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vous prie de les assurer que plus elle sera grande et sincère, plus je me sens engagé à prendre un soin particulier de leur avancement et de leur repos. Pour vous, je ne puis vous dire combien je suis content de votre conduite, et combien je la trouve digne d'une bonne religieuse et d'une bonne supérieure. Je suis de tout mon cœur, ma chère Fille, votre très affectionné servi

teur.

A Paris, ce 20 août 1685.

LETTRE XV.

AUX URSULINES DE MEAUX,

Sur la joie qu'il ressent de leur obéissance.

tinuer à vous communier comme auparavant, selon l'ordre qu'il en avoit reçu de moi. Je dis le même pour la confession; et afin que cela soit fixé sans qu'il y arrive de difficulté, renvoyezmoi ma lettre, afin que je fasse une ordonnance en forme, qui établira les choses comme elles doivent demeurer. Il est bon aussi de m'envoyer copie de ce que feu M. de Meaux a accordé pour la fête de sainte Anne.

Je suis fâché que M. de Fortia s'en soit allé sans que j'aie eu le bien de le voir. Je vous prie d'être persuadée que l'affection que j'ai pour la communauté ne peut être ralentie; et que j'ai une estime très particulière pour votre personne, et suis très cordialement; etc.

A Germigny, ce 30 septembre 1685.

LETTRE XVII.

A MADAME DE SAINTE-AGNÈS, SUPÉRIEURE DES URSULINES DE MEAUX.

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fréquentes conversations avec les directeurs.

Je reçois, mes chères Filles, avec une joie sensible le témoignage sincère de votre obéissance, que vous me donnez en commun: rien ne me pouvoit donner plus de joie; puisque rien ne marque tant le progrès que vous faites dans la vertu et dans le chemin de la perfection, dont l'obéissance est le fondement. D'ailleurs, rien ne peut Sur la prochaine élection; les confessions, les longues et toucher davantage un père que l'obéissance, qui marque le vrai caractère de fille, et lui donne une favorable ouverture pour avancer dans la perfection les enfants que Dieu lui a donnés. Priez Dieu que, dans le desir immense qu'il m'inspire de vous avancer à la perfection de votre état, je travaille aussi à la mienne sans relâche, et que nous nous soyons les uns aux autres un motif de plaire à notre Seigneur, dans l'amour duquel je suis cordialement, mes chères Filles,

votre très affectionné serviteur.

A Paris, ce 20 août 1685.

LETTRE XVI.

A MADAME DE TANQUEUX, SUPÉRIEURE des filles CHARITABLES DE

LA FERTÉ.

Je croyois, ma Fille, pouvoir vous voir avant mon départ, et dire à la communauté ce que Dieu demande d'elle en cette occurrence: c'est de se dépouiller de toute vue particulière sous les yeux de Dieu; en sorte qu'on ait dans le cœur ce sentiment. Si cela est, Dieu donnera ses lumières, et le Saint-Esprit présidera à vos élections: ainsi soit-il. Je ne puis pas dire précisé ment quand je les ferai faire ; des affaires peuvent me retenir plus ou moins: tout ce que je vous puis dire, c'est que mon cœur me rappelle continuellement ici, et que votre communauté a beaucoup de part à l'attrait que je ressens.

J'apprends avec déplaisir qu'il y en a qui ne se confessent pas à M. de l'Isle : je vous prie de déclarer de ma part à la communauté que je desire absolument que tout le monde s'y confesse à l'or

Il leur permet de se confesser et de communier dans leur dinaire, ne pouvant en aucune sorte souffrir cette

chapelle.

