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lards, femmes, enfans, Philosophes, Sénateurs, Guerriers, donnent leur vie, et attestent, non pas des opinions, mais des faits qui se sont passés sous leurs yeux, et qui ont achevé de les convaincre. L'univers est Chrétien, les oracles se taisent, les idoles sont brisées, tandis que les Juifs, éprouvant les effets de la juste colère d'un Dieu, comme le Christ le leur avoit prédit, ont vu tomber les murs de Jérusalem, et ont été dispersés parmi les nations. Rome devient dans la suite des temps une Rome nouvelle, et acquiert, pour la gloire de la Religion, un nouvel empire; l'Eglise subsiste. Dix huit siècles, et d'orages et de tempêtes n'ont pu la renverser. Chaque jour elle étend ou renouvelle ses conquêtes. Les Juifs sont toujours au même état où les vengeances du Seigneur et les conseils de sa providence les ont réduits; toujours sans chef, sans patrie, sans Autels, sans Prêtres, sans sacrifices; errans de peuple en peuple, ils portent dans toutes les parties du monde la preuve manifeste de leur crime, et démontrent la divinité de ce Jésus qu'ils osent blasphémer.

Semblables à ces écueils fameux par les tristes naufragos, ils avertissent tout esprit indocile, orgueilleux et rebelle, du sort qui le menace. Celui qui le regarde

et ne s'instruit pas, se brise et périt misérablement.

O incrédules! qui que vous soyez, que la lumière brille enfin pour vous, que le voile qui vous en déroboit l'éclat se déchire; adorez avec moi J. C.

O mon Dieu ! je cède, je vous rends les armes. Après tant de merveilles que vous seul avez pu opérer, si ce que je crois maintenant pouvoit être une erreur, ce seroit vous qui m'auriez trompé.

Mais il ne s'agit plus ici, M. F., d'un homme qui, dans des régions éloignées, cherche avec un cœur droit la vérité et qui la trouve dans les témoignages que le Chrétien lui apporte de sa foi. Il s'agit de nous, qui sommes nés au sein du Christianisme. Et pourquoi donc, éclairés dès le berceau, pourquoi, avec tant de lumières, sommes-nous si souvent infidèles? Ah! ce qui fait parmi nous l'incrédule, c'est le cœur plus encore que l'esprit. Les passions font naître nos doutes; en se fortifiant elles les augmentent, et consomment enfin notre infidélité. On ne devient incrédule par systême qu'après l'avoir été par goût et par penchant. Pour vous prémunir contre les surprises de ce cœur, vous, Chrétiens, qui n'avez point eu le malheur de perdre une foi si précieuse, mais qui peut-être la laissez s'affoiblir de jour

en jour, il me reste à vous offrir non plus des démonstrations rigoureuses, mais des preuves de sentiment qui vous touchent, qui vous pénètrent, puisqu'enfin la Religion se prouve, non seulement à l'esprit, mais au cœur. C'est le sujet de ma seconde fartie.

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Ce n'est donc plus l'incrédule qu'il s'agit de convaincre. Je ne parle maintenant qu'à des ames encore fidèles, mais qui, combattues au-dehors par tout ce que les enfans du siècle emploient pour les séduire, et au-dedans par une volonté foible et toujours prête à céder à l'attrait des plaisirs, ont besoin d'être soutenues par des preuves simples, par ces preuves qui se font sentir à un cœur droit, et qui suffisent pour l'attacher constamment à une Religion aussi belle, aussi touchante que l'est la nôtre, soit que nous la considérions dans ses mystères ou dans sa morale.

Il faut l'avouer, M. F., dans ces temps qu'on peut appeler, par rapport à l'ame, des temps de trouble et d'orage, les mystères de la foi s'offrent souvent à l'esprit, sous le point de vue le plus capable d'étonner et d'effrayer la raison. Mais accoutumés à nous défier de cette

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raison si impuissante, dès qu'elle veut s'élever aux objets qui sont au-dessus d'elle forcés d'ailleurs de reconnoître, dans les choses mêmes que la lumière naturelle nous découvre, des mystères aussi grands et plus grands, peut-être, à certains égards, que ceux que la révé lation nous présente. Bornons-nous alors à adorer ce que nous ne pouvons comprendre, ces dogmes impénétrables pour nous, mais dont la croyance est si bien fondée, qui sont liés si étroitement à toute l'économie de la Religion Chrétienne, et qui rentrent tous dans cette unité parfaite que je vous ai fait admirer en elle.

Après ce premier acte de soumission, n'envisageons plus les mystères que sous l'idée qu'ils nous donnent de la sagesse et de la bonté de notre Dieu, et sous ce rapport, que la Religion va nous paroître aimable!

L'homme a péché ; et comment réparer l'injure faite à Dieu par une satisfaction proportionnée à l'offense, sans perdre l'homme pécheur? car, enfin, l'offense est infinie, et par la petitesse, l'indignité même de celui qui l'a faite, et par la majesté de celui qui l'a reçue. La créature pourra-t-elle donc satisfaire pour elle-même et rendre toute sa gloire à ce Dieu si grand, et qu'elle a si indi

gnement outragé? Ah! les Anges mêmes ne le pourroient pas; tout est borné dans leur nature à leurs mérites; il n'y a qu'un Dieu qui puisse satisfaire le péché, parce qu'il n'y a que lui dont les actions puissent être d'un mérite infini; mais souverainement indépendant, il ne peut s'abaisser dans sa propre nature. Que fera-t-il donc ? ô sagesse du TrèsHaut , que vos pensées sont profondes, et que vous êtes admirable dans vos œuvres ? Il s'unit dans la personne de son Verbe consubstantiel avec lui, égal en toutes choses à lui-même, cette nature par laquelle il a été outragé ; et en se l'unissant il se rend notre victime, notre médiateur et notre Pontife; la miséricorde et la justice se sont rencontrées en J. C.; il concilie, de la manière la plus parfaite, lès intérêts de la gloire de son Père et de son amour. Dieu est satisfait et l'homme est sauvé.

Mais quel amour, M. F., un Dieu sans rien perdre de la grandeur qui lui est essentielle et qu'il trouve en luimême, s'abaisser jusqu'à la forme d'esclave, se charger de nos iniquités, se rendre anathême pour nous! un homme Dieu, le Roi des Rois, le souverain Monarque du Ciel et de la terre, expier, par ses humiliations et ses souffrances, les offenses de sa créature! Q

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