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DE THÉOLOGIE.

C

CHRONIQUES. Voy. PARALIPOMENES. |

mœurs. Dès que nous sommes assurés

CHRONOLOGIE DE L'HISTOIRE SAINTE. que Dieu a créé le monde et la race huLes incrédules de notre siècle ont fait maine, que notre premier père a péché grand bruit sur la difficulté qu'il y a et en a été puni avec toute sa postérité, de former une chronologie exacte de mais que Dieu lui a promis un Rédempl'histoire sainte, sur la variété des opi- teur; qu'après plusieurs siècles il a nions et des hypothèses imaginées à ce châtié cette race criminelle par un désujet par les savants. On a de la peine à luge universel; dès qu'il est certain que concilier le texte hébreu avec les ver- Dieu a dicté des lois aux Hébreux par sions, et d'accorder les auteurs sacrés, l'organe de Moïse; qu'il a suscité parmi soit entre eux, soit avec les historiens eux des prophètes pour annoncer ses profanes. (Ne I, p. 551.) Nos critiques desseins et renouveler ses promesses; pointilleux ont dit que si Dieu étoit qu'enfin, lorsqu'il a trouvé bon de les l'auteur de cette histoire, il n'auroit pas accomplir, il a envoyé son Fils unique permis que des écrivains, qu'il daignoit pour racheter le genre humain, et lui inspirer, tombassent dans aucune faute, donner de nouvelles leçons; que nous et fussent opposés les uns aux autres. importe de savoir en quel temps préciQuand on leur a répondu que la plupart sément ces divers événements sont arde ces fautes vraies ou apparentes pou- rivés; combien il s'est écoulé d'années voient être venues des copistes, et non entre l'un et l'autre ; à quelle époque de des auteurs sacrés, ils ont répliqué que l'histoire profane il faut les rapporter? Dieu devoit veiller d'aussi près sur les Cette connoissance serviroit sans doute copies que sur les originaux ; que des à satisfaire notre curiosité; nous ne écrits divinement inspirés devoient être voyons pas en quoi elle contribueroit à aussi divinement copiés. nous rendre meilleurs.

Ainsi, selon ces grands génies, dès que Dieu a voulu prendre la peine de

Sommes-nous beaucoup mieux instruits de la chronologie des autres nous instruire, il a dû nous donner non-nations que de celle des Hébreux ? Dans seulement les leçons nécessaires pour l'origine des sociétés, les peuples, unirégler notre foi et nos mœurs, mais quement occupés de leur subsistance, encore toutes les connoissances curieuses n'avoient le temps ni de composer dcs qu'il nous plairoit d'exiger, et nous ôter annales, ni de dresser des monuments. la peine de faire des études, des re- Rien de plus incertain que les premières cherches, des discussions pour les ac- époques de l'histoire chinoise; celle des quérir. Indiens est encore plus obscure; on n'est pas parvenu non plus à ranger, d'une manière incontestable, les dynasties des Egyptiens, ni à débrouiller les commencements de la monarchie des

Nous leur demandons en quoi un système exact et complet de chronologie, depuis la création jusqu'à nous, pourroit servir à perfectionner la foi ou les

Assyriens. Les Grecs n'ont appris à écrire que fort tard; on ne sait pas seulement avec certitude en quel temps Homère a vécu. Les premiers faits de l'histoire romaine ont paru fabuleux à plusieurs savants, et nous sommes forcés de commencer la nôtre au règne de Clovis. Si Dieu n'avoit pas suscité Moïse pour nous donner une foible connoissance des origines du monde, nous n'en saurions pas un mot, et nos philosophes, avec tous leurs talents pour la divination, n'auroient pu nous rien apprendre.

d'Israël et de Juda, et d'autres faits
particuliers: n'est-ce pas assez pour
nous faire présumer que l'on peut dis-
siper de même les autres embarras qui
peuvent encore se trouver dans l'his-
toire sainte ?

