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qui orne le maître Autel. A la Minerve dans la chapelle Altieri, cinq faints canonifés par Clément X. à la chapelle Cibo à la Madona del popolo, la conception & les quatre Docteurs de l'Eglife.

Au Jefus la mort de faint François Xavier : à fan Carlo al corfo faint Charles & faint Ambroife aux pieds de la Vierge.

Dans la galerie du Grand Duc faint Philippe de Neri.

Dans la ville de Genes à Notre-Dame de Carignan, le tableau de faint Blaise.

La galerie de l'Electeur Palatin à Dusseldorf eft ornée d'une Vénus dormante avec plufieurs figures, & d'un autre tableau qui représente Jefus, la Vierge & faint Jean.

A Sienne dans la chapelle Chigi une visitation & une fuite en Egypte.

Le Roy a l'adoration des bergers, une prédication de faint Jean, Apollon & Daphné, une fainte famille avec fainte Catherine près de l'enfant Jefus qui dort : une sainte famille en petit avec faint Joseph.

Au palais Royal il y a une belle Galatée, une Vierge avec l'enfant Jesus.

Dans la galerie de l'hôtel de Toulouse Auguste qui ferme la porte du Temple de Janus & facrifie à la paix.

CHARLES
MARATTI.

LEONARD de VINCI.

LEONARD
DE VINCI.

EONARD de Vinci peut être regardé comme le premier peintre Florentin qui ait affujetti à des régles certaines, l'art de la peinture que Cimabué avoit retabli en cette Ville en 1240.Né en 1455 dans le Château de Vinci près Florence, il eut pour pere Pierre de Vinci noble d'extraction. Son goût naturel pour tous les arts s'étant dé veloppe dès fon enfance, on le mit à Florence chez André Verocchio qui enfeignoit le Perugin. A peine Leonard fut-il entré dans cette école qu'il peignit un ange dans le tableau du baptê me de notre Seigneur, que faifoit André Verocchio. Cet ange étoit fi bien fait & fi fupérieur aux autres figures, que fon maî tre, piqué de se voir ainfi effacé par un jeune homme, ne voulut plus manier le pinceau. Après

Après ces premiéres études, Leonard crut pouvoir fe paf

fer de maître, il quitta André & se rendit à Milan, où il de- LEONARD vint habile dans toutes les parties de la peinture; les fciences & DE VINCI. les arts lui étoient connus. Avec du goût & beaucoup de génie, il avoit un jugement folide & une profonde fpéculation. Le Duc Sforce de Milan, qui l'avoit attiré dans cette Ville, le mit à la tête de l'Académie de peinture qu'il y avoit établie. Il le faifoit jouer d'une lire qu'il avoit inventée & qu'il touchoit parfaitement; pour faire même valoir tous fes talens, ce Prince le chargea de peindre une céne dans le réfectoire des Dominiquains de Milan. Les têtes des apôtres étoient fi belles, qu'il ne put rien imaginer d'affez parfait pour celle de JesusChrift qui eft refté ébauchée, ne trouvant non plus rien d'affez hideux pour repréfenter Judas, il y mit la tête du (4) Prieur couvent, homme infupportable qui le perfécutoit fans cefLe pour finir cet ouvrage.

du

à

à

Après un affez grand féjour à Milan, où il fut présenté François I. lorfqu'il paffa par cette ville, Léonard revint Florence en 1500. Le Sénat l'employa auffitôt à peindre avec Michel-Ange, la grande falle du confeil de Florence; ils firent l'un & l'autre par une noble émulation, les fameux cartons dont il eft tant parlé dans l'hiftoire de la peinture, & qui ont inftruit tous les peintres qui les ont fuivi. Les difputes que Léonard eut fur fon art avec le grand Michel Ange pendant qu'ils travailloient ensemble dans cette falle, servi rent infiniment à l'instruction de Raphaël qui avoit alors vingt ans & Michel Ange vingt-neuf.

Léonard accompagna le Duc Julien de Médicis à Rome lors de la création de Leon X. en 1513. Ce Pontife lui commanda un tableau & le voyant appliqué à distiller les huiles & à préparer les herbes pour faire le vernis, cet homme, ditil, ne finira jamais rien, puifqu'il pense à la fin de fon ouvrage avant que de le commencer. En effet, il n'a guéres terminé de tableau, il y laiffoit toujours quelque chofe d'imparfait : ces incertitudes ne venoient que de l'excellence de fon goût qui n'étoit jamais content de ce que fon génie avoit produit.

Perfonne en effet n'a tant travaillé que lui, pour arriver au point de perfection & pour exprimer les paffions de l'ame. Perfuadé qu'il s'attireroit l'eftime des gens d'efprit, il fit des études extraordinaires pour remuer l'imagination des fpec

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(a) Le vite dei

Pittori, di Giorgia
Vafari. p. 3 p. 12.
Abrégé de la vie

des peintres par de
Piles, P. 163. pre-

miére édition.