Comme vous m'avez demandé à deux différentes fois la permission de communier, vous et les Sœurs, les jours ouvriers dans la chapelle, la première pour les infirmes, la seconde en général pour toutes les Sœurs, à cause des classes: hier, en dictant ma lettre, je ne me souvins que de la première concession que j'avois faite; mais je me suis souvenu depuis, et j'ai trouvé dans les mémoires que j'avois faits pour la visite, que j'avois aussi accordé la communion pour toutes les Sœurs. Ainsi mon intention est de vous continuer ce que j'ai accordé pour bonne raison. Vous pouvez dire à M. Rousseau qu'il peut con

diversité, qui vous rejetteroit dans de nouveaux troubles. Déclarez donc à vos Sœurs que c'est un ordre général et irrévocable, et lisez-leur cette lettre.

Plus je connois ce prêtre, plus je le trouve saint et éclairé ; et Dieu m'a fait ressentir qu'il. fera un grand bien à la communauté. Je lui ai parlé de certaines choses qui pouvoient faire de la peine : c'étoient de bonnes pratiques en ellesmêmes, mais que je ne croyois pas bonnes pour votre communauté. Il en connoît les raisons; et il n'aura pas encore été trois mois dans cet exercice, que vous ressentirez que la grace de Dieu est en lui.

Mais jesuis bien aise de vous dire (vous voyez, ma Fille, que c'est à la communauté que je parle) qu'il y a un manquement essentiel parmi vous; c'est que chacune rapporte à sa compagne ce qu'on lui dit et ce qu'on lui ordonne dans la confession, tant par conseil que par pénitence: c'est une mauvaise et très injuste pratique ; mauvaise parcequ'elle est contre la révérence due au sacrement et à son ministre; injuste et très injuste, parcequ'elle expose au blâme un confesseur à qui il n'est pas permis de se défendre. Il est juste que l'Église, qui lui ferme la bouche, la ferme aussi à celles qui pourroient parler contre lui. Qu'on ne le fasse plus, par considération de mon juste desir, et qu'on ne m'oblige pas à des défenses absolues. Ne souffrez pas, ma Fille, que vos Sœurs aient de fréquentes et longues conversations avec les directeurs que je tolère. Si je n'apprends à mon retour qu'on est sur ce point dans la modération nécessaire, je serai contraint à révoquer tous les pouvoirs.

Pour vous, ma Fille, qui, Dieu merci, êtes exempte de toutes les choses qui font le sujet de cette lettre, rendez-en graces à Dieu, vous et celles qui sont aussi dans la même pratique que vous, et inspirez ce sentiment aux autres. En votre particulier, suivez sans crainte votre attrait, qui est bon. J'ai fait beaucoup de réflexions sur tout ce que vous m'avez dit de votre état ; et, très content de ce récit, je n'ai qu'à vous exciter à vous perfectionner dans cette voie, qui est simple et droite.

Je remercie la communauté du présent que M. Morin m'a apporté de sa part, et suis, ma Fille, bien persuadé que mon portrait est dans les cœurs, gravé par les saints sentiments que Dieu m'a fait la grace d'y porter selon mon ministère. A vous de bon cœur.

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de croire qu'en le faisant dans l'esprit d'obéissance et de charité pour vos Filles, vous offrirez à Dieu un sacrifice agréable.

On me propose, il y a long-temps, de faire à Farmoutiers un établissement d'une école de filles, et d'y envoyer la sœur Berin, qui est capable d'enseigner la jeunesse. On me fait entendre que vous voulez bien donner un logement, quelques pains toutes les semaines, et du bois. Je vous prie de me mander ce que vous pouvez faire : et comme on me dit en même temps que la nièce de M. Vaillant peut contribuer à cette bonne œuvre, je vous serai obligé de parler avec M. le curé, afin que je sache de quoi on peut faire état. Véritablement ce sera un bien inestimable de pouvoir procurer une école ux filles, qui sont très mal instruites: mais je serai bien aise de savoir au vrai ce qu'on peut faire sur les lieux, afin que je prenne mes mesures là-dessus. Je vous prie donc de mander toutes les personnes qui peuvent savoir ce qu'il y auroit à faire, M. le curé, M. Vaillant, sa nièce et la mère de cette nièce, qu'on m'a dit qui prêteroit des meubles; et de m'instruire de tout, afin que je prenne une résolution avant mon départ. Je me recommande de tout mon cœur à la sainte communauté, et en particulier à madame votre sœur. De tout mon cœur à vous.

