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recherches de M. Pictet est de démontrer que le polythéisme des Aryas, aux temps voisins de leur dispersion, avait été précédé par la croyance en un Dieu unique. En signalant ce savant ouvrage à l'attention des érudits, nous sommes loin d'affirmer qu'on y trouve la solution des problèmes nombreux que présentait une étude de ce genre; l'auteur ne se flatte pas d'être arrivé, sur tous les points, à des résultats définitifs; il a voulu principalement réunir des matériaux abondants pour les recherches futures, et on ne saurait lui contester le mérite de les avoir interprétés avec une remarquable sagacité.

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Histoire de la ville et de tout le diocèse de Paris, par l'abbé Lebeuf... nouvelle édition, annotée et continuée jusqu'à nos jours, par Hippolyte Cocheris, membre de la société impériale des antiquaires de France. Tome I. Paris, imprimerie de Renou et Maulde, librairie d'Auguste Durand, 1863, in-8° de 120-XXVII467 pages. Tous les amis des études historiques accueilleront avec intérêt cette reproduction de l'excellente Histoire du diocèse de Paris de l'abbé Lebeuf. M. Cocheris en donne le texte conforme à la première édition avec les notes de Lebeuf au bas des pages et les siennes à la fin de chaque chapitre. Le nouvel éditeur contrôle les opinions du savant abbé toutes les fois qu'elles ont été discutées; il complète, par des indications bibliographiques, les sources auxquelles l'auteur avait puisé; et il donne une notice succincte des événements arrivés depuis l'époque de Lebeuf jusqu'à nos jours. Parmi les additions utiles, qui recommandent cette nouvelle édition, on peut citer les listes des personnages enterrés dans les églises de Paris, publiées d'après le recueil inédit des épitaphes de ces églises, conservé dans plusieurs de nos grandes bibliothèques. Nous signalerons encore dans ce premier volume une notice étendue sur l'abbé Lebeuf et une liste de ses ouvrages. On ne peut que souhaiter le prompt achèvement de cette publication, qui comprendra sept ou huit volumes.

Histoire anecdotique de la jeunesse de Mazarin, traduite de l'italien, avec des notes historiques et biographiques, par C. Moreau, auteur de la Bibliographie des Mazarinades. Paris, imprimerie de Lahure; librairie de J. Techener, 1863; in-12 de XVI-271 pages. Cette biographie du cardinal Mazarin, écrite en italien par un contemporain, a été publiée pour la première fois à Turin, en 1855, dans la Revista contemporanea, d'après un manuscrit de la bibliothèque de l'Université de cette ville. M. Moreau en a rectifié le texte à l'aide de trois autres manuscrits conservés à la Bibliothèque impériale de Paris, et il nous donne une traduction complète de ce document curieux, qui, sans mériter toujours une entière confiance, sera utilement consulté pour l'étude du caractère de Mazarin et pour l'explication de sa merveilleuse fortune. On ne sait rien du biographe anonyme, si ce n'est qu'il était Romain et qu'il a été le compagnon de Mazarin dans son enfance et dans sa jeunesse. Son récit abonde en anecdotes intéressantes; mais il apprend peu de chose sur la vie publique du célèbre cardinal, et il fait mieux connaître l'homme que le ministre. M. Moreau ajoute à sa traduction des notes biographiques sur les personnages nommés par l'auteur, des éclaircissements historiques et quelques documents nécessaires à l'intelligence du texte, notamment la traduction d'une lettre de l'êvêque de Fréjus sur l'arrestation des princes en 1650.

ANGLETERRE.

Lectures on Jurisprudence being the sequel to « The province of Jurisprudence deter

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mined, to which are added notes and fragments, now first published from the original
manuscripts, by the late John Austin, esq. London, John Murray, 1863, vol. II,
VIII-486; vol. III, 408. — Ces deux nouveaux volumes, publiés par les soins pieux
de la veuve de l'auteur, complètent, avec le premier, les travaux de M. John Austin
sur la jurisprudence. Ils justifieront, auprès de tous les amis de la science du droit,
la réputation que l'auteur avait acquise; mais, en outre, ils auront un avantage dont
son âme eût été bien autrement touchée, ce sera de servir puissamment à la grande
réforme qu'entreprend le Parlement anglais dans la révision générale des lois du
Royaume-Uni. M. J. Austin avait dès longtemps réclamé cette réforme, et l'on re-
marquera, dans un fragment sur la Codification (tome III, p. 273), les indications
les plus précieuses pour l'accomplir dans toute l'étendue et avec toute la réserve
nécessaires. Ces trois volumes des œuvres de M. J. Austin seront tout ce qu'il aura
laissé; mais ils suffiront pour lui faire un nom durable en Angleterre et en Europe,
et pour le placer très-haut dans l'estime des véritables juges.