1699.

tateurs. Rien ne lui échapoit, il portoit à fa ceinture des taLEONARD blettes pour faifir les têtes bizarres que le hazard lui procuDE VINCI. roit ; & il fuivoit jufqu'au lieu du fupplice ceux qui y étoient condamnés pour examiner avec foin fur leurs vifages l'impreffion que pouvoit produire la pensée d'une mort prochaine. Leonard étoit fi fcrupuleux que pour éviter la confufion, il ne mettoit dans fes tableaux que les figures abfolument néceffaires, il donnoit à chaque chofe le caractère qui lui étoit propre, & le feu de fon imagination élevoit fes fujets jufqu'au dégré le plus éminent.

Ce peintre exprimoit toutes les minuties de la nature, les poils, la barbe, les cheveux, les herbes, les fleurs, &c. Cette fervile exactitude à trop fuivre la nature, ne pouvoit être corrigée que par l'étude des figures antiques, mais il ne les confulta jamais. Son coloris n'eft pas excellent, fes carnations tirent fur la couleur de lie, & il regne dans tous fes tableaux un ton violet qui en ôte l'union. A force de finir fes ouvrages, il en devenoit fec, & fes contours étoient chantournés : Sandrat (a) Mone Life rapporte (a) que Leonard étoit trop long dans l'exécution uxoris Francifci de les tableaux, & qu'il fut quatre ans à peindre le portrait Jucundi effigiem d'une femme. Il faifoit venir des bouffons & des muficiens pour diffiper l'ennui de ceux qu'il peignoit.

quatuor in ea an

nis infumptis &

opere tamen nondum abfoluto.

Sand.

113.

P. 2

1. 2. P.

L'anatomie dont il a fait beaucoup d'études, fur-tout celle des chevaux lui étoit familiére, & l'on a de fa main nombre de deffeins fur la phifionomie. Son traité de (6) peinture eft un morceau achevé, & doit être regardé comme une fourvrage de figures de ce où il y a beaucoup à puifer.

(b) Le Pouffin

a embelli cet ou

fon invention.

Leonard fut grand architecte, il en donna des preuves à Pife en détournant le canal de l'Arno pour le conduire à Florence; fçavant dans l'hydraulique, il fit le canal qui amène les eaux de l'Adda jufqu'à Milan, entreprise qui avoit paru jufqu'alors impoffible. Il pratiquoit des chemins dans les montagnes qu'il fçavoit applanir, & il trouva moyen de fondre (c) E tanto d'un feul jet une figure équeftre (c) fi énorme qu'on ne put jagrande lo com- mais la tranfporter.

mincio, e riusci,

che condur non fi potè mai.

La jaloufie qui avoit toujours régné entre Michel Ange, & Leonard s'étant réveillée à Rome, elle obligea ce dernier Vafari P. 3. P. 12. à quitter l'Italie & à venir en France, où François I. l'attira par fes bienfaits & le reçut avec toutes les marques de diftinction qu'il méritoit. Leonard ne fut que cinq ans en

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France, comme il étoit déja vieux & prefque toujours incom

modé, il n'y fit aucun ouvrage. François I. qui l'étoit venu LEONARD visiter à Fontainebleau pendant fa maladie, le vit mourir en- DE VINCI. tre fes bras en 1520, à l'âge de foixante & quinze ans, & le regretta infiniment.

Cet homme rare avoit une phifionomie très agréable; il étoit bienfait, parloit bien, & fe faifoit généralement estimer. On rapporte des chofes prodigieufes de fa force, entre autres, qu'il plioit un fer de cheval, & qu'avec fes feules mains, il tournoit en forme de vis le battant d'une cloche. Ses éléves ont été André Salaino ou Salai, Antonio Boltraffio, Marc Uggioni, Céfar Sefto, Paul Lomazzo, &c.

Les deffeins de Leonard de Vinci font faits à la mine de plomb, à la fanguine, à la pierre noire & le plus fouvent à la plume maniée avec beaucoup de franchife & de légèreté, & foutenue d'un petit lavis. On y remarque une grande précifion, beaucoup d'efprit, & une parfaite imitation de la nature. Il a fait des caricatures admirables, & s'il a quelquefois outré les contours des parties les plus bizarres, c'étoit pour en retenir mieux le vrai caractére; une vérité fimple, un goût de deffiner un peu fec, & une maniére finguliére de draper fuffifent pour faire diftinguer Leonard de Vinci ; fi vous y trouvez d'ailleurs fa maniére de penfer, & une vive expreffion des paffions de l'ame qu'il a poffédée mieux que perfonne.

Il a peint à Florence dans la grande falle du confeil l'hiftoire de Nicolo Piccinino capitaine du Duc de Milan. Pour le maître Autel de l'Eglife de l'Annonciade une fainte famille avec fainte Anne & faint Jean dont il fit feulement le carton. On voit à Rome dans le Vatican une Vierge qu'il fit pour Clément VII.

Il peignit pour l'Empereur une nativité & deux têtes de medufe dont la compofition fait horreur.

A Milan dans le réfectoire des Dominiquains une belle céne que le temps a endommagé. On en voit une belle copie dans l'Eglife de faint Germain l'Auxerrois à Paris, & une encore plus parfaite dans la chapelle du château d'Ecouen. Dans la facriftie de fainte Marie contre fan-celfo il a peint la Vierge qui s'appuye fur les genoux de fainte Anne pour retenir fon fils qui joue avec un agneau.

Dans la galerie Ambrofianne à Milan le portrait d'une Du

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