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« se vendent en sa boutique. » Rouyer dut quitter Bor«deaux vers 1610, pour aller se fixer comme impri«meur en Béarn où il mourut vers 1630 ».

D'après les documents produits par Louis Lacaze, Rouyer aurait établi son imprimerie à Orthez dès que l'Université y fût revenue en 1609, mais la famille était restée à Bordeaux, le logement qui lui avait été fourni n'étant pas suffisant pour la recevoir. On peut supposer que Rouyer quitta Bordeaux définitivement en 1610 ou 1611 au plus tard, car seul le premier livre qu'il a imprimé à Orthez en 1610 porte la mention « se vendent dans sa boutique à Bordeaux », mention qui ne se trouve plus sur ses impressions postérieures.

Nous n'avons à nous occuper ici que des ouvrages imprimés par Rouyer pendant qu'il était libraire à Bordeaux, c'est-à-dire ceux qui portent la date de 1610, et nous allons rectifier les erreurs et omissions qui ont été commises à leur sujet. C'est l'unique objet de notre notice.

Le premier livre sorti des presses de notre imprimeur à Orthez est ainsi intitulé:

L'AVANT VICTORIEVX. (fleuron) | A Orthes, || par Abraham Royer, || Imprimeur du Roy, || en Bearn. || || 1610.

C'est un petit in-octavo se composant d'un frontispice gravé, d'un titre typographique libellé comme cidessus et entouré d'un cadre de vignettes typographiques, d'un portrait équestre d'Henri IV, de 170 feuillets chiffrés de 1 à 340, d'un feuillet non chiffré pour le privilège et d'un feuillet blanc; les signatures des cahiers sont A à G par 8 et Hà N par 4.

Le frontispice et le portrait très bien gravés au burin sur cuivre sont signés : « L. Gaultier sculp.

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1610. » Léonard Gaultier était un habile graveur au burin, d'origine allemande, qui a gravé au commencement du XVIIe siècle de nombreux frontispices et portraits pour décorer les livres. Le frontispice de l'Avant-Victorieux, se composant du buste couronné d'Henri IV au centre d'un portique à colonnade, n'est qu'une réduction d'une estampe du célèbre graveur Thomas de Leu, d'après le tableau de Bunel peint en 1605; ce frontispice a été reproduit en fac-similé dans l'ouvrage de Louis Lacaze. C'est au bas de ce frontispice, dans un cartouche, qu'on lit la mention : « A « Orthes, par A. Rouyer, Imprimeur du Roy. A Bour«deaus, se vendent en sa boutique ». Le portrait équestre est peut-être plus finement gravé que le frontispice Henri IV est à cheval sur un lourd coursier de guerre au caparaçon fleurdelisé et deux anges descendent du ciel pour lui poser une couronne de laurier sur la tête.

L'impression du volume est bonne, le papier est excellent mais sans filigrane, seulement le corps du caractère romain est trop fort pour le format et de plus l'abondance des notes en manchette ont obligé le metteur en pages de laisser des marges d'une dimension exagérée. Quoi qu'il en soit, c'est un très élégant petit volume.

Louis Lacaze s'est trompé sur le format du livre et sur le libellé du titre. Ce n'est pas un in-quarto comme il le dit, mais un in-octavo, l'in-octavo de l'époque qui était petit par rapport à notre in-octavo moderne raisin ou jésus, et qui se rapproche beaucoup de notre in-douze. Les bibliographes se trompent très souvent sur le format des livres qu'ils ont à décrire et ils confondent parfois les in-quarto avec les in-octavo et

les in-octavo avec les in-douze, ce qui peut amener une confusion dans la distinction des éditions. Ainsi, dans le cas présent, l'érudit qui aurait entre les mains. l'Avant-Victorieux pourrait croire, d'après la désignation de l'auteur des Imprimeurs et Libraires en Béarn qu'il y a eu deux éditions, l'une in-octavo et l'autre in-quarto. Or, l'édition dont nous nous occupons est bien du format in-octavo; les cahiers se composent de huit feuillets, c'est-à-dire de seize pages et les pontuseaux sont toujours perpendiculaires; si les cahiers de la seconde partie n'ont que quatre feuillets c'est qu'ils ont été tirés sur demi-feuilles, mais les pontuseaux sont toujours perpendiculaires et les vergeures horizontales. Si le format était in-quarto, les cahiers n'auraient que quatre feuillets, huit pages, et les pontuseaux seraient horizontaux et les vergeures perpendiculaires. C'est grâce à ces marques d'eau du papier qu'on peut facilement distinguer le format des livres anciens imprimés sur papier à bras; c'est beaucoup plus difficile parfois pour les livres mordernes parce que ces marques d'eau n'existent pas dans le papier à la mécanique dit vélin.

Quant au titre, il est bien libellé tel que nous le donnons ci-dessus et il n'a pas le sous-titre que lui attribue Louis Lacaze : «< composé par le sieur de « L'Hostal, seigneur de Roquebonne, Sendos, Maucor «et vice-chancelier du royaume de Navarre ». Le nom de l'auteur n'est ni sur le titre, ni au bas de la dédicace « A la France », et on l'ignorerait complètement si on ne lisait sur le privilège, à la fin du volume: «Nostre bien aimé Abraham Rouyer, marchant libraire « audit Bordeaux, nous a faict remonstrer qu'il luy a << puis n'aguières esté mis en main un livre intitulé

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