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POUR

UNE PROFESSION RELIGIEUSE.

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Fecit mihi magna qui Potens est.

Le Tout-puissant a fait en moi de grandes
Luc. c. I.

choses.

C'EST ainsi que la plus humble et la plus pure des Vierges célébroit les merveilles que Dieu avoit opérées en sa faveur.

Comme elle, ma chère sœur, faites éclater les sentimens de la plus vive reconnoissance, et rendez gloire à Dieu de toutes les grâces dont il vous comble.

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Déjà il a fait briller à vos yeux ses plus vives lumières ; il vous a fait sentir le néant de toutes les choses du monde et le prix du salut; déjà il vous a conduit dans cet heureux asile, comme dans un port assuré et le séjour de la paix ; il vous a embrâsé des plus pures flammes de son amour, et vous a inspiré le désir d'être entièrement à lui.

Vos vœux seront remplis, la cérémonie sainte qui nous rassemble en est un heureux présage. Dieu lui-même veut s'unir à vous.

De nouvelles grâces vont succéder à ses premières faveurs, et à la vue de ses miséricordes, vous vous écrierez , avec de nouveaux transports de joie: Mon Dieu a fait en moi de grandes choses, fecit mihi magna qui Potens est.

Pour bien comprendre l'étendue de ses bontés, considérez avec moi les avantages de ce saint état auquel il vous appelle; mais en même temps apprenez quels sont les devoirs qu'il vous impose. Deux réflexions que je vais vous développer en peu de mots.

N'attendez point ici de moi un discours étudié et préparé avec art. Je n'ai pu promettre qu'une simple effusion de cœur, et pour obtenir que Dieu lui-même en dicte tout-à-la-fois les sentimens et les expressions, implorons son secours par l'intercession de Marie. Ave, Maria.

PREMIERE RÉFLEXION.

Telle est', ma chère sœur, la bonté de Dieu à votre égard, que le sacrifice qu'il vous engage à lui faire est pour vous la source des plus précieux avantages.

Vous embrassez un état qui vous sépare du monde, qui vous consacre à Dieu; c'est, en peu de mots, vous en faire sentir tout le prix.

L'état religieux vous sépare du monde,

et par cette séparation il vous met à l'abri de ses dangers, il vous dérobe à ses peines.

Vous le savez, et un coup-d'œil sur le monde a suffi pour vous en instruire ; tout y offre un écueil à l'innocence, et qu'il est peu d'ames fidèles qui, sur cette mer orageuse, échappent au naufrage.

Les maximes du monde, ses usages, ses pièges; tels sont les périls auxquels votre état va vous soustraire.

Et d'abord, quel est le langage des enfans du siècle? Opposez-le aux maximes de J. C. et vous reconnoîtrez combien il leur est contraire, et combien dès-lors il tend à nous corrompre.

Ne vivre que pour le temps et sacrifier à quelques momens rapides une éternité. --Acquérir des richesses périssables, qui nous font perdre le trésor qui nous étoit préparé dans les Cieux. Chercher à paroître aux yeux des hommes, sans se mettre en peine si l'on plaît à son Dieu.

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Saisir avec empressement toutes les occasions de plaisir, et ne pas craindre de souiller son ame. se rendre heureux dans cette vie, et ne s'occuper que le moins qu'on peut du sort qui nous attend dans l'autre ; telles sont en substance les maximes du monde.

Est-il étonnant si J. C. a frappé si souvent le monde d'anathême, lui dont les maximes sont si différentes? Que nous dit

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J. C. il n'y a qu'une seule chose de nécessaire, c'est le salat. Que sert à l'homme de gagner tout le monde s'il vient à perdre son ame, et que donnera-t-il en échange pour elle? Cherchez donc, avant toutes choses, le royaume de Dieu; faites-vous violence pour L'obtenir, haissez votre ame, haissez-en les penchans déréglés; perdez-la selon le monde, pour la sauver. N'appelez point heureux ceux qui jouissent des délices de cette vie et qui s'y attachent. Que celui d'entre vous qui veut devenir le plus grand, s'abaisse et s'humilie davantage. Apprenez que ce qui est grand devant les hommes est en abomination devant Dieu. Heureux ceux qui pleurent, heureux ceux qui souffrent, heureux ceux qui mènent une vie obscure, inconnue, ignorée des hommes; heureux ceux qui sont doux et pacifiques, heureux ceux dont le cœur préfère la pauvreté aux richesses, et qui ne tiennent à aucun de ces biens que le monde estime. Heureux, et pourquoi ? c'est qu'ils sont plus près du Ciel que les grands, les riches, les puissans et les heureux de la terre; tel est le langage de J. C.

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Ah! sans doute, instruite à son école vous avez gémi plus d'une fois de l'aveuglement des mondains. Plus d'une fois leur langage vous a fait frémir.

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*

Čependant si vous étiez restée au milieu du siècle, ah! peut-être bientôt auriez-vous

écouté ses discours trop flatteurs à la nature corrompue envain l'Evangile réclame; on s'accoutume aisément à des idées qui nous séduisent, qui s'accordent avec nos penchans, et qui sont devenues communes à tous ceux qui nous environnent.

Mais votre Dieu, pour vous mettre à l'abri de ce premier danger ne peut cesser de vous instruire lui-même. Ici, vous entendrez sa voix; ici, il se fera entendre à votre cœur, il répandra sur vous les lumières de son esprit, et des clartés toutes célestes; ici, on ne vous parlera que le langage de la piété la plus pure et la plus solide. On vous apprendra à renoncer à vous-même, à avancer dans les voies de la perfection, à vaincre les moindres foiblesses, à vous occuper sans cesse des grandes idées de l'éternité, à tout faire pour y arriver et à diriger toutes vos œuvres vers la gloire de Dieu votre salut, le soulage-. ment et la sanctification de votre prochain.

Mais votre état vous met à l'abri d'un autre danger plus pressant encore; ce sont les usages du monde qui viennent à l'appui de ses maximes.

Vous avez vécu au milieu de ce monde, vous avez connu ses lois, ses usages et ses mœurs, qu'y avez-vous aperçu ?

Par une sagesse bien digne des tendres soins d'un père, et pour, mieux éprouver votre vocation, on vous a fait vivre quel

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