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instance et quelquefois sans appel. Le camérier et le trésorier pouvaient d'ailleurs juger directement en premier et dernier

ressort.

Le chapitre VI: Transmission de l'argent, nous fait assister aux opérations d'évaluation et de change des monnaies et à leur transmission à la trésorerie apostolique ou bien à l'assignation que la Chambre ordonnait d'en faire à des tiers officiers, camériers, fournisseurs, pensionnés ou représentants accrédités du Saint-Siège. La transmission s'effectuait aussi quelquefois par l'intermédiaire des maisons de banque: Acciajuoli, Bardi, Bonaccorsi, Mozzi, Peruzzi, etc., qui avaient des succursales sur tous les grands marchés européens et surtout à Avignon.

Trente-un documents occupent près de soixante pages à la fin du volume promotions de banquiers, nominations de fonctionnaires des finances; pouvoirs judiciaires spéciaux conférés à certains d'entre eux; accusations portées contre un collecteur; quittances, instructions du camérier à ses subalternes, etc. Enfin, une table alphabétique des noms de lieux et de personnes facilite la consultation de cet intéressant volume.

Quelques renseignements, à la volée, concernant la Gascogne. P. 104 Raymond Durand, sénéchal des Landes pour le roi d'Angleterre, mit la saisie sur les biens de Garsias, évêque de Dax, évalués à 7,800 livres de monnaie bordelaise. N'ayant restitué qu'une partie de cette somme il fut excommunié et ses ossements furent privés de la sépulture ecclésiastique (1335). — P. 105 Pierre de Montrevel, évêque de Lectoure, ayant, par testament, disposé d'une somme destinée à la construction d'un collège pour les clercs pauvres de l'Université de Toulouse, Grégoire consentit à abandonner une partie des droits de dépouilles qui lui revenaient afin que la bonne intention du défunt reçût exécution (1372). P. 149 Un chanoine de Couserans, Jean Rastelhi, convaincu d'avoir frustré la Chambre apostolique, fut condamné à languir dans les prisons pontificales. P. 168: Dans

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la liste des camériers pontificaux nous relevons le nom d'Arnaud Aubert, archevêque d'Auch, qui occupa la charge de 1361 à 1371; dans celle des trésoriers, celui de Bertrand de Cosnac, évêque de Lombez, en charge de 1347 à 1453.

J.-M. VIDAL.

A TRAVERS LES VIEUX LIVRES

Je commence aujourd'hui (1), sous ce titre général, une série de notices bibliographiques, qui pourra se prolonger plus ou moins, selon mes bonnes fortunes de chercheur et aussi selon le goût des lecteurs de la Revue de Béarn. Des recherches qui s'arrêtent souvent aux particularités extérieures des livres, au lieu de pénétrer à la substance solide et vraiment instructive. des faits, peuvent plaire aux chasseurs de bouquins, mais risquent de repousser les esprits positifs, les travailleurs sérieux et surtout les juges rigides, qui n'ont aucune indulgence pour les faiblesses humaines et en particulier pour la passion des livres.

il

S'il m'était permis, (pour une fois, la première et la dernière) de plaider un peu en faveur de ce défaut, dont je ne puis me justifier, je rappellerais d'abord qu'il y a passions et passions. Il y en a qui sont des vertus, y en a qui sont des vices. Mais entre celles-ci et celles-là, il en est un bon nombre qui, par elles-mêmes, ne blessent aucune loi sérieuse, quoiqu'elles ne se justifient par aucun des besoins supérieurs de notre nature morale. Une raison rigoureuse peut les condamner, mais cette raison sera vraiment peu raisonnable: car ce n'est pas être juste pour la pauvre humanité que de la régler ou de la juger sans indulgence. Summum jus, summa injuria. Le vrai sage laisse une place dans

(1) Cet article, ou plutôt ce fragment d'article, s'est retrouvé dans une liasse de vieux papiers où M. L. Couture l'avait sans doute égaré. Comme il a un sens par lui-même, nous le reproduisons tel qu'il est sorti des mains de son auteur. Il était destiné, on va le voir, à la Recue de Béarn et de Navarre, alors dirigée par M. P. Labrouche et qui vécut de 1883 à 1889; mais il resta sans doute inachevé; en tous cas il ne fut jamais publié. N. D. L. D.

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la vie à ces passions innocentes dans leur source et dans leur objet, encore qu'elles puissent entraîner à quelque folie celui qui les suit en aveugle: il n'est pas de passion qui puisse se passer de contrôle et de frein. Il faut leur accorder quelques droits, parce qu'à leur manière elles mettent dans notre existence de l'activité et de la variété, c'est-à-dire du bonheur, et parce qu'elles absorbent ce trop plein de nos désirs qui pourrait se dépenser en de pires emplois.