A Meaux. ce 5 de l'an 1686.

LETTRE XIX.

A LA SUPÉRIEURE ET COMMUNAUTÉ DES FILLES CHARITABLES DE LA FERTÉ.

Sur la manière dont elles doivent se conduire pour attirer et gagner les nouvelles catholiques, et les instructions qu'elles doivent leur donner pour dissiper leurs préjugés.

Mes Filles, je n'ai point douté que vous n'eussiez de la joie d'instruire les nouvelles catholiques. Ce n'est pas assez de les recevoir quand elles viendront; il faut que la charité vous fasse trouver le moyen de les attirer, et que vous les alliez chercher dans leurs maisons. C'est là ce que Dieu demande de vous, d'aller au-devant de la foi encore infirme, et de travailler à la soutenir: il faut beaucoup de douceur et de patience.

Inspirez-leur les dévotions communes et solennelles de l'Église ; les particulières doivent être réservées à un autre temps: surtout qu'elles connoissent que nous savons goûter Dieu et Jésus-Christ, et qu'elles ressentent que parmi nous on s'unit à Dieu par Jésus-Christ et ses saints mystères, et surtout par celui de la communion;

plus intimement, et par des voies plus pénétrantes, qu'elles ne l'ont appris dans leur première religion. Apprenez-leur l'humilité et la docilité d'esprit, sans laquelle on ne connoît jamais Dieu ni ses vérités celles qui seront jugées capables de lire le nouveau Testament, et particulièrement l'Evangile, doivent apprendre de vous que l'humilité est celle qui introduit au secret, et qui apprend à goûter la parole de l'Époux. Enfin, mes Filles, contentez mon cœur dans le desir qu'il a que ces nouvelles plantes prennent tout-à-fait racine, et portent des fruits agréables à Dieu et dignes de sa sainte Église. Amen, amen. Dieu soit avec vous, mes Filles.

A Meaux, ce 13 janvier 1686.

sur les mérites du Sauveur; c'est le vrai soutien du chrétien.

Exhortez ma sœur de *** à faire effort surellemême, et à ne désespérer jamais de la grace de Dieu; puisqu'il ne la conserve que pour lui donner le temps de se convertir tout-à-fait. Je suis bien aise de ce que vous me mandez des dispositions de vos Sœurs. A mon retour, je m'appliquerai à mettre M. de l'Isle au point où il faut qu'il soit, afin que la maison tire le profit qu'on peut espérer de ses talents. Je suis à vous, ma Fille, de tout mon cœur.

A Paris, ce 20 février 4686.

LETTRE XX.

A MADAME de beringHEN.

Il s'excuse d'avoir donné atteinte, sans le savoir, aux droits de l'abbesse.

LETTRE XXII.

A MADAME DE BERINGHEN.

Il lui propose de recevoir chez elle une dame faussement convertie.

J'ai, madame, une proposition à vous faire, mais à vous seule, afin que vous me disiez avec une entière liberté votre pensée. Madame de Chevry, fausse convertie de ce diocèse, me donne de l'inquiétude, et il est nécessaire de la renfermer. J'ai de la peine à vous proposer de la re

Vous pouvez croire, madame, que je n'ai nul dessein de vous faire tort. Je n'ai pas même conçu que les comptes de la paroisse se rendissent devant vous, et j'avois commis seulement à la place du curé, parceque les curés sont bien aises quel-cevoir, du moins pour quelques jours; mais deux quefois de n'avoir rien à démêler avec leurs paroissiens dans le temporel. Il n'y aura qu'à faire les choses à la coutume; et mon dessein, non plus que le vôtre, n'est pas d'innover. Surtout rien ne changera jamais dans l'attachement que j'ai à votre service.

A Paris, ce 27 janvier 1686.

LETTRE XXI.

