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la foi, la virginité est inutile pour le salut; qu'il ne peut pas même y avoir des vierges chez les hérétiques, parce que cet état exige la pureté de l'esprit comme du corps, pour qu'il soit agréable à Dieu (1). Ce n'est point dans l'extérieur non plus, que la vertu de virginité consiste, mais dans les sentiments de l'âme. « L'habit peut être modeste, ajoutait-il, mais la virginité est dans le cœur, et ne dépend nullement de la couleur de l'habit. Les cheveux, le bâton, le manteau ne font pas le philosophe; mais la sagesse et les bonnes mœurs; le courage et la vaillance honorent le soldat, plus que ne font le casque et la cuirasse. Une vierge raisonnerait mal, si elle mesurait sa vertu sur la modestie de son visage, ses cheveux négligés et son habit noir, sans se mettre en peine d'examiner ses sentiments et les mouvements de son cœur (2). » Mais on a vu aussi d'autres parents forcer des enfants à entrer dans cet état, afin d'en débarrasser leur famille, parce qu'ils n'espéraient pas les voir paraître avec honneur et gloire dans le monde. C'est un abus que le Moine Ulric signalait autrefois (3), et qui s'est perpétué longtemps après lui. Faut-il s'étonner ensuite qu'il y ait eu des Monastères, où des désordres se soient manifestés, puisqu'ils renfermaient des personnes qui y étaient entrées sans vocation. Enfin, il est d'autres chrétiens, imbus des idées du monde, qui désapprouvent ce genre de vie. S'ils ont un enfant, qui désire entrer dans l'Etat religieux, où il espère trouver le bonheur à cause de ses dispositions personnelles, ils feront tous leurs efforts pour l'en détourner. Lorsqu'ils ne peuvent pas s'y opposer, ils prennent leurs mesures pour le deshériter, ou pour lui donner le moins possible, parce qu'ils regardent comme une perte ce qui est donné à une Communauté, qui se charge de loger, nourrir et entretenir leur enfant dans les maladies et les infirmités, comme en pleine santé. Tel est l'esprit du monde, esprit d'erreur et d'injustice, que Salvien faisait autrefois ressortir avec une sainte indignation. Parce qu'un enfant se consacre à Dieu, est-ce une raison pour le priver de ce qu'on lui aurait donné, s'il avait pris un parti dans le monde? Quel

(1) S. Chrys. tom. 1, de Virg. pag. 332.

(2) Ibid. 333.

(3) Patrol. tom. CXLIX, Cons. Clun. præf. pag. 635.

est le meilleur usage qu'un chrétien puisse faire de ses biens temporels, n'est-ce pas de les employer à la gloire de Dieu et au soulagement de ses semblables? Et n'est-ce pas là l'usage que les Communautés religieuses font des biens que les sujets leur apportent en y entrant? Ces biens temporels, employés en bonnes œuvres, sont méritoires même pour ceux qui les ont donnés; mais quel mérite aura devant Dieu un père de famille, d'avoir enrichi ses enfants restés dans le monde, au détriment de celui qui est entré en Religion? C'est Dieu qui avait donné à cet homme les biens de la fortune; et il fait tout ce qu'il peut à sa mort, lorsqu'il est sur le point de les abandonner, pour en frustrer ceux qui se sont consacrés au service de Dieu! Et cet homme, qui ne veut rien donner à Dieu dans la personne des pauvres, ou de ceux qui sont consacrés à son service, veut cependant que Dieu lui donne ses biens éternels ! Quel étrange aveuglement! (1)

(1) Patrolog. tom. LIII, Salv. lib 3 adv. avar. n. 4 et 5, pag. 209.

INSTRUCTIONS

SUR L'EUCHARISTIE.

