GATION DU MON T DE SAINTI JSTINE DI CONGRI- Abbés Commendataires ne fe mêleroient plus du fpirituel, & qu'aprés leur mort la Congregation auroit une entiere auCASIN, ET torité fur ces Monafteres où elle mettroit tel Superieur que bon lui sembleroit & que les Religieux qui y feroient profe f PADOUE. fion promettroient obéïffance à la Congregation. Il en accepta quelques-uns à ces conditions ; le premier fut l'Abbaïe de fainte Marie de Florence dont un certain Nicolas Vafcon étoit Abbé Commendataire. C'étoit un homme violent & emporté qui avoit toûjours les armes à la main & qui étoit à la tête de plufieurs fcelerats qui étoient les compagnons de fes crimes: mais aïant été touché par les difcours de Barbo dans une converfation qu'il eut avec lui, non feulement il lui donna son Abbaïe ; mais il prit l'habit de l'Ordre de faint Benoît & mourut faintement dans le Monaftere de Padouë. La Congregation augmentant tous les jours, Louis Barbo en demanda la confirmation au Pape Martin V. l'an 1417. lorfque ce Pontife paffa par Milan, à fon retour du Concile de Conftance, où il avoit été élu, ce qui lui fut accordé sans difficulté. La Congregation fit enfuite de nouveaux progrès, on lui donna la célébre Abbaïe de faint Benoît de Polirone dans le Duché de Mantouë. Les Religieux de Cluni la posfedoient, & n'y vivoient pas avec plus de régularité que dans les autres Monafteres. Gui de Gonzague en étoit Abbé Commendataire, il avoit fouvent exhorté ces Religieux à réformer leurs mœurs corrompuës; mais fes exhortations n'aïant eu aucun effet, il follicita Martin V. d'unir ce Monastere à la Congregation de fainte Justine de Padouë. L'union de cette fameuse Abbaïe lui donna beaucoup de luftre qui augmenta encore davantage par l'union qui y fut faite de la Bafilique de faint Paul à Rome & de faint Georges le Majeur à Venife, de faint Sixte à Plaifance & de plufieurs autres fameux Monafteres. Le nombre en étant beaucoup augmenté, on tint le premier Chapitre Général l'an 1424. dans l'Abbaïe de faint Benoît de Polirone où Louis Barbo fut élu pour premier Préfident Général de la Congregation, & tous les ans on tint de pareils Chapitres Généraux : ce qui fut encore approuvé par Martin V. qui accorda beaucoup de privileges à cette Congregation & permit de faire de nouvelles Constitutions. Eugene IV. lui accorda d'autres pri ¡vileges MONT DE SAINTE vileges & fit des Reglemens pour les Chapitres Généraux. CONGRE- Cette Congregation a porté le nom de fainte Justine de Padouë jufqu'en l'an 1504. que le Monaftere du MontCaffin y aïant été uni après la démission qu'en fit le Cardinal de Medicis qui en étoit Abbé Commendataire, & qui fut Pape dans la fuite fous le nom de Leon X. le Pape Jules II. voulut qu'elle quittât le nom de fainte Juftine pour prendre celui du Mont Caffin qui étoit Chef de tout l'Ordre, & qu'on l'appellát à l'avenir la Congregation du Mont-Caffin autrefois de fainte fuftine: elle a environ quatre-vingt quinze Monasteres célébres,& environ une centaine de petits de la dépendance de ces célébres. Entre ces petits Monafteres il y en a environ une trentaine où il n'y a que des Abbés Titulaires qui n'y font pas même leur réfidence. Tous ces Monafteres font divifés en fept Provinces qui font celles de Rome, de Naples, de Sicile, de Tofcane, de Venise, de Lombardie & de Gennes. Le Monaftere de Lerins en Provence eft auffi de cette Congregation & de la Province de Toscane. Il y a auffi des Monafteres de filles qui dépendent de cette Congregation. Tous les Abbés fe fervent d'ornemens Pontificaux, même les Abbés Titulaires & donnent les quatre mineurs à leurs Religieux. Le plus célébre Monaftere de cette Congregation eft celui du Mont-Caffin, dont nous avons déja amplement parlé dans le Chapitre V. du cinquiéme Tome, & qui furpaffe par fa magnificence tous les autres Monafteres d'italie. Celui de fainte Juftine de Padouë peut tenir le fecond rang. IL Tome VI. G g CONGRE renferme fix cloîtres, plufieurs cours & jardins. L'Eglife, qui eft très grande,eft pavée de marbre noir,blanc & rouge: CASSIN, ET la couverture de l'Eglife eft chargée de neuf dômes. Il ne fe JUSTINE DE peut rien voir de plus beau que le Maître- Autel. Il ya GATION DU DE SAINTH PADOUE. dans cette Eglife vingt-quatre Chapelles de marbre,dont tous les deffeins font differens; & l'on prétend que cette Abbaïe a foixante mille ducats de revenu. Celle de faint Benoît de Polirone, à douze milles de Mantouë, eft d'une vafte étenduë. Il y a un clos de quatre milles de tour. Les Religieux y font toûjours an nombre de cent Prêtres & quarante Freres. Ils font Seigneurs fpirituels & temporels de plufieurs villages, & Curés primitifs de trente huit Paroiffes, qu'ils peuvent tenir eux-mêmes, auffi-bien que celles qui dépendent des autres Monafteres de cette Congregation, en vertu des privileges qui lui ont été accordés par les fouverains Pontifes. Cette même Abbaïe de faint Benoît poffede autant de terres que trois mille paires de bœufs en peuvent labourer. Celui de faint Severin de Naples eft auffi très magnifique. Il y a lly trois beaux cloîtres, dont l'un eft orné de peintures exquifes à fresque, & un autre eft de marbre blanc de Carare, à colonnes d'ordre Dorique. Le Dortoir répond à cette magnificence. L'Eglife eft auffi très belle. Le Maître- Autel eft Ifolé, entouré d'une balustrade de marbre. Le pavé du Chœur eft auffi de marbre; les ftalles des Religieux qui font de bois de noïer à feuillages, & tournés chacun d'une maniere differente, ont couté feize mille écus. Nous avons déja parlé du Monaftere de Cave, & de quelques autres qui ont été unis à cette Congregation, auffi bien que l'Eglife de Montreal en Sicile, où les Religieux de cette Congregation tiennent lieu de Chanoines, Leurs Constitutions furent de nouveau approuvées par le Pape Urbain VIII. l'an 1642. Conformément à ces Conftitutions,ils ne doivent point manger de viande au Refectoires mais les Superieurs en peuvent manger avec les Hôtes de la Congregation & les Anciens, & les Prêtres de la Maifon dans la chambre de l'Abbé: ils en peuvent auffi manger en voïage & hors le Monaftere avec permiffion. Il y a neanmoins quelques Monasteres où on en mange trois fois la femaine.comme dans ceux de faint Paul à Rome, fainte Marie de Farfe, faint Nicolas du Lido à Venife, & dans celui d'Ast,à cause |