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trouvent dans ces grands papes: tout le monde étoit à genoux quand ils parloient: ils pouvoient tout dans l'Église, parcequ'ils mettoient la règle

LETTRE C.

AU MÊME.

mettre.

pour eux. Mais, selon que vous m'écrivez, je II tâche de le détourner du dessein qu'il avoit de se dévois bien qu'il ne faut guère espérer cela. Accommodons-nous au temps; mais sans blesser la vérité, et sans jeter encore de nouvelles entraves aux siècles futurs.

La vérité est pour nous : Dieu est puissant, et il faut croire, contra spem in spem, qu'il ne la laissera pas éteindre dans son Église.

LETTRE XCIX.

A M. DE RANCÉ, ABBÉ DE LA TRAPPE. Sur l'ouvrage de cet abbé, les deux oraisons funèbres du prélat, et les fâcheuses dispositions du Pape.

Je pars pour Meaux à l'instant. J'ai écrit à M. de Grenoble : j'ai laissé le livre bien empaqueté en main sûre, avec bon ordre de l'envoyer à Grenoble aussitôt que nous aurons l'adresse de ce prélat. Quand nous saurons son sentiment, nous procéderons à l'impression sans retardement, et je mettrai l'affaire en train. Je vous enverrai de Meaux toutes mes remarques. On ne peut avoir un plus grand desir que celui que j'ai de voir publier tant de saintes et adorables vérités, capables de renouveler l'ordre monastique, d'enflammer l'ordre ecclésiastique, et d'exciter les laïques à la pénitence et à la perfection chrétienne, si nous n'endurcissions volontairement nos cœurs. J'ai laissé ordre pour vous envoyer la Conférence 2, et en même temps pour envoyer à M. Maine deux oraisons funèbres3, qui, parcequ'elles font voir le néant du monde, peuvent avoir place parmi les livres d'un solitaire, et qu'en tous cas il peut regarder comme deux têtes de mort assez touchantes.

Les affaires de l'Église vont très mal : le Pape nous menace ouvertement de constitutions foudroyantes, et même, à ce qu'on dit, de formulaires nouveaux. Une bonne intention avec peu de lumières, c'est un grand mal dans de si hautes places. Prions, gémissons. Ne m'oubliez pas je vous porte dans le fond du cœur, et suis, monie sieur, plus que je ne puis vous le dire, etc.

A Paris, ce 30 octobre 1682.

:

'Il s'agit de l'ouvrage intitulé de la Sainteté et des Devoirs de la vie monastique, qui fut publié l'année suivante.

2 Avec le ministre Claude.

Avant que de venir ici, j'ai conféré, monsieur, avec M. le maréchal de Bellefonds. La

difficulté que nous avons trouvée à la chose est que votre lettre ne parle que de successeur; ce qui seroit vous déposséder, et causer le dernier chagrin à vos religieux. J'ai vu un billet entre les mains de M. Jannel, par lequel on lui marque qu'il faudroit agir pour un coadjuteur; mais que pour un successeur, c'est trop affliger les religieux. Je ne me souviens plus de qui est ce billet: mais enfin nous avons cru qu'il falloit vous en écrire, vous faire considérer les inconvénients de votre démission, et puis faire à mon retour, au commencement de l'année, ce que vous jugerez à propos. Voyez ce que ce seroit, si ce religieux venoit à mourir pendant que vous seriez en vie, et quel déplaisir à vos religieux de n'être plus sous votre obéissance. Considérez, et ordonnez: nous agirons conformément à vos desirs. J'ai donné le livre à Muguet, qui ne manquera pas de faire diligence : j'ai donné ordre pour le privilége. Vos prières : tout à vous

de tout mon cœur.

A Meaux, ce 413 décembre 1682.

1

LETTRE CI.

A M. LE COMTE D'AVAUX, AMBASSADEUR DE

FRANCE A LA HAYE.

Sur différents ouvrages contre les protestants, que le prélat avoit reçus de Hollande.

