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de la péninsule; dans la seconde, qui est particulièrement littéraire, il étudie, en les analysant, trois drames célèbres en Espagne, le Cid, Roméo et Juliette et l'Infant don Carlos, et recherche, avec une remarquable sagacité, au moyen de citations nombreuses et de rapprochements ingénieux, quelle est la part qui revient à l'Espagne dans ces grands sujets traités par plus d'un poëte. A la fin du volume, M. de Latour prend occasion d'une Visite à l'Académie de Séville pour exposer la vie et apprécier les travaux du célèbre poëte Luis de Gongora.

Curiosités de l'étymologie française, avec l'explication de quelques proverbes et dictons populaires, par M. Ch. Nisard. Paris, L. Hachette, 1863, in-12 de LII-332 pages. Le but de M. Ch. Nisard a été de rechercher l'origine d'un grand nombre de mots et d'expressions employés tous les jours dans la conversation familière, sans que l'on se rende compte, bien souvent, de leur étymologie et, par conséquent, de leur véritable signification. Dans son Avant-propos, l'auteur examine dans quelle proportion les idiomes divers des peuples qui ont occupé tour à tour le sol de no're pays ont pu contribuer à la formation de la langue française. Il a, dans le cours de cet ouvrage, qu'on lira avec plaisir et intérêt, tiré grand parti de la lecture de nos vieux écrivains provinciaux, ainsi que de l'étude comparée des patois, qui a déjà fourni, depuis qu'on s'y est appliqué, plusieurs importants résultats à la science philologique.

De la peine de mort. - De la probabilité mathématique des jugements. De la justice criminelle en Toscane, par M. du Boisaymé. Marseille, imprimerie de V Marius Olive; Paris, librairie de Benjamin Duprat, 1863, in-8° de 184 pages. -- M. du Boisaymé, ancien membre de l'Institut du Caire, qui a pris une importante part à la rédaction du grand ouvrage sur l'Égypte, est mort en 1846, laissant un certain nombre de travaux inédits que sa famille, mue par une pensée d'utilité générale et de piété pour sa mémoire, s'est résolue aujourd'hui à publier. Le présent volume renferme, comme son titre l'indique, trois études sur l'application de la justice en matière criminelle, auxquelles les positions de l'auteur, comme magistrat, comme administrateur public et comme savant, donnent une certaine autorité. On pourra contester quelques-unes de ses appréciations; mais on devra reconnaître que son livre est écrit avec une chaleur quelquefois éloquente et un profond sentiment d'amour pour le bien. Il se prononce avec énergie pour l'abolition de la peine de

mort.

Dictionnaire général des lettres, des beaux-arts et des sciences morales et politiques, par M. Th. Bachelet, une société de littérateurs, d'artistes, de publicistes et de savants, et avec la collaboration et la codirection de M. Ch. Dezobry. Paris, librairie de Dezobry, grand in-8° de VIII-1860 pages à deux colonnes. Ce Dictionnaire doit former, avec le Dictionnaire général de biographie et d'histoire, déjà publié par les mêmes auteurs, et un Dictionnaire des sciences mathématiques et physiques, qui paraîtra plus tard, une sorte d'encyclopédie résumée. Bien que le plan de l'ouvrage soit nécessairement restreint, les écrivains choisis pour traiter chaque ordre de connaissances n'ont rien omis d'essentiel dans leurs articles, et ont pris soin, en général, d'en proportionner l'étendue à l'importance de la matière. Des indications bibliographiques assez nombreuses permettent de recourir aux sources pour une étude plus approfondie du sujet. On pourrait, d'ailleurs, signaler, dans plus d'un passage, la mesure et le goût qui ont présidé à la rédaction de cet utile réper

toire.

La Bibliothèque impériale et les Archives de l'Empire. Réponse au rapport de M. Ravaisson, par M. Natalis de Wailly, membre de l'Institut Paris, imprimerie de Laine

