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venir dans le Temple nous entretenir seul à seul avec Jésus, lui parler de ses bienfaits, de ses charmes, de nos désirs, de nos besoins, de notre foiblesse et de notre amour. Ici un Dieu habite au milieu de nous, sans cesse il s'y rend présent pour écouter nos vœux ; à l'entrée de son palais point de barrières, point de gardes qui veillent pour en défendre l'approche et pour rendre redoutable la majesté du Monarque qui y préside; il n'y a point ici de distinctions de grands ni de petits, de riches ni de pauvres, tous, sans exception, sont admis; et cependant presque tout le jour J. C. est seul. O hommes aveugles! allez encore une fois dans la maison des Grands, et là considérez les assiduités, les hommages qu'on leur rend. Pourquoi ? pour en obtenir un regard, une parole, tout au plus des biens frivoles et passagers. Ah! ici vous êtes à la source des véritables richesses, et vous ne voulez pas y puiser. Ici vous recevriez les grâces les plus abondantes, les biens les plus durables, et vous les négligez. Ici, encore, J. C. prendroit part à vos maux, il vous soulageroit, il vous consoleroit, il se feroit entendre à votre cœur, il suspendroit vos inquiétudes, il charmeroit vos peines en vous inspirant la confiance la plus douce et les sentimens les plus

tendrés vous trouveriez dans ces entretiens secrets une onction qui ne se rencontre point ailleurs; plus vous seriez attentifs à l'écouter plus vous seriez dociles à sa voix, et plus il vous feroit éprouver ces impressions vives et pénétrantes qui ravissoient les Saints, qui les transportoient hors d'eux mêmes, qui leur faisoient verser des larmes qu'ils n'auroient pas changées contre tous les plaisirs du siècle. C'est alors que vous vous écrieriez avec le Roi Prophète : O mon Dieu que vos tabernacles sont aimables en votre présence! Mon ame, épuisée par ces tendres désirs, brûle, languit et ne peut contenir ses transports et sa joie. O mon Dieu! vos Autels seront toujours l'objet de mon empressement et le lieu de mon repos; ceux-là seuls sont heureux qui habitent dans votre maison. Mais à quoi bon vous peindre ces chastes délices, si vous refusez d'en faire l'épreuve, si la sécheresse, peut être, des premiers entretiens vous rebute, si vous ne vous donnez pas le temps d'apprendre à converser avec J. C. Pour moi, ô Jésus ! puisque vous daignez me recevoir, me permettre de vous visiter, de m'entretenir avec vous, ah ! je ne serai point ingrat, je ne méconnoîtrai point votre amour, je ferai de cet exercice une des plus douces occupations de ma vie.

Je ne me bornerai pas cependant à ces

témoignages secrets de mon amour pour vous; je rendrai mon hommage public et éclatant dans les jours de votre triomphe, je m'unirai à tout ce peuple fidèle, je l'inviterai à redoubler ses Cantiques, je mêlerai ma voix à ses concerts de louange, je contribuerai de tout mon pouvoir à la décoration de vos Autels, à la magnificence de votre culte. Inspirés par le même zèle nous n'épargnerons rien de ce qui peut servir à votre gloire. Ah, M. F.! cette gloire de notre Dieu a été si souvent outragée dans son adorable Sacrement: faisons-lui dans ces jours toute la réparation qui dépend de nous. Jésus-Christ lui-même s'abaisse, s'anéantit dans l'Eucharistie. Compensons du moins par nos adorations la profondeur de ses abaissemens. Que le peuple choisi s'assemble autour de l'arche qui renferme le Saint des Saints; qu'une nombreuse cour se forme autour de lui; depuis le sujet jusqu'au Monarque que tout se prosterne en sa présence, qu'à l'aspect de la Divinité toute dignité disparoisse, et que chacun à l'envi ne pense à se distinguer que par ses hom mages; que nos places publiques soient jonchées de fleurs, qu'on les décore des ornemens les plus précieux; élevons-lui de toute part des Autels; que l'encens fume sur son passage, et du couchant à l'aurore que son triomphe s'étende sur toutes les

nations éclairées par la foi. O l'aimable triomphe! ô le beau spectacle, et qu'il a d'attraits, ô mon Dieu, pour un cœur qui vous aime!

Mais, Chrétiens, prenez-garde que ces saintes cérémonies ne dégénèrent en des cérémonies vaines où la curiosité seule attire, où la dissipation règne, où l'on soit plus occupé de l'éclat qui s'y rencontre que de la présence de J. C. Ne démentons pas ces honneurs que nous lui rendons pas de nouveaux outrages; que l'hérétique frappé des témoignages de notre foi, édifié des marques de respect qui les accompagne, convaincu du zèle de la charité tendre qui les anime, reconnoisse à cet air touché, pénétré, attendri, qui naît du sentiment, que c'est ici l'amour qui rend hommage à l'amour; que saisi d'étonnement, enchanté par ce magnifique appareil et plus encore par toutes les preuves d'une piété sincère, il y trouve comme un reproche à son obstination. Que des yeux l'impression se communique à son esprit et à son cœur, que le voile qui l'aveugloit tombe enfin, qu'il se déclare, qu'il se joigne à la multitude, qu'il se mette lui-même sans différer à la suite d'un Dieu vainqueur, et qu'il apprenne à le glorifier avec nous sous les ombres de l'Eucharistie jusqu'à ce que nous puissions le glorifier tous ensemble sans ombre et sans nuage dans l'éternité que je vous souhaite.

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C'EST, , ma chère sœur, le choix le plus important que je viens vous proposer, le choix d'un état d'où dépend votre bonheur pour cette vie, d'où dépend votre sort pour l'éternité.

Je pourrois vous dire avec plus de zèle, peut-être, que de véritables lumières : choisissez entre Dieu et le monde; mais le choix seroit tout fait ; et vous resteroit-il ; à balancer? Non ; je viens vous dire avec plus de vérité : Dieu se trouve dans toutes les situations, dans tous les états, dès que c'est Dieu seul que l'on recherche. Il se trouve dans le tumulte et les embarras du siècle comme dans la retraite et le silence du cloître; dans la société qui unit deux époux par des liens sacrés comme dans l'état saint qui consacre les Vierges et donne des épouses à J. C.; dans le monde comme dans la Religion; mais de ces états opposés que Dieu a faits pour sa gloire

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