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puissance des ténèbres. O mon Dieu, à quel temps me réserviez-vous ? A quoi dois-je encore n'attendre, si la progression est toujours la même, et quelle sera donc l'iniquité, si elle n'est pas encore montée à son comble? Ah! fuyons dans la retraite ; sortons d'une terre qui dévore ses habitans.

Hélas! les vertus du monde sont aussi dangereuses que ses vices mêmes ; vertus empruntées, vertus fières et superbes, vertus fausses qui rapportent tout à l'homme et rien à Dieu; qui font tout pour la vanité et le mensonge, et rien pour la vérité, tout pour la terre et rien pour le Ciel. Ainsi dans le monde, séduit par une légère écorce qui n'a de vertus que l'apparence, on croit cueillir une plante salutaire, et on n'y trouve que des herbes stériles, ou dont le suc même est un poison; ainsi, les mondains les plus sages, les plus vertueux ressemblent à ces anciens mausolées, monumens du faste et de l'orgueil, qui, au-dehors, n'offroient rien que de grand et de magnifique, et au-dedans, ne renfermoient qu'un vil amas d'ossemens, de pourriture, de cendres et de poussière.

Ah! c'est cependant au milieu de ce monde qu'on forme la jeunesse. Eh! quelles leçons, quelles impressions n'y reçoit elle pas? O jeunesse trop crédule!

on vous perd, en disant qu'on veut vous former; à entendre la plupart des parens et des maîtres, qu'un jeune homme acquière la science du monde, qu'il en possède à fond tous les usages, qu'il en connoisse toutes les lois et les maximes, dès-lors, il en saura toujours assez; qu'il n'ait d'ailleurs ni sagesse, ni mœurs, ni Religion, ni principe, n'importe : formé à l'école du monde, il aura toujours assez de mérite.

O science du salut! il n'y a donc que toi seule qu'il soit permis de négliger.

O éternité ! qu'un Dieu nous promet; est-ce ainsi qu'on vous obtient, et est-ce à, enfin, la route qui doit nous conduire au bonheur ?

Telle est sur tous ces objets la fausse sécurité, l'aveuglement des mondains; tel est le monde; et nous ne le fuirions pas? Ah! tout nous fait un devoir, une nécessité indispensable de n'être jamais à lui. M. F. vous l'avez promis, et j'en appelle à vos premiers sermens. O vous, qui voulez encore faire du monde votre idole, retournez donc aux fonts sacrés où vous reçûtes le beau nom de Chré tien; effacez ce nom du livre de vie, où le Fils de Dieu même l'a tracé de son sang; reprenez vos engagemens et vos promesses; dites à Dieu que vous ne voulez plus être au nombre de ses

enfans; déchirez la robe d'adoption dont il vous a revêtu; dites-lui que vous lui rendez ses grâces et ses faveurs, que la tyrannie du péché, que l'esclavage du démon vous sont plus chers que son amour et que le joug de J. C.; diteslui encore que vous cédez tous vos droits à l'éternité bienheureuse, que vous vou lez vivre et mourir sous l'empire du monde, et ne plus être animé que de son esprit.

Ah! bien plutôt, M. F., gémissez sur votre infidélité; rompez encore une fois avec ce monde qui vous a séduits, qui vous a présenté, comme des biens réels, ce qui n'en a que l'apparence; qui vous a fait perdre de vue les seuls biens véritables, et vous a trompés si grossièrement sur les moyens de les obtenir; qui vous a aveuglés enfin sur la grande affaire de votre éternité. Suivez l'esprit de Dieu qui vous appelle encore, et qui fait luire, à vos yeux, les plus purs rayons de la sagesse et de la vérité; c'est un esprit de lumière, tandis que l'esprit du monde est un esprit d'aveuglement et de ténèbres; c'est, de plus, un esprit de paix, au lieu que l'esprit du monde est un esprit de trouble et d'agitation. C'est le sujet de ma seconde partie.

II. Partie.

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De tous les biens dont on peut jouir sur la terre, le plus réel, le plus désirable, c'est la paix. Tous les hommes aspirent après elle, ils la demandent ils la cherchent, ils en font tous également le terme de leurs espérances, et il semble qu'ils ne travaillent, à acquérir les autres biens, que pour obtenir plus sûrement cette paix après laquelle ils soupirent.

Mais ils la cherchent où elle n'est pas. Il n'y a que l'Esprit-Saint qui nous la donne; et l'esprit du monde, au contraire , après nous avoir séduits par l'appas des biens fragiles, après nous avoir détournés de la recherche des biens célestes et permanens, nous fait perdre encore sur le temps cette aimable paix, l'unique bien qui mérite ici-bas les vœux et les empressemens du sage.

L'Esprit-Saint nous donne la paix par un triomphe complet sur les passions que l'esprit du monde excite et fomente, par le calme de la conscience et l'onction de la grâce que l'esprit du monde nous fait perdre, par la douce espérance des biens futurs que nous ôte insensiblement l'esprit du monde, pour ne Mystères.

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nous laisser que la crainte d'un avenir

malheureux,

Oui, M. F., la paix est un don précieux du Saint-Esprit. J. C. en promettant cet esprit à ses Apôtres leur promettoit en même temps un esprit de consolation, de douceur et de paix ; et c'est cette paix qui, remplissant leur ame, les attachoit de plus en plus au culte du Très-Haut, et les tenoit, pour ainsi parler, sous la garde du Seigneur.

Eh! comment celui qui est guidé par l'Esprit-Saint pourroit il ne pas jouir d'une véritable paix ? docile à la voix de son Dieu, fidèle aux impressions de sa grâce, il apprend à modérer ses passions, à régler ses désirs, à se détacher de toutes les créatures, à renoncer à lui-même à ne vouloir que ce que Dieu veut et à ne s'attacher qu'à lui

seul.

Ce n'est pas qu'il se livre sur tout ce qui l'environne à une indifférence aveugle et stupide; il n'étouffe pas les penchans de la nature, mais il les rend légitimes il les dirige vers leur véritable fin, il met des bornes à leur violence, et ce sont ces bornes qu'il leur prescrit qui font sa tranquillité.

Content de peu, ne formant point de désirs inutiles, ou les faisant mourir dans son cœur à l'instant où il les a

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