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plus obligé de spécifier qu'on a ouï la messe en mauvais état, même aux jours d'obligation; parceque, comme vous dites fort bien, le confesseur doit présupposer qu'on a durant ce temps ouï la messe, quand on ne lui confesse pas le contraire. Comme l'expression de ces circonstances n'est pas nécessaire, il ne sert de rien de marquer le moyen d'y suppléer. Voilà, ma Fille, vos doutes bien précisément résolus.

faire le sacrifice. Dieu n'a pas besoin de votre consentement pour faire sa volonté, et il y faut acquiescer quelle qu'elle soit : j'espère pourtant. Je vous ai dit et redit que vous ne devez point vous tourmenter ni à dire les psaumes que vous ne savez point par cœur, ni à vous faire lire les leçons de votre Bréviaire; et cependant vous me faites encore la même demande à la fin vous deviendrez aussi raisonnante que madame du Mans.

Laissez voir les vers, avec le même secret, а mesdames du N***, de Lusancy et de Rodon, si

Par le peu que j'ai entretenu ce bon et docte religieux, j'ai reconnu qu'il lui manquoit un degré de précision et d'exactitude. Ce qu'il a prêché sur la communion spirituelle n'a nulle soli-elle en a entendu parler, même à madame La dité, quoiqu'il puisse l'avoir pris dans de bons auteurs, mais en cela alambiqués. Notre Seigneur soit avec vous. Vous pouvez communiquer cette réponse à quiconque en aura besoin; mais sans scandaliser ce bon Père.

A Meaux, ce 14 avril 1696.

P. S. Je prie et je prierai Dieu qu'il confirme en vous les bonnes dispositions que vous me marquez sur la mort. La gloire de Dieu que nous devons desirer, est la sanctification et la glorification de Jésus-Christ dans ses membres. Vous pouvez dire, et il est vrai, que j'ai été reçu à Rebais de tout le clergé et de tout le peuple comme Jésus-Christ même. Les religieux, après avoir un peu chicané sur la manière de me recevoir, ont obéi à mes ordres, et m'ont reçu en corps à l'entrée avec la croix, l'encens et l'eau bénite. Le prieur, revêtu à la tête, m'a fait une barangue latine, respectueuse et pieuse. J'ai donné avant la messe la bénédiction solennelle. Le prieur et le sous-prieur ont reçu avec soumission la permission de confesser; et leur général l'a approuvé.

Ne recommencez aucune confession; n'y ajoutez rien; demeurez en repos. Ma santé, dont vous voulez que je vous informe, est fort bonne, quoique j'aie communié de ma main presque tout le peuple, et confirmé mille à onze cents personnes. J'ai prêché cinq ou six fois en deux jours; ce qui n'a pas empêché que je ne prêchasse hier, et que je ne prêche dimanche et le jour de Pâques. En voulez-vous davantage? Je salue madame de Luynes. Dieu soit avec vous.

LETTRE CCLV.

Sur le sacrifice de sa vue, la récitation du Bréviaire, etc.

Je ne manquerai pas, ma Fille, de dire à M. votre frère ce que vous demandez. J'entends bien que sacrifier sa vue, c'est sacrifier plus que sa vie en un certain sens; mais il n'en faut pas moins

Guillaumie; permettez-enl a lecture à ma sœur Cornuau tant qu'elle voudra. Dieu veut que vous soyez unies ensemble d'une manière surnaturelle, et autant inséparable qu'épurée : je le connois.

Je pourrai passer à Jouarre, allant à Rebais, le lundi de la Pentecôte; mais comme un éclair. Je crois à présent mon neveu passé; je n'en ai Je vous remercie de toutes vos bontés. Je salue point de nouvelles depuis le 30: priez pour lui.

votre secrétaire de bien bon cœur.

C'est mal fait de demander à Dieu de vous

ôter des desirs, sous prétexte qu'il ne veut pas toujours qu'on les accomplisse dans toute leur étendue. N'est-il pas le maître et du pasteur et du troupeau; et ne sommes-nous pas en sa puissance, nous et nos paroles? Notre Seigneur soit

avec vous.

Le lundi, 14 mai 1696.

