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les ennemis de la gloire de Marie, peu vent-ils le concevoir ? Les Fidèles de tous les siècles, tous les Pères de l'Eglise, l'Eglise entière, se sont donc bien trompés, puisqu'ils l'ont toujours considérée comme le plus digne objet de leur confiance après l'Auteur de notre salut; comme l'asile le plus sûr plus sûr, comme la protectrice la plus puissante ? Et, en effet, n'est-ce pas assez qu'elle soit la Mère de J. C. pour que nous ayons droit de penser qu'il n'a donné aucunes bornes à son pouvoir, qu'il l'invite, qu'il la presse d'en faire usage, qu'il lui dit comme Salomon le disoit à Bethsabée: demandez, ô ma Mère ! car il n'est rien que je puisse vous refuser. Neque enim fas est ut avertam faciem tuam (1).

Dirons-nous que l'invoquer c'est déroger à l'honneur qui n'est dû qu'à Dieu, et anéantir le Souverain? Si nous le disons, nous avons donc oublié quelle est la foi de l'Eglise ; nous ne nous adressons pas à Marie comme à celle qui possède la grâce propre, qui en est l'arbitre, et à qui il appartient de nous la donner, mais comme à celle qui, parmi toutes les intelligences créées, est la plus puissante pour la demander et pour nous l'obtenir, comme elle est la plus relevée en gloire et en dignité.

(1) 3. Reg. ch. 2.

Nous

Nous n'attendons pas même de Marie qu'elle nous obtienne cette grâce par ses propres mérites, mais nous l'invoquons comme la Mère du Rédempteur, comme celle qui a tout pouvoir pour dispenser les dons du Très-Haut, du Tout-Puissant , par les mérites de son Fils. Et c'est ainsi que nous honorons Dieu; nous l'honorons dans Marie comme dans ses Saints, et plus que dans tous les Saints, parce qu'il a plus fait en sa faveur. C'est ainsi, encore, que nous honorons la grâce, ne croyant pas pouvoir nous mé-nager trop de ressources, trop de moyens pour nous rendre le Ciel propice; nous sommes bien éloignés de négliger un de ceux qui sont les plus propres à remplir tout notre espoir.

Faisons en sorte d'aller à J. C. par Marie, puisque c'est par elle qu'il est venu à nous; elle nous conduit à son Fils; elle nous dirige vers lui par les lumières et les secours que sa médiation nous procure; elle nous aide à connoître et à vaincre tous les périls qui se rencontrent sur la route que nous avons à tenir; c'est donc avec raison, comme le remarque Saint Bernard, que Marie est appelée étoile de la mer.

O vous! dit le même Saint Docteur, vous tous qui êtes dans l'agitation du siècle, et qui vous sentez plutôt flotter Mystères.

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au milieu des tempêtes, que marcher sur la terre, ayez toujours les yeux sur Marie comme sur votre étoile, afin de ne pas être englouti par les flots. Si les vents des tentations s'élèvent, si vous êtes environné d'écueils, regardez votre étoile, invoquez Marié. Si vous êtes agité par les vagues de l'orgueil, de l'ambition, de la jalousie, par la colère, l'avarice, les attraits de la chair, considérez votre étoile, invoquez Marie. Dans les dangers, dans les afflictions, dans les affaires importantes, songez à Marie, invoquez Marie, qu'elle soit toujours dans votre bouche et dans votre cœur. Mais souvenez-vous surtout que pour obtenir le secours de ses prières, Il faut vouloir imiter l'exemple de sa vie. On ne s'écarte point quand on le suit ; on ne se laisse point aller au désespoir quand on la prie; on ne s'égare point quand on pense à elle. Celui qu'elle soutient ne tombe pas; celui qu'elle protège ne craint rien; celui qu'elle conduit ne se lasse point; celui auquel elle se montre propice arrive au terme. Si quelqu'un, bienheureuse Vierge, se souvient de vous avoir inutilement invoqué dans ses besoins, ah! ce n'est qu'à lui qu'il est permis de ne pas célébrer vos miséricordes.

Ainsi parloit Saint Bernard, et pouvois-je mieux terminer ce discours, con

!

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sacré à la gloire de Marie, que par les expressions vives et animées d'un de ses serviteurs le plus fidèle ? Que les sentimens qu'elles renferment soient comme imprimés dans notre ame, ô Vierge Sainte que les titres glorieux dont vous êtes décorée les y renouvellent chaque jour. Fille du Très-Haut dans l'ordre le plus éminent de la grâce, Epouse de l'Esprit Saint, et qui avez mérité de l'être par votre correspondance à ses dons, Mère de mon Dieu, pour tout dire, en un mot, quels droits n'avez-vous pas à notre culte, et que ne devons-nous pas attendre de votre puissance et de votre amour ? C'est donc vous que j'implore, c'est votre assistance que je réclame; je vous la demande pour ce Royaume qui vous est spécialement consacré, qu'il vous doive toujours son bonheur et sa gloire, que son Roi soit marqué du sceau des Rois qui vous sont chers, qu'il règne long-temps sur un peuple heureux qu'il lui assure une paix constante comme son cœur le désire, que cette Eglise, cimentée par le sang de ses premiers Apôtres, si constamment unie à son chef et si recommandable par sa foi, se conserve dans toute sa pureté, que par vous la vérité triomphe des nouveautés, et puisse briller à nos yeux pour jamais. Jetez aussi, du haut des

148 Sermon pour la fête de la Conception. Cieux, un regard favorable sur ce troupeau fidèle; qu'il soit toujours comme une portion choisie de la maison d'Israël; que son Pasteur, toujours également respecté, également chéri, en soit toujours le modèle; que nous tous, enfin, réunis dans ce Temple pour y célébrer vos louanges, nous éprouvions les effets de votre intercession puissante, et que par elle nous obtenions la grâce qui doit nous conduire à l'éternité bienheureuse que je vous souhaite. Ainsi soit-il.

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