Je vous suis très obligé de la continuation de vos bontés. Si l'Histoire du concile de Trente, du sieur Jurieu, est digne de quelque estime, je vous supplie de me l'envoyer par la première commodité. J'ai reçu la Critique du calvinisme: il m'est aussi venu deux livres, dont l'un est pour la défense du Renversement de la morale de Jésus-Christ par les erreurs des calvinistes; ouvrage de M. Arnauld, que j'ai autrefois approuvé, après l'avoir examiné par ordre du roi; et l'autre a pour titre : Réflexions sur un livre intitulé PRÉSERVATIF, que vous m'avez autrefois fait la grace de m'envoyer. Ce dernier est pour ma défense contre M. Jurieu qui m'atta

* De Henriette de France, reine de la Grande-Bretagne, et de que: l'un et l'autre est de bonne main; et, selon

Ilenriette d'Angleterre, duchesse d'Orléans.

qu'on en peut juger par les circonstances, il n'y

'L'ouvrage de l'abbé de la Trappe, dont il a été question dans les précédentes,

a pas
à douter qu'ils ne soient de M. Arnauld '.
Je ne sais d'où ils me viennent; mais j'ai été bien
aise de les recevoir. Je le suis encore plus, mon-
sieur, de ce que vous approuvez mes petits ou-
vrages; et je le serai au-delà de tout ce que je
puis dire, si vous m'accordez la continuation de
votre amitié. Je suis avec respect, etc.
A Meaux, le 17 décembre 1682.

LETTRE CII.

A M. DE RANCÉ, ABBÉ DE LA TRAPPE.

Il lui rend compte de la conférence qu'il a eue avec
M. l'archevêque de Paris, au sujet du livre de cet abbé;

81

remarques, et ce que vous croirez devoir faire après les avoir vues; afin qu'on change au plus tôt ce que vous croirez devoir changer sur ses avis, et qu'on ne soit obligé de faire que l'on pourra de cartons. Il ne faut pas s'éque le moins tonner de ce qu'il ne m'a pas fait de réponse: comme je lui parlois des affaires de l'Église, peut-être n'a-t-il pas voulu s'expliquer avec moi sur cela, n'approuvant peut-être pas ma conduite, ou ayant des raisons de ne pas s'expliquer sur ces matières. Il ne m'a peut-être pas assez connu. La règle de la vérité étant sauvée, le reste est de ces choses où saint Paul permet que chacun abonde en son sens; et je ne sens jus

lui témoigne son inquiétude de n'avoir rien reçu de la qu'ici aucun reproche de ce que j'ai fait.

part de M. de Grenoble, et lui marque les raisons qu'il soupçonne pouvoir causer son silence.

Hier, monsieur, j'entretins amplement M. l'archevêque de Paris de la commission que vous m'aviez donnée pour lui. Je lui dis que j'avois eu le livre sans votre participation, et que j'avois cru absolument nécessaire de l'imprimer, tant pour le bien qu'il pouvoit faire à l'Église et à tout l'ordre monastique, que pour éviter les impressions qui s'en seroient pu faire malgré vous. Parlà il entendit la raison pour laquelle vous n'aviez pas pu lui communiquer cet ouvrage; et cela se passa bien. Je lui ajoutai que vous parliez avec 'toute la force possible de la perfection de votre état retiré et solitaire, mais avec toutes les précautions nécessaires pour les mitigations autorisées par l'Église, et pour les ordres qu'elle destinoit à d'autres emplois : tout cela se passa bien. Il reçut parfaitement toutes les honnêtetés que

Vous avez parfaitement expliqué le synode de Gangres mais je ne sais ce que c'est que cette décrétale, dont M. de Luçon m'a dit que M. de Grenoble lui avoit écrit.

et avec l'imprimeur, l'endroit des carrosses, conJe suis venu ici pour ajuster, avec M. Félibien formément à votre lettre du 31 janvier, parce. que cet endroit avoit déja passé dans l'impression. Tout cela sera très bien, et entièrement sans atteinte aussi bien que sans foiblesse, et avancer l'impression de cet ouvrage : mais presconforme à votre intention. Je vois avec plaisir sez, au nom de Dieu, M. de Grenoble. Tout à

vous.

A Paris, ce samedi 6 février 1683.

LETTRE CIII.

AU MÊME.

grands éloges.

je lui fis de votre part, et écouta avec joie ce que Il lui apprend les heureux fruits de son livre, et en fait de je lui dis sur les marques non seulement du respect, mais encore de l'attachement et de la tendresse que je vous avois vus pour lui. Tout cela et tout le reste, qu'il n'est pas besoin de vous dire, se passa très bien, et je crois qu'il ne songera à voir l'ouvrage qu'avec tous les autres.