LETTRE CCLVI.

Que la maladie n'est point un obstacle à la perfection de l'oraison.

J'ai envoyé votre lettre à la Trappe. J'aurai soin, ma Fille, de vous faire porter les livres que vous demandez. Un directeur qui croit la maladie un obstacle à la perfection de l'oraison ne sait pas que la perfection en est dans le Fiat voluntas tua. J'entrerai dans votre neuvaine, et j'y dirai la messe que vous souhaitez dès demain, s'il plaît à Dieu. Vous devriez en faire une à sainte Fare, qu'on réclame tant pour les yeux.

Je ne demande point maintenant de qui sont les vers que j'ai trouvés dans votre lettre du 21: je suis deja bien assuré qu'ils ne sont point de

madame de Sainte-Gertrude. Je les attribue à madame votre sœur, dont j'en ai vu de très beaux, de très élevés, et de très réguliers sur cette mesure. Je suis très aise qu'elle soit contente de mes Psaumes.

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Le mot que vous n'avez pu lire est celui de los pour louange, antique; mais qui se conserve dans la poésie, et y a même de la noblesse.

Je pars toujours pour Meaux, sans manquer, s'il plaît à Dieu, de mercredi en huit. Je crois vous avoir mandé que mon neveu a passé à Florence avec M. Phélipeaux, et qu'ils ont été reçus avec des bontés et honnêtetés très particulières. Je suis à vous, ma Fille, comme vous

savez.

A Versailles, ce mardi 29 mai 1696.

P. S. Je ne partirai pas d'ici sans voir M. l'abbé de Soubise. Je me promets bien que vous aurez donné part à madame des nouvelles de mon neveu, en l'assurant de mes très humbles services et des siens.

LETTRE CCLVII.

Sur les souffrances, les règles que cette religieuse devoit suivre pour ses communions, et des vers que le préiat faisoit pour se délasser.

sant des vers, quoi qu'en dise le père Toquet, à qui je défère beaucoup. Poeta est toujours masculin pour une femme, on dit poetria ou poetris ; au pluriel, poetrides, qui est plus en usage. Je ne fais des vers que par hasard, pour m'amuser saintement d'un sujet pieux, par un certain mouvement dont je ne suis pas le maître. Jeveux bien que vous les voyiez, vous et ceux qui peuvent en être touchés. A tout hasard, voilà l'hymne, sauf à y ajouter et entrelacer un sixain. Vous aurez bientôt les mystères jusqu'à l'Incarnation."

Je suis fâché d'avoir à vous dire qu'apparemà cause que le matin je fais une profession, et ment je ne pourrai pas arrêter à Jouarre lundi, qu'il faudra arriver le soir à Rebais. J'échapperai au retour pour vous aller voir, quoique je doive aller à Banost, et que l'ordination pressera. Tout à vous dans le saint amour de notre Seigneur. A Meaux, ce 7 juin 1696.

LETTRE CCLVIII.

Sur ses impatiences et ses foiblesses.

Communiez, ma Fille, à votre ordinaire, en vous occupant de vous-même comme souffrante. Que j'ai de regret, ma Fille, de n'avoir pas Communiez en même temps au sang et aux soufle temps d'user de la commodité que vous m'enfrances de Jésus. Si vous sortiez de vous-même voyez ! il faut partir en vous bénissant, comme parmi les souffrances, elles cesseroient d'être Jésus-Christ en montant aux cieux. Otez la dersouffrances, et de vous unir autant qu'elles peu-nière stance de son hymne : elle n'est pas en sa vent faire à Jésus-Christ. Ne réglez pas vos communions et votre oraison sur ce que Dieu vous donne ou vous ôte, ni sur vos infidélités, ni sur vos dispositions grandes ou petites; mais sur la bonté de Dieu et les règles de l'obéissance. Si votre état est pénible, il est par-là comme Dieu le veut : il n'y a qu'à demeurer dans vos règles. Si vous n'êtes point contente dans vos privations, c'est ce que Dieu veut : il ne faut la vouloir être que quand il le veut. Si le cœur vient une fois à bout de dire dans le fond, Fiat voluntas, il ne faut rien davantage; car l'impression durera, s'il plait à Dieu.

place. Offrez-lui la peine de vos impatiences en expiation de leur faute. Que vos foiblesses ne vous rendent pas suspect le don de Dieu. Il faut mais en même temps il faut se soumettre, dire sentir; car c'est en cela que consiste la croix : Je salue madame de Luynes. Notre Seigneur son In manus, et faire expirer le vieil homme.

soit avec vous.

