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étoit alors ce qu'est pour nous l'Eglise de J. C., avec cette différence que l'une par sa nature devoit finir, et que l'autre, établie sur les débris de la Synagogue, ne finira jamais.

Trois lumières devoient donc concourir à l'instruction et à la conduite des Mages. La lumière naturelle, la révélation et l'autorité de l'Eglise.

Ce sont ces trois flambeaux qui doivent également nous éclairer et nous conduire, après avoir reçu en notre faveur un éclat que J. C. seul pouvoit leur donner. Il est important que vous en connoissiez tout le prix, et que vous sachiez combien leur clarté nous est nécessaire. C'est à la mettre sous vos yeux que je vais employer ce discours. Avant que de le commencer, souffrez que je vous demande toute votre attention, et que je vous la demande pour un temps beaucoup plus long que je ne F'ai fait jusqu'ici. J'y suis comme forcé par la nature du sujet que j'entreprends de traiter. La matière est vaste, elle est difficile et capable de m'arrêter, si le désir de votre instruction ne me pressoit, ne me contraignoit en quelque sorte. Il faudra vous exposer, dans le style le plus concis et d'une manière sensible, des vérités qui pour être approfondies, exigent les méditations les plus sérieuses et qu'on ne développe qu'avec peine lorsqu'on ne

peut leur donner toute l'étendue qu'elles paroissent exiger nécessairement. Prions Dieu qu'il supplée à ma foiblesse, qu'il vous parle, qu'il vous instruise par ma voix ; demandons-lui qu'il nous échauffe, qu'il nous pénètre de l'amour de ses saintes vérités, et adressons-lui, pour cet effet, la prière ordinaire. Ave, Maria.

PREMIÈRE PARTI E.

La première règle que Dieu nous donnée pour nous conduire, et qui est prise dans l'homme même, c'est la raison, cette loi qui, comme le dit un des plus sages d'entre les auteurs païens, ne peut être affoiblie par aucune autre loi, à laquelle il n'est pas permis de déroger, qui ne peut jamais être abolie et qui est plus ancienne que ni aucune loi écrite, ni aucun gouvernement politique, cette loi commune à tous les hommes, constante, immuable éternelle, qui a son fondement dans la nature des choses, qui n'a pas commencé à être loi par la promulgation que les hommes en ont faite, mais qui est aussi ancienne que Dieu lui même, cette loi enfin qui nous appelle à nos devoirs, qui nous porte au bien, par un commandement précis, et qui nous défend le mal avec la même autorité.

Pour que la droite raison ait en effet le caractère d'une véritable loi qui nous impose l'obligation de la suivre dès qu'elle nous parle, il suffit premièrement qu'il y ait un Dieu souverainement sage, souverainement bon, souverainement parfait, qui a créé l'univers; en second lieu qu'il l'ait créé pour une certaine fin conforme à sa sagesse et à sa bonté, troisièmement qu'il veuille que les êtres intelligens, tels que l'homme, concourrent à cette fin et la procurent, autant qu'il est en eux, par le bon usage des facultés qu'il leur a données; et en dernier lieu, que cette volonté le lie de manière à devoir leur faire attendre de très-grandes récompenses s'ils répondent fidèlement aux vues que Dieu s'est proposées en les formant, ou des châtimens rigoureux s'ils osent les contredire par leur conduite.

Redoublez votre attention, je vous prie, ce que j'ai à vous dire est le fondement des vérités les plus importantes et la réponse la plus courte et la plus précise à tous les faux systêmes que le libertinage a enfantés de nos jours.

Qu'il y ait un Dieu distingué de cet univers, et qui l'a créé, qui, par une conséquence nécessaire, en renferme uniquement toute la perfection, duquel nous dépendons comme ses créatures, et qui

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nèbres, entre l'aveuglement et la raison, entre le néant et l'être, autant y a-t il de différence entre l'ordre et le caprice, entre l'assemblage fortuit d'un nombre infini d'atômes, et cet art admirable qui éclate dans l'univers. Depuis le firmament jusqu'aux abîmes de la terre, depuis la plus grande et la plus brillante des étoiles jusqu'à la plus petite des collines, depuis le cèdre qui croit sur les montagnes du. Liban jusqu'à l'Hyssope, depuis l'homme jusqu'à l'insecte qui rampe sous l'herbe tout annonce un Dieu sage, ami de l'ordre, et qui l'a fait régner dans les choses que nous ne connoissons pas, et qui échappent à nos foibles lumières comme dans celles que nous connoissons, et dont nous saisissons les rapports. Qui pourroit allumer plusieurs lampes s'il ne se trouve point de feu pour leur communiquer sa lumière ? qui pourroit, à plus forte raison, distribuer avec sagesse cette multitude innombrable de parties qui entre dans la composition de l'univers les assortir entr'elles et en faire un seul tout plein de grandeur et d'harmonie, s'il n'existe pas une intelligence suprême qui a fixé à tous les êtres leur place, et qui a déterminé, leurs forces et leurs mouvemens ? Et depuis quand le caprice a t-il si bien imité la sagesse ? Pourquoi, depuis que le monde existe, le hasard n'a-t-il pu

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former un seul ouvrage régulier, un tableau, une statue, un temple, on le conserver après l'avoir formé ? Mais à quoi m'arrêtai-je puisque tout don excellent et parfait vient d'en haut, et que nous ne l'avons pas de nous-mêmes; les facultés des êtres intelligens, nos idées nos penchans, tout ce qu'il y a en nous de connoissances, de bonté, de sagesse, ne nous force-t-il pas de remonter à un premier Etre, bon, sage, rempli de lumière, et qui possède toutes les perfections dans le plus haut degré, parce qu'il en est seul la plénitude et la source; qui les possède de toute éternité, puisqu'elles sont une suite de son existence absolue et indépendante; qui les possède sans en rien perdre, puisqu'il n'y a pas même en lui l'ombre de changement, et que dans l'Etre nécessaire tout est immuable comme son existence. Apud quem non est transmutatio nec vicissitudinis obumbratio. La sagesse, dit Salomon, est l'émanation de la vertu de Dieu, et l'effusion toute pure de la clarté du Tout-Puissant; immuable et simple en elle même, quoique variée dans ses effets, elle renouvelle toutes choses, elle se répand, parmi les nations, dans les ames saintes, et elle forme les amis de Dieu. y a en elle un esprit d'intelligence qui est pur et sans tache, doux, ami du bien,

Il

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