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LE Recueil que je mets au jour, n'étoit d'a

bord qu'un Répertoire de traits ingénieux & d'anecdotes littéraires, pour mon ufage particulier. Des Perfonnes de goût en ayant jugé la lecture auffi inftructive qu'amufante, leur fuffrage m'a déterminé à le rendre public. Dèslors je me fuis attaché à le perfectionner, en y ajoutant ce qui pouvoit intéreffer l'efprit & la raison, ou piquer la curiofité. Plus de mille Ouvrages ont été confultés dans cette vue: Journaux, Dictionnaires, Vies particulieres, Mémoires, Eloges Hiftoriques; tout a été mis à contribution pour l'enrichir. Des Gens de Lettres connus ont bien voulu nous feconder dans nos recherches, & nous communiquer fur plufieurs Ecrivains de ce fiecle un grand nombre d'anecdotes qui n'avoient pas été publiées: telles font la plupart de celles qu'on trouvera dans les articles Helvétius, Piron, la Beaumelle, d'Alembert, Diderot, Pompignan, &c.

Un Recueil de la nature de celui-ci exigeoit la plus parfaite impartialité dans le choix &

a

l'emploi des anecdotes, des faillies, des bons mots auffi avons-nous eu grand foin de nous garantir du défaut contraire, en rapportant indifféremment les particularités pour & contre le même perfonnage.

Les Gens de Lettres nous fauront gré d'avoir réuni dans un même Ouvrage une infinité de traits qui honorent leur profeffion; & les Gens du monde, qui cherchent dans la lecture un délaffement inftructif, ne pourront s'empêcher d'applaudir à nos recherches.

Nous avons divifé cette Collection par Articles, dans chacun defquels fe trouvent raffemblés les traits d'efprit, les traits de caractere les anecdotes qui appartiennent à un même Ecrivain.

Dans la diftribution des Articles, nous avons fuivi l'ordre Néchronologique, c'eft-à-dire, celui de la mort des Ecrivains. Par ce moyen, les Lecteurs, peu familiers avec l'Hiftoire littéraire de notre Nation, feront inftruits du tems où vivoit chaque Littérateur, & fe trouveront à portée de connoître fes différens rapports avec les autres Littérateurs contemporains.

Toutes les anecdotes que nous rapportons,

ne font pas fans doute également piquantes ; mais il n'en eft aucune qui ne préfente quelque objet d'utilité ou d'agrément.

Un Ouvrage principalement confacré à la gloire des Gens de Lettres, devoit néceffairement offrir la réfutation des calomnies publiées contre plufieurs d'entre eux; car, étant diffamantes, elles ne pourroient que tourner à la honte de tous, & même à celle de notre Littérature, fi on les laiffoit accréditer. On ne fera donc pas furpris fi nous nous fommes fait un devoir de repouffer les injures, & de réfuter les imputations que M. de Voltaire s'eft permifes à l'égard de plufieurs Littérateurs estimables; & fi nous avons terminé notre Ouvrage par une Apologie plus particuliere de ces mêmes Litté rateurs, & de quelques autres dont nous n'a vions pas eu occafion de parler dans le corps de l'Ouvrage. Nous fommes pénétrés, plus que perfonne, d'admiration & de reconnoiffance pour les grands talens de M. de Voltaire, & pour les bons Ouvrages dont il nous a enrichis; mais ses plus vifs admirateurs ne fauroient difconvenir qu'un excès d'amour-propre & de fenfibilité ne lui ait fouvent fait oublier, à l'égard

de fes Confreres, les loix de la juftice & de l'honneur. Qui pourroit honorer les Lettres, & eftimer ceux qui les cultivent, s'il falloit ajouter foi à toutes les horreurs qu'il a débitées contre l'Abbé Desfontaines, Maupertuis, les deux Rouffeau, Fréron, la Beaumelle, Nonote, Pompignan, le Profeffeur Vernet, Larcher, l'Abbé Sabatier, Clément, &c.?

Nous n'avons point envisagé la gloire, en publiant le fruit de nos loifirs: nous favons le peu d'estime qu'on a pour les Compilateurs. Mais nous pouvons du moins nous flatter d'avoir fait, par le feul defir d'honorer les Lettres, ce que tant d'autres Auteurs ont fait par vanité ou par intérêt. Un Auteur qui ne cherche qu'à fe rendre utile, n'eft fenfible qu'au plaifir d'en trouver l'occasion.

સેન

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