Dans le peu de jours que j'ai été à Paris, j'ai vu, monsieur, ce que vous avez envoyé au sieur C'est de quoi je suis bien aise de vous rendre Muguet, que j'ai trouvé très digne du reste. compte avant que de m'engager dans mes visites, d'où je ne reviendrai ici qu'à la Pentecôte. Je ne laisserai pas, en attendant, de recevoir tous vos ordres, si vous en avez quelques uns me donner. Ce livre fait tous les effets que je m'en étois proposé; en général, un très grand

Pour ce qui est de M. l'archevêque de Reims, n'en soyez point en peine; il est pénétré de la bonté et de la grandeur de l'ouvrage ; il en souhaite l'impression autant que moi. Ses remarques ne vont à rien de considérable; et comme il ne fera rien sur ce sujet-là qu'il ne me le communique, vous pouvez vous assurer que je ne lais-bien. Dans quelques particuliers, il trouve beauserai rien affoiblir, s'il plait à Dieu. coup de contradiction2; et quoi qu'on dise qu'il

Nous sommes ici un peu en inquiétude de n'avoir rien appris, sur ce sujet, de M. de Grenoble. Mandez-nous, monsieur, je vous en prie, le plus tôt qu'il se pourra, quand vous aurez ses

^ Ces deux ouvrages sont en effet de M. Arnauld.

11.

Ce concile, dans le canon dont il s'agit ici, qui est le xvie, défend aux enfants de quitter, sous prétexte du service de Dieu. assistance. Voyez l'explication que donne à ce canon M. de leurs pères et mères qui se trouveroient avoir besoin de leur Rancé, dans son ouvrage de la Sainteté et des Devoirs de la vie monastique, tom. 11, pag. 138.

2 Il eut en effet de graves contradicteurs sur plusieurs points, et en particulier sur celui des études monastiques. Dom Mabil

y en a qui se préparent à le faire paroître, je ne puis pas croire que l'aveuglement aille jusquelà. Quoi qu'il en soit, vous avez à rendre graces à Dieu de vous avoir si bien inspiré ; et votre doctrine est de celles contre lesquelles l'enfer ne peut prévaloir, parcequ'elles sont fondées sur la pierre. La continuation de vos prières me sera un grand soutien durant mes visites. Je ne perds pas l'espérance de vous aller voir avant la fin de l'automne. Je suis à vous de tout mon cœur. A Meaux, ce 16 mai 1683.

EPISTOLA CIV.

CASTORIENSIS MELDENSIS.

EPISTOLA CV.

MELDENSIS CASTORIENSI.

Librum Castoriensis, cui titulus Amor pœnitens, plurimùm commendat; Arnaldi opera, maximè quæ adversùs Malebranchium ediderat, congruis laudibus prosequitur; ipsumque ad hujusce philosophi systema validè confutandum, vehementer accendit.

Cùm antea mihi, aliis occupato, minimè licuisset doctissimam ac suavissimam tuam de amore divino lucubrationem eâ diligentiâ perlegere, quâ tale opus decebat: nunc, eo perlecto, intelligo gratias tibi à me habendas esse plurimas, non tantùm propter benevolentiam singularem, quâ me honestatum hoc munere voluisti; sed

Plures Meldensis libros commemorat, è quibus Batavi etiam eo nomine, quòd de amoris divini, saltem

uberrimos fructus perceperant.

Multum tibi debeo ob libros quos de Communione sub unâ specie, et de auctoritate composuisti, quâ pollet Ecclesia dum Scripturas exponit, vel etiam testatur eas Deo dictante esse conscriptas nam præterquam quòd illos ex tuo dono, antistes illustrissime, possideo, maximum, præsertim ex Collatione quam cum Claudio habuisti, fructum capit Ecclesia, cui me voluit

divina servire Providentia.

Uterque hic typis editus, et magnâ aviditate inter eos qui gallicè loquuntur, divenditur. Collatio in nostram linguam sat eleganter transfusa omnium manibus teritur, vel potiùs tam doctorum quàm indoctorum cordibus inscribitur. Plurimùm ergo tibi debemus, et ego et Ecclesia mihi credita, præsul illustrissime : nam catholicos nostros in fide confirmas, et acatholicos ab errore ad veritatem et suaviter et fortiter

revocas.

Composui opusculum de Amore pœnitente, ut fratres et conservos meos invitarem ad arctam salutis semitam. Illud dignaberis, antistes eruditissime, admittere tanquam testem ejus existimationis, quam habeo de doctrinâ quâ excellis, et de virtutibus quibus tuum ministerium adornas hac benevolentiâ et humanitate eum tibi novo vinculo obstringens, qui observanti studio sese profitetur, etc.

