de l'argent.

Monhole fourrée eft celle qui tient, pour ainfi dire, le milieu entre la fauffe monnoie & la monnoie altérée. Elle eft faite d'un morceau de fer, de cuivre ou de quelqu'autre métal, que le faux monnoyeur couvre des deux côtés de lames d'or ou d'argent, fuivant l'efpece qu'il veut contrefaire, & qu'il foude proprement & avec justesse autour de la tranche. Le faux flaon fe frappe comme les véritables, & peut même recevoir la légende & le cordonnet de la tranche. On ne peut découvrir la fauffeté de ces fortes de pieces que par le poids ou par le volume, qui eft toujours plus épais ou plus étendu que dans les bonnes efpeces.

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Il eft temps de dire quelque chofe des monnoies de compte, dont on s'eft fervi en France fous les différens regnes. an La pougeoifs, pite pide ou poitevine, pogefia, picta, eft la plus petite des efpeces qui eurent cours fous S. Louis; & il paroît, par une Ordonnance, que Philippe de Valois en fit fabriquer.

Maille ou obole. Ces deux dénominations expriment la même efpece, & le double de la pougeoife. Les Statuts que S. Louis donna à la Ville d'Aiguefmortes, font mention de l'obole & de 1712

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la pougeoife. L'obole fait toujours la moitié du denier, & la pou geoife valoit la moitié de l'obole, & par conféquent le quart du denier. La preuve s'en tire d'un titre, de l'an 1273, de Gérard de Montefon, onzieme Evêque de Lectoure. Le Roi Philippe le Hardi donne, par ce titre, à cet Evêque, tres pogefias, feu pictas, feu tres partes unius denarii; ce qui fait voir auffi que la pite ou poitevine étoit la même chose que la pougeoife. Le troifieme article des Ordonnances que Philippe le Bel fit, l'an 1294, pour les Foires de de Cham pagne, le marque auffi évidemment : De qualibet libra Turonenfium dabunt unam pogefiam five pictam Turonenfem. Il appelle parvorum la pite tournoife; car quoiqu'elle dût fon nom de pite ou de poitevine à la Province de Poitou où elle avoit pris fon origine, comme elle partageoit le denier en quatre parties, & que nous avions des deniers tournois & des deniers parifes qui étoient de diverse valeur, on appelloit la pite tournoife ou parifis, fuivant le denier qu'elle partageoit.

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On trouve plufieurs monnoies d'argent de la feconde Race qui pesent justement la moitié du denier de ce temps-là, & qui par conféquent ne peuvent être que l'obole. Dans une Ordonnance de Louis VIII pour le payement des ouvriers de la Monnoie, il eft fait mention d'oboles, & on continua fous les regnes fuivans de fabriquer cette monnoie. L'obole & la pougeoife étoient néceffaires lorfque les deniers étoient forts: par exemple, fous S. Louis, le denier ou petit tournois valant 18 de nos deniers coul'obole en valoit 9, & la pougeoife 4; mais lorsqu'on vint à diminuer la bonté des deniers, on ne fit plus ni de ройт geoifes ni d'oboles, elles auroient eu trop peu de valeur; on les conferva feulement dans le numéraire de compte. Les oboles ou mailles parifis, qu'on appelloit également mailles ou oboles bourgeois, valoient deux pites parifis, ou une maille tournois & un

rans,

quart.

S. Louis fit faire des deniers tournois de la valeur de deux oboles, ou de quatre pites tournois; il fit faire auffi des deniers parifis de la valeur d'un denier tournois & un quart, mais qui fe divifoient également en 2 oboles ou mailles, ou en 4 pites parifis. La premiere de ces efpeces tiroit fon nom de la Ville de Tours où elle fe fabriquoit, comme le marque la légende des gros tournois du même Roi: Turonus civis ; & les deniers parifis prenoient leur dénomination de la Ville de Paris. Le denier tournois s'ap

pelloit auffi petit tournois, & le denier parifis petit parifis ou bour geois fimple. Sous le regne de S. Louis, & à d'autres époques, le dénier tournois valoit 18 deniers de la monnoie d'à-préfent, & le denier parisis 22 d.

Le double ou double denier valoit deux deniers. Comme il y eut fous la troifieme Race deux fortes de deniers, le tournois & le parisis, il y eut de même le double tournois & le double parifis; le premier s'appella auffi Royal double tournois, & le fecond Royal double parifis, ou double & fort bourgeois. On ne trouve rien de certain fur cette monnoie double avant Philippe le Bel, qui ordonna, l'an 1293, qu'on fabriquât de ces deux fortes d'efpeces, dont la premiere, fur le pied de la monnoie de S. Louis, vaudroit aujourd'hui 3 fous, & la feconde 3 fous 9 deniers.

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Liard ou hardi eft une efpece qui vaut le quart du douzain ou fou, c'eft-à-dire, trois deniers. Il n'eft fait aucune mention de liards avant Louis XI; cependant il paroît par fon Ordonnance qu'il y avoit long-temps qu'on fe fervoit en Dauphiné d'une monnoie qui ne valoit que 3 deniers; & il marque auffi dans fes Lertres que d'ancienneté on fabriquoit des hardis en Guienne. Dans cette Ordonnance de Louis XI, les liards & les hardis font auffi nommés blancs. Les liards avoient particuliérement cours en Bourgogne, dans le Lyonnois, en Dauphiné & en Provence, & les hardis, dans la Guienne & dans les Provinces voisines.

Maille tierce ou obole tierce, c'eft ainfi qu'on appelloit le tiers du gros tournois d'argent. Maille ou obole d'argent, maille ou obole blanche, étoit une piece d'argent qui valoit la moitié du gros tournois. La maille tierce valoit quatre deniers ou petits tournois du temps de S. Louis, & 6 fous de notre monnoie actuelle. La maille ou obole blanche valoit fix petits tournois de la monnoie de S. Louis, & 9 fous de la nôtre. On a quelquefois défigné fous le nom de petits tournois d'argent, tant l'obole tierce que l'obole blanche. Sizain & petit blanc font encore la même chose que la maille ou obole blanche, qu'on pouvoit auffi appeller fou de mailles , parce qu'elle valoit douze mailles tournois, monnoie noire.

Le gros tournois, fou tournois, ou fimplement tournois, qui a également été connu fous les noms de gros denier blanc, de grand blanc, & de douzain, valoit 12 deniers tournois, & celui du temps de S. Louis vaudroit 18 fous de notre monnoie actuelle. Cette

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