L'Eucharistie tire sa dénomination du verbe grec, εuxaplotεïv, qui veut dire se montrer reconnaissant ou rendre des actions de grâces. Elle a été appelée ainsi par les chrétiens, dès les premiers siècles, comme nous l'apprenons de S. Justin (1), parce qu'elle est le grand bienfait de l'amour de Jésus-Christ pour les hommes, et que par elle nous témoignons dignement à Dieu notre reconnaissance. « J'ai désiré, dit le Sauveur à ses Apôtres avant de l'instituer de manger cette Pâque avec vous avant de souffrir...... Puis ayant pris du pain, continue l'Evangéliste, il rendit grâces, le rompit et le leur donna en disant: Ceci est mon corps qui est donné pour vous; faites ceci en mémoire de moi. Il prit de même la coupe après le souper, en disant: Ce calice est la nouvelle alliance en mon sang qui sera répandu pour vous » (2). L'Eucharistie a donc son principe

(1) καλεῖται παρ ̓ ἡμῖν ευχαριστια. I Apol., n. 66, pag. 83, Ed. Paris 1742. (2) Et accepto pane gratias egit, et fregit, et dedit eis, dicens: Hoc est corpus meum, quod pro vobis datur: Hoc facite in meam commemorationem. Similiter et calicem postquam cœnavit, dicens ; Hic est calix novum testamentum in sanguine meo, qui pro vobis fundetur. S. Luc. xxn, 19 et seq. Le texte grec est encore plus précis, puisque le Sauveur parle de son sang, comme déjà répandu par anticipation. Καὶ λαβὼν ἄρτον, εὐχαριστήσας ἔκλασε, καὶ ἔδωκεν αὐτοῖς, λέγων, τοῦτὸ ἐστι τὸ σῶμα μου, τὸ ὑπὲρ ὑμων διδομενον· Τουτο ποιεῖτε εἰς τὴν ἐμὴν ἀναμνη σιν· ὡσαύτως καὶ τὸ ποτήριον μετα τὸ δειπνῆσαι, λεγων, τοῦτο τὸ ποτήριον, ἡ καινῆ διαθήκη ἐν τῷ αἵματι μου, τὸ ὑπερ ὑμων ἐκχυόμενον. Ibid.

l'Eucharistic.

dans la Passion ou le sacrifice de la croix. Objet de la foi et de la piété des chrétiens, elle leur rappelle le passé, le présent et l'avenir ; Noms divers de c'est pourquoi elle prend les noms de Sacrifice, de Communion et de Viatique. Considérée sous le premier rapport, elle est la représentation et la continuation du Sacrifice de la croix et désignée avec raison par le terme de Sacrifice eucharistique: nous en parlerons plus tard. Sous le second rapport ou le temps présent, elle est le centre de l'unité chrétienne, unissant les hommes avec Dieu et les hommes entr'eux, la nourriture des âmes, la grande dévotion des fidèles, et à cause de ces faits nous l'appelons Communion, Table Sainte, divins Mystères. Sous le troisième rapport, elle est le moyen donné aux chrétiens, pour arriver au bonheur du ciel, et pour ce motif, nous la nommons Viatique. Nous diviserons en deux parties tout ce que nous avons à dire sur ce sujet, parce que nous considèrerons l'Eucharistie comme Sacrement, et comme Sacrifice. Ces divins Mystères ont été exposés, et traités avec exactitude par le célèbre Evêque de Meaux, Bossuet; nous ne ferons pas difficulté de recourir à lui, pour parler avec plus d'assurance.

PREMIÈRE PARTIE.

L'EUCHARISTIE CONSIDÉRÉE COMME SACREMENT.

Convenance de celte

institution.

L'institution de l'Eucharistie est l'effet de la miséricorde de Dieu. Tous les Sacrements ont pour but de venir en aide à l'homme pourla vie spirituelle; mais il est à remarquer, que la vie corporelle est une image de cette vie spirituelle. Pour la vie du corps il faut : la génération par laquelle l'homme reçoit l'existence; l'accroissement qui le mène à la perfection de l'âge viril; et un aliment pour lui conserver l'être. De même il faut pour la vie spirituelle, le Baptême, qui est la génération de l'âme; la Confirmation qui donne

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