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J'ai assez travaillé, nous disons-nous à nous-mêmes, il est temps de prendre un peu de repos; faut-il donc tant de choses pour être sauvé ? Tel est surtout le langage qu'on tient dans le monde. Quel langage, Chrétiens! quel langage, et qu'il est contraire à la foi ! Vous voulez-vous reposer, et, dites-moi donc, l'ennemi de votre salut se repose-t-il ? It est allé chercher sept autres démons plus forts que lui, afin de rentrer dans le cœur dont vous l'avez contraint de sortir. Il tourne sans cesse autour de vous, comme un lion rugissant, pour vous dévorer, et vous voulez-vous reposer? Votre propre chair, vos passions se reposent elles? Ah! elles ne sont qu'endormies; elles se ranimeront dans peu; elles se feront sentir avec plus de violence; elles vous accableront, et vous voulez prendre du repos ? La grâce estelle stable en vous ? elle vous a été donnée pour fructifier, et vous ne craignez pas d'en arrêter les progrès par votre indolence? L'esprit souffle où il veut, il ne souffle que sur ceux qui le suivent avec empressement partout où il veut les conduire, et cependant vous voulez vous reposer! Vous croyez faire assez pour votre salut que de demeurer dans l'état où vous êtes, et moi je vous réponds, avec les Saints Docteurs et avec l'Ecri

ture elle-même, que vous n'y demeurerez pas, que vous allez tomber insensiblement en quelque péché qui vous fera perdre bientôt le peu que vous avez reçu du Ciel, si déjà vous ne l'avez perdu.

Ah! Mon Frère, demandez à Dieu qu'il fasse revivre, s'il est nécessaire, la grâce qu'il a mise en nous, et croyons désor mais ne pouvoir la conserver qu'en faisant tous nos efforts pour l'accroître ; entrons dans toutes les dispositions de Marie et vous, Vierges chrétiennes vous Mesdames, dont elle a honoré le sexe, appliquez-vous personnellement son exemple, il est fait pour tous; mais il est fait particulièrement pour vous. C'est dans la force et la fidélité de Marie que vous trouverez de quoi vaincre la foiblesse et l'infidélité de la première Eve (1). Réglez, selon l'avis de Saint Ambroise toute votre conduite sur le modèle admirable qui nous fournit des instructions si belles, et qui nous montre ce qu'il faut corriger, ce qu'il faut fuir et ce qu'il faut suivre. Soyez reconnoissantes comme elle du don de la grâce, qui est en vous, ou que Dieu vous offre, aujourd'hui encore, dans ces temps de salut. Ayez le même soin, la même attention qu'elle pour la conserver; faites (1) De Virg. lib. 2.

paroître le même zèle, la même ferveur pour l'augmenter. C'est là le culte qui lui est agréable, celui qu'elle exige de vous, et sans lequel tout autre culte ne peut lui plaire. C'est par là que votre dévotion à la Vierge sera solide, et que vous lui rendrez un hommage digne d'elle.

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Mais pour bien faire toutes ces choses il vous faut un secours puissant ; et où pouvons-nous mieux le rencontrer que dans l'intercession de Marie, puisqu'elle est la Mère de J. C. ? Encore un moment d'attention pour cette dernière partie.

TROISIÈME

PARTIE.

Le Verbe devoit s'unir avec l'humanité pour rendre à son Père, par cette humiliation profonde, la gloire que l'orgueil de l'homme lui avoit ôtée, et pour offrir au monde un Rédempteur qui fût digne par lui-même de satisfaire pour nous. Mais une union si étroite entre la nature divine et la nature humaine en ne faisant qu'une seule personne de J. C., a fait aussi de Marie, par une conséquence nécessaire, la Mère de son Dieu.

Dans ce seul titre est donc renfermé tout le Mystère de l'Incarnation du Verbe, et on n'a pu refuser à Marie sa qualité de Mère de Dieu sans commencer, avec

Pimpie Nestorius, ce fameux hérésiarque du cinquième siècle, par saper tous les fondemens de notre Foi, en rejetant ce qu'elle nous enseigne sur l'union hypostatique, comme parle l'Eglise, et non pas seulement accidentelle du Fils de Dieu au fils de l'homme.

C'est ce qui a porté l'Eglise, toujours conduite et éclairée par l'Esprit-Saint, à frapper d'anathême, dans le Concile d'Ephèse, tous ceux qui oseroient penser et parler comme Nestorius, et qui s'écartant comme lui de l'ancienne croyance, de celle qui, selon Saint Cyrille, est autorisée par toute la tradition, ne donneroient pas à Marie la qualité éminente que cet hérésiarque lui disputoit.

C'est aussi ce qui rend si légitimes. les plus grandes marques de vénération que les Fidèles de tous les siècles ont données à cette Reine des Vierges; c'est ce qui fait dire à Saint Augustin: Je ne sais, ô Vierge Sainte, comment je pourrai célébrer dignement vos grandeurs! Quibus te laudibus efferam nescio. Mon esprit en est comme accablé, il succombe à la vue de tant de merveilles qui se sont opérées en vous, et il a peine à bien rendre les sentimens dont il est pénétré, et qui vous sont dûs. Quibus te laudibus efferam nescio. Il ne sait comment. il pourra suffire à contempler tout l'é

clat de votre gloire; comment il pourra la faire comprendre à tous les hommes afin de leur inspirer un zèle ardent pour votre culte; et la raison de son insuffisance, c'est ce dernier titre qui suppose et qui renferme tous les autres ; c'est, en un mot, que vous êtes la Mère de son Dieu. Quia quem cæli capere non poterant, tu præmio contulisti. Mais redoublez, redoublez votre attention, M. F., si cette qualité suffit pour ne donner d'autres bornes à notre vénération que celles qui sont absolument nécessaires pour distinguer le Créateur de son ouvrage, ne suffira-t-elle pas surtout pour nous inspirer la plus grande confiance envers Marie, considérée non pas comme la première source de notre salut, mais comme celle d'entre les créatures sur laquelle nous devons faire le plus de fond pour obtenir, pour conserver, pour accroître la grâce qui nous l'assure? Marie est la Mère de Dieu, quel amour n'a-t-elle donc pas pour les hommes, et quel pouvoir n'a-t-elle pas auprès de son Fils? Pour concevoir combien Marie nous aime et veut contribuer, autant qu'il est en elle, au salut du genre humain, il ne faut sans doute que considérer le rapport qu'elle a à J. C. C'est d'elle que l'homme Dieu a voulu naître pour opérer le grand ouvrage de notre

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