A Lusancy, ce 13 juin 1696.

LETTRE CCLIX.

Sur quelque éblouissement passager qu'avoit eu cette

religieuse.

Les vers latins sont très beaux : vous pourriez les avoir faits comme les françois, dont vous m'avez enveloppé l'auteur: je soupçonnois que Je ne sais, ma Fille, si vous avez bien pris c'étoit vous. Il n'y auroit point de mal d'ap- ma pensée. Je ne trouve point à redire que prendre un peu les règles de la poésie françoise vous entriez dans les desseins que vous savez. à madame de Sainte-Gertrude, si l'on ne crai- Je trouve très bien de vouloir sacrifier ces desgnoit qu'elle s'y donnât trop. Il y a aujourd'hui seins à l'obéissance, et je ne doute pas que ce que huit jours, qui étoit le jour de l'Ascension, qu'il vous m'écrivez sur cela ne soit sincère : ainsi sortit, en voyant le lever du soleil, une hymne vous vous défendez très bien du côté où vous en françois sur ce mystère, que je voudrois que n'êtes point attaquée. Ce qui m'a surpris, c'est vous eussiez; et vous l'aurez en effet quand elle qu'il ait fallu vous ouvrir les yeux sur cela, et sera à son point. que vous n'ayez pas senti d'abord qu'il ne falloit Ne parlons point de me divulguer comme fai- pas sortir de l'esprit de stabilité, ni éviter l'hu

miliation, ni enfin entrer dans des vues qui sont tout humaines. Il n'y a rien à faire sur cela, sinon reconnoître une petite foiblesse que je voudrois ne point voir en vous; mais que je suis bien aise que vous y voyiez, pour en tirer l'utilité que Dieu sait. Je serois bien fâché que vous chan- | geassiez sur cela de dessein: moi-même qui n'y entre point par moi-même, non seulement je n'y apporterai aucun obstacle, mais je ferai sincèrement ce qui pourra l'avancer; faites-en de même. Je n'ai au reste aucune nouvelle de ce côté-là, et n'en puis rien dire du tout.

Il y a bien d'autres cantiques sur le métier. Prenez les petits renards': taillez dans le vif; que ce soit là le fruit de cette poésie. Je salue madame de Luynes. Je vous offrirai demain très particulièrement. Je prie notre Seigneur qu'il soit avec vous, qu'il fortifie votre vue et votre patience.

A Germigny, ce 11 août 1696.

LETTRE CCLX.

Sur la translation de cette religieuse, de Jouarre à Torcy, où elle accompagnoit sa sœur, qui en étoit nommée prieure.

Il faut, ma Fille, adorer en toutes choses la disposition de la divine Providence. Je vous ai promis de ne vous abandonner jamais je vous réitère de bon cœur cette sainte et inviolable promesse. Dites à M. de Paris ce que Dieu vous inspirera là-dessus.

Vous aurez une obedience de moi pour aller avec madame votre sœur; et dès à présent je vous permets de la suivre. Dites sans hésiter le Bréviaire de Paris jusqu'à nouvel ordre. Je vous permets de demander à Jouarre tout ce que vous y avez à votre usage : je vous donne pareil pouvoir pour prendre sur votre pension ce qué vous croirez qui vous sera nécessaire. Donnez et recevez ce que vous voudreż. Sans doute, quand vous serez à Torcy, vous devez regarder madame votre sœur comme votre supérieure.

Je vous ai déja dit, ma Fille, que je n'avois agréé votre vœu à sainte Fare que dans la vue du retour à Jouarre : ainsi, hors de ce cas, je vous en décharge, en vous permettant néanmoins de faire quelque diligence pour un équipage; mais sans scrupule, et sans vous croire obligée à vous priver de rien pour avoir le moyen de faire ce voyage. Sainte Fare vous écoutera en quelque lieu que vous soyez. Ma sœur Cornuau peut entrer avec vous dans ce saint monastère, si vous y allez,

'Cant. 11. 45.

