Images de page
PDF
ePub

nation. L'Ange déployant devant Saint Jofeph une pancarte, fur laquelle ce mystère ferait représenté, caractériserait mieux, à mon avis, le fonge dont il s'agit, que cet Ange à la bouche entre-ouverte qu'on trouve dans tous les tableaux.

L'Ange dit encore à Jofeph Elle (la Vierge) accouchera d'un fils, que vous nommerez Jélus; parce que c'eft lui qui délivrera fon Peuple de fes péchés. Ces paroles me paraiffent aussi fufceptibles d'être réalifées : elles font même d'autant plus précieufes, qu'on a toujours cru que le nom de Jéfus a été réellement apporté du Ciel. Préfenter l'Ange montrant ce nom tracé fur un rouleau ou dans un cartouche, ce ferait retracer aux Fidèles cette pieufe croyance, ce ferait jeter de l'intérêt, de la vie dans les tableaux; ce ferait enfin copier l'Evangile.

CHAPITRE X X I

Les noces de la Vierge.

APRÈS avoir raconté le fonge de

[ocr errors]

S. Jofeph, S. Matthieu ajoûte: Jofeph s'étant éveillé, fit ce que l'Ange » lui avoit ordonné, & prit fa femme » avec lui.

Ce texte comprend la troifième époque dont j'ai fait mention dans le Cha pitre précédent. On n'eft pas d'accord fur le fens de ces paroles. Il prit fa femme avec lui. Les uns penfent qu'elles ne fignifient autre chofe, finon que Jofeph confentit de vivre avec fa femme, comme il avoit fait avant le fonge: il ceffa de la foupçonner, & ne fongea plus à s'en féparer. D'autres eftiment qu'il faut entendre ftrictement ces paroles. Avant le fonge, difent-ils, la Vierge n'était que fiancée, elle ne demeurait point avec S. Jofeph. C'eft ce que fignifient ces paroles: Avant que fon mariage fût accompli, elle fe trouva enceinte. Mais après le fonge, la Vierge

& S. Jofeph furent mariés ; il habitèrent alors enfemble; & tel eft le fens de ces paroles: Jofeph prit fa femme avec

lui:

Comme j'ai déja eu occafion de parler de cette controverfe, je n'entrerai point ici dans un plus grand détail. On peut confulter ce que j'ai dit dans le chap. du mariage, p. 216. Pour le moment,je me contenterai de jeter un coup d'auil rapide fur les noces des Juifs.

On donne communément le nom de noces aux réjouiffances qui accompagnent les mariages. La mufique, la danfe & les repas, font les trois principaux objets qui entrent dans ces réjouiffances. Ces fêtes, ces réjouiffances ont été ufitées chez toutes les Nations, & en particulier chez les Juifs. Ce peuple paraît fur-tout avoir été grand parrifan des repas. Leurs enterrements étaient toujours terminés par un festin Ils étaient fi exacts fur cet article, que Jofephe obferve que plufieurs aimaient mieux fe ruiner , que de manquer à cet ufage. Ils croyaient qu'en buvant, qu'en mangeant, ils honoraient la mémoire des morts. Un fils qui ne donnait pas un grand feftin à fes parents

amis & voifins, après la mort de fon père, était regardé comme un ingrat, un impie.

Quant aux noces, une des principales circonstances était la conduite de l'épousée à la maifon de fon époux. Cette conduite était une espèce de triomphe. Elle fe fefait au fon des inftruments, & tous les gens de la noce, ou du-moins les jeunes-gens fermaient le cortège. L'époux venait à la rencontre de l'Epoufe, & l'introduifait dans fa maison. Il eft parlé dans les Machabées, & dans Jofephe, d'une jeune époufe que l'on conduifait ainfi, & dont la fin fut malheureuse.

Si l'on rapporte à cette conduite, la parabole des Vierges fages & des Vierges folles dont il eft fait mention, dans l'Evangile, il faut conclure qu'elle fe fefait ordinairement la nuit; dumoins ces jeunes filles qui attendent l'époux, font représentées dans le texte facré avec des lampes, & accablées de fommeil. Cette parabole mérite d'être rapportée.

» Dix Vierges ayant pris leurs lam»pes, s'en allèrent au-devant de l'é» poux & de l'époufe. Cinq de ces filles » étaient folles, & cinq étaient fages.

[ocr errors]

Les cinq folles ayant pris leurs ampes, ne prirent point d'huile avec elles. Mais les fages en portèrent dans »des vafes, avec leurs lampes. Comme l'Epoux tardait à venir, elles s'affoupirent, & s'endormirent. Sur le mi» nuit, on entendit crier : Voilà l'É» poux qui vient, allez au-devant de lui. Auffi-tôt les Vierges fe levèrent » toutes, & penfèrent à mettre leurs lampes en état Les folles dirent » alors aux fages: Donnez-nous de » votre huile, parce que nos lampes » vont s'éteindre. Les fages répondi

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

rent : De peur que nous n'en ayons » pas affez pour nous & pour vous, » allez plutôt chez ceux qui en ven» dent, & en achetez. Mais pendant qu'elles étaient allées en acheter, l'époux arriva. Celles qui étaient » prêtes entrèrent avec lui dans la falle » des noces, & on ferma les portes. » Enfin les autres Vierges vincent auffi, & dirent: Seigneur, Seigneur, » ouvrez-nous. Mais il leur répondit : » Je vous dis en vérité que je ne vous connais pas ·

[ocr errors]

Si les jeunes-gens qui accompagnaient l'époux ou l'époufe, étaient obligés d'entrer avec eux, il eft pró

« PrécédentContinuer »