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vement. Et le fruit de ces préceptes de l'Evangile, que nous lisons aujourd'hui; c'est de nous abandonner à ce mouvement divin, qui nous fait sentir que Dieu veut de nous quelque chose. Quelque grand qu'il soit, il faut oser, et n'hésiter pas un seul

moment.

Lorsqu'il s'agit de demander à Dieu les choses nécessaires pour le salut, nous n'avons pas besoin de ce mouvement particulier de Dieu, qui nous apprend ce qu'il veut que nous obtenions de sa puissance. Nous savons très-clairement par l'Evangile, que Dieu veut que nous lui demandions notre salut et notre conversion. Demandons-la donc sans hésiter; assurés, si nous le faisons avec la persévérance qu'il faut, que tout nous sera possible. Quand nos mauvaises habitudes auroient jeté dans nos ames de plus profondes racines, que les arbres ne font sur la terre, nous leur pouvons dire : Déracine-toi. Quand nous serions plus mobiles et plus inconstans que des flots, nous dirons à un arbre : Va te planter là; et à notre esprit : Fixe-toi là; et il y trouvera du fond. Quand notre orgueil s'éleveroit à l'égal des plus hautes montagnes, nous leur pourrions ordonner de se jeter dans la mer, et de s'y abîmer, tellement qu'on ne voie plus aucune marque de leur première hauteur. Osons donc tout pour de tels miracles, puisque ce sont ceux que nous savons très-certainement que Dieu veut que nous entreprenions. Osons tout, et pour petite que soit notre foi, ne craignons rien; car il n'en faut qu'un petit grain, gros comme du senevé, pour tout entreprendre. La grandeur n'y fait rien, dit le

Sauveur je ne demande que la vérité et la sincérité car s'il faut que ce petit grain croisse, Dieu qui l'a donné le fera croître. Agissez donc avec peu, et il vous sera donné beaucoup et ce grain de senevé, cette foi naissante, deviendra une grande plante, et les oiseaux du ciel se reposeront dessus (1). Les plus sublimes vertus n'y viendront pas seulement, mais y feront leur demeure.

XXII. JOUR.

La prière persévérante; elle tient de la plénitude de la foi. Ibid.

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PESEZ les qualités de la foi et de la prière. Qu'on la fasse sans hésiter, pour peu que ce soit, avec une pleine persuasion: c'est ce que saint Paul appelle plénitude de persuasion : que la Vulgate a traduit simplement: In plenitudine multá: avec une grande plénitude (2). Ce que le même saint Paul appelle ailleurs plénitude d'intelligence (3); et ailleurs en termes formels plénitude de l'espérance, et plénitude de la foi (4). C'est donc à dire, qu'il faut avoir une foi si pleine qu'elle ne se démente par aucun endroit, et qu'on n'ait nulle défiance du côté de Dieu; comme le même saint Paul le dit d'Abraham, qu'il n'hésita point par défiance, mais se fortifia dans la foi, donnant gloire à Dieu; pleinement persuadé et convaincu qu'il est puissant pour accomplir tout ce

(1) Matth. x111. 31, 32.. (2) I. Thess. 1. 5.(4) Heb. VI. 11. X. 22.

(3) Coloss. 11. 2. —

qu'il promet (1). Voilà donc la foi qui obtient tout, et la foi qui nous justifie, selon le même saint Paul dans le même endroit (2). Telle est donc la première condition de la prière marquée dans notre évangile, qu'elle se fasse avec une pleine foi. La seconde y est encore marquée : Qu'on pardonne sincèrement à son frère, si on a quelque chose contre lui (3). On obtient donc tout ce qu'on demande, si on le demande avec un cœur plein de foi en Dieu, et en paix avec tous les hommes. Voilà ce que Dieu demande, un cœur sans aigreur et sans défiance on a tout de lui à ce prix.

Mais peut-on ne se pas défier, et ne doit-on pas le faire? Oui, de soi; puisqu'on est si foible, et qu'on ne sait même si on a une foi vive, encore moins si on y perséverera: mais avec toute cette incertitude, j'ose dire qu'il ne faut pas s'en inquiéter; et sans tant de retour sur soi-même, il faut dans le temps que la prière s'allume, oser tout attendre et tout demander; et être si plein de Dieu, qu'on ne songe plus à soi-même.

Est-ce là cette téméraire confiance que les hérétiques prêchent? Point du tout. Mais sans éteindre les réflexions qu'on peut faire sur sa foiblesse, c'est dans la ferveur de la prière s'oublier tellement soimême, qu'on ne demeure occupé que de ce que Dieu peut, et de l'immense bonté avec laquelle il a tout promis à la prière persévérante.

(1) Rom. iv. 20, 21.- (2) Ibid. 22. — · (3) Marc. XI. 24, 25.

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XXIII. JOUR.

Distinction des jours de la dernière semaine du Sauveur. Matière de ses derniers discours. Marc. xi. II-33. Matth. xxI. 23-32. Luc. XX. I- - 8.

En comptant avec saint Marc, c'est ici le quatrième jour de la dernière semaine de notre Sauveur. Le premier est celui de son entrée, qui est le cinquième avant Pâque. Le second jour de cette semaine, fut le lendemain matin, lorsque Jésus, venant de Béthanie à la ville, eut faim, dessécha le figuier, et nettoya le temple de voleurs, comme il les appelle. Le troisième est celui, où repassant sur le matin devant le figuier, on le vit flétri et séché; et c'est celui où nous avons entendu tant de merveilles sur la foi. Le quatrième est celui dont saint Marc dit, après tout ce que nous venons de voir : Jésus vint encore une autre fois à Jérusalem (1); et c'est celui où il objecta aux Juifs le baptême de saint Jean, comme on va voir.

Après cela je ne vois plus de distinction de jours. Nous apprenons seulement de saint Luc, que JésusChrist venoit tous les jours au temple pour y enseigner, et que le peuple l'y venoit entendre dès le matin (2). En sorte qu'il faut partager ce qui reste de ses discours entre le mercredi et le jeudi durant le jour; car il fut pris la nuit, et fut crucifié le lendemain.

(1) Marc. x1. 27, — (2) Luc. xxi. 37, 38.

Plus nous approchons de la fin de Jésus, plus nous devons être attentifs à ses discours. Hier, qui fut le mardi, il nous fit voir dans la foi le fondement de la prière et de toute la vie chrétienne. Il n'y avoit rien de plus essentiel à la piété. Mais dans la suite il va établir la foi, et autoriser sa mission d'une manière admirable: premièrement par le témoignage de saint Jean-Baptiste, et ensuite par celui de David, et par beaucoup d'autres choses que nous allons voir les unes après les autres; fermant la bouche à tous les contredisans; et laissant ce témoignage au monde, que sa doctrine étoit absolument irrépréhensible, puisque ses plus grands ennemis demeuroient muets devant lui. Méditons cette vérité : considérons de quelle sorte Jésus-Christ répond à ceux qui l'interrogeoient avec un esprit de contradiction; et apprenons comment il faut consulter la vérité éternelle.

XXIV. JOUR.

Jésus refuse de répondre aux questions des Juifs superbes et incrédules; et répond aux esprits humbles et dociles. Matth. xxI. 27. Marc. xi. 33. Luc. XXI. I, 2, 8.

COMME il enseignoit dans le temple, les princes des prêtres, et les docteurs de la loi, et les sénateurs du peuple s'assemblèrent, et lui firent cette demande : En quelle puissance faites-vous ces choses (1)? Il paroît que cette demande regardoit

(1) Luc. XX. I, 2.

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