A LA SUPÉRIEUre des ursulines de Meaux. Sur l'attrait qu'il desire qu'elle suive: que la miséricorde infinie de Dieu et les mérites du Sauveur sont l'unique soutien du chrétien.

Il est vrai, ma Fille, que je ne puis être à Meaux au commencement du carême ; je ne tarderai pourtant pas voyez ce que vous avez à faire, et ne manquez pas de me l'écrire.

L'attrait que je vous exhorte de suivre regarde principalement l'occupation envers les perfections divines: j'approuve aussi tout le reste que vous m'avez exposé de vos dispositions. Je ne crois pas qu'il faille tant éplucher si on a commis dans toute sa vie des péchés mortels, ou non: il faut toujours supposer qu'on n'a que trop mérité l'enfer, si Dieu nous traitoit à la rigueur, et mettre son appui sur son infinie miséricorde et

raisons m'y obligent: l'une, que votre maison est la plus voisine de chez elle; et l'autre, qu'apparemment elle aura moins de répugnance à y être que dans toute autre, et que j'aurai plus de moyen de la voir là qu'ailleurs.

Je fais état, et c'est indépendamment de tout ceci, de me rendre chez vous lundi soir. J'y demeurerai, si vous l'agréez, mardi tout le long du jour jusqu'au soir, que j'irai à Coulommiers. Je vois tous les inconvénients; mais je vois aussi ce que la charité de Jésus-Christ peut demander. Pour manier ces esprits, il faut de la dextérité et de la charité; et, sans flatterie, je ne vois que vous et madame votre sœur où je puisse espérer ces deux qualités si nécessaires. Au surplus, quand vous aurez un peu essayé ce que vous pourrez gagner sur cet esprit, et que je lui aurai parlé moi-même, vous serez libre ; et n'ayant aucun engagement que volontaire avec moi, vous vous en déferez quand il vous plaira. Mais il importe que je puisse lui parler en lieu sûr et commode; et je vous en délivrerai aussitôt que vous le voudrez, la chose étant nuement entre vous et moi. Si vous pouvez la recevoir à ces conditions, vous me délivrerez d'une grande inquiétude. S'il y a quelque difficulté, vous me le direz franchement comme à un ami, qui au fond ne veut autre chose que ce que vous voulez vous

même. M. de Chevry, qui va lui-même vous por- | lui votre charité, et croyez, madame, que je ter ce billet, saura de vous vos intentions, et suis à vous de tout mon cœur. vous instruira de ce qu'il faudra que vous sachiez. Tout à vous, ma Fille, de tout mon cœur. A Germigny, ce 18 juin 1686.

A Germigny, ce 1er juillet 1686.

LETTRE XXIII.

A UNE SUPÉRIEURE DE RELIGIEUSES.

Sur l'abandon à la suprême bonté, et le mystère de la piété.

Vous pouvez sans hésiter, ma Fille, procéder à la conclusion par suffrages de la novice; et si elle est reçue, j'en louerai Dieu. Quant...., je ne vois aucune apparence de le faire, ni même de le lui permettre. Je crois, et je dois croire selon ses lettres, qu'il attendra mes ordres sur cela; et s'il les prévenoit, je n'aurois pas sujet d'être content. Ces manières.... ne me plaisent guère; et le compte que vous m'en avez rendu étoit assez nécessaire pour me faire connoitre le personnage. Je vous verrai peut-être plus tôt que vous ne pensez.

Quant aux vérités dont je vous parlai dernièrement, je vous réitère encore que je ne vois ni joie, ni repos, ni adoration véritable, ni sincère amour, ni rien en un mot que dans ce haut abandon à la divine, suprême et inaltérable bonté, à laquelle seule il se faut fier, et non seulement plus qu'aux autres, mais incomparablement plus qu'à soi-même.Voilà tout ce que je connois dans le mystère de la piété : une grande attention et une grande vigilance quand Dieu commande, et par-dessus toute activité naturelle et surnaturelle, un repos inébranlable dans l'abandon à celui qui seul est bon. Il n'y a de bon que Dieu, dit Jésus-Christ, et par conséquent il n'y a que lui à qui on se doive pleinement fier pour le temps et pour l'éternité. Dieu vous donne cette confiance, ma Fille.

