Images de page
PDF
ePub

détour ils cherchaient à le mettre hors de la voie; mais lui ne prit pas un seul instant le change, et, dès le bond suivant, il se dirigea de manière à les couper. Ils eurent plusieurs fois recours à la même tactique, mais tout aussi inutilement. Bientôt il ne fut que trop aisé de reconnaître qu'ils perdaient à la fois leur force et leur courage. Leur vol devenait à chaque fois plus court et plus incertain, tandis que les énormes sauts de la dorade semblaient s'allonger à mesure qu'ils l'approchaient davantage de sa proie. Elle la rejoignit enfin, et dès lors, modérant tous ses mouvements, elle s'arrangea de manière à arriver à chaque bond précisément au point où la petite troupe retombait épuisée. Déjà la chasse était trop loin de nous pour que du pont nous pussions la suivre; mais nous la retrouvâmes en montant sur les manoeuvres. Ce fut de là que nous vîmes les poissons volants disparaître successivement, les uns saisis au moment où ils venaient de se replonger dans l'eau, les autres avant même qu'ils eussent touché sa surface. »

L'anabas, p. 21, 1. 6. - «On parle d'un autre poisson de mer qui, sortant de l'eau, monte sur le cocotier et boit le suc de la plante; ensuite il retourne à la mer.»

qui, depuis quelque temps, nous tenait compagnie, et qui dans ce moment jouait autour du gouvernail en étalant ses chatoyantes couleurs. Voir cette proie et s'élancer dans l'air après elle, ce fut pour la dorade l'affaire d'un même instant. Elle partit de l'eau avec la rapidité du boulet, et son premier saut ne fut pas de moins de trente pieds. Quoique la vitesse dont elle était animée en partant dépassât de beaucoup celle des poissons qu'elle poursuivait, comme ils avaient sur elle une grande avance, elle retomba assez loin derrière eux. Nous la vîmes pendant quelques instants serpenter étincelante entre deux eaux, puis repartir par un nouveau saut plus vigoureux que le premier....

«Cependant, les poissons poursuivis par l'ennemi, qui s'avançait à pas de géant, continuaient de fuir d'un mouvement égal, et en se maintenant toujours à une même hauteur. Ils rentrèrent enfin dans l'eau, mais ce ne fut guère que pour y humecter leurs ailes, et nous les vîmes reprendre un second vol plus vigoureux et plus soutenu que le premier................ Ce qu'il y eut de remarquable, c'est que, cette fois, ils prirent une direction toute différente de la précédente. Il était évident qu'ils sentaient l'approche de leur persécuteur, et que par ce

Pag. 3, dernière ligne.—«....Ce poisson se nomme al-meydj. Un autre poisson qui se tient sous l'eau l'observe, et, si le premier tombe, l'autre l'avale. Celui-ci s'appelle al-anketous.»

Je ne saurais dire quel est l'animal que Soleyman a voulu désigner sous le nom d'al-anketous, et, quoiqu'il en parle comme d'un poisson, je ne m'étonnerais pas qu'il s'agît ici d'un mammifère, puisque les marsouins, auxquels il n'eût pas hésité sans doute à appliquer cette expression, sont au nombre des ennemis les plus redoutables des poissons volants. A la vérité, lorsqu'ils se livrent à cette chasse, les marsouins ne se tiennent pas sous l'eau, et, au contraire, ils restent autant que possible à la surface, afin de suivre des yeux la direction que prend le troupeau volant; mais ce renseignement ne conviendrait pas mieux aux vrais poissons engagés dans la même poursuite, aux dorades, par exemple. Le capitaine Basil Hall a décrit les allures de ces dernières, avec son talent accoutumé, dans un passage qu'on me pardonnera de citer ici.

".....Une bande de dix à douze poissons volants sortit de l'eau près du gaillard d'avant et fila contre le vent en rasant notre bord. Elle fut aperçue, au passage, par une grande dorade

face humaine rappelle le pithèque à tête de singe d'Ælien (Hist. anim., 1. XII, c. xxvii), et la tête arrondie des dactyloptères fait comprendre cette comparaison. Au reste, la description d'Elien ne peut s'appliquer à aucune espèce particulière, car elle réunit des traits appartenant à deux poissons différents, celui dont nous venons de parler et le pégase dragon. Ce qui montre bien que ce chapitre renferme des renseignements relatifs à deux êtres distincts, c'est que plusieurs des caractères qu'il indique sont inconciliables; par exemple, il est impossible d'avoir à la fois une tête de singe et la bouche sous la gorge.

Pag. 21, lig. 3.- -«Il y a, dit-on, dans la mer, un petit poisson volant; ce poisson, appelé sauterelle d'eau, vole sur la surface de l'eau.»>

Je ne doute point que ce passage ne se rapporte à un exocet ; le nom, tout étrange qu'il puisse paraître, me semble d'autant mieux choisi que, lorsque j'ai eu l'occasion d'observer pour la première fois dans les mers des tropiques le vol onduleux des exocets, il m'a rappelé complétement le vol des sauterelles, particulièrement celui d'une belle espèce à ailes bleues, commune dans quelques parties de la France, une grande variété du grillus cœrulescens.

moins redoutable que le requin. L'espadon, à cause de sa grande taille qui dépasse quelquefois six mètres, a été souvent confondu avec des squales et avec des cétacés; mais, quoique sa force puisse le rendre redoutable aux habitants de la mer, il ne paraît pas qu'il ait jamais attaqué des hommes, et surtout il n'en a jamais dévoré. Je ne crois pas que ce soit parmi les poissons osseux qu'il faille chercher le lokham, quoique certaines espèces, telles que la grande sphyrène américaine, qu'on appelle communément baracuda, soit fort redoutée des nageurs.

Poissons volants. Pag. 3, lig. 21. — « On trouve dans la même mer, un poisson dont la face ressemble à la face humaine, et qui vole audessus de l'eau. Ce poisson se nomme al-meydj. »

On connaît plusieurs espèces de poissons volants qui appartiennent à deux genres différents, les exocets et les dactyloptères : notre auteur me paraît avoir parlé des uns et des autres. Dans le passage que nous venons de citer, il ne peut être question qué d'un dactyloptère, et probablement de l'espèce connue sous le nom de d. orientalis, qui est commune dans les mers de l'Inde, et dont on trouve déjà une figure dans Bontius (Hist. nat. et med. Ind. orient. Amsterdam, 1658, p. 78). L'al-meydj à

« PrécédentContinuer »