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murs de la closture de la ville,» représentait seulement une surface de 1,771 toises et demie; on y trouvait, outre le corps de logis principal, un jardin, des cours, un jeu de paume, une écurie, une grange, etc.

Le but avoué du roi était de « recouvrer le plus d'argent comptant. » Les experts, pour faciliter la vente, proposèrent de percer, par le milieu du grand Nesle, une rue « de quatre toises et demie de large, depuis le devant sur le quai des Augustins, jusques contre le mur qui sépare la grand cour et le jardin de derrière le petit Nesle. » On n'eut pas besoin d'en venir là, car le lot tout entier fut presque aussitôt acheté par Louis de Gonzague, prince de Nevers. Il y fit construire une habitation. d'une telle magnificence que Henri IV lui dit un jour en riant: « Mon neveu, j'irai loger chez vous quand votre maison sera achevée. » Il est vrai qu'elle ne le fut jamais complètement.

C'était un vaste et imposant édifice de brique et de pierre, ayant quelque rapport avec les pavillons de la place Royale1. En y réunissant ses cours et ses immenses jardins, il couvrait presque tout l'emplacement aujourd'hui compris entre le pavillon de la bibliothèque Mazarine et la rue Dauphine. Le plan de Quesnel (année 1609) et celui de Mérian (vers 1615) en donnent une image assez confuse, mais que les estampes du temps permettent de compléter. Les princesses de la maison de NeversGonzague ont rendu célèbre cette demeure, qui conserva longtemps une réputation méritée d'élégance. C'est là que Henriette de Clèves, duchesse de Nevers, pleura la mort de Coconas, son amant, décapité en 1574, et dont elle conservait près de son lit la tête embaumée. Soixante ans plus tard, Marie de Gonzague, petite-fille de Henriette, pleurait dans la même chambre la mort tragique de son amant Cinq-Mars; ce qui ne l'empêcha pas d'épouser ensuite deux rois de Pologne.

En 1641, elle ordonna de démolir cet hôtel, et obtint du roi des lettres patentes qui l'autorisaient à vendre l'emplacement pour y bâtir des maisons et y ouvrir des rues.

1. Voy. la planche ci-contre.

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Henri de Guénégaud fut le principal acquéreur. Il fit construire une riche demeure, à laquelle il donna son nom, ainsi qu'à la rue qui fut ménagée à l'extrémité du jardin. Celle-ci ne le portait cependant pas encore en 1650, comme on le voit sur le plan de Gomboust, qui d'ailleurs indique, avec son exactitude ordinaire, l'hostel de Guenegaud et la rue qui lui sert de limite à l'est. Cet hôtel devint bientôt le séjour le plus brillant de Paris ; Boileau y lut ses premières satires et Racine ses premières tragédies. La façade principale, perpendiculaire au quai, correspondait à la façade latérale actuelle de l'hôtel des Monnaies, sur la petite place Conti. En 1670, l'hôtel de Guénégaud fut acheté par la princesse de Conti, dont l'hôtel est mentionné sur le

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plan de Paris dressé en 1717 par Bernard Jaillot. La maison de Conti resta propriétaire de cet hôtel jusqu'en 1750, année où il fut cédé à l'État moyennant cent soixante mille livres. Après de longues hésitations, il fut démoli en 1768 pour faire place à l'hôtel des Monnaies.

1. No 31 du plan.

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partie orientale subsistait presque seule. Il se composait alors d'un édifice flanqué de deux tours entre lesquelles s'ouvrait la porte

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A l'époque qui va nous occuper, le domaine de Nesle avait, comme on l'a vu, perdu beaucoup de son étendue primitive, et la

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Fragment du plan de J. Gomboust.

de la ville; on y arrivait, à travers le pré, très large en cet endroit, par un pont composé de quatre arches. La tour de Nesle était située à quelques mètres et au nord de cette porte. Un bail passé en mai 1612 la décrit ainsi : « La tour de Nesle, consistant, au bas d'icelle, en une fosse ou prison, inutile à cause des eaux ; une autre prison au-dessus, garnie de grille de fer; deux chambres au-dessus ; une viz 1; une allée haute sur le mur 2. »

II

CONSTRUCTION ET DESCRIPTION

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Superficie jugée nécessaire. — Prix des terrains. — Indemnité accordée à la ville de Paris et aux personnes expropriées. — Plan général de Levau. — Traitement des architectes. — Le pavillon des Arts et celui de la Bibliothèque. - Estimation des dépenses. L'horloge. — Les cadrans solaires. La façade. La chapelle inscriptions, groupes sculptés, dôme. — Boutiques établies au rez-de-chaussée. Le quai Conti. - Première cour. — Intérieur de la chapelle: sanctuaire, coupole, statues, caveaux et inhumations qui y étaient faites, inscriptions, mobilier. — Tombeau de Mazarin. — Seconde cour. — Distribution des bâtiments qui l'entouraient.-Quel escalier conduisait à la Mazarine? — Les architectes lui destinaient celui de la seconde cour. Construction, après coup, d'un escalier au-dessus du perron de la première cour. Inconvénients de cette entrée, qui est conservée malgré le vœu des inspecteurs du collège. — La bibliothèque de l'Institut. — Troisième cour. La cuisine. La rue Mazarine. — Les

maisons des rues Mazarine et Guénégaud.

L'emplacement choisi, il fallait l'acquérir, et, ici encore, on dut faire appel à l'autorité du roi.

La superficie jugée nécessaire pour l'établissement du nouveau

1. Un escalier.

2. Bail fait à Jacques Brocart, pour neuf ans, moyennant 64 livres tournois par an. Archives nationales Q1 1274.

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