A Meaux, ce 28 juin 1686,

LETTRE XXIV.

A MADAME DE BERINGHEN.

Sur les raisons d'accorder l'entrée du monastère à une nouvelle convertie.

Il n'y a pas moyen, madame, de refuser à madame de Chevry l'entrée qu'elle desire tant dans votre maison, où j'espère qu'elle aura trouvé le commencement de son salut. Elle a fait sa confession aussi bien qu'on le pouvoit desirer d'une personne qui jusqu'ici n'a rien su ni jamais pensé à une si importante action. Continuez

LETTRE XXV.

A LA SUPÉRIEURE DES URSULINES DE MEAUX. Raisons qui ne permettent pas qu'un ancien confesseur de la maison voie des religieuses qui le demandoient.

J'ai lu, ma Fille, avec beaucoup d'attention votre lettre celle de la Mère dépositaire, et les deux de M. André. Après y avoir fait devant Dieu une sérieuse réflexion, je ne trouve point à propos ce voyage de M. André, qui ne pourra que réveiller le trouble des esprits, et sera trop court pour l'apaiser. C'est peu, pour celles qui se persuadent d'avoir besoin de son secours, de ne le voir qu'en passant; les autres qui auroient le même desir, se feront mille sujets de plainte de l'impossibilité ou du refus ; en un mot, c'est occasionner de nouvelles affaires. Je suis satisfait au dernier point des dispositions que je vois dans la Mère dépositaire : elles sont selon Dieu et selon mon cœur, qui en cela, j'ose le dire, est selon Dieu.

Je parlerai, s'il est nécessaire, à M. André ; mais comme ce qu'il témoigne le plus desirer, c'est un témoignage de sa conduite, le mien sur ce point lui doit tenir lieu de tout ; et afin qu'il l'ait aussi authentique qu'il le pourra desirer, je vous envoie cette lettre ouverte, que vousou la Mère dépositaire pouvez lui envoyer.

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Vous pouvez dire aussi à la sœur de la *** que le desir qu'a M. André de la mettre en repos une bonne fois, est très louable, mais impossible; on ne finit pas en une fois de telles peines. Je prendrai soin d'elle; et si elle a à recevoir quelque soulagement dans les angoisses où Dieu permet qu'elle tombe, ce ne peut être par ce qui passe; c'est un secours permanent dont elle a besoin.

Ceci sera commun, s'il vous plaît, à vous et à la Mère dépositaire; le surplus sera pour la Mère assistante. J'aurois fort desiré de la voir avant mon départ, et d'entendre d'elle-même ce qu'elle vous a dit, qui est l'abrégé pour elle de ce qu'elle doit présentement à Dieu. L'abandon à la Providence et à la conduite des supérieurs pour l'avenir, et à l'égard des choses passées faire tout nouveau, selon la parole de l'Époux dans l'Apocalypse'; voilà ce que Dieu veut. Tout à vous en la charité de notre Seigneur.

A Meaux, ce 18 juillet 1686.

'Apoc. xxI. 5.

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Je reçois, madame, avec joie les continuels témoignages de vos bontés. M. Rueil se ressentira dans l'occasion de l'affection que vous avez pour son avancement, et du bon témoignage que vous donnez à sa vertu. Je consens que vous receviez madame Le Boussi prieure de Bray. Quant au balcon, sur lequel vous souhaitez que je vous fasse réponse, je vous dirai franchement que ces ornements mondains ne conviennent pas à la simplicité d'un monastère, et que vous ne les devez pas souffrir. Tout à vous de tout mon cœur, madame et très chère Fille. A Meaux, ce 19 septembre 1686.

LETTRE XXVII.

