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appréhendé de faire quelque contre-temps. Du | faites en la personne de M. le chevalier d'Albert, reste, je la blâmerois et la condamnerois, si elle dont le mérite connu le rend regrettable. La se retiroit de la fréquente communion: c'est seule consolation est de se soumettre à la volonté un secours qui lui est absolument nécessaire. de Dieu, toujours bonne et toujours juste: mais Je lui réponds qu'elle fera chose agréable à Dieu; afin que cet acte soit de vertu, et non de néceset que plus elle sent d'infirmités, plus elle doit sité, il faut y joindre le desir de plaire à Dieu, approcher de celui qui dit : Venez à moi, vous et de croitre en charité et en bonnes œuvres. tous qui étes peinés et chargés, et je vous sou- C'est la grace que je vous souhaite, et celle, ma lagerai. Fille, de me croire toujours à vous. A Paris, ce 22 juillet 1701.

Je la crois obligée de donner quelque temps à quelque conversation douce, familière, libre et innocente, qui se rapporte toujours à Dieu. Si j'ai autrefois donné quelque conseil différent de celui-ci, il étoit accommodé au temps d'alors, et celui-ci l'est au temps présent.

LETTRE CXXVI.

A MADAME DU MANS.

pour son abbesse.

Loin de la tenir telle qu'elle pense, je la crois Sur quelques présents, et l'ouverture qu'elle devoit avoir très agréable à Dieu, et je me confirme dans les sentiments que j'en ai toujours eus.

Ce 3 juin 1701.

LETTRE CXXIV.

A MADAME DU MANS.

Quelles sont celles qu'il faut exhorter à la fréquente communion; et sur les dispositions nécessaires pour rece voir l'absolution des péchés véniels.

J'approuve, ma Fille, ce que vous avez fait et dit de ma part sur le sujet des sacrements, à celles qui sont de la qualité que vous me marmais quez, c'est-à-dire, vertueuses et édifiantes, avec cela scrupuleuses exhortez-les en mon nom à ne se pas laisser rebuter de la fréquente communion.

Pour l'absolution, voici une règle bien claire; c'est qu'on peut recevoir l'absolution du prêtre, toutes les fois qu'on croit avec un juste fondement être en état de recevoir de Dieu même le pardon qu'on lui demande. Or, pour se mettre en cet état à l'égard des péchés qu'on nomme véniels et de tous les jours, il suffit d'avoir un desir sincère de faire croître l'amour, et d'affoiblir la concupiscence. Sur cela l'on peut obtenir le pardon qu'on demande de ses péchés, et de Dieu hors de la confession, et de ses ministres dans la confession même. Aimez et vivez avec confiance.

A Germigny, ce 4 juin 1701.

LETTRE CXXV.

A MADAME DE LUYNES.

Sur la mort de M. le chevalier d'Albert.

Vous savez, ma Fille, la part que je prends à ce qui vous touche. Je ressens la perte que vous

Vous pouvez, ma Fille, recevoir les livres ; je n'en dis pas autant de l'argent en cette occasion. Quant à ces petites bagatelles, je vous en permets la disposition.

Il sera agréable à Dieu que vous acquériez la liberté de tout dire à madame votre abbesse, comme à une bonne mère : le temps achèvera cet ouvrage de simplicité et de soumission. Notre Seigneur soit avec vous.

A Germigny, ce 11 août 1701.

LETTRE CXXVII.
A LA MÊME.

Sur la mission qui devoit bientôt se faire.

Pour réponse à votre lettre du 10, je vous dirai, ma Fille, que j'espère me rendre à Jouarre, non à l'ouverture, mais dans les premières semaines de la mission. Il est bon que les choses soient en train; afin que je puisse voir les dispositions, confirmer le bien commencé, et rectifier ce qui pourroit avoir manqué. J'aurai grand soin de la liberté de la confession, et de choisir pour cela ce qu'il y aura de meilleur dans la mission, puisque c'en est là un des plus grands fruits je n'oublierai rien de ce qui pourra dépendre de mes soins. Vous pouvez faire part de mes sentiments à nos Filles, et en particulier à ma sœur de Saint-Michel. Le reste se dira mieux en présence. Notre Seigneur soit avec vous, ma Fille.

A Versailles, ce 14 mars 1702.

