Images de page
PDF
ePub

CONGRE

La Congregation de Cadoüin eut pour Fondateur le GATIONS DE Bienheureux Giraud de Sales ; & le Bienheureux Robert SAVIGNI.DE d'Arbriffel voulut bien y contribuer, puifqu'il lui ceda le IT DE CA- lieu de Cadouin, avec le confentement de l'Abbesse & des

S SULPICE,

DOUAN.

Incarnatione Domini 1120......

[ocr errors]

Religieufes de Fontevraud l'an 1115. On y avoit déja com-
mencé un Monaftere de cet Ordre; mais le Bienheureux
Giraud de Sales y mit des Religieux de fon Institut, aus-
quels il donna les Coûtumes de Cîteaux. C'eft ce qui paroît
par le titre de la fondation de l'Abbaïe de l'Abfie en Gaf-
tine, qui étoit un Monaftere de cette Congregation,où il eft
marqué qu'elle fut fondée l'an 1120. fous la Regle de faint
Benoît & l'Institut des Peres de Cîteaux, par le Venerable
Giraud, qui y mit pour Abbé un de fes Disciples: Anno ab
fundatum eft Canobium S.
Maria Abfia in primam Abbatiam pagi Pictavienfis, fecun-
dum Regulam S. Benedicti, & Inftitutum patrum probatissi-
morum Ciftertienfium Monachorum à Magiftro Venerabili
Giraudeo. Et cet Acte fut paffé en présence des Abbés de
Cadouin & de Bournet. Ce dernier Monaftere avoit été auffi
fondé par
le même Giraud de Sales l'an 1113. Pavillon dit
qu'il y avoit feize célébres Maisons de cet Ordre. Il nomme
entre les autres Grand-Selve, au Diocéfe de Toulouse,
Gondon, dans celui d'Agen, Dallone, au Diocéfe de Li-
moges, Bournet, dans le Diocéfe d'Angoulême, Font-
Douce & Chartres, au Diocéfe de Xaintes, l'Abfie, Châte-
lieres & Bonnevaux, au Diocéfe de Poitiers, & le Prieuré
de Bragerac, qui, comme nous avons dit,paffa à l'Ordre de
Fontevraud. Mais il faut retrancher de ce nombre Grand-
Selve & Chartres: car Pavillon dit que le Bienheureux
Giraud de Sales fonda l'Abbaïe de Grand-Selve: cepen-
dant elle ne fut fondée que l'an 1144. felon MM. de Sainte-
Marthe; & Giraud mourut l'an 1127. felon le Martyrologe
de Fontevraud: Pavillon pourroit bien avoir pris Sauve-
Majour, en Latin Silva-Major, qui fut fondé par un autre
Geraud ou Girard l'an 1077. pour Grand-Selve, en Latin
Grandis-Silva. L'Abbaïe de Chartres fut auffi fondée en
1144. non pas fous la Regle de faint Benoît, mais fous celle
de faint Auguftin. Il y avoit dans cette Congregation des
Monasteres de Filles; mais les Religieux n'y demeuroient
pas comme dans ceux de Fontevraud, & elle étoit plûtôt

[ocr errors]

DE TIRON.

femblable à celle de Savigni. L'on ne fçait rien de particu- CONGRE lier de la Vie de ce Fondateur: on a feulement la date de fa GATION mort, qui eft marquée au 9. d'Août de l'an 1127. dans le Martyrologe de Fontevraud. Quelques Monafteres font paffés à l'Ordre de Cîteaux, quelques-uns fous la filiation de Clairvaux, d'autres fous celle de Pontigni, & il y en a qui ont confervé feulement la Regle de faint Benoît, & quel ques Ecrivains difent que Dallone étoit Chef de Congrega

tion.

Chronic. Malleacenf. ad annum 1120. Pavillon, Vie du Bienheureux Robert Sainte Marthe, Gall. Chrift. Fleury Hift. Ecclef. Tom. XIV.liv.66. & Lobineau, Hift. de Breta gne, liv. 4.

CHAPITRE X V.

De la Congregation de Tiron, avec la Vie du Bienheu reux Bernard d'Abbeville, Fondateur de cette Congre gation.