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Original sanskrit texts on the origin and history of the people of India, their religion
and institutions, etc. By J. Muir, D. C. H. LL. D. part fourth; London, 1863, in-8°,
XII-439. Textes sanscrits originaux sur l'histoire du peuple de l'Inde, sa religion
et ses institutions, par M. J. Muir, ancien employé du service de la compagnie des
Indes orientales au Bengale, 4' partie. M. J. Muir poursuit son œuvre avec per-
sévérance, el celte quatrième partie, qui forme un gros volume, contient un re-
cueil de textes originaux sanscrits sur la création du monde et sur quelques divi-
nités principales, Vishnou entre autres, Roudra et Ambika. Ces textes sont tirés
d'abord des Védas, puis des Brahmanas et des Pourânas, et enfin des poëmes épi-
ques, tel que le Mahabharata. C'est un service que M. J. Muir rend aux études in-
diennes en réunissant ces documents épars. On comprend mieux la théodicée hin-
doue en faisant tous ces rapprochements, devenus faciles grâce aux soins de M. J.
Muir, et aussi grâce au savant commentaire dont il a toujours accompagné les textes
qu'il publie.

TABLE.

Pages.

Tragicorum latinorum reliquiæ. (1er article de M. Patin.).

541

Voyage archéologique dans la régence de Tunis, par M. V. Guérin. (2a article de
M. Hase.)...

554

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De la variabilité dans l'espèce, etc. par M. Decaisne. (Article de M. Flourens.)...
La vie de Mahomet, par M. W. Muir. La vie et la doctrine de Mahomet, par
M. A. Sprenger. (4° article de M. Barthélemy Saint-Hilaire.). . . . .
Étude sur Malebranche, par l'abbé Blampignon. (2o et dernier article de M. Fran-
cisque Bouillier.).

Nouvelles littéraires - Livres nouveaux.

564

571

590

604

FIN DE LA TABLE.

DES SAVANTS.

OCTOBRE 1863.

Histoire natureLLE générale des règnes organiques principalement étudiée chez l'homme et les animaux par Isidore Geoffroy SaintHilaire. Paris, librairie de Victor Masson, place de l'Ecole-deMédecine, no 17, 1854 et 1856.

PREMIER ARTICLE.

S'il s'agissait d'un examen complet de l'Histoire naturelle générale des règnes organiques principalement étudiée chez l'homme et les animaux, nous déclarerions, sans hésitation, notre incompétence pour l'entreprendre. Mais l'auteur, loin de restreindre son sujet aux limites que le titre du livre semble prescrire, lui a donné une extrême extension, en parlant de la méthode scientifique d'une manière tout à fait générale; en avançant des propositions de philosophie à l'appui de jugements relatifs à des œuvres scientifiques et à leurs auteurs; enfin en professant des opinions assez différentes de celles que nous avons énoncées dans ce journal sur la méthode expérimentale, l'histoire des sciences en général et en particulier sur l'alchimie, dont tant d'esprits se sont occupés depuis Géber (1x siècle) jusqu'au xvir siècle! Cette extension donnée à un sujet spécial explique donc pourquoi nous allons parler d'un ouvrage qui, par son titre, aurait pu paraître étranger à nos études. En signalant à nos lecteurs les points sur lesquels nos opinions ne s'accordent pas avec celles d'un zoologiste distingué que la mort a enlevé, jeune encore,

à sa famille et à de nombreux amis, notre intention n'est point de faire une critique, à proprement parler, d'opinions qui ne sont pas les nôtres, mais de donner les motifs que nous avons de ne pas les admettre, laissant aux savants que ces points de doctrine intéressent toute liberté pour se décider dans un sens ou dans l'autre. Le premier volume de l'Histoire naturelle générale des règnes organiques, qui a paru en 1854, se compose d'une préface, d'une introduction historique, et d'une première partie intitulée PROLEGOMÈNES : le deuxième volume, publié en 1856, comprend la deuxième partie divisée en deux livres, dont le premier est consacré aux règnes organiques et le deuxième à l'espèce considérée dans les étres organisés.

