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de voir que l'éloignement ne diminue point les bontés que vous avez toujours eues pour moi et pour toute ma famille.

Si vous approuvez, monsieur, la conduite que nous tenons ici pour ramener les nouveaux convertis à l'Église, nous sommes trop heureux. Vous êtes le modèle et l'oracle qu'on doit consulter sur les affaires de la religion les plus épineuses c'est vous qui avez la gloire de leur avoir rendu simple et naturel, dans vos savants écrits, ce qu'ils croyoient si difficile auparavant. La pureté de la doctrine que vous leur avez enseignée dans votre livre de l'Exposition de la Foi, a plus attiré d'ames à Dieu que les plus beaux sermons, et ces foibles secours que nous pourrions employer si nous ne marchions sous votre étendard.

Pour vous rendre compte exactement, monsieur, comme vous le souhaitez, de la conduite que nous avons tenue pour déterminer les nouveaux convertis à venir à l'église, et de l'effet que cette première démarche a produit sur leur cœur; j'aurai l'honneur de vous dire qu'en arrivant dans la province, j'ai envoyé querir dans mon cabinet tous les nouveaux convertis de Montauban, l'un après l'autre, pour leur expliquer l'envie que le roi avoit de détruire entièrement l'hérésie dans son royaume, et de réunir tous ses sujets à l'Église; et pour cela qu'il falloit qu'ils se fissent instruire par ceux en qui ils avoient le plus de confiance.

Je trouvai d'abord beaucoup d'opiniâtres qui ne vouloient entendre parler ni de messe ni d'instruction. Je leur représentai qu'après avoir épuisé les voies de douceur, le roi seroit obligé de faire sur eux des exemples de sévérité, s'ils ne se mettoient à la raison. Dieu a touché leurs cœurs; ils se sont tous déterminés par la douceur à venir à la messe. Cette première démarche deviendroit inutile, si nous ne joignions l'instruction à la pratique c'est à quoi M. l'évêque de Montauban, tous les pères jésuites, M. d'Arbussy, avocat général de la cour des aides, et les plus habiles gens de la ville, ont travaillé avec un soin et une application continuelle.

Quand quelqu'un manque à aller à la messe ou à l'instruction, aussitôt je l'envoie querir, pour lui représenter de quelle conséquence il est de ne se point relâcher dans une affaire aussi importante que celle de la religion. Cela a produit un si bon effet, que presque tous nos nouveaux convertis les plus opiniâtres, qui regardoient avec horreur la porte de l'église, vont assidument à

comme très propre à instruire le lecteur sur les faits dont il est parlé dans les précédentes, et dont il sera encore question dans celles qui suivront.

la messe. Ils l'entendent avec assez de dévotion : ils s'accoutument à nos cérémonies; et enfin ils commencent à convenir que si on en avoit usé de même après la révocation de l'édit de Nantes, ou immédiatement après la guerre, ils seroient tous', à l'heure qu'il est, bons catholiques. Ils deviennent tous les jours plus dociles, et ne demandent que d'être instruits. Cela en a disposé plus de cent à se confesser et à communier à Pâques avec édification. Toutes les filles nouvelles converties qui sont dans les couvents, qui ne vouloient entendre parler ni de messe ni d'instruction, vont depuis deux mois à la messe, se sont fait instruire, et ont toutes été à confesse à Pâques. Voilà, monsieur, l'effet que cette première démarche a produit sur leur cœur.

Tous ces heureux commencements ne doivent point nous éblouir : je demeure d'accord que toutes ces dispositions favorables sont aisées à détruire, si l'on n'en profite avec vivacité. Mais aussi je prendrai la liberté de vous dire, quoique avec peu d'expérience, qu'il me paroît que si l'on n'avoit pas engagé les nouveaux convertis par la douceur mêlée d'autorité à aller à la messe, non seulement ils n'auroient jamais été catholiques dans le cœur ni à l'extérieur, mais leurs enfants auroient été aussi huguenots qu'eux; une seule parole des pères et mères étant capable de détruire en un moment le fruit de dix années de couvent ou d'instruction.