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Pour répondre à vos deux difficultés, je vous dirai, au sujet de celles dont les communions doivent être réglées par vos ordres, que dans la conjoncture présente vous ne pouvez pas les empêcher; parceque, encore qu'elles soient suspectes, elles ne sont pas même accusées dans les formes, loin qu'elles soient convaincues: ainsi, il faut les laisser faire, comme Jésus-Christ fit à l'égard de Judas, que non seulement il connoissoit, lui à qui rien n'étoit inconnu, mais contre qui ses murmures et les paroles de Jésus-Christ même donnoient des soupçons si légitimes.

Pour la charge de cellérière, vous ne devez point la quitter; mais y faire votre devoir comme auparavant, en refusant à l'ordinaire les communions pour d'autres cas que celui qui vient de passer, et abandonnant votre vie à Dieu, qui en aura soin : avec une ferme foi que Dieu vous soutiendra, et que sa bonté suprême récompen

votre charge; quand elles seront plus douteuses, il vous est permis d'user de ménagement, et de consulter Madame, pour exécuter ses ordres.

Pour ce qui regarde les communions, n'en perdez pas une pour tout ce qu'on vous dira; vous ferez la volonté de Dieu. Répondez à celles qui vous parleront que vous agissez par mon ordre exprès ; et vous pouvez montrer ma lettre à quelques unes de celles qui en douteront, afin que tout le monde le sache. Je voudrois bien pouvoir aller à Jouarre ; j'espère le pouvoir dans quelque temps. Notre Seigneur soit avec vous. Je salue nos chères Filles.

Encore un coup, vos communions ne dépendent pas de quelques cérémonies; ce n'est point ici une affaire de grimaces : j'y ai une attention particulière sous les yeux de Dieu; et il s'agit du bon ordre de la maison, auquel il faut que vous cédiez.

A Germigny, ce 10 août 1702.

LETTRE CXXX.

A MADAME DE BARADAT.

sera la piété et la bonne volonté, et pour conclu- Sur le silence; l'exemption de l'office, sous prétexte des

sion la sagesse d'une abbesse qui fait ce qu'elle peut pour établir le bon ordre. Je ne puis croire que ses pieux desirs soient frustrés de l'effet de leur espérance au contraire, les entreprises si atroces de l'ennemi me font croire qu'il sent que Dieu remue quelque chose pour la désolation de son règne. Notre Seigneur soit avec vous.

A Meaux, ce 21 juin 1702.

P. S. Il ne faut point craindre de m'écrire, et de m'avertir de ce qui se passe dans les affaires d'importance.

LETTRE CXXIX.

A LA MÊME.

Sur la manière dont elle doit s'acquitter de son obedience; et sur les communions.

Le rétablissement dont il s'agit est une chose trop sérieuse, ma Fille, pour être fait par une espèce de cérémonie et de compliment de votre part envers moi; ainsi ne m'en parlez point: cela dépend d'une longue épreuve, et en attendant il faut laisser les choses comme elles sont.

Allez votre train pour l'exécution de votre obédience; donnez vos ordres à toutes les Sœurs à l'ordinaire. Quand les fautes seront manifestes, usez également envers toutes de l'autorité de

parents ou amis qui seroient dans la maison; le travail, l'uniformité dans les cellules, et les tempéraments à garder pour procurer le bien.

Je trouve le moment, ma Fille, de vous faire la réponse que vous demandez, et je le prends comme donné de Dieu.

Pour seconder, ou plutôt pour soutenir vos bonnes intentions sur le silence, ne vous lassez point: ne cessez de recommander cette observance comme celle d'où dépend la récollection, l'exercice de la présen ce de Dieu et l'opération de la grace. Dieu ne parle pas à ceux qui aiment mieux parler aux autres que de l'écouter seul. Si Dieu écoute mes vœux, et me fait la grace de pouvoir aller à Jouarre, je tâcherai de trouver quelques paroles fortes pour rendre les ames attentives à Dieu, qui ne demande qu'à parler à ceux qui l'écoutent.

C'est un abus insupportable de s'exempter de l'office, sous prétexte des parents et des amis qu'on aura dans la maison: cela se peut tolérer un jour ou deux, à cause de la dureté des cœurs; mais d'en faire une coutume, c'est directement introduire le désordre dans la maison de Dieu.

Je n'ai rien de nouveau à dire sur le travail : c'est un point de règle dont il n'est pas permis de se dispenser.

Je n'ai nul dessein de rétablir la sœur Rassicot, quand même sa tante remettroit la charge.

