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ration des autres pour s'unir à lui. II les voyoit négligeant toute épreuve, bannissant toute crainte, étouffant tout remords, à la face du Dieu vivant; sans égards pour son Fils, se montrer, s'approcher, lui donner un baiser sacrilége, recevoir, ou plutôt ravir indignement l'aliment précieux qu'il n'a réservé qu'aux ames pures, et le crucifier mille fois en le livrant à un cœur corrompu et au démon qui le possède. Quel état pour un Dieu! Il voyoit tant de Chrétiens lâches, indifférens, insensibles à sa tendresse, négliger, sous de vains prétextes, son Temple, ses Autels, son sacrifice la participation de son Corps, tous les témoignages de son amour, et prétendre encore l'honorer par leur faux respect et leur indifférence. Voilà tout ce que J. C. apercevoit, tout ce qu'il lisoit dans l'avenir, voilà à quoi il se condamnoit, en quelque sorte, lorsqu'il disposoit toutes choses pour demeurer au milieu de nous et s'unir à nous. Mais le véritable amour, en faisant tout entreprendre, apprend à tout souffrir. J. C. ne refusera pas d'être si cruellement outragé pourvu qu'il devienne la consolation, la nourriture et la force de l'ame vraiment fidèle, et l'amour des uns le dédommagera suffisamment de l'ingrati tude des autres. Ah ! qu'il est donc vrai,

ô mon Dieu, que votre amour est un feu dévorant dont rien ne peut modérer les ardeurs ? Hélas! qu'est-ce qui sait aimer comme vous ? Qu'est-ce qui consentira à se voir déshonoré pour ce qu'il

aime.

Ah, M. F. pourrions-nous bien comme tant d'autres, regarder d'un œil indifférent la charité de notre Dieu ? Nous rougirions d'être ingrats envers les hommes. N'y aura-t-il que Dieu seul pour qui nous n'ayons pas honte de manquer de reconnoissance? donnons lui donc enfin des témoignages de la nôtre. Entrons dans tous les sentimens qu'exigent de nous les marques si touchantes qu'il nous donne de son amour dans le Sacrement de nos Autels. C'est le sujet de ma seconde Partie.

SECONDE PARTIE.

Pour répondre, autant qu'il est en nous, à tout l'amour qu'un Dieu nous témoigne dans l'Eucharistie, nous devons être pénétrés d'une foi vive sur cet adorable mystère, d'un saint respect pour la présence réelle de J. C. dans ce Sacrement, et enfin, d'un tendre amour, d'un amour effectif qui nous engage à profiter avec soin du don qu'il

renferme.

La foi doit être ici le principe et le fondement de toutes les autres dispositions, c'est par elle que nous connoîtrons tout le prix de ce que J. C. fait pour nous, et que nous nous sentirons portés à lui rendre tous les hommages qui lui sont dús. Cette foi est appuyée sur l'évidence du sens littéral des paroles de J. C., lorsqu'il promit, lorsqu'il institua le Sacrement de nos Autels et qu'il invita si fortement ses Disciples et tous les Fidèles à y participer.

Telle est, en effet, la promesse : Le pain que je donnerai, c'est ma chair pour la vie du monde car ma chair est une véritable nourriture et mon sang un véritable breuvage.

Telle est l'institution: Prenez et mangez, ceci est mon corps qui sera livré pour

yous.

Telle est, enfin, l'invitation qui répond à l'institution et à la promesse :

Celui qui se nourrit de ma chair vivra pour moi; si vous ne mangez la chair du Fils de l'homme vous n'aurez point la vie en vous.

En est-ce assez, M. F. ? ces paroles sont assez précises, et ne faudroit-il pas résister à toute la force du langage humain pour détourner, à un sens figuré, des expressions qui ne présentent à l'esprit que la réalité la plus parfaite ?

Aussi n'est-ce pas dans un sens figuré que les ont entendu les Juifs, puisqu'ils en furent scandalisés, et toutefois J. C. si jaloux du salut des ames ne leva point ce scandale. Ce n'est pas dans un sens figuré que les a entendues l'Apôtre dans sa première Epitre au peuple de Corinthe; ce n'est pas dans ce sens que les ont entendu les Disciples des Disciples du Seigneur, tous les Saints Docteurs, tous les Pères de l'Eglise, un S. Ignace, dans le premier siècle; un S. Justin, un S. Irénée dans le second; les Origène, les Cyprien dans le troisième ; tous ceux qui leur ont succédé de siècle en siècle jusqu'à nos jours. Ce n'est pas dans ce sens que les a entendu l'Eglise universelle sans cesse conduite, éclairée, animée par l'EspritSaint et la seule règle suffisante de notre foi, puisque toute autre ne donne lieu qu'à des contestations qu'on ne peut sans elle terminer.

Hé ! quoi donc ? J. C. en s'expliquant sur un objet si important, aura donné à tous les Fidèles, par des expressions, impropres et figurées, l'occasion la plus. prochaine d'une idolâtrie publique et perpétuelle ? Quoi! personne, jusqu'aux Docteurs de nos jours, ne se sera aperçu du véritable sens des paroles de J. C., ou si jamais on les à entendues dans un autre sens que nous, on aura laissé

et

de

s'introduire parmi tous les peuples un dogme tel que celui que nous croyons sans réclamer dans aucun temps contre l'erreur ? Mais ce dogme offre un mystère incompréhensible, direz yous, si c'est une raison pour le rejeter, il faudra donc aussi rejeter tous les autres mystères de la Religion? Ce ne sera donc plus qu'en figure que le Verbe s'est fait chair, qu'il a souffert, qu'il a été crucifié dans cette même chair qu'il a prise pour nous ? Ce dogme est incompréhensible, il est vrai, mais mais que choses que nous ne comprenons pas dans la nature et que cependant la raison même nous démontre ? Et, où en serions-nous, si nous ne devions croire que celles dont nous pouvons dire pourquoi et comment elles se font ? Mais quoi donc esprits finis, intelligences bornées que nous sommes refuserons-nous à Dieu le pouvoir de faire plus que nous ne pouvons comprendre ? Et, ne cesseroit-il pas d'être Dieu ? ses merveilles ne cesseroient elles pas de mériter ce nom, si l'entendement humain devoit en être la mesure? Je ne comprends pas ce Mystère, j'en conviens, pas assez que Dieu l'ait révélé, que son Eglise me le propose, pour fixer ma raison à le croire. Je l'écoute, je la suis, cette raison droite et pure, en

mais n'est-ce

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