Le roi ne pouvoit donner une plus grande marque de sa bonté à la ville de Montauban, que de lui envoyer le P. de La Rue dans ce mouvement heureux. Il a enlevé les cœurs avec une rapidité étonnante, et a trouvé le secret de gagner la confiance de tous les nouveaux convertis. Je lui ai communiqué la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire je crois qu'il vous explique son sentiment par celle que je prends la liberté de vous envoyer de sa part.

Dieu n'a pas renfermé ses graces dans la seule ville de Montauban ; il les a répandues dans toute la généralité, où les nouveaux convertis commencent à ouvrir les yeux, et à prendre le bon parti. Il y en a plus de quinze mille dans les principales villes, qui ont commencé à aller à la messe, et beaucoup qui ont approché des sacrements à Pâques. Il n'y a rien, monsieur, de si nécessaire pour terminer heureusement une affaire aussi importante, que d'établir l'uniformité dans les provinces voisines et dans tout le royaume; afin que nos jeunes plantes ne puissent pas se plaindre que l'on cultive leur terre, pendant que l'on néglige celle de leurs voisins. Ce n'est pas une petite affaire, ni l'ouvrage d'un jour : mais n'est-on pas bien récompensé, quand on travaille pour la gloire

de Dieu, et pour le succès d'une affaire que le roi | mer, monseigneur, avec combien d'attachement, de reconnoissance et de respect je suis, etc. a si fort à cœur? F.-ARMAND-JEAN, anc. abbé de la Trappe.

Je vous supplie très humblement, monsieur, de corriger dans ma conduite tout ce que vous y désapprouverez vous pouvez compter sur une soumission entière à vos avis et vos conseils; personne au monde ne vous honorant plus que moi, et n'étant avec plus de respect,

A Montauban, ce 21 avril 1700.

etc.

LE GENDRE.

LETTRE CCXXI.

DE M. DE RANCÉ, ABBÉ DE LA TRAPPE.

Il donne de grands éloges aux travaux du prélat, pour la defense de la vérité.

Il ne m'est pas possible, monseigneur, de passer toute ma vie sans vous faire ressouvenir de moi, et sans recevoir de vos nouvelles car quoique votre presonne mesoit très présente devant Dieu, et que je ne passe point de jour sans lui demander qu'il continue de la favoriser de sa protection, dans les affaires différentes où elle se trouve en gagée pour sa gloire et pour son service; il manque encore quelque chose que je ne saurois m'empêcher de desirer, qui est de recevoir quelquefois des marques de cette bonté dont vous m'honorez depuis si long-temps.

J'ai loué Dieu bien des fois, monseigneur, de ce qu'il a favorisé votre cœur, votre esprit et votre plume contre ceux qui s'étoient si visiblement élevés contre lui ; et il se peut dire que l'Église a trouvé dans votre personne tout ce qu'elle pouvoit desirer pour la défense des vérités qui étoient si fortement attaquées. C'est un devoir duquel la Providence vous avoit chargé, et dont vous vous êtes acquitté avec tout le succès et la bénédiction que l'on pouvoit s'en promettre. La mémoire s'en conservera jusqu'à la fin des siècles ; et votre nom sera en vénération, jusqu'à | ce qu'il plaise à Dieu de couronner votre œuvre, et d'y mettre la dernière main.

Ce 2 juin 1700.

Nous avons vu ici depuis deux jours, monseigneur, un gentilhomme de Danemark qui

vous a bien de l'obligation. Non seulement vous lui avez fait connoître la vérité de la religion qu'il ignoroit; mais vous lui avez donné des principes et des sentiments de piété qui produiront leur fruit dans leur temps, et qui le tireront d'une vie commune, pour lui en faire embrasser une toute chrétienne : cela m'a paru par ses discours; et je l'ai trouvé bien digne de la protection que vous lui avez promise.