Le plus grand de tous est de concilier le texte hébreu avec la version des Septante et avec le texte samaritain, au sujet de la date du déluge et touchant l'âge des patriarches, avant ou après cette grande révolution. Suivant le texte hébreu, il ne s'est écoulé qu'environ six mille ans depuis la création jusqu'à nous, et le déluge est arrivé l'an du

en

Suivant leur opinion, des fautes contre la chronologie, la géographie et l'his-monde 1656. Les Septante ajoutent 1860 toire naturelle, sont la pierre de touche ans de plus à l'antiquité du monde; le pour juger de la fausseté d'une révé-pentateuque samaritain ne s'accorde lation. Il y auroit peut-être moins d'ab- avec aucun des deux. L'hébreu place le surdité à dire que c'est un préjugé pour déluge 2348 ans avant Jésus-Christ; les présumer qu'elle est vraie; parce qu'il Septante 3617; voilà près de 1300 ans est indigne de Dieu de communiquer de différence. Pour savoir d'où elle a pu aux hommes, par révélation, des con- venir, les savants se partagent. Les uns noissances qui n'ont jamais servi qu'à pensent que les Hébreux ont raccourci les rendre orgueilleux, indociles et in- exprès leur chronologie; mais on ne crédules. La vérité est que ces fautes peut pas deviner par quel motif, prétendues ne prouvent rien, tant que quel temps ni comment ils auroient pu l'on n'est pas en état de démontrer in- altérer tous les exemplaires du texte. vinciblement que ce sont des fautes: or, D'autres jugent que ce sont les Septante nos adversaires n'en sont pas encore qui ont allongé la durée des temps, venus à bout, à l'égard de celles qu'ils pour se rapprocher de l'opinion des croient trouver dans l'histoire sainte. Egyptiens, qui supposoient le monde Plusieurs savants leur ont fait voir qu'ils très-ancien. D'autres enfin ont donné n'en jugent ainsi que par ignorance, et la préférence au samaritain qui garde qu'il en est de même des contradictions. une espèce de milieu entre les deux autres monuments. Aucun de ces trois sentiments n'est fondé sur des preuves démonstratives.

Dans l'Histoire de l'astrologie ancienne, liv. 1, § 6; Eclaircis., 1. 1, S11 ct suiv., l'auteur a montré qu'en comparant les différentes méthodes selon lesquelles les divers peuples ont calculé les temps, les différentes chronologies s'accordent et ne diffèrent que de quelques années, touchant les deux époques les plus mémorables; savoir, la création et le déluge universel; que toutes se réunissent encore à supposer la même durée depuis le commencement du monde jusqu'à l'ère chrétienne, en suivant le calcul des Septante. Dans le Recueil de l'Académie des Inscriptions, il y a plusieurs mémoires dans lesquels on a très-bien réussi à éclaircir Jes difficultés touchant l'histoire des rois

Nos philosophes, plus habiles que tous les savants, ont fait profession de mépriser tous les travaux de ceux-ci; ils ont entrepris de créer une nouvelle chronologie, de fixer la durée du monde et les époques de la nature par des conjectures de physique, par l'inspection du globe, par les matériaux des montagnes, par la manière dont les lits en sont disposés, par les déplacements de la mer, etc. La question est de savoir s'ils ont deviné juste, si toutes les montagnes du globe sont faites comme celles qu'ils ont examinées, s'ils n'ont pas altéré les faits pour les faire cadrer

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avec leurs idées, etc. Déjà plusieurs physiciens ont fait voir que la plupart de leurs observations sont fausses. Lettres physiques et morales sur l'Histoire des montagnes et de l'homme; Etudes de la nature, etc.

Ceux qui ont voulu attaquer l'his toire sainte par des observations astronomiques, n'ont pas mieux réussi. Nous pouvons donc en toute sûreté nous en tenir à ce que l'Ecriture nous apprend. Voyez HISTOIRE SAINTE, MONDE, etc. CHRYSOSTOME (saint Jean,) ou bouche d'or, patriarche de Constantinople, et docteur de l'Eglise, fut ainsi nommé à cause de son éloquence : il a vécu au quatrième siècle. La meilleure édition de ses ouvrages est celle qu'a publiée le père de Montfaucon, en grec et en latin, cn 13 volumes in-folio, à Paris 1718.