Je vous donnerai de bon cœur des croix de la Trappe, la première fois que je vous verrai. Nous réglerons vos occupations extérieures quand vous serez à Torcy. Je prie le Verbe de vous parler dans le fond le plus intime de votre cœur. J'ai écrit à madame votre sœur sur ses devoirs.

A Meaux, ce 20 octobre 1698.

LETTRE CCLXI.

Sur le reproche que cette religieuse lui avoit fait de ne pas lire ses lettres; sur les soupçons, et sur quelques affaires.

Il me fàche, ma Fille, de vous entendre dire que je ne lis pas vos lettres. Quelle marque en avez-vous? Parceque je ne réponds pas dans le moment à toutes vos peines? Quelquefois j'oublie pour un temps; quelquefois aussi, quand ce sont de vains scrupules, et que j'ai souvent résolus en cas semblables, je ne dis mot, comme dans le cas qui vous met en peine.

Les soupçons ne sont pas péché quand on n'y adhère pas, ou quand on ne les fait pas sans fondement, ou que l'on ne s'en occupe pas lorsqu'on n'y est pas obligé ainsi soyez en repos.

Je pourrai aller pour cette affaire à La Fertésous-Jouarre demain ou après-demain ce ne sera pas sans aller à Jouarre; on ne s'y doute encore de rien du tout.

J'attends des nouvelles de M. le curé de Banost, qui est allé joindre à Torcy M. l'abbé Berrier, pour savoir s'ils viendront ici avant que d'aller à la Trappe. J'expédie ici le plus que je puis mais l'affaire dont vous vous doutez mérite que je la suive, et Dieu le veut. Je suis bien éloigné de la vouloir étouffer comme on le voudroit à Jouarre, si ce n'est par la retraite du coupable en ce cas, et si les preuves manquoient, j'assurerois la retraite; sinon il faut un exemple d'un si grand scandale, et je n'y épargnerai rien. Ne dites mot assurez madame de Luynes que je pense à tout. M. de Chevreuse ne dira rien que de concert avec moi. Notre Seigneur soit avec vous.

A Meaux, ce 18 novembre 1696.

tions de la supérieure de Torey. P. S. Je suis bien édifié des saintes disposi

LETTRE CCLXII.

Sur le don des larmes, et différents faits.

On a raison, ma Fille; il n'y a point à hésiter à suivre le sentiment de M. l'abbé Berrier : suivez; vous en avez toute permission.

Je pars demain, et je ne puis sortir d'aujourd'hui, étant assez enrhumé, et occupé de plus

d'une sorte.

Je bénis le petit couvent, et vous en particulier. Vous devez faire ce que vous pourrez pour aller au-devant des larmes : Dieu l'aura ainsi agréable, assurez-vous-en : l'obéissance est audessus de toutes les graces. Nous en dirons davantage une autre fois. Je vous charge de mes compliments envers M. l'abbé Berrier. J'espère le trouver au retour, et je m'en fais une joie. Notre Seigneur soit avec vous.

A Paris, ce 19 décembre 1696.

LETTRE CCLXIII.

Sur la paix dont elle jouissoit, les dispositions de madame de Luynes, et la nouvelle spiritualité.

Je loue Dieu, ma Fille, de la paix qu'il vous donne: c'est le fruit sacré de l'obéissance que vous avez rendue aux conseils que je vous ai donnés en notre Seigneur. J'ai bien peur que le fond de madame de Luynes ne change pas, et que le délai ne serve qu'à rendre les choses à la fin plus embarrassantes. Cependant la raison veut qu'on gagne du temps le plus qu'on pourra, pour donner à Dieu le temps qu'il demande pour développer ses conseils.

Pour la spiritualité, celle dont vous me parlez est en effet fort sèche; et ce qui m'y fait de la peine, c'est le peu de conformité que j'y trouve avec l'esprit de saint Augustin, qui me paroît être celui de Jésus-Christ et de l'Evangile. Marchons dans nos anciennes maximes.