Sur ce refus, vous ne sauriez mieux faire que d'obtenir de Madame qu'on mette dans cette obédience quelque jeune Sœur qui puisse apprendre.

Je ne sais comment on n'est point touché de l'uniformité dans les cellules, qui est, à mon avis, une des choses qui marque le plus l'unité d'esprit si agréable à Dieu : il faut pourtant s'arrêter au gros, sans trop insister sur ce qui tiendroit trop visiblement de la minutie..

La relaxation du jeûne des fêtes doubles ne doit pas être empêchée, si la coutume en est an

cienne.

Au surplus, souvenez-vous que mon intention n'est pas de vous obliger à pousser tout à la rigueur, mais à faire bonnement ce que vous pourrez. La douceur, l'insinuation, la répréhension à propos, la déclaration de mes sentiments comme conformes à la règle, à la fin, s'il plaît à Dieu, feront quelque chose, pourvu qu'on n'abandonne l'œuvre de Dieu. pas

LETTRE CXXXII.

A MADAME DU MANS.

Il lui fait des reproches de ce qu'elle raisonne trop. Vous serez toujours raisonnante. Ne croyez pas que je vous permette de raisonner autant que vous voudriez avec le médecin : dites simplement vos pensées; contentez-vous du oui et du non sans, répliquer; autrement je ne serai pas content: du reste, marchez sans crainte. Que vouloit dire David :Si je marche au milieu de l'ombre de la mort, je ne craindrai rien, parceque vous êtes avec moi? Quand je vous verrai bien obéissante et peu raisonnante, je vous reconnoîtrai pour ma Fille.

Lundi 14.

LETTRE CXXXIII.

A LA MÊME.

Il n'y a rien à dire de ma part sur les colla- II l'exhorte à ne plus tant raisonner, et parlc de quelques tions, que dans l'occasion et en présence.

J'ai vu sur le passé les règles que vous a données M. de Saint-André, et je vous dis que vous devez vous y tenir. Vous pouvez sans empressement, et sans scrupule, dire à l'occasion des réceptions ce qui vous paroîtra utile et convenable.

Souvenez-vous de dilater votre cœur, et d'y entretenir une sainte liberté. Notre Seigneur soit avec vous.

A Germigny, ce 17 octobre 1702.

LETTRE CXXXI.

A MADAME DE LUSANCY,

ET A PLUSIEUrs religieuses ATTACHÉES AU

PRÉLAT.

Il s'excuse de son silence, et leur témoigne beaucoup d'affection.

Je n'ai, mes Filles, aucune bonne raison à vous dire de mon long silence. Il est vrai, beaud'affaires : mais il falloit trouver du temps coup pour m'acquitter de mon devoir, surtout au sujet de la sainte agape, qui, par toutes ses excellentes qualités, méritoit tant de remercîments. Ma reconnoissance a été sincère, et mon cœur plein d'affection; mais la parole et l'écriture ne devoit pas manquer. Pardon, mes Filles, et assurez-vous que vous ne verrez plus de telles fautes.

A Paris, ce 10 février 1703.

poésies de cette religieuse.

Agissez, ma Fille, avec simplicité; gardezvous bien de vous troubler en m'écrivant : ce n'est que le raisonnement contredisant que je ne veux plus souffrir en vous. Quand on vous a une fois bien entendue, et qu'on vous a donné une décision, il n'y faut plus revenir; Dieu l'a ainsi agréable: si vous faites l'impossible, tant mieux. Je ne veux en vous de raisonnement que pour vous soumettre : je permets le raisonnement des doigts très volontiers, surtout quand ce sera pour chanter le Cantique de la confiance. Vous voyez bien que j'ai lu votre épigramme. J'ai lu aussi le sonnet, dont le sens est bon: les règles ne sont pas tout-à-fait gardées; mais il n'importe pas beaucoup, puisque vous vous déclarez contre les occupations poétiques. Je prie, ma Fille, notre Seigneur qu'il soit avec vous.

A Versailles, mardi 29 mai.

EXTRAITS DE PLUSIEURS LETTRES

A MADAME DU MANS.

Sur ses novices; sur la sœur Cornuau; les réceptions des Filles, la communion, les visites inutiles des ecclésiastiques, les raisons légitimes de se défier, les vertus qu'elle devoit pratiquer, et les leçons qu'il convenoit de donner à ses novices.