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et Havard, 1863, in-8° de 40 pages. En 1858, une commission nommée par le ministre de l'instruction publique avait été chargée «de se rendre un compte « exact de la situation de la Bibliothéque impériale, et de rechercher les améliora<«tions de toute nature qui pourraient y être introduites. » Cette commission proposa de transférer aux Archives de l'Empire toutes les chartes du département des manuscrits, ainsi que du Cabinet des titres, et de réunir au musée du Louvre le département des estampes. Mais le ministre, se défiant de ces innovations, se prononça pour le maintien de toutes les collections existant à la Bibliothèque impériale, et un décret du 14 juillet 1858 a consacré cette mesure. Cependant, le 22 avril 1861, le ministre d'État, dans les attributions duquel la Bibliothèque impériale venait d'être placée, désigna une nouvelle commission présidée par M. le maréchal Vaillant, et chargée : « 1° d'examiner si le fonds des chartes et diplômes, ainsi que le cabinet des titres et généalogies, ne devait pas être transféré aux Archives de l'Empire; 2° de rechercher quels seraient les matériaux, livres et documents possédés par les Archives, qui devraient être réunis aux collections de la Biblioathèque impériale.» Dans un Rapport très-étendu, M. Ravaisson, au nom de cette nouvelle commission, essaya de prouver qu'avant 1789 les pièces d'archives devaient être déposées dans le Trésor des Chartes, mais que Colbert, par des vues toutes personnelles, en fit entrer un grand nombre à la Bibliothèque royale, dont il voulait faire un nouveau Trésor; que les Archives de l'Empire ont droit aujourd'hui de reprendre à la Bibliothèque tous les documents de ce genre, y compris. le Cabinet des titres, et que cette mesure a été prescrite par un décret de Napoléon I en 1808. Ce rapport n'était pas entièrement conforme aux vœux de la majorité de la commission; il fut vivement combattu, et, sur l'avis de M. le maréchal Vaillant, les réclamations de M. le directeur général des Archives furent rejetées. Le ministre adopta la transaction proposée par M. l'administrateur général de la Bibliothèque, et un arrêté du 19 avril 1862, sans admettre aucune modification au décret de 1858, se borna à prescrire l'échange de quelques documents entre les Archives de l'Empire et la Bibliothèque impériale. Ainsi, à deux reprises, la Bibliothèque l'a emporté devant l'administration supérieure. Toutefois M. Natalis de Wailly, l'un des conservateurs de ce grand établissement, a pensé que cette cause, deux fcis victorieuse, avait besoin d'être plaidée encore devant le public. Dans le savant travail que nous annonçons, il réfute avec autant de modération que de solidité, les assertions contenues dans le Rapport de M. Ravaisson, et il démontre que le démembrement des collections du département des manuscrits de la Bibliothèque impériale, serait aussi peu conforme aux traditions du passé, qu'il serait préjudiciable à l'intérêt des études historiques.

Mémoire sur les fouilles exécutées à Santa-Sabina (1855-1857), par M. Descemet, correspondant de l'Institut archéologique de Rome. Paris, Imprimerie impériale, librairie de Benjamin Duprat, 1863, in-4° de 37 pages avec fac-simile et planches. -L'auteur de ce mémoire rend compte des découvertes auxquelles donnèrent lieu les travaux exécutés par les dominicains du couvent de Santa-Sabina, sur la pente rapide qui descend à l'ouest-nord-ouest de l'Aventin vers la Marmorata et le Tibre. Les fouilles, commencées en 1855, amenèrent des résultats importants qui ont été rangés dans ce travail sous trois titres différents. Dans la première partie, M. Descemet décrit les débris qui ont été reconnus d'une riche habitation du temps des premiers Césars, s'appuyant sur le vieux mur de Servius Tullius, et qui, remaniée probablement au Iv° siècle après Jésus-Christ, s'est confondue dans le palais des souverains pontifes au moyen âge. La seconde partie renferme la description de

beaucoup d'objets trouvés parmi les ruines, et de plusieurs inscriptions parmi lesquelles on remarquera un fragment des Actes du college des frères Arvales, écrit entre le v et le vi consulat de Commode, et dont M. Descemet reproduit le facsimile; enfin, dans la troisième partie, sont décrits deux systèmes de conduits souterrains, percés dans la masse même de l'Aventin, s'y ramifiant profondément, et y plongeant jusqu'à 30 mètres au-dessous du niveau du sol actuel.“

ANGLETERRE.

The Journal of the Royal Asiatic Society of Great Britain and Ireland, vol. XX, part. II. Londres, Bernard Quaritch, 1863, in-8° de 133 pages (135-268). — Cette nouvelle livraison du Journal de la Société asiatique de Londres contient deux intéressants mémoires dont voici les titres Texte et commentaire du mémorial de Sakya Buddha Tathagata, par Wong Puh, traduit du chinois par le Rév. S. Beale; Étude sur une inscription en pâli nouvellement découverte et sur d'autres inscriptions dans la même langue, par le professeur J. Dowson, de Royal Staff College.

TABLE.

La vie de Mahomet, par M. W. Muir. La vie et la doctrine de Mahomet, par
M. A. Sprenger. (2o article de M. Barthélemy Saint-Hilaire.)..

Pages.

401

Saint-Martin, le Philosophe inconnu, etc. par M. Matter.

La correspondance

inédite de L. C. de Saint Martin, etc. par MM. L. Schauer et Alph. Chuquet. (1 article de M. Franck.).

