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cet usage établi chez les Orientaux du Rite syriaque (1). L'alliance spirituelle, qui en résultait, formait également un empêchement dirimant au Mariage, comme nous le lisons dans les réponses que le Pape Etienne II fit aux Evêques, pendant son séjour en France l'an 754 (2). Cette discipline se trouve pareillement relatée dans plusieurs Conciles, et en particulier dans ceux qui furent tenus après celui de Trente. « Si ceux qui portent les armes, a-t-on dit à cette occasion, ont besoin de maîtres pour les instruire de la manière dont ils peuvent, sans se nuire à eux-mêmes, attaquer et surmonter leur ennemi dans le combat; combien à plus forte raison les fidèles ont-ils besoin d'une personne, qui ait soin de leur instruction et de leur conduite, lorsqu'après être munis du Sacrement de Confirmation, comme de très-puissantes armes qui les mettent à couvert des surprises et des attaques de leurs ennemis, ils entrent dans cette lice spirituelle, qui a pour récompense le salut éternel ? C'est donc avec beaucoup de raison que l'Eglise a ordonné, que ceux à qui l'on administre ce Sacrement auraient des Parrains» (3). Mais cette discipline, qui multipliait les Parrains et Marraines, avait ses inconvénients, à cause de l'alliance spirituelle qui en était la suite. Aussi le Concile de Bourges de l'an 1584 prescrivit, qu'il n'y aurait qu'un seul Parrain (4). Selon la discipline actuelle, il n'y a pas d'obligation d'en admettre, et cette pratique a même cessé d'être en usage dans des diocèses.

Enfin il est bien à propos, que les Curés aient un registre particulier, pour y inscrire ceux qui ont reçu la Confirmation, à cause que ce Sacrement ne doit être reçu qu'une seule fois. Cette précaution a été prescrite par un grand nombre de Conciles (5).

(1) Codex liturg. tom. II, pag. 188.

(2) Patrol. tom. LXXXIX, S. Steph. 11 Pap, respons. n. 4, pag. 1025.

(3) Catéch. de Trente, de la Confir. n. 2.

(4) Conc. Labb. tom. xv. pag. 1088.

(5) Le Synode de Nimes de 1835 en fait une obligation. Si un prénom nouveau a été donné au confirmé, comme des Synodes en ont donné la faculté, il faudrait en faire mention dans un acte Patrol. tom. xx11, const. Synod. cap. 4, n. 4, pag. 59.

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QUATRIÈME QUESTION.

Quelles sont les notions que les Pères de l'Eglise ont données de la perfection chrétienne ?

En quoi elle consiste.

Imiter J.-C.

La perfection, proprement dite, est Dieu lui-même; les créatures sont plus ou moins parfaites, selon qu'elles sont plus ou moins semblables à ce divin modèle. Le premier homme fut créé à la ressemblance de Dieu, et il avait ainsi en partage la perfection propre à sa nature. Mais le péché défigura cette image; et l'homme tomba ainsi dans l'imperfection. Maintenant toute notre application doit être, à nous rétablir dans la ressemblance primitive, que notre premier Père avait avec l'Auteur de son existence. De là ce précepte du divin Sauveur: «Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait. » S. Math.v. 48. Mais parce que les hommes avaient trop de difficulté, à prendre Dieu le Père pour modèle, Jésus-Christ voulut leur montrer la perfection sous une forme sensible.

Le Sauveur a manifesté la perfection aux chrétiens par les exemples qu'il leur a donnés, pendant le cours de sa vie mortelle; et c'est ce qui lui faisait dire en parlant à son Père de ses disciples: « Je me sanctifie moi-même pour eux, afin qu'ils soient aussi sanctifiés en vérité. » S. Jean XVIII, 19.

