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lier le chant & la danfe à un fujet, & de ne faire qu'une feule chofe du ballet & de la comédie. C'eft, dit-il dans la préface des Fâcheux, un mélange qui eft nouveau pour nos théatres dont on pourroit chercher quelques autorités dans l'antiquité; & comme tout le monde l'a trouvé agréable; il peut fervir d'idée à d'autres chofes qui pourroient être méditées avec plus de loifir. Il faut convenir que les ballets inférés dans les piéces de Moliere, fe reffentent quelquefois de la précipitation avec laquelle il étoit obligé de les compofer, pour obéir aux ordres du Roi; mais on ne peut du moins lui difputer la gloire d'avoir enrichi le théatre François d'un genre de comédie, qui depuis y a été fouvent employé avec fuccès.

Quelques perfonnes fouhaitoient qu'on fuivit l'ortographe qui étoit en ufage du temps de Moliere; comme elle a varié, même de fon vivant, on n'a pu s'y affujettir entiérement on n'a point auffi adopté la nouvelle. A l'égard de l'uniformité dans la maniére d'écrire les mêmes mots, on l'a crûe indifpenfable.

Les comédies font à préfent rangées fuivant le temps qu'elles ont été représentées pour la premiére fois fur les théatres du petit Bourbon, & du palais Royal, rélativement à la table générale qui eft à la fuite des mé moires; il y en a plufieurs, à la fin defquelles on trouvera les noms des comédiens qui y ré

citoient, & même des perfonnes qui y ont chanté & danfé; mais on n'a mis que ceux dont on a pû être sûr. De fimples traditions, en pareil cas, font trop incertaines, & l'on ne doit pas s'y fier. La feule comédie de la Princeffe d'Elide avoit cet avantage dans les éditions précédentes; on a eu recours, pour les autres, aux imprimés in-4°. qui fe diftribuoient à la Cour dans le temps des premiéres repréfentations. Comme Louis XIV lui-même, ne dédaignoit pas d'y danfer, & que les Princes, les Princeffes, & les Seigneurs de fa Cour, à fon exemple, s'en faifoient un amusement, on a crû que, du moins par ce côté, ce détail pourroit exciter la curiofité du public, & lui paroître intéreflant.

Extrait d'un livre intitulé, Nouvelles Nouvelles, troifiéme partie, page 217 & fuivantes. *

Et Extrait peut être regardé comme un

C fupplément aux été come e les

ouvrages de Moliere, & paroîtra d'autant plus intéreffant, qu'il nous le fait connoître comme auteur & acteur. C'est par ces deux endroits

Par M. de Vizé, in-12. Paris, Gabriel Quinet, 7663.

que

que fon hiftorien ( Grimareft) devoit nous le montrer, & c'est à quoi il a penfé le moins.

» Je ne ferai point comme ceux dont on » vient de parler, qui louent & qui blâment » exceffivement, je dirai la vérité, fans que » ce fameux auteur (Moliere ) s'en doive of» fenfer, & certes il auroit grand tort de le » faire, puifqu'il fait profeffion ouverte de >> publier en plein théatre, les vérités de tout » le monde. Cette raifon m'oblige à publier » les fiennes plus librement que je ne ferois. » Je n'irai point toutefois jufqu'à la fatire, & » tout ce que je dirai fera tant foit peu plus à >> fa gloire qu'à fon défavantage.

» Je dirai d'abord, que fi fon efprit ne l'a» voit pas rendu un des plus illuftres du fié»cle, je ferois ridicule de vous en entrete>nir auffi long-temps, & auffi férieusement » que je vais faire, & que je mériterois d'ê» tre raillé ; mais comme il peut paffer pour » le Térence de notre fiécle, qu'il est grand » auteur & grand comédien, lorfqu'il joue » fes piéces, & que ceux qui ont excellé dans >> ces deux chofes, ont toujours eu place en » l'hiftoire je puis bien vous faire ici un » abrégé de l'abrégé de sa vie, & vous en» tretenir de celui dont l'on s'entretient pref» que dans toute l'Europe, & qui fait fi fou>vent retourner à l'école tout ce qu'il y a de → gens d'efprit à Paris.

Ce fameux auteur de l'Ecole des maris
Tome A

-b

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ter la comédie, & fans favoir ce qu'on y jouoit.

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Pendant cela notre auteur fit réflexion fur ,, ce qui fe paffoit dans le monde, & fur-tout ,, parmi les gens de qualité, pour en reconnoitre les défauts; mais comme il n'étoit ,, encore ni affez hardi pour entreprendre une ,, fatire, ni affez capable pour en venir à bout, il eut recours aux Italiens fes bons amis, & ,, accommoda les Precieufes au théatre Fran,, çois, qui avoient été jouées fur le leur, & qui leur avoient été données par un Abbé ,, des plus galans. Il les habilla admirable,, ment bien à la Françoife, & la réuffite ,, qu'elles eurent lui fit connoître qu'on aimoit ,, la fatire, & la bagatelle. Il connut par là les goûts du fiécle, il vit bien qu'il étoit malade, & que les bonnes chofes ne lui ,, plaifoient pas.

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,,11 apprit que les gens de qualité ne vou loient rire qu'à leurs dépens, qu'ils vou ,, loient que l'on fit voir leurs défauts en pu,,blic, qu'ils étoient les plus dociles du mon de, & qu'ils auroient été bons du temps " où l'on faifoit pénitence à la porte des tem,, ples, puifque loin de fe fächer de ce que Pon publioit leurs fottifes, ils s'en glori ,, fioient: & de tait, après que l'on eut joué les Précieufes, où ils étoient & bien repré

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* L'Abbé de Pures.

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fentés & bien raillés, ils donnerent eux,, mêmes, avec beaucoup d'empreffement, à l'auteur dont je vous entretiens, des mémoires de tout ce qui fe paffoit dans le ,, monde, & des portraits de leurs propres ,, défauts, & de ceux de leurs meilleurs amis, ,, croyant qu'il y avoit de la gloire pour eux ,, que l'on reconnut leurs impertinences dans ,, fes ouvrages, & que l'on dit même qu'il ,, avoit voulu parler d'eux : car vous faurez » qu'il y a de certains défauts de qualité, dont ,, ils font gloire, & qu'ils feroient bien fachés ,, que l'on crût qu'ils ne les euffent pas.

,,Notre auteur ayant derechef connu ce » qu'ils aimoient, vit bien qu'il falloit qu'il s'accommodât au temps; ce qu'il a fi bien ,, fait depuis, qu'il en amérité toutes les louanges que l'ona jamais données aux plus grands

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> auteurs.

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Jamais homme ne s'eft fi bien sû fervir ,, de l'occafion, jamais homme n'a sû fi na,,turellement décrire, ni repréfenter les actions ,, humaines, & jamais homme n'a sû fi bien ,, faire fon-profit des confeils d'autrui.

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Il fit après les Précieufes, le Cocu imagi naire, qui eft, à mon fentiment, & à celui de beaucoup d'autres, la meilleure de toutes " fes piéces, & la mieux écrite. Je ne vous ❞ en entretiendrai pas davantage, & je me contenterai de vous faire favoir que vous en 2. apprendrez beaucoup plus que je ne pour

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