418

Bogdan Chmielnicki, par M. Nicolas Kostomarof. (6 et dernier article de M. P.
Mérimée.) . . . . .

432

Nouvelles littéraires. - Livres nouveaux...

454

FIN DE I.A TABLE.

DES SAVANTS.

AOÛT 1863.

de l'inventION DU CALCUL INFINITÉSIMAL.

La découverte du calcul infinitésimal a été pour la science mathématique le plus grand progrès qu'elle ait jamais fait et l'occasion des applications les plus variées et les plus inattendues. Les contemporains de Leibnitz et de Newton puisèrent dans leur exemple et dans l'étude de leurs méthodes la hardiesse d'aborder un grand nombre de questions qu'ils auraient naguère considérées comme insolubles, et le moyen de les résoudre facilement. Les premiers succès furent tels, que l'on put supposer toutes les difficultés de la science surmontées à l'avance et croire que les géomètres, sans être distraits plus longtemps par l'élaboration des mathématiques pures, pourraient, à l'avenir, se conformer au vœu de Leibnitz et tourner exclusivement leurs méditations vers l'étude des lois naturelles. Mais cette illusion ne fut pas de longue durée; avec des méthodes plus puissantes on aborda des problèmes plus difficiles, qui, malgré la fécondité des nouveaux principes, demandaient des efforts d'invention sans cesse renouvelés. Le champ des découvertes à faire, contemplé d'une plus grande hauteur, n'en parut que plus vaste, et les régions nouvelles que l'on put entrevoir s'étendirent, comme il arrive toujours, limitées seulement par le génie de ceux qui tentèrent de les explorer.

Les problèmes auxquels le calcul différentiel doit son origine étaient loin cependant d'être nouveaux. Les grandes découvertes surgissent ra

rement, on le sait, sans avoir été préparées. L'idée la plus neuve nait souvent d'une idée plus ancienne dont l'auteur lui-même n'a pas aperçu les conséquences, très-apparentes pourtant quand on les connaît à l'avance. Les principes du calcul différentiel n'échappent pas à cette loi : ils sont en effet tellement simples, qu'ils semblent s'établir d'eux-mêmes, et qu'on a besoin de les voir si féconds pour admirer le génie de ceux qui les ont énoncés les premiers en en montrant l'importance. Bien des anteurs plus anciens avaient employé, dans des cas particuliers, la méthode même à la découverte de laquelle devait s'attacher tant de gloire; ils se partagent l'honneur d'avoir posé les bases de l'édifice et contribué à l'accomplissement de ce grand ouvrage. Mais ce n'est pas notre intention de parcourir ici l'histoire des mathématiques pour y suivre cette trace que Leibnitz lui-même fait remonter jusqu'à Archimède1. Contentons-nous de dire, en ce moment, que la recherche des tangentes et celles des maxima et minima avaient souvent occupé les géomètres, et que l'on connaissait depuis longtemps le lien qui les unit, lorsque Leibnitz publia en 1684, dans les Acta Eruditorum de Leipzig, une note de six pages intitulée: Nouvelle méthode pour les maxima et minima ainsi que pour les tangentes, qui s'applique même aux fractions et aux quantités irrationnelles, avec un genre de calcul particulier pour ces questions. Voilà certes un titre bien modeste; on pourrait croire, en le lisant, que, la nouvelle méthode dispensant de chasser les dénominateurs et les radicaux, l'abréviation qui en résulte est son principal avantage; quoique les dernières lignes de l'article promettent des conséquences d'un ordre plus élevé, Leibnitz, en effet, ne semble pas savoir qu'il vient de révéler une des théories les plus déliées et les plus fécondes auxquelles l'esprit humain puisse atteindre.

Cette première note expose, en leur imprimant le caractère de règles générales, des méthodes qui, appliquées à un cas simple, auraient différé fort peu de ce qu'on connaissait. Fermat, dans la Théorie des maxima et minima, Barrow, dans ses Lectiones geometrica, Sluze, enfin, dans les Transactions philosophiques, avaient employé des principes analogues, et, sans pressentir la suite admirable de leurs conséquences, les esprits pénétrants en avaient déjà compris l'importance. Pascal, écrivant en effet à Sluze, en 1658, lui parlait des merveilles de la nouvelle analyse, et il semblait annoncer les théories nouvelles lorsqu'il disait : «Il y a

1

«Quod calculum differentialem attinet, fateor multa ei esse communia cum iis quæ et tibi et Fermatio aliisque, imo jam ipsi Archimedi erant explorata.» (Lettre de Leibnitz à Wallis, 29 décembre 1698.)

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