LA

A Congregation de Tiron qui a été auffi regardée commeun Ordre particulier, eut pour Fondateur le Bienheureux Bernard qui fut encore un des Difciples du Bienheureux Robert d'Arbriffel, comme nous avons dit dans les Chapitres précedents. Il vint au monde vers l'an 1046. dans le territoire d'Abbeville au païs de Ponthieu, de parens honneftes, pieux & grands Hofpitaliers, qui felon leurs moïens recevoient les pauvres & les foulageoient dans leurs befoins avec beaucoup de charité. Ils eurent un foin particulier de faire élever Bernard dans la vertu & dans les Lettres où il fit de grands progrès. Dès fes plus tendres années il fit paroître un fi grand amour pour la vie Religieufe, qu'il vouloit imiter les Religieux jufques dans leurs habits: ce qui lui attira la rifée de fes compagnons. Mais il s'éleva au deffus des railleries, & à l'âge de vingt ans il quitta fon païs & alla en Poitou avec trois de fes compagnons, qui touchés du même défir que lui, cherchoient à fe retirer dans un Monaftere où la régularité fût exactement obfervée.

Ils s'arrêterent à Poitiers quelque tems, pendant lequel ils s'informerent des Obfervances Régulieres, qui étoient en

CONGRE- pratique dans les Monafteres de cette Province. Il y en avoit GATION DE un aux environs de Poitiers fous le nom de faint Cyprien,

TIRON.

dit vulgairement faint Cyuran, dont Rainaud, qui avoit été Disciple de Robert Fondateur de celui de la Chaise Dieu, étoit Abbé. Il y avoit auffi dans le même Monaftere plufieurs Religieux de maifons nobles, qui fe rendoient encore plus recommandables par l'éclat de leurs vertus, du nombre defquels étoit Hildebert, qui fut enfuite Abbé de Bourghde-Deols fur l'Indre & Archevêque de Bourges, auffi-bien que Gervais, qui fut Abbé de faint Savin, & Garnier qui avoit été Seigneur de Montmorillon. Bernard excité par leurs exemples, fe joignit à eux & reçut l'habit Monaftique des mains de l'Abbé Renaud. Gervais, dont nous avons parlé, aïant été demandé pour être Abbé de faint Savin à douze lieuës de Poitiers fur la Gartemble, ne voulut point accepter cette Charge qu'on ne lui eût donné Bernard pour travailler avec lui au rétablissement de la Difcipline Réguliere, dont les Religieux de cette Abbaïe s'étoient éloignés. On lui accorda donc Bernard qui à l'âge de trente ans fut fait Prieur de ce Monaftere. Il eut beaucoup de part au rétabliffement des Obfervances Régulieres: mais il eut aupara vant beaucoup à fouffrir de l'Abbé Gervais & de fes Religieux qui ne faifoient point de fcrupule de recourir à des moïens fimoniaques pour procurer à leur Monastere une Eglife qu'ils vouloient lui foûmettre. Il y eut même un Religieux qui eut la hardieffe de le fraper ; mais Dieu vengea l'injure faite à fon ferviteur: car ce Religieux qui avoit ofé mettre la main fur lui mourut fur le champ. La perfevérance de Bernard, fon zele, fa douceur, fon humilité, fon affiduité à l'Oraison, sa fidelité à remplir tous fes devoirs gagnerent enfin le cœur des Religieux les plus obftinés ; ils changerent de vie, & fe foûmirent à la Réforme ; & nôtrẹ Saint après avoir donné vingt ans de fes foins & de fes veilles au rétablissement fpirituel de cette Maifon en qualité de Prieur, voïant que les Religieux vouloient le choifir pour remplir la place de Gervais,qui étoit mort dans la Palestine, il fe retira, pour éviter cet honneur, & fe cacha quelques tems dans une folitude du Maine, où demeuroient plufieurs Solitaires fous la conduite des Bienheureux Robert d'Arbriffel, Vital de Mortain,& Raoul de la Futaïe. De-là il paffa

ز

aux extrémités de la Bretagne,dans la prefqu'Ifle de Chauf- CONGRE fey fur la côte Septentrionale.

GATION DI
TIRON.