LETTRE CCXXII.

DE DOM MÅBILLON, RELIGIEUX BÉNÉDICTIN. Sur l'Instruction pastoralé de Bossuet. J'ai reçu l'Instruction pastorale de Votre Grandeur, que M. Ledieu m'a fait l'honneur de me donner de votre part. Je l'ai lue avec le même plaisir que je lis tout ce qui vient de votre main. Je ne doute pas que Dieu n'y donne sa bénédiction, et qu'elle ne soit très utile non seulement pour nos frères errants, mais même pour les catholiques. Il y a des passages admirables pour la perpétuité de l'Église. Un docteur de Sorbonne me dit ces jours passés qu'il l'a trouvée si belle, cette Instruction, qu'il l'avoit lue deux fois. Dieu veuille vous conserver pour le bien de l'Église, et pour la consolation de ceux qui vous honorent, comme nous faisons dom Thierry et moi! Il joint ses très humbles remercîments aux miens, pour le même présent qu'on lui a fait de votre part.

On nous mande de Rome que les livres faits contre l'édition de saint Augustin 2 ont été censurés au saint-office, le 12 du mois passé ; le cardinal Carpegna y présidant à la place de M. le cardinal de Bouillon. Je ne doute pas que Votre Grandeur ne sache le reste par monseigneur l'archevêque de Reims. Je suis avec un profond

etc.

Ce 5 juin 1700.

La première Instruction sur les promesses, faites à l'Église.

Vous voulez bien, monseigneur, que je me jette à vos pieds pour vous demander et pour re-respect, cevoir votre sainte bénédiction, et pour vous prier de vous employer auprès de notre Seigneur, afin de m'obtenir toute la soumission et la résignation dont j'ai besoin pour soutenir les maux et les infirmités différentes dont il lui plait que je sois attaqué, d'une manière digne de ma profession. Je n'ai point de parole pour vous expri

* Les quiétistes.

* Voyez l'Histoire de l'édition de saint Augustin, composée par trouve le détail de toutes les attaques livrées à cette édition. et dom Vincent Thuillier, et publiée par l'abbé Gonjet, où l'on les condamnations que Rome a portées contre tous les libelles qui teudoient à la décrier.

LETTRE CCXXIII.

A M. DE NOAILLES, ARCHEVÊQue de paris.

Sur les additions et corrections à exiger dans une thèse des jésuites.

après avoir expliqué les promesses de l'Eglise par une Instruction pastorale, qu'on vous enverra peut-être par cet ordinaire. Je ne vous parlerai point de notre assemblée : les intentions de M. de Reims sont très bonnes; vous savez les miennes. Je suis avec le respect qui vous est connu, etc. A Versailles, ce 11 juin 1700.

LETTRE CCXXV.

A M. LE CARDINAL DE NOAILLES.

Sur sa promotion au cardinalat.

J'ai, mon cher seigneur, communiqué à M. l'archevêque de Reims la thèse que j'ai reçue ce matin seulement, avec votre billet du 4. Je lui ai fait remarquer que votre lettre portoit, que c'étoit tout ce que vous aviez pu emporter. Il souhaiteroit qu'on pût ajouter après, qui affirmant, et requirunt in pœnitentibus ut Deum diligere incipiant tanquam omnis justitiæ auctorem. Il croit que ces Peres n'en feront point de seigneur, que je viens avec un respect sincère C'est avec une joie inexplicable, mon très cher difficulté, puisqu'ils le lui accordent à lui-même saluer votre Éminence. Votre promotion fera la dans une thèse qu'il dit vous avoir donnée autre-joie de toute l'Église, comme elle en fera un soufois. S'ils étoient d'humeur à le faire, il faudroit tien. La vérité, monseigneur, devient de plus les faire consentir à dire : et requirunt in pænien plus forte sous un si puissant appui : je me tentibus post fidei ac spei actus, ut Deum dili- trouve par là plus courageux, et plus que jamais gere incipiant tanquam, etc. Que si l'on ne peut plein d'espérance. Dieu veut faire pour son Église les mener à ce point, la thèse peut passer comme elle est, à condition qu'on prendra d'autres oc- suis heureux d'avoir à travailler spécialement quelque chose de grand, puisqu'il vous élève. Je casions d'expliquer la vérité tout entière. Dieu, sous vos ordres; et rien n'égalera jamais le respar sa bonté, les fera naitre; et si le roi vous a pect et l'attachement que j'ai pour Votre Émiécouté, elle sera toute née. A vous, mon cher seigneur, comme vous savez, avec un respect sincère.

