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Mortels ambitieux, pouviez-vous porter vos prétentions plus loin? La gloire du Seigneur s'est levée sur vous; vous étiez des vases d'opprobres et d'ignominie, des enfans de colère, et vous êtes devenus la race choisie, la nation sainte, le temple de la Divinité; vous êtes devenus, par adoption, d'une manière bien plus auguste, les enfans du Très Haut. Ego dixi dii estis et filii excelsi

omnes.

Voilà donc pour nous une première source d'élévation. Chrétiens, qui que vous soyez, dans quelque état que Dieu vous ait placés, vous êtes vraiment grands si vous comprenez bien en quoi consiste votre véritable grandeur, et si vous savez en soutenir l'éclat en vous élevant, par une fierté sainte, si j'ose m'exprimer ainsi, au-dessus de tout ce qui est indigne de l'alliance que J. C. est venu

contracter avec vous.

Mais hélas! combien de Chrétiens oublient cette alliance si glorieuse pour les hommes, et ne pensent, n'agissent que d'après les sentimens que leur inspire leur état plus ou moins relevé selon le monde; ainsi l'homme, au sein de l'honneur, n'a pas compris ce qu'il étoit ; il a changé une gloire réelle contre une bassesse effective ou une grandeur imaginaire.

Etes-vous nés dans l'indigence et dans une condition abjecte, ah! M. F. le dirai-je ? et pourquoi ne le dirai-je pas, puisque vous me forcez tous les jours d'en gémir pour vous-mêmes; vous vous bornez alors à vivre d'une vie animale et terrestre ; vous ne concevez que des idées basses, que des sentimens vils et qui vous conduisent à des mœurs plus viles encore. Etes vous distingués par votre naissance, vos titres, vos richesses, vous vous enorgueillissez de ces avantages frivoles, étrangers à l'homme, qui ne fondent tout au plus qu'une grandeur empruntée, et vous méprisez les titres qui devoient vous flatter davantage.

O vous! vous donc qui vivez dans un état obscur, pensez à ce que vous êtes devant Dieu; n'avilissez point, dit St. Augustin, ne méprisez point l'excellence de votre nature, puisque le Fils de Dieu a bien voulu se faire homme, élevez votre esprit et votre cœur sans cesser d'être humble, et que cette idée, je suis enfant de Dieu, J. C. m'a donné le droit d'appeler Dieu mon père dans un sens bien plus noble que je n'eusse pu le faire avant sa naissance; que cette idée suffise désormais pour vous inspirer des sentimens magnanimes, pour vous encourager à former les actes héroïques des vertus qui vous conviennent, et à ne

rien faire qui ne réponde au titre dont vous êtes décoré; et vous grands du monde, vous nobles, vous riches, vous hommes illustres qui vous êtes fait un nom par vos talens, cessez de placer votre grandeur et votre gloire dans ce qui ne sert qu'à flatter vainement les passions des hommes ;. opposez vos titres les plus pompeux à ceux que J. C. vous donne dans sa naissance, et concevez, si vous le pouvez, un plus grand honneur que celui d'appartenir au Fils de Dieu comme ses membres et ses frères, et à Dieu comme ses enfans.

Ah! Seigneur, puis je m'écrier ici, avec St. Paulin, que les orateurs se glorifient tant qu'ils voudront de leur éloquence, les philosophes de leur sagesse, les riches de leur trésor, les monarques de leur empire, pour moi, J. C. seul est na gloire; oui, mon Dieu, que les enfans du siècle se glorifient de la pu reté du sang qui coulent dans leurs veines et du nom de leurs aïeux ; qu'ils étalent à nos yeux leurs dignités, leur luxe et leur magnificence; qu'ils brillent et s'annoncent par l'éclat de leur parure, par le faste de leur amenblement, par leurs équipages somptueux, Hi in curribus et hi in equis; pour nous tous, Occupés du glorieux privilége que nous tenons de votre amour, nous ne nous

glorifierons qu'au nom de votre Fils,

Nos autem in nomine Dei nostri.

Mais si J. C. nous élève dans sa naissance en devenant semblable à nous, il nous élève encore en nous rendant participant de ses mérites, et nous offrant en eux le fondement et la source de nos plus hautes espérances.

L'homme déchu de son premier état ne pouvoit plus prétendre à la possession de son Dieu, à cette fin si noble pour laquelle il avoit été créé ; ses œu vres, faites dans un état de mort, n'avoient plus aucun prix pour l'éternité. Dieu n'y trouvoit point sa gloire, et elles ne suffisoient point à l'homme pour lui obtenir le salut; la terre devenoit donc son unique patrie; sa félicité se bornoit à la jouissance d'objets incapables de le satisfaire, et se trouvoit resserrée dans le cercle étroit d'un petit nombre de jours, qui, emportés par une course rapide, s'évanouissent presque aussitôt qu'on les a vu naître.

Avouons-le, M. F. l'homme ainsi privé de sa véritable fin, et assujéti à la recherche de plaisirs vains et trompeurs, de biens frivoles et passagers, n'offre plus rien qui réponde à la dignité de son être et à la noblesse de son origine. Hé! qu'éprouve-t-il alors qui le distingue du reste de la nature, si ce n'est le sou

venir de ses pertes et le sentiment de ses malheurs.

Mais J. C. fait homme nous rend tout ce que nous avions perdu. Que dis-je, ses mérites deviennent les nôtres, et dans sa naissance il nous applique déjà tous ceux qu'il doit nous obtenir par ses souffrances commence, dans sa crêche, ce qu'il achevera un jour sur sa Croix. Il dit à son père, dès son entrée dans le monde: ô nion Père ! vous n'avez plus voulu d'oblations imparfaites ni de sacrifices impurs ; mais vous m'avez formé un corps, et ce corps je viens vous l'offrir; il dit aux hommes: consolez vous, mon peuple, vous soupirez après l'héritage que le péché vous a enlevé, et c'est pour vous le rendre que je vais m'immoler.

Venez donc, venez donc, M. F. approchez de la crêche, contemplez cet autel où l'agneau de Dieu couronne le premier essai de son sacrifice. Déjà il se condamne pour vous à la mort; déjà il verse des larmes, et bientôt il répandra son sang: unissez vous à lui. C'est en lui que vous pouvez porter des fruits de vie; c'est en lui et par lui que votre culte devient agréable à son Fère ; il est votre chef, et il prie, il adore en vous et avec vous. Toutes vos actions sont consacrées, ennoblies, sanctifiées par les siennes ;

sans

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