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une flagellation, & un crucifiement qui eft préfentement à TITIEN. Ancône chez les Jacobins.

Le Roy poffède les portraits de François I. du cardinal de Médicis, d'un homme vétu de noir tenant un gand, d'un autre homme vétu pareillement, Tarquin & Lucréce, Perfée & Androméde, la maitreffe du Titien, une Vierge, l'enfant Jefus, fainte Agnès & faint Jean, une Vierge avec le Jefus & deux anges, une fainte famille avec faint Jean, un faint Jérôme, les pélerins d'Emmaüs, une Madeleine, Jefus-Chrift porté au tombeau par fes difciples, la Vierge, le Jefus & fainte Catherine appellée la Vierge au lapin blanc, un Ecce homo, une Vierge avec l'enfant Jefus, faint Etienne, faint Ambroife & faint Marc, le portrait du Marquis del Guasio avec une femme & un Amour, Jupiter amoureux d'Antiope qui fe transforme en Satyre;

On voit au palais Royal les portraits de l'Empereur Othon, du Comte Castiglione, du Titien, un concert de plufieurs hommes & de femmes, le portrait de Charles V. armé & à cheval, celui de Philippe II. une femme habillée de noir, le portrait de Clément VII. affis dans un fauteuil, Acteon & Diane, les bains de cette Déeffe avec la Nymphe Califto, une fainte famille, la vie humaine représentée par trois enfans nus & par plufieurs autres figures, Vénus à la coquille, la maitreffe du Titien à fa toilette, la tentation de N. S. Diane qui poursuit Acteon dans une forêt, Vitellius, Vefpafien, la caffette du Titien, l'enlèvement d'Europe, l'Esclavone appuyée fur un more, une veuve, Vénus qui se mire, Perfée & Androméde, l'éducation de l'Amour, le portrait d'une femme en kabit noir une Madeleine à demi-corps, Noli me tangere, Philippe II. Roy d'Espagne avec fa maitreffe.

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Les meilleurs graveurs du Titien font Leon Daven, Martin Rota, Corneille Cort, Augustin Carrache, Suiderhof, Van Keffel, Vofterman, Troien, les Sadeler,Théodore de Bry, Ca. ralius, Bonafone, Matham, C. Bloëmart, P. Pontius, Karle Audran, Hondius, Soutman, Rouffelet, Pietre de Jode, Maffon, Coëlemans. Il y a dix-huit piéces dans la galerie de l'Archiduc Léopold, vingt-trois dans la fuite de Valentin le Fevre, deux dans la fuite de Louifa, cinq dans le recueil de Crozat plufieurs dans les tableaux du Grand Duc & dans le cabinet de l'Empereur; fon œuvre fe monte à plus de fix cens piéces.

SEBASTIEN
DEL-PIOMBO.

N connoît ce peintre fous les noms de fra Sébaf

tien del Piombo, & de Sébastien de Venife, le fur- SEBASTIEN nom de Piombo lui venoit de l'office del fratel del del PIOMBO. Piombo que le Pape Clément VII. lui avoit don

né de Scelleur dans la chancellerie en lui faifant

prendre l'habit religieux.

Sébastien naquit à Venife en 1485. fa premiére occupation fut la mufique & il excelloit à jouer de plufieurs inftrumens; il s'attacha enfuite à la peinture & fuivit Jean Bellin qui étoit fort vieux : la maniére de peindre du Giorgion lui plut davantage, il devint fon éléve, il prit fon goût & fit des tableaux qui paffoient fouvent pour être de ce maître. Auguftin Chigi fur la réputation lui propofa le voyage de Rome & lui donna

à peindre fur les arcades de fa Loge un Polypheme & diverses SEBASTIEN pensées tirées des Poëtes : la concurrence où il fe trouva avec del PIOMBO. Balthazar de Sienne & le fameux Raphaël qui a peint dans la même Loge une Galatée & l'histoire de Pfyché, fut un puiffant motif pour animer fon travail. Sébastien prit le parti de Michel-Ange contre Raphaël, cette préférence lui attira l'amitié de ce grand peintre qui l'aida dans la fuite de ses confeils; il lui donnoit en petit l'idée de fes tableaux, fouvent même il deffinoit en grand fes figures fur la toile.

Le coloris de Sébastien étonnoit, il le tenoit du Giorgion; Michel-Ange qui en fut charmé fe l'attacha, espérant qu'aidé de fes deffeins il furpafferoit Raphaël & tous les autres peintres, mais comme il employoit beaucoup de temps à finir fes ouvrages, fon goût devint trop fec & trop leché pour répon

dre aux intentions de Michel-Ange.

Il peignit en concurrence du tableau de la transfiguration de Raphaël, une réfurrection du Lazare dont Michel-Ange avoit donné le deffein; ce tableau eft admirable pour le grand goût de couleur. Raphaël n'en fut cependant point vaincu, fes gran(a) Poca Loda des qualités prévalurent: il dit à ce fujet à son ami l'Aretin, farebbe a me di ce feroit (a) une foible gloire pour moi de vaincre un homme qui ne fçait pas deffiner.

vincere uno che non Ja diffegnare.

Dolce. p. 10.

