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A M. L. CROUSLÉ

PROFESSEUR A LA FACULTÉ DES LETTRES DE PARIS

TÉMOIGNAGE

DE RECONNAISSANCE ET DE RESPECT

J. L.

5-6.46 54414

INTRODUCTION

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On a coutume, quand on fait l'histoire générale du théâtre français, de passer presque médiatement de Molière et de Regnard à Lesage et à Marivaux. A peine si l'on mentionne Dancourt et Dufresny, qu'on veut bien louer, maist sans insistance, pour avoir amusé la fin du règne de Louis XIV. Et pourtant, parmi les auteurs comiques du commencement du xvII° siècle, Dancourt au moins mérite d'arrêter l'historien des mœurs, sinon le critique littéraire, en supposant qu'on puisse être l'un sans l'autre. Dancourt n'a pas pénétré bien profondément dans l'étude des caractères; mais, sans compter sa gaieté, qui n'est pas médiocre, il a eu le goût de la réalité, il a reproduit les mœurs de son époque dans un

assez grand détail; plus complètement que Regnard et même que Lesage, il a fait la peinture de quelques personnages qu'on ne trouve pas dans Molière, soit que le temps ait manqué au grand comique, ou que les originaux n'aient atteint qu'après sa mort leur entier développement. Mais avant d'aborder le théâtre de Dancourt, il est bon de savoir où en était la comédie quand ce facile esprit commença son œuvre joyeuse et sincère, et de passer en revue le théâtre de Molière et celui de ses contemporains et de ses successeurs immédiats.

PREMIÈRE PARTIE

DE MOLIÈRE A DANCOURT

CHAPITRE 1er

LE THEATRE DE MOLIÈRE

Il y a grande apparence que tout a été dit sur Molière; mais il n'est ici besoin que d'en répéter une partie.

Avant lui, le théâtre comique ne peignait que par rencontre la société contemporaine, et s'inspirait le plus souvent de la comédie antique et de la comédie italienne ou espagnole. Molière trouvait donc dans les mœurs de son temps une matière immense et presque intacte. Sa longue odyssée à travers les provinces n'avait pas été du temps perdu : il en rapportait des souvenirs plaisants qu'il mit plus tard en œuvre; mais surtout il avait appris à observer, et ce n'est pas sans doute à Pézenas seulement que « le contemplateur» avait eu son fauteuil chez le barbier. A peine de retour à Paris, il vit nettement ce que devait être la comédie et ce qu'elle pouvait devenir entre ses mains.

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