J'ai cru qu'il falloit exposer les dispositions présentes de madame votre sœur assez à fond à M. le duc de Chevreuse, à toutes fins, en l'assurant néanmoins que nous n'oublierions rien pour l'affermir.

Je ne puis vous dire précisément quand mon livre paroîtra; parceque j'attends les remarques et l'approbation de M. de ***.

A Versailles, ce 28 février 1697.

LETTRE CCLXIV.

Je suis bien aise que vous soyez contente de mon livre, et que vous n'ayez pas improuvé la défense de sainte Thérèse. Je souhaite sur toutes choses d'être entendu et goûté des ames à qui Dieu se communique; et il me semble que sa bonté me favorise en cela. Patienter pour un an, c'est une foible ressource, si ce n'est dans l'espérance de plus. Je réponds de vous à Dieu avec autant de foi et de confiance que par le passé.

Priez pour l'Église, pour ses défenseurs, et pour les dévoyés. Il n'y a point d'erreur plus dangereuse que celle qui énerve tout avec des paroles douces, un extérieur de spiritualité, et un artificieux étalage de contemplation. Je salue madame de Luynes. Le saint Époux soit votre soutien et votre paix.

A Meaux, ce 28 mars 1697.

LETTRE CCLXV.

Sur le mérite qu'on acquiert en recevant la grace; l'effet de l'attrait; la suspension des puissances; les dispositions à l'égard des voies de Dieu.

Pour éviter les redites, je mande, ma Fille, à madame de Luynes la difficulté du voyage que je méditois à Torcy, et la nécessité de le différer de quelques jours. La question que vous me proposez demanderoit un plus long discours; mais, à mon avis, peu nécessaire. Il ne faut que recevoir la grace de Dieu, et y consentir; ce qui, se faisant librement, ne peut manquer de mériter, sans s'inquiéter de savoir à quel moment est ce mérite. Je crois même qu'il y a en cela un peu de curiosité, qui pourroit plutôt empêcher qu'avancer l'effet de la grace.

Il a fallu que j'entrasse un peu dans cet examen, pour rabattre l'arrogance des faux mystiques, qui ne veulent trouver de perfection que dans la voie où ils s'imaginent qu'ils sont. Toute voie est bonne quand elle est de Dieu. Il faut toujours distinguer l'attrait du consentement; et quoique l'attrait ne soit pas précisément le mérite, c'en est le principe; du reste, il n'y a rien que de bon dans ce que vous marquez de vos dispositions. Il faut juger de même de la suspension des puissances: quand elle arrive, il la faut recevoir, et demeurer bien persuadé de deux

Sur l'instruction qu'il avoit publiée contre le quiétisme, choses; l'une, que tout ce qui vient de Dieu a

et les dangers de cette erreur.

M. l'abbé Berrier m'a rendu votre lettre, ma Fille. Je vous ai écrit d'ici par M. Gueniot, et à madame votre sœur. Je conseillois à M. le curé de Banost de différer son voyage à Torcy jusqu'après la Quasimodo, et j'espérois aussi de m'y rendre.

son utilité; l'autre, qu'il a mille autres voies de nous mener à ses fins cachées : de sorte qu'il faut entrer en général dans l'admiration de ses voies, et s'attacher en particulier à celle où il nous met.

Portez avec résignation le délai de mon voyage, s'il le faut vous ne voudriez pas que je m'ex

posasse à être noyé comme la dernière fois. Notre Seigneur soit avec vous.

A Meaux, ce 1er avril 1697.

LETTRE CCLXVI.

Voilà des consolations que je vous envoie : faites-en part à madame de Luynes, sans oublier ma sœur Bénigne. Je vous en permets des copies, à condition, aussitôt qu'il y en aura une, de me renvoyer le tout.

