LE CORRESPONDANT LETTRES A UN JEUNE HOMME SUR LA VIE CHRÉTIENNE DEUXIÈME LETTRE1 DU CULTE DE JÉSUS-CHRIST DANS LES ÉCRITURES. École de Sorèze, 23 avril 1858. Le premier lieu où l'on rencontre ceux que l'on aime, c'est leur histoire. L'histoire est le passé de la vie se survivant à lui-même dans un souvenir écrit. Il n'y aurait pas d'amitié si la mémoire ne ressuscitait dans l'âme et n'y tenait présents ceux à qui nous avons donné notre cœur. C'est là qu'ils vivent de notre propre vie, là que nous les voyons avec nous, là que leurs traits et leurs actions demeurent empreints et se conservent dans un relief qui fait partie de notre être. Mais la mémoire, même la plus fidèle, est courte par quelques endroits, et, si elle veut se transmettre à d'autres en leur léguant l'image aimée, il faut qu'elle se transforme en histoire et se grave sur un airain qui méprise le temps. L'histoire est la mémoire d'un siècle immortalisée. Par elle, les générations se rapprochent, et, si pressées qu'elles soient dans leur cours et leur disparition, elles puisent au foyer du souvenir l'unité qui fait leur âme et leur parenté. Un homme qui n'a pas d'histoire est tout entier dans sa tombe; un peuple qui n'a Voy. la première lettre dans le Correspondant du 25 mars 1858. MAI 1858. |