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à quelques-uns, devienne si funeste à d'autres? Il est facile d'expliquer cette différence. Les causes produisent des effets, selon les dispositions des sujets sur lesquels elles s'exercent. Ainsi voyonsnous dans l'ordre de la nature, que le même aliment produit la santé dans les uns, et la maladie dans les autres; que le soleil, qui ramollit la cire, durcit en même temps la boue, etc. Des effets analogues se produisent dans l'ordre de la grâce; car les causes surnaturelles opèrent, selon qu'elles trouvent les cœurs disposés. L'Eucharistie, comme un soleil de justice échauffe et purifie les àmes justes; mais elle procure le froid de la mort et l'endurcissement aux âmes terrestres. Combien donc il est important, de s'éprouver soi-même, selon l'avis de l'Apôtre, avant de recevoir ce Sacrement !

SIXIÈME QUESTION.

Quels sont les soins qu'il faut donner aux Enfants relativement à l'Eucharistie ?

Nous apprenons, par la conduite même de Jésus-Christ, quels sont les soins qu'il faut donner aux enfants. « On présentait, dit l'Evangéliste, des petits enfants à Jésus, afin qu'il les touchât. Mais ses disciples repoussaient avec des paroles dures ceux qui les lui présentaient. Jésus le voyant, s'en fâcha, et leur dit: Laissez venir à moi les petits enfants, et ne les en empêchez pas........ Puis les em brassant et leur imposant les mains, il les bénit» (1). Ces parents, qui avaient tant d'empressement à faire toucher leurs enfants par le Sauveur, s'intéressaient sans aucun doute à leur bonheur. Ils savaient qu'une vertu secrète sortait du corps de Jésus, et ils désiraient qu'elle se répandit sur l'objet de leur tendresse. Mais les Apôtres qui n'avaient pas encore reçu l'Esprit-Saint, craignant que le Sauveur n'en fût importuné, ou que sa dignité ne fût compromise, les éloignaient, et

(1) S. Marc. x. 15 et 16.

Conduite de J.-C. à l'egard des

enfants.

Avant la première
Communion

ne voulaient pas permettre que les enfants arrivassent jusqu'à lui. Le divin Sauveur, qui voyait dans ces petites créatures l'innocence de vie, bien préférable aux richesses, à la science et à toutes les qualités physiques, reprit publiquement ses disciples de leur zèle peu éclairé. Et prenant ensuite ces petits enfants, il les caressa, leur imposa les mains, et les bénit. Cette circonstance de la vie. du divin Sauveur indique aux parents chrétiens, aux instituteurs,et aux Prêtres, la conduite qu'il faut tenir à l'égard des enfants.

ARTICLE PREMIER.

DES SOINS AVANT LA PREMIÈRE COMMUNION.

Les parents, et ceux qui les représentent, doivent désirer pour leurs enfants les bénédictions du Ciel. Pour les leur procurer, il ne Devoirs des parents. faut pas attendre, que ces innocentes créatures aient éprouvé les mouvements passionnés de la nature, ni les effets des mauvais exemples, si fréquents dans le monde. Mais lorsque les enfants sont encore dans un âge tendre, qu'ils commencent à manifester des idées et des sentiments, il faut les confier aux Ministres de l'Eglise, chargés de les disposer à recevoir les grâces et les bénédictions, que Dieu accorde à la participation de l'Eucharistie. Que ceux-ci, de leur côté, ne négligent rien pour entrer dans les desseins de Dieu, les intentions de l'Eglise, et les désirs des parents.

Préparation éloignée.

chrétienne.

