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s'il n'y a point de Tribunal visible, toujours subsistant, et dont les décisions soient infaillibles et sans appel.

Est-ce à l'Ecriture que nous aurons recours? Mais outre qu'elle ne contient pas toutes les vérités de la Religion puisque Saint Paul, en plusieurs endroits de ses Epîtres, renvoie les Fidèles à la tradition, et que ceux mêmes qui la rejettent croient et pratiquent plusieurs choses qu'on ne sait que par son canal, et dont on ne peut autoriser la croyance que par elle; l'Ecriture-Sainte s'explique-telle d'elle-même sur tous les objets qu'elle renferme ? S'il en est ainsi, pourquoi donc les sectes les plus opposées prétendent-elles savoir chacune de son côté, et s'appuyent-elles toutes sur son témoignage, comme le remarque Saint Hilaire ? Pourquoi ses passages, les plus importans, ont-ils été pris dans des sens si différens, et, quelquefois même, en sont-ils également susceptibles? Pourquoi Saint Pierre nous a-t-il averti qu'il s'y trouve des endroits difficiles à entendre et auxquelles des hommes ignorans et légers donnent un faux sens pour leur propre ruine? Pourquoi, encore a-t-il voulu que nous fussions persuadés, avant toutes choses, que nulle explication des livres saints ne devoit se faire par une interprétation particulière ? L'Ecri

ture, dit à ce sujet, Saint Ambroise est sans doute une lampe qui nous éclaire; mais ce n'est qu'autant qu'elle est posée sur le chandelier de l'Eglise, qu'elle nous est présentée par cette autorité publique et infaillible, et non pas lorsqu'elle est cachée sous le boisseau, et comme obscurcie par le jugement d'un homme privé. Heureux donc les petits et les humbles qui croient, sans entrer dans toutes ces discussions, dont les simples et les ignorans, dont les plus savans mêmes sont incapables. Ta foi t'a sauvé, dit Jésus-Christ ta foi, re prend Tertullien : et non pas d'être exercé dans les Ecritures. Fides tua te salvam fecit, non exercitatio Scripturarum.

Et quel vaste champ ne seroit pas ouvert à l'illusion, au libertinage, à l'indépendance, disons-le même, à une sorte d'indifférence, qui introduiroit autant de Religions parmi les hommes qu'il y a des esprits différens, s'il étoit vrai que l'interprétation particulière dût avoir lieu ? Supposera t-on avec les hérétiques du dernier siècle qu'une lumière intérieure du Saint-Esprit donne à chaque Fidèle l'intelligence du véritable sens de l'Ecriture. Mais sur quel fondement est établie cette prétention chimérique ? quel fruit peut-elle produire, si ce n'est

de multiplier les sectes à l'infini, en faisant dire à chaque novateur que le sens qu'il donne à l'Ecriture lui a été inspiré par l'Esprit-Saint, et que pourra-ton en conclure, sinon que l'esprit de vérité a inspiré à deux personnes des choses contradictoires, que Luther, reconnu pour un vrai Fidèle par Calvin, a été éclairé sur les mêmes textes d'une manière toute différente et toute contraire, que Zuingle a eu sur le même objet une inspiration toute opposée à celle de Luther. Vain fantôme ! qui fait honte à la raison humaine ; prodige de folie et d'aveuglement qui fait bien voir que, sans un Tribunal extérieur, public et infaillible, tel que l'Eglise, sans une autorité qui fixe nos sentimens, il n'y a point d'absurdité dont nous ne soyons capables en matière de Religion, qu'il n'y a plus rien de certain pour nous, et que nous serions bientôt emportés comme des enfans à tout vent de doctrine en doctrine comme parle Saint Paul.

Mais, que s'ensuit-il, M. F. ? c'est que Dieu, qui tend toujours à sa fin par les moyens les plus convenables, aura pourvu à cet inconvénient par sa sagesse, et qu'il ne nous aura point laissé sans une autorité si nécessaire pour nous conserver le dépôt de sa Religion, pour l'annoncer à tous les hommes, et

aura

pour leur interpréter sa parole. C'est ce qui nous conduit si naturellement à reconnoître toute la force et l'évidence de la promesse qu'il nous a faite d'un pareil secours; rien de plus sensible que le besoin que nous en avions, et rien aussi de plus précis, que les termes dans lesquels il nous l'a promis. J'ose le dire, les textes sacrés qui concernent l'Eglise, sont du nombre de ceux qui s'expliquent par eux-mêmes, et qui n'out besoin, pour être compris, que d'être lus avec un esprit droit et sincère.

Toute puissance, dit J. C. à ses Apôtres, m'est donnée dans le Ciel et sur la terre Allez donc enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit ; leur apprenant à garder toutes les choses que je vous ai commandées. Et, voilà que je suis avec vous tous les jours jusqu'à la consommation des siècles.

Ne perdons rien, M. F. de ces paroles, elles répondent à toutes les dif ficultés, elles lèvent tous les doutes, elles remplissent toutes nos espérances. J. C. promet une chose grande, incroyable, c'est que dans ce monde, où tout change, où tout se confond, où les plus grands Empires ont leurs révolutions et leur chûte, une société d'hom

mes doivent subsister jusqu'à la consommation des siècles, aussi donne-t-il à sa parole un fondement inébranlable. Toute puissance m'a été donnée dans le Ciel et sur la terre.

Allez donc, dit-il, à ceux qu'il établit, allez enseigner et baptiser en mon nom. Voilà l'objet essentiel de votre Ministère, celui pour lequel je vous promets mon assistance, celui qui fait de vous un corps visible de Pasteurs, établi sur une société de Fidèles unis tous ensemble par la même croyance, la participation aux mêmes biens, la soumission aux mêmes guides, celui enfin, qui contient tout ce qu'il y a de plus respectable et de plus sacré dans l'autorité que je vous confie. Enseignez, instruisez les peuples des dogmes de la foi, et des vérités que ma morale renferme. Réglez tout ce qui regarde mon culte et l'administration de ines Sacremens dont le Baptême est comme l'entrée et le fondement; liez et déliez : tout ce que vous lierez, tout ce que vous délierez sur la terre le sera également dans le Ciel. C'est pour toutes ces choses que je vous donnerai l'esprit de discernement et de vérité; car voilà que je suis avec vous, avec vous que j'établis pour enseigner et baptiser en mon nom. Ne craignez donc point la méprise

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