Images de page
PDF
ePub

de ceux qu'il vous fait perdre, le monde dont l'esprit a été pour vous, non-seulement un esprit d'aveuglement et de vertige, mais encore de trouble et d'inquiétude par la révolte de vos penchans les plus déréglés, le vide de votre cœur et les remords de votre conscience; par la crainte des châtimens qu'un Dieu juste réserve au pécheur.

Voyez quel est ce monde auquel vous vous immolez. C'est un monde perfide, qui ne rit, à vos désirs, que pour vous mieux tromper, qui ne vous flatte que pour vous rendre aussi malheureux que lui, qui ne vous séduit que pour vous perdre. C'est un monde ingrat, bizarre et volage vous le servez; et dès que vous vous en êtes fait une habitude, il cesse de vous en tenir compte. Il appesantit son joug, ou il ne vous paye que par des rebuts et des caprices; vous le quittez, et loin de vous regretter s'étonne quelquefois de ce que vous n'avez pas pris votre parti plutôt ; vous mourez et il vous oublie, ou s'il se souvient de vous ce n'est le plus souvent que pour relever vos foiblesses et flétrir votre mémoire. Voyez ce que vous lui sacrifiez; c'est votre tranquillité, c'est votre bonheur, ce sont peut être vos biens, votre santé, votre jeunesse, votre vie même et votre honneur. Que ne lui

[ocr errors]

il

sacrifie pas cette jeune personne , qui, livrée aux dangers de ce monde, et séduite par ses attraits et ses promesses, a contracté un engagement illicite, cet ambitieux qui a voulu s'élever à quelque prix que ce fut, cet homme qui travaillant chaque jour à entasser richesses sur richesses en est possédé bien plus qu'il ne les possède, et tous ceux qui sont les malheureuses victimes des passions qu'il inspire. Voyez quel est le fruit que vous retirerez de tous ces sacrifices. Hélas! quand le monde vous seroit plus favorable, quand il ne feroit pas votre croix et votre tourment, quand bien même il vous rendroit heureux pendant quelques années, la scène changera enfin pour vous; il viendra un moment où le monde sera forcé de vous abandonner, quand il ne le voudroit pas, où vous le quitterez, quels que soient les biens qui vous y attachent. Alors ses plaisirs, ses honneurs ses richesses, tout vous sera enlevé alors voulez-vous savoir ce que vous laissera le monde, ouvrez les tombeaux de ceux qu'il a comblés de plus de faveurs, qu'il a le plus caressés, le plus flattés. Voilà ce qu'il vous laissera un cercueil, de la pourriture et des vers. Mais il y a plus encore, et reconnoissez-le à ce dernier trait. Percez avec les yeux de la foi ces

:

[ocr errors]

ой

:

abîmes profonds, l'affreuse et l'éternelle demeure de ceux qui ont vécu de la vie du monde et qui ont été animés de son esprit. Voilà ce que vous laissera le monde le désespoir, la rage, une éternité de douleur l'enfer. Maintenant levez vos regards vers le Dieu que je vous propose de servir; quel est l'objet auquel vous allez vous immoler ? C'est un maître souverainement digne de vos hommages, souverainement parfait, bon, juste, fidèle dans ses promesses, magnifique dans ses récompenses, et qui s'est lui même immolé pour vous. Qu'exige-til que vous lui sacrifiez ? quelques plaisirs qui, à la vérité, flattent d'abord, mais dont les suites vous ont été si amères; l'attachement à des richesses qui éblouissent, il est vrai, mais dont la soif ardente n'a fait qu'irriter de plus en plus vos désirs; des penchans qui ne laissent pas d'avoir quelques attraits, mais qui après tout, vous ont trompé sur le bonheur que vous cherchiez. Et quel sera le fruit du sacrifice que vous lui ferez? une joie pure, une gloire constante, les consolations les plus douces, les sentimens les plus agréables, un Paradis anticipé sur la terre, et dans le Ciel la félicité la plus complette.

Quelle différence entre Dieu et le monde quel maître, et quel maître ! !

Avouez donc, M. F., que vous n'aviez jamais fait des réflexions assez sérieuses sur des objets aussi importans. N'êtesvous pas désabusés maintenant des prestiges du monde ? N'êtes-vous pas convaincus que ce n'est pas là le guide et le maître que vous deviez suivre ? Ah! ne restez plus partagé entre Dieu et le monde; ne boîtez plus, comme parle le Prophête, entre l'un et l'autre. Si l'esprit du monde vous a fait trouver jusqu'ici la vraie lumière et la véritable paix, suivez-le; mais s'il n'a fait que vous aveugler, vous troubler; s'il n'y a que l'esprit de Dieu qui nous éclaire et qui nous tranquillise, appelez donc en vous cet Esprit-Saint par vos gémissemens et vos désirs. Pour n'être plus qu'à Dieu seul, faites un éternel divorce avec le monde, renoncez à ses maximes et à ses usages; élevez-vous au-dessus de ses railleries et de ses mépris. Si vous l'écoutez, vous serez ses esclaves; si vous composez avec lui, il vous accablera du poids de sa censure; mais si vous le bravez, il finira par vous respecter, et vous l'enchaînerez à votre tour. Quoiqu'il en soit, vous serez bien dédommagés de ses suffrages par les fruits d'une piété solide et par la récompense éternelle que je vous souhaite.

SERMON

POUR

LE JOUR DE LA FÊTE-DIEU.

Sur le Sacrement des Autels.

Cum dilexisset suos, dilexit usque in finem.
Ayant aimé les siens, il les aima jusqu'à la fin.
Joan. 13.

[ocr errors]

JÉSUS CHRIST nous l'avoit bien prouvé qu'il nous aimoit; il avoit quitté le séjour de sa gloire pour venir habiter sur la terre. Egal en toutes choses à son Père, il s'étoit abaissé jusqu'à devenir semblable à nous. Tous ses instans avoient été marqués par des opprobres et des souffrances.

Toute sa vie mortelle étoit un sacrifice qu'il faisoit à l'amour, et que pouvionsnous attendre de plus que la consommation de ce sacrifice sur la Croix ?

Cependant cet amour n'est pas satisfait. Epuisé en apparence par ce qu'il a déjà fait pour notre salut, il se reproduit sous une forme plus touchante encore ; il invente de nouvelles ressources, il perpétue ses grâces et ses faveurs; J. C. devient l'aliment de nos ames, et

« PrécédentContinuer »