A LA MÊME.

Sur une Sœur qui faisoit les écoles; la liberté qu'il vouloit qu'on laissat aux Sœurs pour leur conscience.

Je ne sais si mademoiselle de Mauléon se sera acquittée du présent qu'elle s'étoit chargée de vous faire de l'Oraison funèbre de M. le Prince: c'étoit bien son intention de le faire quand je suis parti de Paris. Soyez, s'il vous plaît, toujours bien persuadées vous et madame votre

sœur de mon amitié très sincère.
A Meaux, ce lundi de la Pentecôte.

LETTRE XXVIII.

A LA MÊME.

Sur un orage qu'il avoit essuyé; et les visites qu'il se proposoit de faire,"

Il est vrai, madame, qu'au retour de Farmoutiers nous eûmes tout loisir de dire: A fulgure et tempestate libera nos, Domine. Tout le ciel étoit en feu de toutes parts: la pluie tomboit à verse; la nuit survint bientôt, et on n'avoit de lumière que par les éclairs: mais enfin, par les prières de sainte Fare et de ses Filles, nous arrivâmes heureusement à l'Ermitage. Le | lendemain on s'y reposa on va aujourd'hui à Nanteuil conclure une mission. Lundi on reviendeux: ensuite on ira aux conférences voisines; dra faire sa volonté à Germigny un jour ou et samedi on pourra faire un tour à Versailles, pour revenir à la Saint-Étienne. Voilà, madame, tout le projet.

Vous pouvez dire, madame, à la sœur Berin, qu'elle ne doit point hésiter de donner la quittance en la forme qu'on la lui demande, parceque sa réception dans une des maisons ne dépend point de la réserve qu'elle fera de ses droits, mais de moi uniquement. Je lui donnerai sur cela toutes les sûretés qu'elle pourra desirer: elle n'a qu'à bien travailler et demeurer en repos. Je suis plus en peine de ce qu'on m'a dit qu'elle avoit rebuté madame Vaillant sa compagne, en la voulant astreindre à son directeur. Ce n'est pas mon intention qu'on entre dans de telles contraintes; et quoique je ne prétende pas obliger les Sœurs à se confesser au curé, je serai toujours plus aise, tout le reste égal, qu'on le préfère à tout autre; et l'esprit de ces maisons est toujours d'être attaché à la hiérarchie.

Je ne sais plus où en sont les affaires avec madame de Bonneval: il me semble qu'elles étoient en assez bon train, et qu'en l'état où M. de Chevry avoit porté les choses de part et d'autre, c'étoit assez l'intérêt commun qu'elles se terminassent selon son projet. Au retour du petit voyage que je m'en vais faire à la cour de madame la Dauphine, je vous en demanderai des nouvelles. Il sera temps aussi de parler de madame de Notre-Dame, qui a enfin donné sa démission sans qu'on ait pu la faire changer de dessein, quelques délais qu'on apportât à l'exécution de ses anciennes résolutions.

Madame de Notre-Dame, au lieu de se faire saigner, feroit mieux de s'épargner davantage, jusqu'à ce que sa santé soit parfaitement rétablie. Mais en cela je me plains de son peu d'obéissance, et vous n'aurez pas peu gagné si vous emportez sur son esprit de se laisser conduire sur ce point plus qu'elle n'a fait. Je suis bien obligé aux inquiétudes des grandes et des petites; et enfin tout va selon leurs vœux.

A Germigny, ce 5 juillet 1687.

LETTRE XXIX.

A LA MÊME.

Sur des permissions, et sur les prières des saints. J'accorde la permission que vous demandez pour le père de La Tour. Vous pouvez aussi, ma Fille, en cas pareil, la tenir pour donnée aux gens que vous saurez bien approuvés, quand on n'aura pas le temps de recourir à moi. Vous voyez que je suis bien aise de ce recours, qui me donne des occasions de vous assurer de mon amitié et de mon estime.

Je ne manquerai pas de vous recommander

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