1° Une préparation éloignée est singulièrement utile, avant d'admettre les enfants à la première Communion. D'abord les Prêtres doivent se faire un devoir, de les regarder comme les objets de leur Les former à la vie sollicitude, prenant plaisir à les instruire, à les confesser, et à les former aux vertus chrétiennes. Les jeunes enfants sont comme ces plantes tendres et flexibles, qui reçoivent la direction qu'on désire leur donner, ou comme cette cire molle, qui prend la forme qu'on veut lui imprimer. Leur cœur est un sol vierge; un Curé, qui s'applique à le cultiver, et à y jeter la semence de la Parole divine, verra ses soins récompensés par des fruits abondants. Sans doute, il y a beaucoup à faire, pourformer à la piété des enfants, naturellement légers et inconstants à cause de l'âge: aussi, disons-nous que le

Prêtre ne doit pas être seul à s'occuper de cette œuvre ; il est nécessaire qu'il soit aidé par les parents, ou par des instituteurs animés de pieux sentiments, que la Religion inspire à ceux qui en font profession. Ceux-ci ayant tous les jours les enfants avec eux, peuvent plus facilement leur faire acquérir les connaissances de la doctrine chrétienne, et surtout leur inspirer la piété. Car la vertu ne doit pas être un sentiment passager, mais une habitude contractée. La vivacité de l'âge fait souvent disparaître le sentiment: l'habitude de la vertu au contraire, une fois formée, persévère ordinairement. La pratique de la Confession est le moyen le plus efficace, pour les établir dans la vie chrétienne; car dans un âge encore tendre, ils peuvent se rendre coupables du péché mortel, puisqu'en faisant une action mauvaise par elle-même, ils sont capables d'y apporter la connaissance de l'esprit et le consentement de la volonté, nécessaires pour pécher. S. Augustin pensait, que les petits enfants même ne sont pas exempts de fautes. Qui pourra, disait-il, en s'adressant à Dieu, rappeler les péchés de mon enfance ?... En effet, peut-on dire qu'à cet âge il fût bien de pleurer, pour avoir des choses qu'on ne pouvait me donner sans me nuire; de me mettre en colère indifféremment, et contre ceux à qui je devais la vie, et contre ceux sur qui je n'avais aucun droit, qui étaient tous libres, plus âgés et plus prudents que moi; de les frapper et de leur faire tout le mal que je pouvais, parce qu'ils ne m'obéissaient point en des choses qui m'auraient été pernicieuses? Tant il est vrai que l'innocence des enfants ne réside pas dans le cœur, mais dans l'impuissance et dans la faiblesse de leur âge. Moi-même j'ai vu un enfant, qui ne parlait pas encore, tout pâle de l'envie qu'il portait à un autre têtant la même nourrice, et sur lequel il jetait des regards farouches » (1). Dans la première enfance, ordinairement, il n'y a pas la connaissance de l'esprit nécessaire pour pécher; mais parvenus à l'âge de raison, ils peuvent connaître le mal et y être entraînés par la malice du cœur, vicié par le péché originel; il est donc à propos de les faire confesser de Les entendre en bonne heure. Sans doute les Prêtres et surtout les Curés ont beaucoup à faire, pour la direction des grandes personnes de leurs

(1) S. Aug. tom. 1, Confess. lib. 1, cap. 7, pag. 665, Edit. Paris 1841.

Confession.

Doivent-ils être ab

munion.

paroisses; mais il ne faut pas que ces occupations prennent tout leur temps, et leur devoir est d'en réserver une partie pour les enfants. Les Prêtres tiennent la place du divin Sauveur; à son exemple, bien loin de les éloigner, ils doivent au contraire les attirer, leur donner des soins, afin de les conserver dans la sagesse et l'amour de Dieu, ou les y ramener, si déjà ils avaient le malheur de s'égarer. A cet âge il est facile de les faire revenir, parce que les habitudes vicieuses ne sont pas encore formées. En confessant les enfants pour les préparer à la première Communion, il est nécessaire de les interroger, et d'entrer même dans le détail de leur vie. Ordinairement, la légèreté de l'âge ne leur permet pas de s'examiner suffisamment; quelquefois lorsqu'ils ont rappelé à leur mémoire un péché honteux, ou ils n'osent pas le déclarer, ou ils ne savent de quelle expression se servir pour le faire connaître. Car ils ont pu se trouver dans une occasion dangereuse, et commettre une faute qui sera le commencement du vice honteux; si on néglige de les interroger, ils continueront de se livrer à la mauvaise habitude, dont ils ne pourront plus tard se corriger que bien difficilement; et comme l'expérience le fait voir, ils éprouveront dans la vieillesse les impressions, auxquelles ils se seront livrés avec passion pendant la jeunesse et l'enfance. Mais dans ces interrogations, combien un Confesseur a besoin de prudence, de peur de leur apprendre ce qu'ils pourraient ignorer heureusement! Aussi nous pensons que la fonction d'entendre leur Confession est difficile, et qu'on ne doit la confier qu'à des Prêtres prudents et intelligents.