Mais parmi ces passions innocentes, la plus respectable sans doute, parce qu'elle est proche parente de l'amour vertueux des lettres et des sciences, c'est la passion des livres. J'entends même celle qui s'attache au livre matériel, au contenant et non pas seulement au contenu, et aussi celle qui court aux raretés plutôt curieuses qu'instructives. Bibliomanie, dit-on, par un mot qui a une forte odeur de pathologie mentale. Bibliomanie soit! encore les bibliomanes rendent-ils de vrais services à l'histoire et à la science, parce qu'ils conservent ce qui se perdrait, qu'ils retrouvent ce qui était perdu, qu'ils rapprochent ce qui était dispersé, qu'ils signalent ce qui était inconnu. Ils font tout cela une fois ou autre, même quand ils sont personnellement peu soucieux de littérature, et c'est rare quoi qu'en dise l'envie, car on n'aime pas tant l'extérieur des livres, sans en connaître, sans en aimer aussi, au moins un peu, l'intérieur.

D'ailleurs, quelle intolérance d'envier à des amateurs inoffensifs les plaisirs dont une douce manie émaille leur existence! Ou quel aveuglement de contester ces joies du bibliophile! Joie de chercher, joie de trouver, joie d'acquérir, joie d'étudier, joie d'arranger ses livres, joie d'en parler... Et de six!

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Il est vrai qu'il n'est pas de rose sans épines et que le bibliophile a aussi ses peines, précisément aux mêmes titres. Chercheur, il lui arrive de ne pouvoir pas une seule fois dans une longue vie, mettre la main sur l'objet de ses plus ardentes convoitises. Quand il a trouvé, parfois et souvent il ne peut saisir sa proie, pour peu qu'il ait affaire à ces concurrents opulents et prodigues si fréquents aujourd'hui, par la faute de nos législateurs qui ont oublié de faire une loi, une toute petite loi (ils en ont fait tant d'autres!) pour défendre le cumul de ces deux fonctions sociales: millionnaire et bibliophile. Acquéreur, il se prépare encore de terribles repentirs; la vente de demain lui fera regretter d'avoir suivi celle d'aujourd'hui, où sa main imprudente a vidé son trésor, comme dit Chénier. Liseur, car les bibliophiles lisent plus qu'on ne croit, il s'aperçoit fréquemment que l'objet envié n'était pas enviable, que le bon n'est pas toujours camarade du beau et que la passion satisfaite peut s'appliquer, ici comme ailleurs, les vers connus :

Avoir révé longtemps les fruits des Hespérides,
Et presser tendrement un navet sur son cœur !

Quand il range sa bibliothèque que de cruelles tortures affronte l'ami des livres, vérifiant chaque fois, dans cet exercice d'ailleurs charmant, la vérité de ces deux proverbes qu'un livre prêté est un livre perdu, et que deux déménagements valent un incendie! - Enfin, le bibliophile heureux de parler de ses trouvailles s'expose à un nouveau danger, celui d'ennuyer les gens qui l'écoutent... ou le lisent.

C'est ce danger que je viens braver ici, non par courage, mais par raison. Je me suis dit : «s'il est fàcheux de fatiguer son prochain de ses confidences à propos

de livres, il est encore plus triste, quand on aime et qu'on recherche les livres, de les enserrer chez soi. Un bibliophile trop communicatif peut être ennuyeux, un bibliotaphe est funeste ». Je me suis dit encore : « En parlant, aux amis de l'histoire et de la littérature du Béarn et des Landes, de livres rares ou curieux qui traitent de ces pays, et de ceux-là seulement, n'ai-je pas des chances sérieuses de leur fournir parfois une donnée utile? En tout cas, indulgents pour quiconque s'intéresse à l'objet de leurs études, ne verront-ils pas sans déplaisir, au second rang, après les graves travaux historiques dont ils ont l'habitude, des notes familières, décousues, mais intéressantes ou piquantes quelquefois par les citations, et toujours relatives aux productions de l'esprit béarnais et landais, deux variétés si remarquables, de l'esprit gascon, qui est luimême (nous pouvons le dire et l'écrire ici sans gêne aucune, nous sommes entre nous) le meilleur de l'esprit français ? »

Et à tort ou à raison, ces considérations m'ont persuadé. Je commence donc tout de suite cette revue de mes curiosités régionales, et je m'attache d'abord pour ne pas trop prolonger une première causerie, déjà compromise par un exorde, à deux petites plaquettes, dont je puis faire les honneurs sans noircir beaucoup de pages.

I

DEUX PLAQUETTES PALOISES DE LA FIN DE L'ANCIEN RÉGIME.

Au Roi, pièce de 8 p. in-8°, s. 1. Daté à la fin: Pau le 27 août 1787.

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RELATION de ce qui s'est passé à Pau, à l'arrivée de M. le duc de Guiche et de M. le comte de GRAMONT son frère. / en juillet 1788. A PAU, / de l'imprimerie de P. DAUMON, imprimeur / du Roi.... Forcé, (16 pages in-8°).

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