Votre double troupeau soit béni de Dieu. Ne songez pas tellement à vos novices, que vous ne disiez encore au Sauveur : J'ai d'autres brebis qu'il faut que j'amène : priez Jésus de les ame

ner à lui. Je suis bien aise qu'elles à se rendre plus dociles.

A Meaux, ce 30 décembre 1695.

commencent | tres, et qu'il vous fasse porter, à l'exemple de saint Luc, la mortification de Jésus.

A MÉSDAMES DU MANS ET DE RODON.

Voilà, mes Filles, ma sœur Cornuau que je remets entre vos mains: conduisez-la bien, et ne lui laissez pas faire sa volonté : ce n'est pas aussi ce qu'elle cherche; mais sans qu'on la cherche, elle ne revient que trop.

A Meaux, ce 12 avril 1694.

J'étois bien aise, ma Fille, à la dernière réception, de faciliter toutes choses: je n'agirai pas toujours de même. Dites franchement au chapitre ce que votre conscience vous dictera. Si ma sœur Barbier demeure toujours incertaine, et qu'elle ne s'affermisse pas, je doute qu'on la puisse recevoir.

Ne quittez point la communion; abandon nezvous à la divine miséricorde. Quand communierez vous, si vous attendez que vous en soyez digne? Prenez courage.

Une autre fois, n'acceptez plus d'être marraine pour cette fois j'accorde tout.

A Meaux, ce 14 avril 1695.

Je vous adresse cette lettre pour les trois dont vous m'envoyez les remerciments, dont je suis très édifié.

Je n'en ai pas trop dit sur les fréquentes visites inutiles des ecclésiastiques: je n'ai parlé qu'en général, et je ne descendrai au particulier qu'avec circonspection. Je vous loue de la charité que yous avez pour mademoiselle Nacart. J'exhorte toujours vos novices à aimer l'humiliation et la correction.

A Meaux, ce 24 avril 1702.

Je prie Dieu, ma Fille, qu'il vous protége contre les fureurs de l'enfer. Je commence plus que jamais à espérer quelque grand bien, puisque le démon déploie tout ce qu'il a de plus malin. J'envoie M. le prieur du séminaire, à qui vous pouvez parler avec confiance, comme j'ai fait sur les personnes dont je me défie. En de telles occasions il faut être soupçonneuse, pour empêcher le mal qu'on est obligé de chercher. Je suis assuré que vous tiendrez le cœur pur par la charité.

A Germigny, ce 11 juin 1702.

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A UNE SUPÉRIEURE de religieuses.

Il l'exhorte à être fidèle aux réglements de son prédecesseur, et à persévérer à vivre sous la conduite de "M. Pastel.

J'ai reçu, ma chère Fille, votre lettre du 15, et j'entre dans vos sentiments et dans vos raisons. J'ai lu les ordonnances de visite que vous de M. Pastel. J'ai été très aise de les voir, et je m'avez envoyées, tant de feu monseigneur que ne me départirai jamais de ces saints réglements, par lesquels le bon ordre et la paix régneront dans votre maison. Conservez ce précieux dépôt, plus encore dans vos cœurs que dans vos archives. Je vous renvoie le tout; et je vous aurois

Je prie notre Seigneur qu'il soit avec vous, qu'il vous donne sa paix, qu'il vous rende tou-fait réponse dès le matin, si on m'avoit dit que jours attentive à ses moments, qu'il vous tienne dans le silence intérieur et extérieur, qu'il vous le fasse aimer dans vous-même et dans les au

votre messager l'attendoit ici. Je serai, s'il plaît à Dieu, mercredi à Meaux : je ne tarderai pas à vous voir, et je déclarerai à la communauté

mes sentiments, conformes aux vôtres. L'unité de la conduite m'a toujours paru un des plus grands biens dans les monastères.

Je parlerai aussi à ma sœur de Sainte-Agathe: je suis bien aise du témoignage que vous me rendez de sa soumission.

Pour ce qui est de M. Pastel, vous ne sauriez mieux faire, ni rien qui me soit plus agréable, que de persister toutes dans sa conduite, parceque tous les jours je le reconnois de plus en plus très propre au gouvernement des ames, et à lever les religieuses à la perfection de leur saint état. Je suis de tout mon cœur, ma chère Fille, etc.