Les censeurs des Pères ont reproché à saint Jean Chrysostome de s'être exprimé d'une manière scandaleuse sur la conduite qu'Abraham tint en Egypte à l'égard de Sara son épouse. Quand cette accusation seroit mieux fondée, ce n'étoit pas la peine de relever cette tache dans un corps d'ouvrages de 13 volumes in-folio, et dans un Père de l'Eglise, respectable d'ailleurs par la pureté de sa morale et par la modération de ses sentiments. Ce saint docteur n'a entraîné personne dans de fausses opinions de morale, et ses censeurs sont forcés d'avouer que si le fait d'Abraham étoit rapporté par Moïse avec toutes ses circonstances, probablement il seroit aisé d'excuser ce patriarche. Voyez Barbeyrac, Traité de la Morale des Pères, c. 14, § 24. Sans recourir à cette présomption, l'on peut voir dans l'article ABRAHAM, qu'il n'est pas fort difficile de justifier sa conduite.

D'autres ont trouvé mauvais que saint Jean Chrysostome ait condamné absolument le commerce. La vérité est qu'il l'a condamné, non absolument, mais tel qu'on le faisoit de son temps, c'està-dire, l'usure, le monopole, la mauvaise foi, les fourberies, les mensonges des marchands: s'il a cru que le commerce ne pouvoit pas se faire autrement, il s'est trompé sur un objet de politique,

et non sur les principes de la morale. D'autres enfin, plus téméraires, ont accusé le saint docteur d'avoir été d'un caractère inquiet, turbulent, austère à l'excès; de s'être attiré par humeur la persécution de l'impératrice Eudoxie et des courtisans, à laquelle il succomba. C'est une calomnie. Ce saint évêque n'avoit pas tort de désapprouver les assemblées tumultueuses de baladins, qui se faisoient auprès de la statue de l'impératrice, et qui troubloient l'office divin, ni de censurer les vices des courtisans. S'il avoit agi autrement, on l'accuseroit d'avoir fait bassement sa cour, et dissimulé des désordres auxquels il auroit dû s'opposer.

Mosheim convient que la conduite d'Eudoxie, de Théophile, patriarche d'Alexandrie, et des autres évêques qui déposèrent saint Jean Chrysostome pour plaire à cette princesse, et le firent condamner à l'exil, fut également cruelle et injuste; mais il dit que ce saint est blâmable d'avoir accepté le rang et l'autorité que le concile de Constantinople avoit accordés aux évêques de cette ville impériale; de s'être porté pour juge dans le démêlé qu'eut Théophile avec les moines d'Egypte; de s'être ainsi attiré mal à propos la haine et le ressentiment de cet évêque : le traducteur ajoute, dans une note, que ce même saint blâma d'une manière indécente Eudoxie d'avoir fait placer sa statue d'argent près de l'église.

Ici la prévention des protestants contre les Pères est palpable. A l'article NESTORIANISME, nous verrons qu'ils n'ont pas blâmé Nestorius d'avoir exercé la même autorité que saint Jean Chrysostome; au contraire, ils ont pris sa défense. Il se sont emportés contre saint Cyrille, qui cependant ne procéda point contre Nestorius, coupable d'hérésie, avec la même passion que Théophile son oncle avoit poursuivi saint Jean Chrysostome, dont l'innocence est connue. Il n'est pas vrai que celui-ci se soit porté pour juge entre Théophile et les moines de Nitrie, que ce prélat accusoit d'origénisme. Ils se réfugièrent à Constantinople; saint Jean Chrysostome

les accueillit avec bonté, leur fit rendre | toutes les austérités de la vie monastique ; qu'il exalta le mérite de la virginité et de la continence; qu'il fit envisager cet état comme plus parfait que le mariage; qu'il a parlé des secondes noces comme tous les autres Pères de l'Eglise; et dans tout cela nous soutenons qu'il a eu raison; que c'est pour lui un sujet d'éloge, et non de censure. Voyez BIGAMIe, Célibat, etc.

compte de leur foi, les admit ensuite à | la communion. Ce n'étoit pas là prononcer une sentence contre Théophile. Une preuve que ces moines n'étoient pas coupables, c'est qu'après la mort de saint Jean Chrysostome, Théophile les remit dans ses bonnes grâces, sans aucune formalité. Lui-même se repentit, au lit de la mort, d'avoir persécuté un saint, et voulut en avoir l'image auprès de son lit.