Un Chrift mort que Sébastien fit pour l'Eglife de faint François de Viterbe, une chapelle qu'il peignit à faint Pierre Montorio fur les cartons de Michel-Ange lui firent beaucoup d'honneur. Après la mort de Raphaël, on le préféra à tous fes difciples pour les grands ouvrages du Vatican; Chigi lui donna à peindre une chapelle à la Madona del popolo ; il en reçut le prix, il y travailla & ne l'a jamais finie.

Sébastien étoit fi long, fi irréfolu dans fes ouvrages, qu'il en commençoit plufieurs à la fois fans en terminer aucun. Il ya toute apparence que fon génie l'abandonnoit dans les grandes entreprises, ou qu'il ne fe fentoit pas affez fort pour les fuivre de lui-même: on remarque aifément combien il peinoit dans fon travail; la nature lui avoit refufé la facilité d'opérer fi néceffaire à cet art : le portrait fembloit mieux lui convenir que les fujets d'hiftoire qui entraînent avec la longueur du travail, une grande fuite de réflexions & beaucoup d'appli

cation.

Ses portraits sont en grand nombre, & font excellens : il

peignit le Cardinal de Médicis lorfqu'il fut élu Pape fous le nom de Clément VII. André Doria, l'Arètin & plufieurs au- SEBASTIEN del PIOMBO.

tres.

Sitôt que le Pape qui l'avoit toujours protégé étant cardinal, lui eut donné fon office de fratel del Piombo & qu'il fut revêtu de l'habit religieux, la paresse assez ordinaire à cet état s'empara de lui, il n'exerça plus la peinture & s'occupa à faire des vers; fa maison étoit remplie de fçavans, fa table étoit bonne, & il n'épargnoit rien pour fe fatisfaire. Ce peintre aimoit si fort à caufer, qu'il y paffoit des journées entiéres : comme il étoit à fon aife, quelque prix qu'on lui donnât de ses ouvrages, il croyoit qu'on ne les payoit pas affez; il fit cependant le portrait de Julia Gonzague par ordre du cardinal Hyppolite de Médicis & peignit à fon exaltation le Pape Paul ÍÍI.

Sebastien avoit trouvé le fecret de rendre toujours vives les couleurs à l'huile fur un mur, lefquelles ordinairement deviennent noires & prefque éteintes. Sur ce qu'on lui reprochoit qu'il devoit avoir honte de ne plus travailler, il ya, dit-il, des peintres qui font en deux mois ce que je fuis deux ans à terminer; ainfi je me repofe pour leur laiffer un peu d'occupation. Il fe brouilla avec Michel-Ange qui vouloit peindre à frefque la façade de la chapelle du Pape où fe voit le jugement universel. Sébastien dit au Pape qu'elle feroit mieux à l'huile & il prépara tout à cet effet. Michel-Ange outré de cette obftination fit tout abattre en difant que la peinture à l'huile étoit un ouvrage de femme & de fainéant tel que Sébastien. Sébastien ne furvécut pas long-temps à ce différend, une groffe fiévre l'emporta en l'année 1547. à l'âge de foixante & deux ans : il fut enterré à Rome dans l'Eglife de la Madona del popolo.

On ne lui connoît qu'un difciple nommé Tomafo Laurati Sicilien.

Les deffeins de Sébastien font rares : ils font travaillés à la pierre noire foutenus d'un petit lavis & relevés de blanc au pinceau. Son goût de deffein approche de celui de MichelAnge: on diftingue ce maître principalement par fes airs de têtes un peu féroces & une incorrection qui ne lui eft que trop familiére; fes contours font un peu tranchés & les plis de fes draperies font trop fecs; les hachures qu'il employe font quelquefois perpendiculaires.

Ses ouvrages font la plûpart à Rome; le plus confidérable SEBASTIEN eft une chapelle dans l'Eglife de faint Pierre Montorio où il a del PIOMBO. représenté la transfiguration dans la voûte avec les figures de faint Pierre & de faint Paul à côté, peints à frefque, & celles de deux prophétes qui font au-deffus de la figure d'un Christ à la colonne peint à l'huile fur le mur, excellente figure pour le contour, pour les mains, & les pieds qu'on croit être de Michel-Ange; il a employé fix ans à cette chapelle : une Vierge pleurante dans une vafte campagne : à fanta Maria del popolo la chapelle d'auguftin Chigi : dans l'Eglife de la Pace au maître Autel la vifitation de la Vierge.

A faint François de Viterbe un Chrift mort avec la Vierge. Une autre visitation qui eft dans la chapelle de Fontainebleau.

Le martyre de fainte Agathe pour le cardinal d'Arragon. Un Polypheme à frefque pour le palais Chigi ou petit Farnése.

Un grand tableau à faint Jérôme de Venise.

Quatre figures fur les portes de l'orgue de faint Barthelemi à Venise.

Les portraits de Marc Antoine Colonna, d'Adrien VI. de Clément VII. de l'Arètin, de Julia Gonzague, de Paul III. Le Roy a une vifitation de la Vierge fur bois & le portrait de Baccio Bandinelli.

On voit au palais Royal Jupiter en aigle enlevant Ganiméde deffiné par Michel-Ange; le portrait de ce grand peintre, une descente de croix; la réfurrection du Lazare de grandeur naturelle faite pour Narbonne, qu'on croit avoir été inventée & deffinée fur la toile par Michel-Ange.

On connoît une Judith gravée d'après ce maître dans la galerie de l'Archiduc Léopold.

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