A Germigny, ce 13 novembre 1682.

donner aucun lieu à la contradiction par la raillerie ou par l'aigreur : rien aussi ne gåte plus les affaires. Nous n'en sommes pas encore au bout; il s'en faut bien. La procuration est l'essentiel, et il ne faut point y susciter d'obstacles en aigrissant les esprits, ni faire des partages où le consentement est nécessaire.

Contenez donc, madame, les discours, surtout ceux qui peuvent être rapportés. J'en ai entendu quelques uns, et des manières de raillerie, assez innocentes en elles-mêmes, qui, étant rapportés, porteroient les choses à des aigreurs irrémédiables. Ce n'est rien d'avoir de l'esprit et de bien parler; tout cela, sans la prudence et la charité, ne fait que nuire. Vous parlez et vous agissez avec tant de modération, que tout le monde doit vous imiter. Vous savez comme les choses se changent et s'aigrissent par les rapports. On n'est attentif, dans la maison, qu'à ce qui se passe chez vous non seulement ce que vous dites, madame, mais encore ce qui se dit Sur les préventions de ses religieuses contre elle; la con- en votre présence, est tourné en cent façons difduite qu'elle devoit tenir avec celles qui lui étoient atta-férentes; et c'est ce qu'il faut arrêter dans la chées pour ramener les autres; et sur les entrées des séculiers dans le monastère.

LETTRE III.

2

A MADAME DE BERINGHEN ABBESSE DE
FARMOUTIERS.

source, en réprimant tout ce qui peut causer de mauvaises dispositions. Cette contrainte est une partie de la servitude que la charité impose aux supérieurs. Je vous prie, madame, accommodons-nous aux infirmes que nous voulons gagner; ne changeons rien, que ce qui est absolu- ' ment mal: viendra le temps, s'il plait à Dieu, où vous aurez le moyen de faire la plénitude du bien. Cette liberté est le fruit de la patience; c'est par la condescendance qu'on établit l'autorité : vous ferez tout, pourvu que vous commenciez tout à propos, et chaque chose en son temps.

Je vous avoue, madame, que je suis revenu le cœur affligé de voir que ces préventions, qu'on a mises contre vous dans les esprits avant votre arrivée, n'aient pu encore être dissipées. Il ne faut pourtant pas perdre l'espérance de ramener les esprits; c'est ce que vous devez vous proposer pour but. Car la supériorité ecclésiastique étant un ministère de charité, il faut tâcher de rendre l'obéissance volontaire, afin que le sacrifice en soit agréable; et se faire tout à tous, avec saint Paul', afin de gagner tout le monde. Il n'est pas temps de contraindre ces Filles sur En attendant que cette confiance soit parfai- les communions, et c'est pourquoi je n'en parle tement établie, il faut avoir une autre fin subor-pas encore : nous ferons en son temps ce qu'il donnée à celle-là, qui est de faire toujours les faudra. Je crois, madame, qu'il est à propos de affaires tout le mieux qu'il se pourra, sans s'é- laisser aller les choses à l'ordinaire. Avertissez, mouvoir des murmures qu'on n'aura pas pu em-instruisez, persuadez, n'usez d'autorité que pour pêcher; mais en réprimant aussi tout ce qui les peut exciter.

empêcher ce qui sera absolument mal. Vous savez aussi bien que moi tout ce que je vous dis: mais Dieu attache de si grandes bénédictions à ses vérités, quand elles sont portées par les canaux ordinaires, et par la bouche de ceux qu'il en a chargés, que je crois même pour cette raison

Le jour de mon départ, je recommandai à la mère prieure, à la sous-prieure, et aux religieuses qui étoient avec elles, de n'insulter, ni triompher, ni faire aucun reproche amer à personne sur tout ce qui s'étoit passé. Rien n'est plus in-vous devoir dire ce que vous savez, afin qu'il digne d'un bon parti, qui s'unit non point par cabale, mais par l'obéissance et par la règle, que de se servir de telles manières : il les faut laisser à celles qui s'unissent par des préventions, ou pour contenter leur humeur mais celles qui n'ont que le bien commun pour objet ne doivent

'I. Cor. 11. 22.

fructifie davantage dans votre cœur, et qu'il se répande dans toute votre conduite.

Je vous envoie l'obédience de madame du Mastelle; M. le promoteur me l'a présentée de votre part et de la sienne. J'ai mis une petite clause aux entrées, que je crois nécessaire surtout dans la conjoncture présente. Tout cela est remis à votre prudence. Trouvez bon que j'efface

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