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il eft parlé de luy dans l'article XVII. Je croy donc qu'Antonin parle icy de Claudius Severus Philofophe Peripateticien, qu'il appelle apparemment fon frere, acaufe de la tendreffe qu'il avoit pour luy. Peut-eftre mefme que du cofté de fa mere il avoit quelque parent qui portoit le nom de fon Bifayeul, qui fe nommoit Catilius Severus. Quoy qu'il en soit, il est constant que Verus n'a nulle part à cecy.

C'eft luy qui m'a fait connoiftré Thrafea, Helviains.] C'eftoit Severus qui luy avoit fait lire l'hiftoire de Thrafea Petus & de fon gendre Helvidius, dont Neron fir mourir le premier, & cxila l'autre, comme Tacite le raconte dans le xvI. Livre de fes Annales. Caton, Dion & Brutus,] dont on Fit les vies dans Plutarque. Nous avons encore aujourd'huy une lettre que Platon écrivoit à ce Dion.

De gouverner mon Eftat avec des loix toujours égales pour tout le monde.] Il eft impoffible que la juftice fubfifte fans cette égalité de loix. Auffi fontelles defcendues du ciel, & il ne dépend pas des hommes de les changer à leur fantaifie, & de leur faire ap

prouver ou pardonner dans une occafion ce qu'elles condamnent dans une autre. Sophocle a fort bien dit, que dans les loix il y a un Dieu puissant qui triomphe de l'injuftice des hommes, qui ne vieillit jamais.

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Et de regner de maniere que mes Sujets ayent une entiere liberté. ] Antonin n'eft pas le premier qui ait fu allier la Royauté avec la liberté des Sujets. Avant luy Nerva avoit efté loiié d'avoir fait ce delicieux mêlange: Quòd res olim diffociabiles mifcuerit, principatum & libertatem ; & Trajan d'avoir augmenté cette facilité de l'Empire. Car je ne veux pas gafter ce beau mot de Tacite, Imperii facilitatem, en le traduifant.

A ne foupçonner jamais que mes amis puiffent manquer d'amitié pour moy. ] Ce principe eft fort beau & fort bon, mais cet Empereur le pouffoit peuteftre trop loin, & c'eft fans doute ce qui l'empefchoit de voir les deportemens de Fauftine.

XV.Maximus.] Claudius Maximus Philofophe Stoïcien, qui eftoit mort quand Antonin écrivit cecy, comme cela paroift par la fuite & par le troi

fiéme livre, où il dit: Secunda à enterré fon mari Maximus.

Expedier fes affaires fans fe plaindre &fans eftre chagrin. ] Cette maxime eft excellente pour tout le monde, mais fur tout pour les Princes & pour ceux qui font à la tefte des affaires.

Il n'admiroit jamais rien. ] Et par confequent il eftoit fans defir & fans crainte. On peut voir la v 1. Epitre du 1. Livre d'Horace, & ce qui a esté remarqué fur cette heureufe inadmiration.

XVI. La vie de mon pere. ] Il parle d'Antonin le Pieux, qui eftoit fon pere adoptif. Ce Chapitre eft parfaitement beau, & donne une grande idée de ce Prince. Il feroit à fouhaiter qu'il fuft plus lu.

Il laifoit à fes amis la liberté de manger ou de ne point manger avec luy.] Ces paroles ont befoin de commentaire pour eftre entendues en ce tems où les manieres de la Cour font fi differentes de celles de ces temps-là. Parmi les plus grandes marques de hauteur & de mépris que les Princes pouvoient donner, on comptoit celle de manger feul, qui paroiffoit infup

portable. Mais l'autre extremité où ils tomberent enfuite, le fut encore plus: car en faisant l'honneur à ceux qu'ils aimoient de les recevoir à leur table, ils leur en firent un devoir & une neceffité: de forte qu'ils n'ofoient manquer à un feul repas fans permiffion, ni mefme demander cette permiffion, de peur de déplaire. Antonin le Pieux fut un des premiers, qui connoiffant qu'il n'y avoit rien de plus inhumain que de convertir cet honneur en fervitude, délivra fes Courtifans & fes amis d'un joug qui ne pouvoit eftre fort pefant. Marc Antonin fuivit fon exemple. Il recevoit fes amis à fa table quand ils vouloient y aller, & que leurs affaires le leur permettoient.

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Il n'exigeoit point d'eux qu'ils l'accompagnaffent dans fes voyages. ] Marc Antonin imita fi bien cette indulgence, qu'il difpenfa Galien fon meilleur medecin de le fuivre à une de fes expeditions contre les Marcomans, & qu'il luy accorda la priere qu'il luy fit de le laiffer à Rome, comme Jalien nous l'apprend luy-mefme dans un de fes Traitez.

Il avoit une amitié toujours égale

pour ses amis, dont il ne fe laffoit jamais & dont il n'eftoit jamais entesté. ] Antonin remarque cela comme une chofe fort extraordinaire. En effet il n'y a rien de plus rare que de trouver des hommes qui ne foient pas ou enteftez ou ennuyez de leurs amis.

Il confervoit avec foin fes revenus,Ở il moderoit autant qu'il luy eftoit possible fes dépenfes. ] Une marque certaine que la liberalité & la magnificence ne font pas des vertus proprement Royales, c'eft qu'elles s'ajuftent parfaitement avec la tyrannie. Quelle gloire donc pour des Souverains, que de paroiftre avec éclat par des dépenfes exceffives? Il n'y a rien de plus digne d'un grand Prince, que de regler fes dépenfes domeftiques, perfuadé qu'elles n'ajoûtent rien à fa grandeur & de bien ménager fes revenus, dont il doit eftre un difpenfateur fage & prudent, qui veut pouvoir toujours fournir aux befoins de fon Estar, Vans fomenter par des largeffes mal entendues les vices de fon peuple.

On n'a jamais pu dire qu'il fuft un Sophifte, un difeur de bons mots un homme qui fentift l'Ecole. ] Ces

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