A Saint-Germain, ce 7 juin 1700.

nence.

Juin 1700.

LETTRE CCXXIV.

A M. DE LA BROUE, ÉVÊQUE DE MIREPOIX.

Sur l'affaire de M. de Mirepoix touchant la députation, et quelques projets d'ouvrages.

Je parlai hier à fond à M. le duc du Maine sur la députation, en posant pour fondement que c'étoit moi qui avois besoin d'un théologien et d'un évêque comme vous, monseigneur ; et non pas vous qui cherchiez une occasion de venir en ce pays. Je ne pus tirer de ce prince de paroles positives; mais seulement un témoignage de ses bonnes dispositions. M. l'évêque d'Usez s'est mêlé dans cette affaire : il appuie sur le rang, non pas d'obligation, mais de bienséance; et déclare qu'il veut bien céder à M. d'Alais, qui n'a jamais eu la députation, mais non pas à vous qui l'avez eue. Je lui parlerai, et je serai très fâché si l'affaire

manque.

Quant à vos projets pour les réunis, j'approuve beaucoup votre dessein de traiter spécialement le sacrifice. C'est ce que je me suis aussi proposé,

↑ M. de La Broue a donné au public des instructions sur cette matière.

LETTRE CCXXVI.

DE M. DE LAMOIGNON DE BASVILLE, INTENDANT
DU LANGUEDOC.

Sur l'Instruction pastorale de Bossuet, les affaires des protestants, et le desir qu'il avoit d'en conférer avec le prélat.

J'ai bien des remerciments, monsieur, à vous faire de la lettre pastorale que vous avez eu la bonté de m'envoyer. Je l'ai lue avec la même admiration dont j'ai été rempli en lisant vos autres ouvrages. Je l'ai trouvée si belle, que j'ai mandé au sieur Anisson, à Lyon, de m'en envoyer cent exemplaires, pour les distribuer aux nouveaux convertis de cette province. Il est plus temps que jamais de leur donner une pareille nourriture. Ils viennent presque tous à l'église; plusieurs demandent et reçoivent les sacrements sans aucun mouvement de contrainte enfin la moisson se prépare, et c'est à présent que les bons ouvriers, et les ouvrages excellents comme les vôtres, nous

sont très nécessaires.

:

Je n'ai rien tant souhaité que d'avoir une conférence d'une heure avec vous, sur la manière de conduire ces affaires importantes. J'ai toujours cru que si on s'entendoit bien, il ne pouvoit y avoir deux avis. Il est très certain que les voies douces

sont les meilleures: qui peut dire le contraire en matière de religion? Mais la question est que ces voies soient en même temps douces et efficaces, et qu'on ne laisse pas retomber les nouveaux convertis dans un relâchement, où les préjugés de leur naissance les attirent toujours : ce qu'ils font avec d'autant plus de facilité, que les pratiques de notre religion leur paroissent plus difficiles que celles de la prétendue réformée. Il faut les mettre sur le pied de s'instruire, et d'écouter la parole de Dieu; sans quoi ils ne seront jamais bons catholiques. Il y a dans tout cela une première glace à rompre, qui arrête et qui empêche tous les progrès, si la puissance temporelle ne vient un peu au secours de la spirituelle. La première doit se contenir dans les bornes qui lui sont prescrites; et il me semble qu'il est facile de pratiquer cette conduite d'une manière très utile, et qui peut être très sage et très modérée. On met souvent le fait, en parlant sur ce sujet, autrement qu'il ne devroit être : on ne parle que de moyens violents, ou de voies douces, comme s'il n'y avoit pas un milieu entre deux. Toute violence est blåmable mais il y a une certaine fermeté qui doit accompagner l'instruction, et qui fait que l'on en profite. C'est ce que l'expérience fait connoître, et c'est en quoi le concours des deux puissances est si utile.

