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noit, du moins où l'on blâmoit ceux qui assistoient au banquet sacré sans manger? En effet, y assister sans manger, n'est-ce pas déshonorer le festin et en mépriser les viandes? Quel mépris, quelle maladie, quel dégoût? Mais ce n'est plus la coutume. Ecoutez ce que dit l'Eglise dans le concile de Trente : Le saint concile désireroit, que tous ceux qui assistent au sacrifice y participassent (1). Pourquoi le saint concile le désire-t-il, si ce n'est que JésusChrist le désire? Car il ne se change en viande que pour être mangé. L'Eglise désire donc que vous communiiez, vous tous qui assistez au sacrifice. Le concile toutefois ne dit pas qu'il désire : il dit, qu'il désireroit Optaret sancta synodus: Pourquoi ? l'Eglise n'ose former un désir absolu d'un si grand bien; elle désireroit que tout le monde le fît, que tout le monde en fût digne. O prêtre, désirez aussi que tout le monde communie avec vous ! Et vous tous qui assistez, répondez à ce désir de l'Eglise et de son ministre. Si vous ne communiez pas, encore un coup, pleurez du moins, gémissez; reconnoissez en tremblant, que le chrétien devroit vivre de manière, qu'il pût communier tous les jours. Promettez à Dieu de vous préparer à communier au plutôt : vous aurez communié du moins en esprit. Le prêtre communie : le prêtre achève, affligé de communier seul; ce n'est pas sa faute; il ne faut pas laisser de dresser la table, encore que tous n'en approchent pas. Telle est la libéralité, telle est la bonté du grand Père de famille. Enfin donc le sa(1) Sess. XXII. cap. 6.

crifice est consommé : retirez-vous avec douleur, de n'y avoir pas eu toute la part qui vous étoit destinée.

LXV. JOUR.

L'action de grâces. Matth. xxvi. 30.

Er après avoir dit l'hymne, ils s'en allèrent à la montagne des Oliviers (1). Ils y allèrent à la vérité : mais avant que Jésus-Christ partît, il se passa plusieurs choses, que nous verrons dans la suite. Arrétons-nous un moment sur cet hymne, sur ce cantique d'action de grâces et d'allégresse, par lequel Jésus et ses apôtres finirent le saint mystère. Que pouvoient chanter ceux qui étoient rassasiés de Jésus-Christ, et enivrés du vin de son calice, sinon celui dont ils étoient pleins? L'agneau qui a été immolé, est vraiment digne de recevoir la force, la divinité, la sagesse, la puissance, l'honneur, la gloire, la bénédiction. Et j'entendis toute créature qui est au ciel, sur la terre, sous la terre, sur la mer et dans la mer, et tout ce qui est dans ces lieux qui crioient en disant : A celui qui est assis sur le trône et à l'agneau, bénédiction, honneur, gloire, et puissance aux siècles des siècles (2).

Le monde chante les joies du monde; et nous que chanterons-nous après avoir reçu le don céleste, que les joies éternelles ?

(1) Matth. xxvI. 30.- (2) Apoc. v. 12, 13.

Le

Le monde chante ses passions, ses folles et criminelles amours; et nous que chanterons-nous, sinon celui que nous aimons?

Le monde fait retentir de tous côtés ses joies dissolues; et qu'entendra-t-on de notre bouche, après avoir bu ce vin qui germe les vierges (1), sinon des cantiques de sobriété et de continence? Remplis de la mort de Jésus-Christ, qui vient de nous être remise devant les yeux, et de la chair de son sacrifice, que chanterons-nous? sinon : Le monde est crucifié pour moi, et moi pour le monde (2).

Ne vous en allez pas sans dire cet hymne, sans réciter le cantique de la rédemption du genre humain. Quoi, Moïse et l'ancien peuple chantèrent avec tant de joie le cantique de leur délivrance, après être sortis de l'Egypte et avoir passé la mer Rouge! Chantez aussi, peuple délivré, chantez le cantique de Moïse, et le cantique de l'Agneau, en disant: Que vos œuvres sont grandes et admirables, ó Seigneur, Dieu tout-puissant! Que vos voies sont justes et véritables, ó Roi des siècles! Seigneur, qui ne vous craindroit, et qui ne glorifieroit votre nom? car vous seul êtes saint: toutes les nations viendront et adoreront devant votre face parce que vos jugemens sont manifestes (3). Vous avez détruit par votre mort, celui qui avoit l'empire de la mort: c'est-à-dire, le diable (4) : le prince de ce monde est chassé (5) : et attachant à votre croix la cédule de notre condamnation, vous avez désarmé les prin

(1) Zach. IX. 17. — (2) Gal. vi. 14. — (3) Apoc. xv. 3, 4. — (4) Heb. 11. 14.- (5) Joan. xii. 31.

BOSSUET. IX.

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MÉDITATIONS SUR L'ÉVANGILE.

cipautés et les puissances; vous les avez menées en triomphe hautement, et à la face de tout l'univers, après les avoir vaincues par votre croix (1). Et maintenant, en mémoire d'une si belle victoire, nous offrons par vous et en vous, à votre Père céleste, ce sacrifice de louanges et d'action de grâces; qui au fond n'est autre chose que vous-même, parce que nous n'avons que vous à offrir pour toutes les grâces que nous avons reçues par votre moyen.

(1) Coloss. 11. 14, 15.

FIN DU TOME NEUVIÈME.

TABLE

DU TOME NEUVIÈME.

MÉDITATIONS SUR L'ÉVANGILE.

LETTRE aux religieuses de la Visitation de Meaux, en leur envoyant ces Méditations.

Avertissement.

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SERMON DE NOTRE SEIGNEUR SUR LA MONTAGNE.

PREMIER Jour. Abrégé du sermon. La félicité éternelle proposée sous divers noms dans les huit béatitudes. 5 IL. JOUR. Première béatitude: Etre pauvres d'esprit. 9 III. JOUR. Seconde béatitude: Etre doux. IV. JOUR. Troisième béatitude: Etre dans les pleurs. 14 V. JOUR. Quatrième béatitude: Avoir faim et soif de la justice.

ΙΟ

16

VI. JOUR. Cinquième béatitude: Etre miséricordieux. 18 VII. JOUR. Sixième béatitude: Avoir le cœur pur.

e

e

20

21

VIII. JOUR. Septième béatitude: Etre pacifiques.

e

IX. JOUR. Huitième et dernière béatitude: Souffrir

la justice.

pour 24

X. JOUR. Vrai caractère du chrétien dans les huit bea

titudes, avec les caractères opposés.

25

XI. JOUR. Quatre caractères du chrétien.

27

XII. JOUR. Excellence de la justice chrétienne au-dessus de celle des païens et des Juifs.

32

e

XIII. JOUR. Haine, colère, parole injurieuse : quelle en

est la punition.

37

XIV. JOUR. Réconciliation.

40

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