Nous consacrerons trois articles à l'ouvrage de M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire.

Le premier comprendra l'examen de sa manière d'envisager l'analyse et la synthèse dans les sciences naturelles; le second, l'examen de sa classification des espèces zoologiques en séries, qu'il qualifie de paralléliques; nous le ferons précéder de quelques considérations sur la classification des sciences; enfin le troisième article, limité à l'examen du premier chapitre du deuxième volume, aura pour objet de savoir s'il est vrai, comme l'affirme M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, que les alchimistes ont les premiers distingué la nature en trois groupes ou règnes, et si, en outre, ils ont considéré les minéraux comme des corps vivants, de sorte que les trois règnes n'auraient compris que des corps doués de la vie, à l'exclusion d'un règne inorganique.

$ Ier.

De l'analyse et de la synthèse dans les sciences naturelles.

Depuis que nous nous occupons de science, au double titre d'étudiant et de professeur, nous avons toujours senti le besoin des idées précises représentées par des définitions claires et rigoureuses. Plus que personne nous avons été frappé des inconvénients d'un état de choses contraire à celui que, de tout temps, nous avons souhaité; car nous déplorons la propagation chez les gens du monde d'idées inexactes, quand elles ne sont pas erronées, dont la source se trouve dans une science prétendue popularisée; en même temps que nous mesurons la grandeur des obstacles élevés par cette prétendue science pour éloigner du but les esprits sérieux, qui, par goût ou par besoin, aspirent à la connaissance d'un savoir précis, propre à leur faire distinguer le vrai,

le certain, de ce qui est obscur ou confus, problématique ou ignoré. L'analyse et la synthèse, telles que nous les avons définies dans ce journal et telles que nous en avons fait usage dans nos recherches de chimie et de la physiologie des sens, nous ont toujours paru faciles à comprendre, de manière à prévenir tout mécompte, tout malentendu et toute erreur, dans l'application qu'on peut en faire à un sujet de recherche quelconque, lorsque l'esprit, aspirant à la vérité, libre de toute idée hypothétique, n'a l'intention ni de donner le change en faisant croire à des découvertes imaginaires, ni de relever une chose ou une personne aux dépens d'une autre.

Que l'on veuille bien suivre le développement d'une idée répandue dans les diverses parties dont se compose l'ouvrage de M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, et l'on verra la synthèse préconisée outre mesure aux dépens de l'analyse; le passé de la science, sacrifié au présent, parce qu'on nomme les temps passés période de confusion et période d'analyse, tandis que le présent est la période de synthèse ou d'association; et tel homme, qu'on dit appartenir à celle-ci, est exalté, tandis que tels autres sont abaissés, par la raison qu'ils n'auraient pratiqué que l'analyse.

Voilà les idées que professe M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, et que nous ne pouvons admettre en prenant en considération la méthode philosophique, l'histoire de la science, et la justice lorsqu'il s'agit de prononcer sur les œuvres scientifiques et sur les génies respectifs de leurs auteurs.

Nous ne connaissons pas d'ouvrage dont l'examen présente plus de difficulté à la critique que l'Histoire naturelle générale des règnes organiques, par la raison qu'aucune opinion dominante n'a présidé explicitement à la composition du livre, et que, sur les choses comme sur les personnes, on y trouve des opinions, sinon contraires du moins fort différentes, de sorte que, s'il arrive au critique de blâmer une opinion, on pourra lui en opposer une du même auteur pour montrer le peu de fondement du blâme. Quoi qu'il en soit, nous ne demandons qu'une seule chose au lecteur, c'est de vouloir bien reconnaître que les propositions sur lesquelles portent nos observations sont bien explicitement énoncées dans l'Histoire générale des règnes organiques.

Rien de plus légitime que les sentiments de l'amour filial; mais, tout louables qu'ils sont, ne mettent-ils pas obstacle à ce que justice soit rendue par celui qui veut écrire l'histoire d'une science contemporaine, où le père de l'historien est partie intéressée dans des débats qui ont partagé de célèbres savants? Tout est louable, sans doute, dans un monument écrit que le fils consacre à la mémoire de son père, pour mon

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