viens sans peine du droit des souverains à forcer leurs sujets errants au vrai culte, sous certaines peines. Cela étant, toutes les fois que nous pourrons croire que corrigés par ces peines, qui les auront rendus attentifs à la vérité, ils iront de bonne foi à la messe, je ne trouve aucune difficulté, je ne dis pas à les y recevoir, mais je dis à les y contraindre d'une certaine façon. Toute ma difficulté est d'y recevoir ceux qui font profession publique de n'y pas croire, et qui sur ce fondement refusent opiniâtrément de communier, sans même témoigner pour cela la non-répugnance par où il faut commencer. Tant qu'ils sont en cet état, je les crois incapables de profiter de la messe : cela même les rend dignes de châtiment avec la modération convenable, par pitié pour leur maladie. Mais au reste, de les y admettre, bien loin de les y contraindre de quelque manière que ce soit, c'est leur donner une foible idée de la sainteté du mystère, et leur inspirer de l'indifférence pour les bonnes dispositions qu'il faudroit avoir, et même pour y aller ou n'y aller pas : c'est la disposition que je trouve ici dans ceux qui vont à la messe si facilement, plus prêts encore à n'y pas aller. Je serai très aise d'apprendre à votre loisir ce que vous pensez sur cela, et de profiter de vos expériences. Je suis, monsieur, etc.

A Saint Germain, ce 44 juillet 1700.

LETTRE CCXXVIII.

A DOM MABILLON.

J'aurois bien souhaité pouvoir réformer mes foibles idées sur les vôtres, et apprendre d'un aussi grand maître ce que je devois faire pour remplir ma vocation, en pratiquant cette règle si sage en toutes choses, Ne quid nimis. Mais il falloit, pour jouir de ce plaisir, avoir un congé de trois mois, et je n'ai pu l'obtenir depuis dix- Sur les résolutions de l'assemblée du clergé, et sur la préhuit ans. Je vous demande au moins qu'une si longue absence ne me fasse pas perdre l'honneur de votre souvenir, et de me croire toujours avec beaucoup de respect, et un attachement très sincère, etc.

Juin 1700.

DE LAMOIGNON DE BASVILLE.

LETTRE CCXXVII.

RÉPONSE DE BOSSUET, A M. DE BASVILLE. Il lui expose les difficultés qu'il trouve à obliger les protestants opiniâtres de venir à la messe.

Je suis très aise, monsieur, que mon Instruction pastorale, sur la perpétuelle stabilité et sur les promesses de l'Église, vous ait satisfait, et que vous la jugiez utile à vos réunis. Quant à la manière d'agir avec eux, je crois en effet que j'en conviendrai aisément avec vous: car je con

face du dernier volume de saint Augustin.

Je suis très aise, mon révérend Père, que vous soyez content des résolutions de l'assemblée à s'opposer aux nouveautés de toutes les sortes qui s'élèvent contre la science de Dieu. L'approbation de personnes aussi saintes, aussi habiles, et aussi bien intentionnées pour la vérité que vous l'ètes, nous doit donner du courage. Pourriez-vous croire qu'il se trouve des opposants, et qu'il y en a qui répondent que les opinions relâchées ne sont plus soutenues, et qu'ainsi il faut les laisser là comme mortes, sans combattre ce qui n'est plus qu'un fantôme?

