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scandaliseraient, ou qui terniraient leur âme jusque-là innocente? Mais, dans la communion, n'est-ce pas ce même Jésus qui appelle à lui les enfants, qui dit aux prêtres ces douces paroles: Sinite parvulos ad me venire.

On peut nous répondre que le sacrement de pénitence aura purifié celui qui aura eu le malheur de maculer la robe blanche de son baptême. Pour nous, nous serions porté à croire que l'enfant pur, exempt, non point de fautes légères, mais du péché qui souille l'âme, aurait plus que l'autre la prédilection du Sauveur, si marquée au saint Évangile. D'ailleurs, nous en appelons aux observations que nous avons faites, et qui nous ont montré que les fruits de la première communion avaient été d'autant plus abondants, qu'il y avait eu, non pas plus d'ouverture d'esprit et d'instruction, mais plus de candeur et d'innocence. Car ce que Dieu demande de nous dans cet acte suprême, c'est bien moins l'intelligence de ses attributs, que notre affection sans partage. Mais plus vous rapprochez ce sacrement de l'âge des passions, plus vous exposez le communiant à ne donner à Jésus-Christ qu'un cœur partagé.

Il nous semble que la première communion convient admirablement au passage de l'enfance à l'adolescence. C'est le ciel qui initie l'enfant à un autre âge, à une autre vie, au monde où il va faire un premier pas. Notre religion catholique n'est-elle

pas aussi la tutrice de la nature? Comme il est certain que la nature crée une différence entre l'enfance et l'adolescence, la religion n'est-elle pas là pour présider au passage de l'une à l'autre, pour donner à l'enfant la force de l'adulte?

SECTION II.

DES RÉFORMES DANS L'ÉDUCATION
DE L'ADOLESCENCE.

OBSERVATION.

Tout ce que nous avons dit touchant l'éducation de l'enfance, est aussi bien applicable à un sexe qu'à l'autre ; mais il n'en sera point de même dans ce que nous allons dire sur l'éducation de l'adolescence, nous y avons surtout en vue l'éducation scholaire, qui ne peut convenir aux demoiselles.

CHAPITRE PREMIER.

Motifs des réformes.

Après nous être efforcé de faire l'enfant chrétien, irons-nous le saturer de paganisme? On ne doit pas s'y attendre, car ce serait une criante contradiction; et ceux même qui tiennent le plus à l'éducation classique et semi-païenne des colléges, seraient trop en droit de nous critiquer. De ce côtélà, nos adversaires n'auront point prise : nous ne capitulerons pas avec nos principes, nous ne transigerons pas avec le Christianisme; l'Évangile, qui en

est la pierre angulaire, repousse les transactions et les accommodements.

Nous disons donc tout de suite: on ne peut servir deux maîtres; on ne peut mettre l'intelligence de l'adolescent au service de la vérité et de l'erreur. Cela étant, nous choisissons la vérité.

Pour si brillante que soit l'erreur, elle n'en est pas moins l'erreur, elle n'en est pas moins l'obscurcissement et la dégradation de la raison; et nous la repoussons. La vérité chrétienne, ou simplement la vérité, car il n'en est point d'autre que celle que Jésus-Christ est venu apporter au monde, - est la réhabilitation de la raison, la rénovation de l'homme, et nous l'embrassons avec une effusion d'amour qui déborde notre cœur.

Nous nous prononçons donc de suite contre l'éducation du collége ou du lycée. D'abord, pour ce motif que nous aimons la vérité, et que, la voulant faire aimer autant qu'elle nous paraît aimable, nous ne commencerons point par enseigner l'erreur, c'est-à-dire par blesser et comme percer au cœur celle que nous aimons.

Qu'est-ce que vous mettez, en effet, aux mains des lycéens? Des fables, des fictions de poëte, de l'histoire vraie et fausse, force mythologie, force coutumes, mœurs et superstitions païennes, et surtout force amours et passions impures; et tout cela à la fois c'est un pêle-mêle hideux de toute sorte de connaissances hideuses au point de vue de

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la morale et de la religion. Et il nous serait impossible de suivre toutes les variations de ces études, qui vont comme au gré du caprice et des flots; car elles ne se lient ni ne se coordonnent, et ne sont point non plus appropriées à l'âge, au progrès, à la croissance naturelle de l'esprit.

Dieu m'est témoin que je gémis, que j'ai des larmes dans le cœur et dans les yeux à la vue et comme au toucher du mal que l'éducation lycéenne fait à la jeune génération; mais qu'au fond de mon âme, je n'ai point à désavouer de pensée ni de sentiment hostiles aux personnes : non, rien qui blesse la charité. Mais, enfin, la réalité des choses ne suffit-elle pas pour condamner je ne dirai pas les études universitaires, mais les éudes dites classiques et qui seraient plus justement appelées païennes?

Qu'on me montre, en effet, l'auteur ancien réputé le plus chaste, et si mince qu'il soit, je vais y trouver de ces choses qui révoltent la conscience chrétienne et font monter le rouge au front. Quel premier auteur mettez-vous entre les mains du jeune adolescent de sixième? le Cornelius-Nepos. Celui-ci est bien mince et ne passe pas pour être licencieux. Or, que trouvez-vous dans une des premières biographies de ces hommes excellents, de ces hommes d'élite de l'antiquité païenne? Dans la vie de Pausanias, au troisième chapitre, vous y voyez l'amour du héros spartiate pour le jeune Ar

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