M. de Cambrai est parti: il prend le ton plaintif

Sur la communion ; les consolations et les graces de Dieu, comme si on l'opprimoit, quoiqu'on ne fasse

et l'égarement de Fénelon.

rien que selon la règle. Il nous a appelés à té. moins M. de Paris et moi, avec M. de Chartres. On a tâché de le ramener par toutes les voies amiables depuis deux ou trois mois. Enfin, pour la décharge de nos consciences, nous déclarons nos sentiments. Nous envoyons au Pape notre Déclaration : le roi nous appuie; il a parlé à M. le nonce; il a écrit au Pape de sa propre

Il me semble, ma Fille, qu'il y a long-temps que je n'ai reçu de vos nouvelles, ni de celles de madame de Lusancy : j'en ai su pourtant par M. l'abbé Berrier. En repassant mes papiers j'ai trouvé la lettre où vous demandiez d'être réglée sur les communions des octaves de la Pentecôte et de la Fête-Dieu. Quoique ces fêtes soient pas-main. En voilà assez pour le présent: n'en faites sées, je ne laisserai pas de vous dire que je serai bien aise d'apprendre que vous ayez communié tous les jours: cela servira pour d'autres fêtes.

Ne rejetez jamais l'attrait de communier, quand il plaira à Dieu de vous le faire sentir. Ne refusez non plus les goûts de Dieu, ni les larmes, ni les douceurs de ses consolations: mais plus il vous fera sentir ses graces, plus vous devez tâcher de purifier votre cœur.

Il semble que les affaires qui m'occupent depuis si long-temps sont à leur crise; mais c'est dans ces états qu'on a besoin de réveiller son attention. Priez Dieu pour moi : priez pour celui que nous tâchons de ramener de son prodigieux égarement, mais qui ne paroît pas encore disposé

à s'humilier.

Je salue de tout mon cœur madame de Luynes: demandez-lui pour moi de ses nouvelles; mandez-m'en de la novice *, et croyez-moi tout à

vous.

A Versailles, ce 19 juin 1697.

LETTRE CCLXVII.

Sur le reproche qu'on lui faisoit d'être ignorant dans les voies intérieures, et sur la Déclaration des trois évèques contre M. de Cambrai.

part qu'à madame de Luynes; et toutes deux
gardez le secret, jusqu'à ce qu'il éclate par ail-
leurs. Notre Seigneur soit avec vous.
A Paris, ce vendredi 9 août 1697.

LETTRE CCLXVIII.

Sur les lettres de cette religieuse, ses attraits, les précautions que les circonstances exigeoient.

Je ne suis pas d'avis, ma Fille, de faire voir vos deux lettres à d'autres qu'à M. de SaintAndré; parcequ'encore qu'elles soient très bonnes, par rapport à la conjoncture on en pourroit abuser, et les prendre mal.

Quant à vos attraits, suivez-les, et ne soyez en peine de rien; je vous en réponds. Enfoncezvous dans l'intime. Ceux qui ne sentiront pas dans mon livre une solide spiritualité ne s'en persuaderont pas par ailleurs, et diront que je répète les leçons des autres.

Vous me renverrez les vers quand vous les aurez fait décrire, comme à l'ordinaire. Je serai ici le plus long temps que je pourrai, et du moins toute la semaine prochaine. Samedi j'irai coucher à Jouarre, et dimanche à Germigny. Je salue madame de Luynes. Je n'ai point de difJe veux bien, ma Fille, que vous communi- ficulté pour M. le curé de Banost; mais pour les quiez cette lettre, après pourtant que je l'aurai autres, il faut en ce temps se tenir clos et couvue. Au reste, que veut-on dire sur mon igno- vert sur les choses particulières, dont on veut rance dans les voies intérieures? C'est pour pré-faire des règles. Notre Seigneur soit avec vous. tendre les trop savoir qu'on s'y perd, et qu'on y perd les autres. Il faut apprendre de Dieu à chaque moment ce qu'il faut dire. Souvenezvous de la préface de mon livre. Les humbles ignorants en savent plus sur ce sujet que ceux qui disent qu'ils voient, et que leur orgueil aveugle.

*La sœur Cornuau.

A Meaux, ce 15 août 1697.

LETTRE CCLXIX.

Sur les célestes delectations; les raffinements des mystiques, et les reproches que lui faisoient les quiétistes.

Prenez garde, ma Fille, d'être trop raisonnant: recevez à pleines mains ce que Dieu yous donne.

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