Pour votre préface, je l'ai admirée et votre modération après la victoire, qui nous oblige, indépendamment et au-dessus de tout sentiment humain, à contenter les bonnes ames, et à fermer la bouche aux contredisants. Priez Dieu pour nous, afin qu'il nous donne un aussi heureux succès que nous avons le cœur pur de tout

sentiment humain. Aimez celui qui est tout à | dre la voie du carrosse public. Je suis avec un profond respect, etc.

vous.

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Sur plusieurs écrits touchant la grace.

Je crois que la pièce dont Votre Grandeur me fait l'honneur de m'écrire est celle de Guillaume, abbé de Metz, qui se trouve dans le premier tome de nos Analectes, page 281, avec ses lettres qui précèdent, dans le même tome, où il parle fort avantageusement de la grace, surtout dans la sixième. Tous nos bénédictins ont toujours été extrêmement attachés aux sentiments de saint Augustin. Nous avons dans la Bibliothèque des Pères l'ouvrage d'un Franco, religieux d'Affligem en Brabant, touchant la grace, qui est du douzième siècle. En même temps vivoit en Suisse un Frovuinus, abbé du Mont des Anges, dont j'ai vu un excellent ouvrage sur le même sujet, qui est manuscrit, dans la bibliothèque d'Ensilden, et dont j'ai pris seulement la table des chapitres.

Je prends la liberté de dire à Votre Grandeur que je dois partir vendredi prochain pour Reims, où M. l'archevêque m'a ordonné de l'aller trouver. J'aurois été ravi d'avoir eu cette occasion d'aller rendre mes devoirs à Votre Grandeur; mais je crois que je serai obligé de pren

LETTRE CCXXXI.

AU R. P. JACQUES DE LA COUR, LA TRAPPE.

ABBÉ DE

Sur la mort de M. de Rancé, ancien abbé et réformateur de ce monastère, décédé le 29 octobre de cette année.

Quoique la nouvelle que vous me mandez, monsieur, soit bien dure, par la perte que je fais d'un tel ami, je vous suis obligé de l'attention que vous avez eue à m'en donner avis. Je vous demande de tout mon cœur la même part à votre amitié, que celle dont m'honoroit le cher défunt. Je ne puis en dire autre chose, sinon que c'étoit un autre saint Bernard en doctrine, en piété, en mortification, en humilité, en zèle et en pénitence; et la postérité le comptera parmi les restaurateurs de la vie monastique. Dieu veuille multiplier ses enfants sur la terre ! il sera bien reçu de ceux qu'il a envoyés dans le ciel devant lui en si grand nombre. Assurez la sainte

maison de ma constante et inviolable amitié. Je me promets bien que l'on continuera à y bien recevoir mes visites ordinaires, que j'espère renouveler dans la saison qui le permettra. Je sais bon gré à M. de Séez de tout le soin qu'il prend du saint monastère. Je salue vos frères, et suis avec un amour et vénération cordiale, etc. A Germigny, ce 3 novembre 1700.

LETTRE CCXXXII.

DE M. DE TORCY.

Il lui fait connoître la conduite que Sa Majesté desiroit que les évêques tinssent dans leurs diocèses à l'égard des protestants.

Le roi ayant remarqué, par ce qui lui a été écrit de l'état des nouveaux convertis de son royaume, que rien n'est plus nécessaire pour parvenir au grand ouvrage de leur conversion, que de les engager, par tous les moyens que la prudence peut suggérer, d'aller aux instructions que Sa Majesté ne doute pas que vous n'ayez établies dans votre diocèse; Sa Majesté m'a ordonné de vous écrire qu'elle espère que vous renouvellerez votre attention sur ce sujet. Et comme elle a reconnu que les voies d'exhortation et de douceur font souvent plus d'effet que tous les autres moyens, elle croit qu'ils doivent être préférablement employés. Il faut sur toutes choses éviter que personne ne soit forcé

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