Il leur a indiqué également cette perfection par les Livres Saints qu'il a inspirés, et qui sont devenus une nourriture spirituelle. «< Les Ecritures de l'Ancien comme du Nouveau Testament, disait S. Augustin, sont les mamelles, où il importe au chrétien de s'attacher. C'est là qu'il doit puiser avec une sainte avidité la connaissance de tout ce que Jésus-Christ a fait, pour son salut dans le temps. Car les mystères temporels, que nous révèlent les Saintes Ecritures, sont comme le lait dont il pourra se nourrir, jusqu'à ce qu'il soit assez fort pour atteindre à la nourriture solide, c'est-à-dire, à la connaissance du Verbe qui était au commencement, qui était avec Dieu, et qui était Dieu. Le même Jésus-Christ, qui est le lait de notre enfance spirituelle dans ses abaissements, est aussi la viande solide, dont se

nourrissent les plus avancés, dans son égalité avec le Père (1). C'est par la lecture des Saintes Ecritures, que la sainteté se forme et que le chrétien se perfectionne. « Comme la pureté de l'air rend le corps sain, disait S. Chrysostôme, ainsi la spiritualité des occupations rend l'âme plus sainte et plus pure. Ne voyez-vous pas que les yeux nous pleurent dans un air plein de fumée, et qu'aussitôt que nous entrons dans le grand air, que nous considérons la beauté des campagnes, les fleurs des prés, et les eaux courantes, ils reprennent leur première vigueur? Il en est ainsi de l'œil de l'âme. S'il se plaît dans les Ecritures comme dans un pré spirituel, il deviendra plus sain, plus pur et plus pénétrant; * mais s'il se laisse obscurcir par la fumée des choses du siècle, il se trouvera réduit à pleurer et en ce monde et en l'autre. Car les affaires des hommes sont comme une fumée (2). » Jésus-Christ porte encore tous les jours les hommes à la perfection, par les grâces qu'il leur donne. « Si nous méditons avec attention et avec intelligence, disait S. Léon, l'histoire de notre première origine, nous trouverons que l'homme n'a été créé à l'image de Dieu, qu'afin qu'il imitât Celui qui l'a formé, et que la dignité de notre nature exige que nous soyons par notre conduite un miroir fidèlé, où éclate l'image de sa divine bonté. C'est pour rétablir en nous cette image, altérée ou défigurée par le péché, que notre Sauveur nous donne continuellement sa grâce; et le second Adam répare avec avantage ce que le premier avait honteusement dégradé (3). » Consulté par un homme pieux, pour savoir comment on pouvait acquérir la perfection, S. Grégoire de Nysse ne trouva rien de mieux à lui dire, que d'imiter Jésus-Christ, modèle de tous ceux qui portent le nom de chrétien (4). « Examinons, dit-il aussi dans son Traité de la perfection, à quoi nous obligent le nom et la

...

(1) Lac nostrum Christus humilis est ; cibus noster idem ipse Christus æqualis Patri. S. Aug. tom. III, n. 1, pag. 1997, Ed. Paris 1841.

(2) *... ἄν δὲ εἰς τὸν καπνὸν τῶν βιωτικῶν ἀπίῃ πραγμάτων, δακρύσεται μυ ρία καὶ κλαύσεται, καὶ νῦν και τότε. Και γαρ καπνῷ ἔοικε τὰ ἀνθρώπινα πραγS. Chrys. tom. vii, in Math. hom. 2, pag. 32, Ed. Paris 1836.

ματα.

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(3) Patrol. tom. LIV, S. Leo. Serm. 12 de jejun. pag. 168.

(4) S. Greg. Nyss. tom. III, de Perf. christ. pag. 275, Ed. Paris 1638.

