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SERMON

POUR

LE JOUR DE NOËL.

Verbum caro factum est.

Le Verbe s'est fait chair.

Ev. de ce jour. Joan. 1.

NE étable, une crêche, des langes, un enfant qui verse des pleurs, ô Ciel! est-ce donc sous ces dehors humilians que devoit se montrer aux hommes celui qui venoit en être le Sauveur.

Au commencement étoit le Verbe, il étoit en Dieu, il étoit Dieu. En lui tout a été créé, rien n'a été fait sans lui. Il étoit la lumière et la vie ; mais qu'entends-je! le Verbe s'est fait chair. Verbum caro factum est.

Dans le sein d'une Vierge, le Fils de l'Eternel a pris une nature semblable à la mienne; il s'est fait homme, et dans le berceau, c'est lui que j'aperçois ; ici je l'avoue, mon esprit se perd, mes pensées se confondent; quel état, quel abaissement pour un Dieu ! mais quelles leçons pour l'homme! Que tous les sages gardent un profond silence! que les Rois et les Mystères.

I

peuples soient attentifs! Mortels accourez tous; la souveraine sagesse prend soin de nous instruire.

L'homme, rempli de ténèbres et égaré par ses folles passions, se méconnoît et s'oublie tout entier lui-même ; il s'élève avant que d'avoir appris à s'humilier, ou s'il s'humilie, ce n'est que pour se confondre avec les êtres les plus vils; il s'enfle, et lors même qu'il prétend s'élever il se dégrade toujours. Faussement humble, et jamais véritablement grand, il ne sait ni s'abaisser comme il le doit, ni s'élever à une grandeur réelle; le Verbe fait chair vient nous apprendre l'un et l'autre.

J. C., naissant parmi les hommes, nous enseigne pourquoi et jusqu'à quel point nous devons nous humilier, vous le verrez dans ma première partie; il nous apprend pourquoi et comment nous devons nous élever, vous le verrez dans la seconde.

PREMIÈRE

PARTIE.

L'orgueil, dit St. Chrysostôme, étant le principe de tous nos maux et la source de tous les péchés du monde, J. C., pour le guérir, par un remède tout contraire, a établi d'abord la loi de l'humanité comme le fondement assuré de l'édifice qu'il vouloit construire.

En naissant parmi nous, il nous ap

prend à nous humilier comme créatures et comme pécheurs, c'est-à-dire, à rendre à Dieu l'honneur qui lui est dû, et à nous connoître nous-mêmes.

Entrons, M. F. dans l'étable de Bethléem, conduits par la fois, étudions notre Maître et notre modèle. Quel est l'objet qui s'offre à nos regards? C'est le Verbe de Dieu qui nous a donné l'être, c'est cette parole féconde qui enfante l'univers ; c'est ce Monarque suprême qui tient dans ses mains les destins des Empires, qui élève ou qui abaisse, à son gré, les puissances de la terre, et qui fait régner les Rois. C'est ce Jésus qui nous a été promis dès les premiers jours du monde, que les Prophètes ont annoncé, d'âge en âge, sous les traits les plus éclatans, qui vient éclairer les peuples et leur apporter le salut et la paix.

Le Ciel, par son ordre, fait briller un nouvel astre; une grande lumière s'élève au milieu des ombres de la nuit, les bergers descendent des montagnes pour l'adorer, les Rois s'avancent des bords de l'Orient, ils se prosternent devant lui, et reconnoissent sa divinité, par l'encens qu'ils lui présentent ; les Anges font retentir les airs de ce beau cantique: Gloire à Dieu au plus haut des Cieux, et paix aux hommes de bonne volonté sur la terre; les démons fré missent au fond des enfers, leurs oracles

se taisent, et le Gentil consterné, leur demande, en vain, raison de leur silence. Hérode se trouble à la voix des Mages; le Juif est dans l'attente, et la Synagogue, suspendue entre la crainte et l'espérance, avoue que les temps sont arrivés. Mais au milieu de tant de grandeur, quelle humiliation profonde! je ne vois, dans la personne adorable d'un Dieu fait homme, que des marques de foiblesse et de dépendance; il a besoin du secours de tout ce qui l'environne; il est étendu sur la crêche, ses yeux s'ouvrent à peine à la lumière, et ne peuvent en soutenir l'éclat, ses mains sont enveloppées de langes. Ah! ôtez de devant mes yeux, disoit l'impie Marcion, ôtez ces langes honteux, cette crêche indigne d'un Dieu. Tu te trompes, homme superbe, c'est ainsi que devoit naître le Sauveur pour te rendre véritablement humble. Il est le Fils de Dieu sans doute; il est Dieu, et comme tel, il est égal en toutes choses a son Père; mais comme homme, il est créé dans le temps, et quelque soit l'hommage que lui rendent les Rois, les Anges et la nature entière, il s'anéantit en présence de la Divinité, pour apprendre à ła créature à renvoyer à son Dieu toute la gloire qu'elle en reçoit.

Ŏ abaissement du Christ! que vous confondez notre orgueil. O hommes, je

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