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sur lui; elle ne le trouble point, mais elle l'éclaire; elle entraîne moins son ame

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qu'elle ne l'élève; jamais elle n'excite les passions dangereuses; elle porte toujours aux sentimens les plus nobles. Hé! quand, au milieu de cette foule de héros que la France a produits de nos jours, on voit le premier de tous appelé à la gouverner par une providence spéciale, travailler si constamment à son bonheur, qui pourroit méconnoître l'influence des longs souvenirs laissés par les tableaux touchans de ces deux orateurs (1), dont l'un nous présente des soldats aiguisant leurs sabres sur le marbre qui renferme la cendre de Maurice, et l'autre, le françois qui, descendu dans le tombeau de ses Rois, s'arrête devant le cercueil d'Henri IV ?

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De pareils sujets traités par de jeunes littérateurs que leurs premiers succès animoient à faire mieux encore donnoient aux séances de l'Académie un intérêt vraiment national. Les suffrages qui couronnoient le mérite, le tableau des belles

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(1) M. Thomas, dans l'éloge du maréchal de Saxe; M. de la Harpe, dans celui de Henri IV.

actions que le mérite avoit célébrées, les applaudissemens d'un auditoire nombreux et poli, tout inspiroit l'amour des lettres et l'amour de la patrie. Dans ces séances comme dans celles des réceptions, les Académiciens faisoient connoître leurs travaux par la lecture de morceaux choisis des ouvrages qu'ils devoient mettre au jour : ils fécondoient par leurs conseils le germe du talent. Les Rois (1) honoroient l'Académie de leur présence, et l'on vit dans ce temple des Muses, le Souverain s'entretenir avec le philosophe qui avoit refusé de vivre à la Cour (2).

(1) Le 3 décembre 1768, le roi de Danemarck; le 7 mars 1771, le roi de Suède, prirent séance à l'Académie françoise, et furent harangués, l'un par M. l'abbé Batteux, et l'autre par M. l'abbé de Radonvilliers.

En 1777, l'Empereur d'Allemagne avoit honoré de sa présence une séance particulière de l'Académie.

(a) M. le Comte du Nord (depuis Paul Ier.) et Mad. la Comtesse du Nord, assistèrent à la séance publique de l'Académie françoise du 27 mai 1782. M. d'Alembert parloit à la Princesse du nombre des séances qu'on tenoit chaque semaine, de celai des Académiciens; il ajouta qu'il avoit calculé qu'il en mouroit deux tous les trois ans. Monsieur, lui dit madame la Comtesse, de tous les calculs que vous avez faits dans votre vie, C'est le seul que vous n'auriez pas dú faire.

Le roi de Suède, Gustave III, venu à Paris sous le nom

Toutes les institutions en France devoient bientôt être ébranlées et détruites. Çelle même qui avoit eu tant d'influence sur nos mœurs, qui avoit fait de l'instruction un moyen général de plaire, de parvenir, comme de se consoler de l'oubli du pouvoir, ou des caprices, de la fortune, essuya les coups des réformateurs. La gloire eut aussi ses infidèles. L'existence de l'Académie fut attaquée par ceux dont elle avoit accueilli les premiers essais (1), pour leur donner des droits à une adoption qu'ils ambitionnoient, et sans doute l'historien de l'Académie, quand il sera parvenu à ce temps d'erreur et d'illusion, imitera le peintre ingénieux qui, mettant la vie d'un grand Prince (2) entre les mains de la Muse de l'histoire, lui fait détacher les feuillets sur lesquels sont écrites les actions que la Patrie peut reprocher à sa valeur.

de comte de Haga, étoit présent à la séance du 15 juin 1784, dans laquelle M. de Montesquiou fut reçu Académicien, et que présidoit M. Suard, aujourd'hui membre et secrétaire perpétuel de la classe de la langue et de la littérature françoises de l'Institut de France.

(1) Chamfort.

(2) Le grand Condé, peint à Chantilly,

L'interrègne des lettres alloit commencer. La dernière réception fut celle de M. l'abbé Barthélemi (1), qui venoit de donner le dernier bel ouvrage du siècle (2). L'émulation publique ne répondoit plus aux appels de l'Académie, qui, pour en soutenir le ressort, n'avoit pas cessé de présenter de beaux sujets à traiter (3), Le concours 1791 n'offrit aucun ouvrage en vers et en prose, digne d'être couronné, et pour nous servir des expressions de M. de Mar montel, parlant dans cette séance pour la dernière fois au nom de l'Académie, les Petits tourbillons disparoissoient dans le grand tourbillon (4).

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(1) 25 août 1789. (2) Anacharsis.

(3) L'éloge de Jean-Jacques Rousseau, un discours sur le caractère et la politique de Louis XI, et un autre sur l'influence de la découverte de l'Amérique sur les Nations européennes.

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(4) Le 8 août 1793, un décret de la Convention nationale supprima toutes les Académies et sociétés littéraires.

DE DISCOURS

Prononcés par Messieurs de l'Académie Françoise dans leurs réceptions;

Depuis l'établissement de l'Académie jusqu'à sa suppression.

DISCOURS.

Prononcé par M. PATRU le 3 septembre 1640, lorsqu'il fut reçu à la place de M. PORCHERES D'ARBAUD.

Messieurs,

Si je prétendois vous rendre ici des remercimens dignes de la grace que vous me faites je ne connoîtrois ni mes forces, ni le prix d'une si haute faveur, et qui passe de bien loin mes plus hautes espérances. A peine se pourroit - on acquitter d'un devoir si juste, avec toutes vos lumières, avec tous ces dons si précieux, dont le ciel vous a tous si heureusement partagés. Véritable

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