Saint Jean Chrysostome a mérité à tous égards, soit la réputation dont il a Il n'est pas plus vrai que ce saint se joui pendant sa vie, soit le culte qui lui soit emporté avec indécence contre l'im- a été décerné après sa mort. On ne peut pératrice Eudoxie; il ne déclama que contester ni ses talents, ni ses vertus contre le tumulte et les désordres aux-ni la sagesse de sa conduite; l'empereur quels le peuple se livroit autour de la Théodose II, fils d'Eudoxie, rendit pleine statue de cette princesse. Le père de justice à la mémoire du saint évêque, Montfaucon a prouvé la fausseté d'un et demanda pardon du crime de ses paprétendu discours attribué à saint Jean rents. Aucun autre Père n'a eu une plus Chrysostome sur ce sujet. parfaite intelligence de l'Ecriture sainte, et n'en a fait un usage plus judicieux. Il a été par excellence le prédicateur de la miséricorde de Dieu, et de la charité envers les pauvres. Peut-être seroit-il à souhaiter que l'on ne se fût jamais écarté du sens qu'il a donné aux épîtres de saint Paul. On sait avec quel respect saint Augustin a cité ce Père dans ses écrits contre les pélagiens, et la haute opinion qu'il avoit de son orthodoxie.

La liturgie de saint Jean Chrysostome est encore en usage dans l'Eglise grecque; nous en parlerons au mot LITURGIE. Voy. Tillemont, tome 11; Vies des Pères et des Martyrs, tom. 1; les OEuvres de saint Jean Chrysostome, tom. 13, etc. Il y a, dans le Recueil de l'Académic des Inscriptions, tom. 20, in-12, p. 197, un mémoire dans lequel le père de Montfautcon a fait le détail des mœurs et des usages du quatrième siècle, uniquement tiré des ouvrages de saint Jean Chrysostome.

Un incrédule de notre siècle, auteur d'un prétendu Tableau des Saints, qui n'est qu'un tissu d'invectives et de calomnies, ajoute aux reproches des protestants, que ce saint patriarche fut un chef de parti ; qu'il manqua de tendresse pour sa mère en la quittant; qu'il affoiblit sa santé par les austérités; que l'on fut obligé de l'exiler à cause de son orgueil et de son opiniâtreté; qu'il a condamné absolument les secondes noces, et a blâmé le mariage comme une imperfection; qu'il n'a prêché contre la persécution que parce qu'il étoit le plus

foible.

Il est constant néanmoins que saint Jean Chrysostome ne fut jamais à la tête d'aucun parti; c'est une absurdité de lui faire un crime de l'attachement que son peuple témoigna pour lui, lorsqu'il le vit injustement persécuté; pour prévenir toute espèce de sédition, ce saint évêque se déroba secrètement à son clergé et à son peuple, et exécuta sans murmurer les ordres de l'empereur. Il ne quitta sa mère que pour un temps, et il ne tarda pas de revenir auprès d'elle; il en a toujours parlé avec le plus grand respect, et cette mère vertueuse eut tout lieu de se féliciter de la gloire dont elle le vit couvert par ses talents et par ses succès. Nous convenons qu'il pratiqua

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CHUTE D'ADAM. Voyez ADAM. CIBOIRE. Vase sacré, fait en forme de grand calice couvert, qui sert à conserver les hosties consacrées pour la communion des fidèles dans l'Eglise catholique.

On gardoit autrefois ce vase dans une colombe d'argent suspendue dans le baptistère, sur le tombeau des martyrs,

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