27 Martii 1683.

Jon entreprit de réfuter le sentiment de M. de la Trappe, qui vouloit interdire les études aux moines. La dispute s'échauffa M. de la Trippe répondit an Traite des études monastiques de dom Mabillon : celui-ci répliqua à M. de Rancé; et nombre

de savants, Nicole nommément, se déclarèrent en faveur du

célèbre bénédictin. Don Mège religieux de l'abbaye de

Saint-Germain-des-Prés, combattit aussi dans son Commen

taire de la règle de Saint-Benoit, qu'il publia en 1687, plu

sieurs des maximes de l'abbé de la Trappe, qui lui paroissoient outrées.

incipientis, in pœnitentiâ necessitate, præclaram atque hoc tempore omnino necessariam doctrinam tradidisti: quâ quidem doctrinâ omnes veræ pietatis studiosos obstrictos tibi habes.

Utinam liceret conferre tecum de suavissimo argumento, ac tecum expedire difficultates omnes quibus est involutum ! Interim rogo ut mihi significes, quomodo tuum librum Roma exceperit, et an in vestris partibus aliquid eâ de re

tempestatis exortum sit. Hic certè qui obstre

pat, hactenus neminem video; cùm multos habeamus, qui alioqui ea de re nunquam quieturi esse videantur, nisi eos aliqua ratio tacere cogeret. Id datum seu dignitati atque auctoritati tuæ, seu argumentorum ponderi, sive' utrique, tibi atque Ecclesiæ gratulor; ac suavissimam verèque flexanimam de divini amoris necessitate doctrinam, altè omnium animis insidere precor.

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Accepi à vestris, ut credo, regionibus, cùm alios multos viri omni eruditione præstantis libros, tum etiam eum cui est titulus, De veris ac falsis Ideis' : quo libro gaudeo vehementissimè confutatum auctorem eum2, qui Tractatum de Natura et Gratia gallico idiomate, me quidem maximè reclamante, publicare non cesseat. Hujus ego auctoris detectos paralogismos de ideis, aliisque rebus huic argumento conjunctis, eo magis lætor, quòd ea viam parent ad evertendum omni falsitate repletum libellum de Naturá

et Gratia.

Atque equidem opto quamprimùm edi, ac pervenire ad nos hujus tractatus promissam confutationem; neque tantùm ejus partis quà de gratiâ Christi tam falsa, tam insana, tam nova, tam exitiosa dicuntur; sed vel maximè ejus quâ de ipsâ Christi personâ, sanctæque ejus animæ, Ecclesiæ suæ structuræ incumbentis, scientià,

Auctore Arnaldo. - Scilicet Malebranchius.

tam indigna proferuntur : quæ mihi legenti horrori fuisse, isti etiam auctori candidè, ut oportebat, declaratum à me est; atque omnino fateor enisum esse me omni ope, ne tam infanda ederentur. Quæ tamen, quoniam nobis invitis undique eruperunt, validè confutari è re Ecclesiæ est, ipsâque argumentandi arte, quâ pollere is auctor putatur; evertique perspicuè, quemadmodum illa de ideis eversa planè sunt, nulloque jam loco consistere posse apud cordatos videntur. Cæteras validi confutatoris lucubrationes, mirum in modum Ecclesiæ profuturas, quàm latissimè pervulgari opto; mihique gratulor defensum quoque esse me ab eo viro, qui tanto studio, tamque indefesså operâ defendat Eclesiam.

Te verò, illustrissime ac reverendissime domine, diu Ecclesiæ suæ Deus incolumem, eique verbo et opere egregiè famulantem servet. Haec yoveo ex animo, etc.

* In regiâ Versaliană, 25 Junii 1685.

EPISTOLA CVI.

CASTORIENSIS MELDENSI.

Fortunam libri Amoris Pænitentis in diversis regionibus ipsi indicat, simulque Arnaldi animum ad systema Malebranchii de gratia confulandum, paratum esse renuntiat.

gari rationes mei consilii, epistolamque quà illæ continentur, tanquam appendicem libro annexui: quod ipsis pergratum fuit. Fuere in meo clero, quibus antequam liber evulgaretur, eum legendum tradideram, qui suas mihi difficultates proposuere. Illis explicandis præfationem impendi: atque istà ratione factum, ut sine strepitu in publicum liber processerit. Eâdem felicitate liber utitur in vicinâ nobis Germaniâ. Qui religiosis Societatis Jesu apud nos præfectus est, suis ad me litteris opusculum istud non parum commendat. Idem factum ab alio jesuità, quem ingenium, eloquentia et pietas commendant.