Etant revenu enfuite dans fa premiere folitude dans le Per che, il y fut rencontré par Rainaud Abbé de faint Cyprien, qui l'obligea de retourner avec lui dans fon Monaftere, dans le deffein de le faire élire pour fon fucceffeur. En effet cet Abbé étant mort quatre mois après, Bernard fut élû Abbé de ce Monaftere, qu'il quitta quelque tems après à cause que les Religieux de Cluni prétendoient le foûmettre à leur jurifdiction. Il alla rejoindre le B. Robert d'Arbriffel qu'il accompagna dans fes Miffions Apoftoliques. Il fut enfuite à Rome pour défendre les droits de fon Monaftere de faint Cyprien. 11 obtint ce qu'il demandoir, & refufa la dignité de Cardinal qui lui fut offerte par le I ape Pafchal 11. mais quoique le Pape l'eût rétabli dans fon Office, dont il l'avoit privé à la follicitation des Religieux de Cluni, il ne voulut pas néanmoins retourner dans fon Abbaïe : il aima mieux se retirer dans fon ancienne folitude dans le Perche,où le Comte de Rotrou lui donna un lieu nommé Arciffes pour y bâtir un Monaftere. Ce lieu qui eft très agréable entouré de bois, & arrofé de plufieurs fontaines, qui couloient dans de grandes prairies, n'étoit éloigné de Nogent le Rotrou que d'un mille; & comme les Religieux de Cluni y avoient déja un Monaftere, Beatrix mere du Comte de Rotrou appréhendant que le voifinage de ces deux Monafteres ne caufât des querelles entre ces Religieux, perfuada à fon fils d'établir plûtôt Bernard & fes Difciples dans le bois de Tiron. Ce fut-là que Bernard jetta l'an 1109. les fondemens du Monaftere, qui a donné le nom à sa Congregation. Il ne fut d'abord bâti que de bois ; Yves de Chartres Evêque de ce Diocêse favorisa cet établissement, & Bernard y dit la premiere Messe le jour de Pâques fuivant.

Ce que la Comteffe du Perche avoit voulu éviter en empêchant que fon fils ne donnât la Terre d'Arciffes à Bernard & à fes difciples,arriva néanmoins, quoique ce Prince les eût établis en un autre endroit: car les Religieux deCluni prétendirent recevoir la dixme de ce lieu, & avoir droit fur les mortuaires. Mais Bernard qui ne cherchoit qu'à fervir Dieu dans un efprit de paix, de charité & de renoncemment à toutes chofes, aima mieux leur abandonner entiere

GATION DE

TIRON.

CONGRE ment le Monaftere, & alla trouver l'Evêque de Chartres, auquel il demanda quelques-unes des terres qui appartenoient à fon Eglife pour y conftruire un Monaftere: ce Prélat du confentement de fes Chanoines, leur accorda un efpace de terre fur la riviere de Tyron. Souchet qui rapporte la Charte de cette donation en date de l'an 1113. (& que les Continuateurs de Bollandus prétendent n'être que de 1114.) croit néan.noins que ce premier Monaftere, que Bernard abandonna, avoit été bâti dans la Paroiffe de Brunelle, qui dépendoit du Monastere de Nogent le Rotrou, & non pas à Tiron où ces Religieux n'ont jamais eu aucun droit. Quoiqu'il en foit, fi tôt que notre Saint eut obtenu le terrain, il y bâtit un Monaftere, qui fut en peu de tems rempli d'un grand nombre de Religieux, qui s'eftimoient heureux d'y fervir Dieu fous fa conduite. Il y recevoit tous ceux qui avoient un veritable defir de fe convertir, & il vouloit qu'on y exerçât toutes fortes d'arts, tant pour en bannir l'oifiveté, (mere ordinaire de tous les vices) que pour lui procurer les choses néceffaires à la vie, qui n'y étoient pas en abondance dans ces commencemens. C'eft pourquoi il y avoit des Peintres, des Sculpteurs, des Menuifiers, des Serruriers, des Massons, des Vignerons & des Laboureurs, qui obéiffoient au commandement d'un ancien, & tout leur profit fe mettoit en commun pour l'entretien des Religieux: ce qui étant joint à tous les exercices de pieté & de mortification qui font l'ame & le fondement de la vie Religieufe le faint Fondateur fut regardé comme le reftaurateur de l'Ordre de faint Benoît, dont il faifoit revivre le premier efprit ; de forte que fa Congregation ( qui conferva le nom du premier Monaftere qu'elle poffeda) fut regardé comme une excellente réforme de cet Ordre, par la regularité de fes Obfervances, qui étoient telles qu'elles avoient été dans fon commencement à Cluni, en Bourgogne, à Cave, en Italie, & en Sicile, & à Sauve-Majour en Guïenne. Dieu

donna une fi grande benediction, qu'elle eut environ foixante & cinq maifons de fa dépendance, tant Abbaïes que Prieurés, & environ trente Eglifes Paroiffiales.

M. Baillet dit que le Bienheureux Vital de Mortain fut fr touché de l'excellence de ce nouvel Inftitut,qu'il voulut fou mettre à l'Abbaïe de Tiron tous les Monafteres & toutes

« PrécédentContinuer »