Images de page
PDF
ePub
[merged small][merged small][ocr errors][merged small]

Au point de vue militaire, la population de Rome était répartie en groupes régionaux ou scholae, au nombre de douze; chaque schola avait à sa tête un patronus, plus tard appelé decarco. Cette organisation 1 embrassait toute la partie de la ville située sur la rive gauche du Tibre. Au delà, les habitants de l'île (insulani) et les Transtévérins formaient dès lors ou formèrent plus tard deux autres sections. Il faut y ajouter la section grecque, schola Graecorum, correspondant au quartier byzantin par excellence, le Palatin et ses abords. Enfin 2, dans le faubourg de SaintPierre, alors dépourvu de fortification, les colonies étrangères avaient aussi leurs scholae ; il y en avait, ou il y en eut bientôt quatre, celles des Saxons (Anglo-Saxons), des Frisons, des Francs et des Lombards.

Le quartier général était au Palatin, dans l'ancien palais impérial, qui fut encore réparé officiellement vers la fin du vi° siècle. Là fut jusqu'à la fin la résidence de l'empereur, quand il venait à Rome (il n'y vint qu'une fois, en 663), de l'exarque, que l'on voyait plus souvent, enfin du duc et de l'état-major. Cet édifice avait une chapelle

1. Sur ceci voir mon mémoire Les Régions de Rome au moyen áge, dans les Mélanges de l'Ecole de Rome, t. X; cf. L. P., t. II, p. 253,

note 7.

2. L. P., t. I, p. 36, note 27. 3. L. P., t. I, p. 386, note 1.

officielle 1, Saint-Césaire in Palatio, où l'on déposait solennellement les images des empereurs quand leur avènement était notifié à Rome. Saint-Césaire se trouvait dans l'enceinte même du palais; au bas de la colline, l'église SainteAnastasie, vieux titre presbytéral, était devenue comme la métropole de tout le quartier byzantin. Dans ces temps où tout ce qui touchait au gouvernement avait une empreinte religieuse si profonde, les fêtes de ces églises acquirent un grand relief. Une des messes de Noël était célébrée à Sainte-Anastasie, en l'honneur de cette sainte, dont l'anniversaire tombait le 25 décembre; non moins solennelle était la fête de saint Césaire, que l'on célébrait au Palatin le 1er novembre et qui était marquée par une grande procession.

Les grades supérieurs étaient ceux de duc, chartulaire, comte et tribun; au-dessous venaient les patroni scholarum, les primicerii, domestici, optiones. Nous ne sommes que très imparfaitement renseignés sur le détail de ces fonctions et, en général, de l'organisation militaire.

Depuis Étienne II il n'y a plus trace du duc en chef. Comme on l'a vu plus haut, le titre de patricius Romanorum paraît avoir été conféré aux princes francs pour se débarrasser de l'autorité locale d'un commandant supérieur. Le pape est le chef du gouvernement; la milice, comme le reste, dépend de lui et reçoit ses ordres. Il n'ajoute aucun titre à son titre ecclésiastique. C'est comme chef de l'ecclesia Dei qu'il est en même temps chef de la respublica Romanorum.

Autour du pape apparaissent d'abord les prêtres cardinaux, en principe au nombre de vingt-cinq, un par église presbytérale. Au temps où nous sommes ils sont encore attachés réellement à leurs églises; ils en touchent et gèrent les revenus, habitent dans leurs dépendances et y dirigent

1. Bull. Crit., t. VI, p. 417 ; L. P., t. I, p. 377, note 12.

le service religieux. Ils forment le conseil officiel du pape, sa couronne dans les cérémonies. En réalité cependant ils ont moins d'influence que les diacres.

Ceux-ci sont toujours au nombre de sept, celui des anciennes régions ecclésiastiques. Ce sont les assistants permanents, les ministres ordinaires du pape. Leur compétence spéciale s'exerce dans les limites de leurs régions; le plus qualifié, l'archidiacre, est le directeur du personnel ecclésiastique dans son ensemble. Au-dessous des diacres viennent les sous-diacres, divisés en deux groupes de sept; les uns sont plus particulièrement attachés à la direction régionale, les autres en service auprès du pape.