Ex litteris quibus illustrissimus Tornacensis antistes me decoravit, disco librum ei per omnia placere : unde etiam existimo, quòd istis in locis nullæ, occasione libri istius, excitæ sint tempestates aut clamores.

3

Fuit mihi jucundum, antistes illustrissime, in tuis videre litteris apud vos necdum fuisse inventum quempiam, qui lucubrationi isti obstreperet. Quamvis simul ac vidi librum à celeberrimo hujus sæculi abbate 2 compositum, vestroque judicio comprobatum, opusculo nostro sortem in Galliis felicem atque tranquillam fuerim auguratus. Nam sanctissimus ille abbas nocessitatem divini amoris sub initium primi tomi fortiter asserit. Deinde vidi, et magna ex parte legi, duos tomos Merbesii 3, quibus non uno loco, nec breviter, sed fusissimè docetur sine prædominante Dei amore neminem, etiam in sacramento pœnitentiæ, redire cum Deo in gratiam. Quæ de dilatione absolutionis trado, etiam asseruntur, et fusiùs ab isto viro explicantur. Hinc conjecturam feci opusculum meum sine ullius offensâ in Gallias abiturum : si quidem scientissimus abbas sub patrocinio eruditorum antistitum, et Merbesius cum auctoramento Sorbonicorum doctorum sua opera in lucem ediderunt.

Doctrina et eruditio quibus illustras orbem christianum, faciunt ut non possim non lætari, dum lego in litteris ad me tuis, quàm honorificè sentias de illis quæ de divino amore nuper edidi. Nihil ad pellendas mentis meæ tenebras efficacius; nihil ad superandas difficultates quibus conciliatio prædominantis in humanis cordibus divini amoris, cum necessitate ac fructu sacramentalis absolutionis, implicata est, mihi utilius foret, quàm si tibi, antistes sapientissime, eas diffringendas præsens proponere possem. Verùm Vestro tamen testimonio, Antistes religiosisinter nos et vos magnum chaos interpositum sime, meæque conjecturæ nonnihil officit, quod est, ut istam felicitatem vix valeam sperare. mihi Bruxellis ab amico scribitur, nempe excelConfido tamen de bonitate tuâ erga me maximâ, lentissimum cancellarium librum meum aliquiquòd mihi dignaberis per litteras indicare illa bus doctoribus examinandum dedisse; nec perquæ correctione egere videbuntur. Paratior mittere ut exemplaria, quæ amicis doctrinâ et enim sum discere quàm docere, præsertim nac-pietate illustribus, in meæ erga ipsos observantus tam nobilem magistrum.

Tam in fœderato quàm in Hispanico Belgio Amor Pœnitens avidè divenditur, nec animorum pax ejus occasione turbatur; nec hactenus quispiam inventus fuit, qui clamores contra eum extulit, vel ullos strepitus excivit. Solùm Lovanienses amici mei nonnihil stomachati fuerunt, cùm illis librum examinandum misissem, quòd ipsorum doctrinam referrem potiùs quàm assererem. Dedi illorum erga me affectui non vul

tiæ testimonium, donanda miseram, distribuantur, antequam à doctoribus fuerit approbatus.

'Gilbertus de Choiseul.

2 Loquitur de opere abbatis de Rancé, cui titulus: De la Sainteté et des Devoirs de la vie monastique.

5 Bonus Merbesius, doctor theologus, instigante archiepiscopo Rhemensi C. M. Le Tellier, edidit Sumam theologiæ moralis, Summa Christiana, seu orthodoxa morum Disciplina, ex quæ prodiit Parisiis, anno 1683, duobus tomis, sub hoc titulo: sacris litteris, sanctorum Patrum monumentis, concilio. deliter excerpta. rum oraculis, summorum denique Pontificum decretis fi

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Vix hoc credere possum, præsertim cùm exemplaria quæ Parisios venum missa sunt, nullam istiusmodi difficultatem perpessa fuerint: et cùm ista agendi ratio dissentiat ab istâ humanitate, quâ excellentissimus cancellarius me aliquando prosequi dignatus fuit; nec videatur etiam æqua erga libros quos episcopi conscribunt ad instructionem Ecclesiæ sibi creditæ, idque cum consilio et assensione sui presbyterii.

