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FRANÇOIS VANNIUS.

S

I l'on veut connoître le peintre qui a le plus
approché du Baroche; François Vannius fe pré- VANNIUS.

fentera d'abord à l'exclufion du Sordo & de tout

autre.

Sienne fut fa patrie en 1563. font pere étoit un peintre médiocre. Il travailla d'abord fous la conduite d'Arcangelo Salimbeni & fuivit le goût de Frédéric Zucchero. A douze ans on l'envoya à Bologne prendre les enfeignemens du Passerotti, & il y refta deux ans.

Les antiques & les ouvrages de Raphaël l'attirérent à, Rome, & lui ouvrirent le chemin de la gloire; il fe mit chez Jean de Vecchi qui voyoit avec plaifir croître cette jeune plante, le cavalier Jofepin ne le voyoit pas de fi bon

e

œil, il en devint jaloux. Vannius peignit plufieurs ouvrages VANNIUS. entr'autres un faint Michel Archange qui renverfe l'efprit malin, & qui eft placé dans la facriftie de faint Grégoire, il travailla à la Minerve & fous le portique de Campidoglio. Vannius très avancé dans son art, s'en retourna à Sienne où quittant toutes les différentes maniéres qu'il avoit fuivies, celle de Frédéric Baroche le fixa entiérement; Il acquit dans cette école les graces & le moelleux pinceau qu'on remarque dans fes ouvrages & le goût de ce peintre eut pour lui tant de charmes, qu'on les confond très-fou

vent.

Les ouvrages du Corrége achevérent de donner à Vannius dans fon voyage de Lombardie cette maniére vague avec laquelle il a fait de fi belles chofes. Facile dans fes compofitions, d'un génie fertile, il deffinoit correctement fon coloris étoit vigoureux, fes têtes gracieuses, & il peignoit fes tableaux avec beaucoup d'amour. Les sujets de dévotion lui convenoient affez; par fes mœurs douces, & fon caractére religieux, il s'y eft porté plus volontiers qu'aux autres. Ce peintre fe fit aimer de tout le monde ; le cardinal Baronius fut fon protecteur, & ce fut par fon moyen que Clément VIII. le manda à Rome pour peindre dans faint Pierre le beau tableau de Simon le Magicien. Il reçut du faint Pere pour récompense l'ordre de Chrift des mains du cardinal Baronius.

Vannius visitoit volontiers fes confrères, il les aidoit de fes avis; peu jaloux de leur fortune, il entreprenoit volontiers un voyage pour les aller voir, & achetoit même de leurs tableaux. Le Guide lia une amitié très-étroite avec lui & trouva à Rome par fon moyen de l'emploi chez le cardinal de fainte Cécile. Ce peintre eut l'honneur d'être parrein de Fabio Chigi qui fut enfuite Alexandre VII. ce Pontife le combla de faveurs.

Après avoir travaillé quelque temps à Rome, il revint à Sienne, où il donna des marques de fon habileté dans l'architecture & dans la méchanique; on ne faifoit aucun bâtiment où il n'eût bonne part; les Souverains, les grands Seigneurs s'empreffoient d'avoir de fes tableaux, & il feroit devenu le premier peintre de fon temps, fi la mort ne l'eût arrêté au milieu de fa courfe en 1609. dans fa

quarante-fixiéme année : fon corps fut porté à Sienne dans F'Eglife de faint George.

Ses difciples font Rutilio Manetti, Astolfo Petrazzį, & fes deux fils Raphaël & Michel Angelo Vanni.

On eftime les deffeins de Vannius, ils tiennent beaucoup du goût du Baroche; il y en a à l'encre de la Chine, dont le trait eft fait au pinceau; d'autres à la plume lavés au bistre rehauffé de blanc, quelques-uns font au crayon rouge lavés à la fanguine; enfin de quelque maniére qu'ils foient faits, on y reconnoît les contours du Baroche, ses airs de têtes, & fa maniére de penfer; mais l'on y trouve moins de fineffe, moins de force & moins de feu.

Ses ouvrages à Rome font le fameux tableau de Simon le Magicien dans l'Eglife de faint Pierre. Dans celle du Jesus le tableau de fainte-Cécile; dans l'Eglife de fainte Cécile il a peint la mort de la Sainte avec une femme qui effuie fon fang, & un autre tableau qui eft un Chrift à la colonne ; un Christ mort pour la Chiefa nuova : pour la facriftie de faint Grégoire faint Michel Archange qui terraffe l'efprit rebelle.

A Sienne chez les peres Servites on voit une belle annonciation; dans l'Eglife de faint George un Crucifix avec les figures de la Vierge, de faint Jean, de la Madeleine & de Longin qui perce le côté du Seigneur. Dans l'Eglife de la confraternité de fainte Lucie, il a peint à frefque la Sainte dans une gloire avec plufieurs faints. Chez les Capucins N. Seigneur avec la Vierge, faint Jean, faint François & fainte Catherine. Dans l'Eglife de faint Dominique faint Hyacinte qui fauve l'hoftie & l'image de la Vierge faite en marbre, des ennemis du nom Chrétien. Au Dôme de Sienne une fuite en Egypte & une flagellation; dans l'Eglife de faint Jean le baptême du Seigneur; dans celle du Refuge, le mariage de fainte Catherine; pour la confraternité de faint Ambroile N. S. avec la Vierge, faint Barthelemi & faint Ambroise.

On voit à Pife dans le Dôme un tableau chargé de beaucoup de figures & des quatre docteurs de l'Eglife qui difputent fur le Saint Sacrement.

A Genes dans l'Eglife de Notre-Dame de Carignan saint Maximin qui couronne la Madeleine.

A Lucques chez les Dominiquains faint Thomas d'Aquin aux pieds du Sauveur.

VANNIUS.

A Pistoia dans l'Eglife de la Madeleine de la Madona del VANNIUS. Umilta l'adoration des mages.

Vannius a fait quelques planches à l'eau forte telles que faint François de deux maniéres, une fainte Catherine de Sienne & une Vierge en petit. Auguftin Carrache, C. Galle, Sadeler, Vilamene, Cherubin Albert, Pietre de Jode, L. Kilian, Coelemans & autres ont gravé plufieurs de fes tableaux. La vie de fainte Catherine de Sienne d'après fes desseins en douze feuilles eft gravée par Pietre de Jode.

PIETRE de CORTONE.

A Toscane n'a guéres eu de plus grand peintre que Pietre de Cortone. Né en 1596. dans la ville qui porte ce nom, on l'appelloit Pietro Be rettini; il fut éléve d'Andrea Commodi chez qui fon pere l'avoit placé, & il vint fort jeune à Rome fe mettre fous la conduite de Baccio Ciarpi. La maniére lourde avec laquelle il deffinoit le faifoit nommer tête d'âne parmi fes camarades, mais cette tête d'âne dans la fuite a fait paroître tels tous ceux qui l'appelloient ainfi. Ses premiers ouvrages plurent infiniment au Marquis Sacchetti qui le reçut dans fon palais : les remarques qu'il fit fur les belles figures antiques, fes études d'après Raphaël, Michel-Ange & Polidor le perfectionnérent en peu de temps.

PIETRE DE
CORTONE.

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