C'est au Latran que résident les diacres et que se trouvent centralisés les services de l'administration ecclésiastique. Cependant il y avait un autre palais pontifical, au pied du Palatin, construit vers le commencement du vin siècle, alors que les défenses extérieures. de Rome laissant à désirer, le Latran était devenu moins sûr. Depuis Zacharie, toutefois, le Latran réparé, abrité par les remparts que l'on avait remis en état sous Grégoire II, était redevenu la résidence ordinaire du pape. Outre l'administration diaconale à laquelle ressortissaient toutes les questions de personnel, tous les services charitables, en général tout ou presque tout ce qui regardait le temporel, le palais de Latran abritait encore d'autres services :

le

1o Le gouvernement du palais lui-même, dirigé par vice dominus (vidame), auprès ou à la place duquel apparaît, dès le déclin du vin siècle, le superista. Du vidame relèvent les cubicularii (chambellans), les cellerarii (cellériers), les stratores (écuyers), etc. Le nomenculator est le grand maître des cérémonies; le vestararius ou prior vestiarii est le gardien du trésor, des réserves de mobilier précieux, etc.

2o La chancellerie, dont les employés s'appelaient notarii ou seriniarii. Parmi eux il y avait un groupe qualifié, les sept notaires régionnaires. Les deux premiers de ceuxci, le primicerius et le secundicerius étaient au nombre des grands dignitaires de l'Église. Le primicier des notaires figurait, avec l'archiprêtre et l'archidiacre, dans le triumvirat auquel, à la mort du pape ou en cas d'absence, revenait de droit la direction de l'Église romaine. Ce haut fonctionnaire était aussi dépositaire des archives et gérant de la bibliothèque. Cependant, au temps où nous sommes, les fonctions de bibliothécaire commencent à se détacher du notariat.

Il n'est pas encore question du primiserinius ou protoscrinius, qui succèdera plus tard au primicier comme chef réel de la chancellerie.

3o L'administration financière, dirigée par l'arcarius, caissier en chef, et par le saccellarius, payeur général. On peut y rattacher le corps des défenseurs, personnes chargées des rapports avec les tribunaux et notamment de l'exécution des sentences ecclésiastiques. C'est un service d'avouerie et de police; comme les notaires, les défenseurs ont une aristocratie de sept régionnaires, à la tête desquels apparaît un primicier.

Quelques-unes de ces fonctions se laïcisèrent dès le IXe siècle; les autres demeurèrent aux mains des ecclésiastiques. Celles-ci formèrent de bonne heure une catégorie spéciale, très qualifiée, les sept juges palatins, savoir : le primicier et le secondicier des notaires, l'arcarius, le saccellarius, le protoscrinius, le premier des défenseurs, le

nomenclateur.

Il est question aussi du consiliarius, de l'ordinator; la première de ces fonctions, confiée tantôt à des laïques, tantôt à des clercs, paraît avoir été fort importante; elles disparaissent l'une et l'autre après le vir° siècle.

Le pape desservait directement l'église de Latran, com

prise dans la domus ecclesiae, depuis le temps de Constantin. Pour beaucoup de cérémonies cependant, il se transportait, avec toute sa cour, à Sainte-Marie-Majeure, ou dans les autres basiliques urbaines ou suburbaines. Au Latran, le service religieux quotidien était présidé alternativement par un des sept évêques les plus voisins de Rome. C'est de cette spécialisation dans l'ensemble des suffragants du pape que provient la catégorie des cardinaux évêques 1.

Le clergé romain se recrutait par deux voies, suivant la condition sociale des aspirants. Ceux de la classe populaire étaient élevés dans une sorte de séminaire, la schola cantorum, qui se trouvait à peu de distance du Latran. Cet établissement s'appelait aussi l'Orphelinat, Orphanotrophium. Les enfants de la classe noble entraient au palais pontifical, où ils prenaient place parmi les cubicularii. Les uns et les autres étaient tonsurés tout d'abord; ceci les agrégeait au clergé romain et leur donnait le privilège, très envié, d'orner leurs chevaux d'une housse de couleur blanche. Au terme du noviciat on avait le degré d'acolyte ; les autres ordres mineurs n'étaient plus exercés réellement, et leur collation, dans l'intérieur de la schola cantorum ou du palais pontifical, avait perdu toute importance. Les acolytes étaient répartis entre les titres presbytéraux; c'était tout le clergé des cardinaux prêtres. Ces clercs n'étaient pas soumis au célibat. En général on se mariait, et l'on ne s'astreignait au célibat que plusieurs années après, quand on était promu aux ordres supérieurs. Même alors on ne rompait, en fait de rapports de famille, que ce qu'il fallait rompre. Les femmes des clercs supérieurs n'étaient pas cloîtrées; elles participaient même, dans une certaine mesure, à l'avancement de leurs maris, deve

1. Voir sur ce sujet mon mémoire, Le sedi episcopali nell'antico ducato di Roma, dans le tome XV de l'Archivio Romano di storia patria.

« PrécédentContinuer »