Amici quos in urbe Româ habeo, mihi nuntiaverunt exemplaria mei libri illuc advenisse, verùm omnia adhuc illic esse quieta; se tamen timere ne aliqui ex pœnitentiariis romanis mussitent contra secundam libri partem, quæ agit de usu clavium: etenim absolutionis dilatio vix apud illos in usu est. Verùm ista quam de dilatione trado doctrina, minimè dissentit à constitutionibus sancti Borromæi : unde ab istâ parte nihil est quod timeo; præsertim cùm internuntius Bruxellensis libro videatur favere, et cùm litteræ quas à romanis prælatis accepi, nihil nuntient quod mihi displiceat.

Hæc, antistes illustrissime, retuli de fortunâ libri, ut tibi, qui de his certior fieri desideras,

morem geram.

1

tissiodorensis Lutetiæ serviens,,id præ se fert libellum tibi probatum fuisse, tuâque operâ excusum. Id quidem nunquam mihi persuasum erit, donec à te ipso mihi significatum fuerit. Hoc libro, de usurâ ea docentur quæ sacris conciliis, et omnium sæculorum perpetuæ ac perspicuæ traditioni repugnent.

illustrisTe igitur rogo etiam atque etiam, sime domine, ut de eo libro quid sentias testificari velis; ut vel ego ipse rem excutiam diligentiùs si fortè probaveris, quod minimè reor; vel si improbaveris aut nescias, id expostulem apud eum qui se tanto apud me nomine commendarit. Gaudeo occasionem datam salutandi tui. Nemo enim hominum vivit tuæ pietatis, tuæ doctrinæ, tuæ personæ studiosior, etc.

In castro nostro Germiniaco ad Matronam, 8 Augusti 1684.

EPISTOLA CVIII.

CASTORIENSIS MELDENSI.

Petitis satisfacit; mercatorum Bataviæ praxim circa mutuas pecunias, ut ab usurâ absolvantur, exponit, et ab Arnaldo opus elaborari contra novum systema de gratia, prælato renuntiat.

Sicuti tuus pro Ecclesiâ zelus, præsul colendissime, postulavit, scripsi ei viro quem omni Non meâ operâ, quia ne quidem meâ cum doctrinâ præstantem meritò vocas, ut systema Traité de gratiâ eversum ire vellet. Respondit se ad notitiâ editus fuit libellus, cui nomen, illud operis promptum esse; præsertim cùm tu, des Billets. Nunquam forsan ego scivissem isillud operis promptum esse; præsertim cùm tu, tiusmodi libellum editum fuisse, nisi ejus auctor antistes illustrissime, hoc postules; et cùm ipse, tiusmodi libellum editum fuisse, nisi ejus auctor pro suâ erga te veneratione, nihil tibi possit de-me de illo impresso fecisset certiorem, postulans negare. Verùm, zelum praestantissimi viri sufflaminat exiguus fructus quem libri ejus afferent, quandiu Parisiis portæ illis obseratæ manebunt. Sed hæc incommoda, ubi tempus beneplaciti advenerit, amovebit misericors Deus; in quo te, præsul illustrissime, semper colam, et ad quem ut me semper amare velis, humiliter supplicat, etc. 22 Julii 1683.

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meum de illo judicium. Ut illud ei significare possem, quæsivi libellum: sed cùm eo quo tunc versabar loco non reperiretur, perrexi ad visitandas quæ mihi creditæ sunt Ecclesias; et aliis studiis ac laboribus occupatus, eum non ampliùs quæsivi: præsertim in hac meà incuriâ fui confirmatus, ubi ex amico didici libellum illum examinari ab eruditissimis Galliæ præsulibus. Cogit abam enim illos, potiùs quàm me, ab auctore libelli audiendos esse, tum ob doctrinam tum ob auctoritatem, quibus me longo intervallo antecedunt. Porrò libellus ille hisce in locis apud catholicos tam parum cognitus, ut nullus cooperatorem meorum de illo unquam mihi fuerit locutus.

Fateor quidem hic inter mercatores usu esse receptum, ut ex pecuniis ad tempus creditis lucrum capessant. Verùm qui inter illos divina mandata religiosius attendunt, ita eas aliis ad

Montibus Hannoniæ excusum, à nonnullis auctoribus confuta tum est, inter quos Gaitte, doctor Sorbonicus, in suo Tractatu de Usurá. quem edidit anno 1688; et auctor anonymus qu anno 1702, in lucem emisit refutationem expressam de quo agitur Tractatús. Vide Journal des Savants, an. 1702 pag, 316,

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