On a demandé, s'il faut absoudre ces enfants, quelque temps avant sous avant la la première Communion. Deux sentiments se sont manifestés; les première Comuns croient qu'il n'est pas à propos de le faire, parce que ces enfants ne sont pas encore en état de s'élever à une Contrition véritable; les autres pensent que tous peuvent et doivent être absous, pour ne pas les laisser dans le péché mortel. Il nous a toujours paru qu'il fallait distinguer. Il est des enfants qui sont bien élevés par des parents, ou des maîtres chrétiens et pieux; avec ce secours un Confesseur peut les établir dans la Contrition; et alors il est utile de les absoudre. Mais il en est d'autres qui sont livrés à eux-mèmes, qu'il serait bien difficile de disposer, et à qui il sera plus avantageux d'attendre

l'époque de la Communion générale, parce que l'appareil des cérẻmonies, les instructions et les exhortations qui précèdent et accompagnent cet acte, feront une impression salutaire sur leur âme, et les aideront à s'établir dans les dispositions nécessaires. Car il existe deux manières de les admettre à la Communion; ou individuellement, lorsqu'ils sont suffisamment préparés; ou plusieurs ensemble, afin de le faire avec plus de solennité. Sans doute, avec la première méthode les enfants ne sont pas exposés à déguiser leurs vraies dispositions, par la crainte de ne pas communier avec les autres; nous croyons cependant que cet inconvénient n'est pas ordinairement à craindre, lorsqu'un Prêtre prend les enfants encore jeunes, pour les préparer par des instructions et des confessions fréquentes. Mais aussi avec la seconde méthode, la première Communion devient une affaire sérieuse aux yeux même des enfants. Il en est qui ont besoin de l'éclat extérieur pour éprouver une impression salutaire, si utile pour l'avenir; d'ailleurs cette affaire intéresse alors toute la paroisse, et un Curé a soin d'en profiter pour rappeler aux parents leurs devoirs à l'égard des enfants. Nous donnons la préférence à cette dernière méthode.

Manière de les admettre à celte Communion.

chaine.

2o Une préparation prochaine est nécessaire, avant d'admettre les Préparation proenfants à la première Communion; elle doit commencer environ une année avant l'époque déterminée.

Et d'abord on ne peut guères fixer l'âge précis qu'ils doivent avoir, Age de la première puisque la discipline de l'Eglise n'a pas été toujours la même. Au- Communion. trefois la coutume était de leur administrer la Communion, aussitôt après le Baptême; elle leur était donnée seulement sous l'Espèce du vin. Dans quelques Eglises, ces enfants devenus plus grands, el encore dans l'innocence de l'âge, étaient aussi admis à la Communion. Les fidèles offraient alors à l'Autel le pain et le vin, qui devaient servir de matière à la Consécration. Comme il était difficile de prévoir le nombre des personnes qui devaient communier, et qu'il y avait des inconvénients à garder l'Eucharistie sous l'Espèce du vin, l'usage s'établit de faire consommer ce qui en restait, par des petits enfants, dans l'innocence et à jeun, après avoir trempé l'Espèce du pain dans l'Espèce du vin; nous trouvons cette discipline indiquée dans le

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