qualité de chrétien: cette considération n'est pas sans intérêt pour nous. Car si nous nous formons des idées justes et exactes de ce que signifie le nom de chrétien, nous y trouverons un secours, pour vivre dans la pratique de la vertu, et pour nous conduire selon la sublimité de notre vocation. De même en effet que celui qui ambitionne la qualité de Médecin, d'Orateur ou de Géomètre, s'applique à se l'assurer, en se rendant expert dans son art, et en prenant garde de ne pas faire de faute opposée à sa profession: de même aussi, puisque nous voulons être de vrais chrétiens, nous devons devenir ce que signifie notre nom... Lorsque le démon présente quelque appât à un chrétien, qui ne l'est que de nom, il est assuré qu'il ira après l'objet de la passion; ainsi il fait voir ce qu'il est en réalité... Il importe donc de bien se fixer sur ce qu'exige le nom de chrétien, afin de devenir tels que nous devons être, et de ne pas nous présenter sous une apparence fausse, devant Celui qui voit les choses cachées... Le nom de Christ, d'où vient celui de chrétien, renferme en soi la justice, la sagesse, la vérité, la bonté et les autres vertus; il faut donc, pour être véritablement chrétien, pratiquer les vertus dont J.-C. nous a donné l'exemple (1). En terminant son Traité, il réfute un prétexte ordinaire aux hommes du monde. « Si quelqu'un m'objecte, disait-il, qu'il est trop difficile d'être semblable à Jésus-Christ, modèle de la perfection, parce qu'il est seul immuable; tandis que les créatures sont sujettes à des variations, qui les empêchent d'être fermes dans la pratique des vertus, nous répondrons qu'un athlète ne sera couronné qu'après avoir légitimement combattu, 2 Tim. II, 5; il n'y a pas de véritable combat, s'il n'y a pas d'adversaire; et s'il n'y a pas d'adversaire, il ne peut pas y avoir de victoire. Puisque nous sommes inconstants par nature, combattons contre cette mauvaise disposition, afin de remporter la victoire; car l'homme n'est pas porté au mal seulement; il peut se porter vers le bien. Et il est beau de le voir dans sa nature inconstante, s'élancer avec ardeur vers la perfection divine; de sorte que ce qui faisait craindre sa perte,

(1) Ούκουν, ὡς ἐν προβλήματι ζητείσθω παρ ̓ ἡμων, τι τοῦ χριστιανου τὸ ἐπαγγελμα ; τάχα γαρ οὐκ ἔξω τοῦ λυσιτελοῦντος ἡ περὶ τουτου σκέψις γενήGETα... S. Greg, Nyss. tom. 11, de Professione Christ. pag. 268, Ed. Paris 1638.

devient un motif de gloire. Que personne donc ne se décourage à cause de la faiblesse et de l'instabilité de la nature humaine, mais que chacun faisant des efforts pour faire mieux, et acquérant gloire sur gloire par des progrès continuels, avance chaque jour dans la perfection, ne croyant jamais y être parvenu. Car* la véritable perfection consiste à marcher toujours dans la pratique du bien, à ne point s'arrêter dans la voie de la vertu, sachant que la perfection n'est point renfermée dans certaines bornes » (1). S. Chrysostôme réfutait aussi ces chrétiens faibles et négligents, qui ne croient pas à la possibilité de la perfection chrétienne. «Ne disons pas, mes Frères, que ces commandements de Dieu sont au-dessus de nos forces, et qu'ils nous sont impossibles. Il y a encore aujourd'hui, par la miséricorde de Dieu, plusieurs personnes, qui les accomplissent. Si vous l'ignorez, je ne m'en étonne pas, puisque Elie croyait être seul, lorsque Dieu lui dit: Je me suis réservé sept mille hommes, qui n'ont point fléchi le genou devant Baal. Cet exemple nous doit convaincre, qu'il y en a encore aujourd'hui qui mènent une vie apostolique, et qui imitent les premiers chrétiens, dont il est parlé dans les Actes. Si nous ne le croyons pas, ce n'est pas que cette vie si excellente ne se trouve encore en plusieurs; mais c'est qu'elle est trop disproportionnée à notre faiblesse et à notre esprit. Nous sommes semblables en cela à un homme sujet au vin, qui ne peut croire qu'il y en ait, qui non seulement n'en boivent point, mais qui ne boivent même de l'eau qu'avec réserve et mesure; ou bien nous ressemblons à un impudique qui ne peut croire, qu'on puisse vivre dans le célibat et demeurer toujours vierge; ou à un voleur qui étant accoutumé à ravir le bien d'autrui, ne peut comprendre comment on peut donner aux autres le sien propre. C'est ainsi que ceux qui sont déchirés tous les jours de mille soins, ne peuvent croire qu'il en ait plusieurs qui en soient exempts, et qui vivent dans une profonde paix... Nous tâchons de vous faire entrer d'abord dans les exercices les plus bas et les plus faciles de la vertu..... Considérons donc sérieusement, mes

(1) *... Αυτίκα γαρ ἐστιν ἀληθῶς τελειότης, τὸ μηδέποτε στῆναι πρὸς τὸ κρειττον αὐξανομένον, μηδέ τινι περατι περιορίσαι την τελειότητα. S. Greg. Nyss. tom. III, de Perf. Christ. pag. 297 et seq. Ed. Paris 1638.

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