QUI CONTIENT. TOUTES LES EXPÉriences de LA VIE INTÉRIEURE, Depuis fes commencemens jusqu'à la plus haute NOUVELLE ÉDITION TOME I. A PARIS Chez les LIBRAIRES ASSOCIÉS. M. DCC. XCI. SOMMAIRE. 1. Des perfonnes envoyées de Dieu pour communiquer aux hommes la vérité falutaire, & comment le Démon s'y oppofe de toutes fes forces. II. De la Vie & des Ecrits de Madame Guyon. I. DRU, qui veut que tous les hommes foient fauvés par la connoiffance de la vérité falutaire, ne manque pas de leur envoyer pour cet effet de tems à autre des perfonnes qu'il lui plait de fe choisir & de fe préparer pour les rendre propres à la leur communiquer, par l'entremise de leurs paroles, de leurs écrits, & de leur vie exemplaire: Mais l'ennemi des hommes & de leur falut, l'ange rebelle, ayant avec fes complices des deffeins tout contraires à ceux de Dieu, ne manque pas non plus de fon côté à s'y oppofer de tout fon pouvoir. Cet ennemi, pour arrêter le cours de la vérité & fes effets, non content d'avoir répandu par-tout où il a pû les ténèbres foit de l'erreur, foit de l'ignorance, & la contagion des mauvais exemples, qui entraînent la plupart des hommes à la perdition, fe fait de plus un plaifir fingulier de s'en prendre aux ames de choix qui fervent le Seigneur, à leurs paroles, à leur doctrine, à leur conduite; non en les repréfentant comme elles font dans la vérité, & puis s'y oppofant directement: cela ne pourroit tromper les bons: mais en les obfcurciffant, en les déguifant artificieusement, & même en leur fuppofant à faux des difcours, des fentimens & des faits les plus pernicieux qu'il puiffe imaginer afin que les gens de bien : prévenus de la forte, viennent à concevoir de l'averfion pour ces perfonnes-là & pour tout ce que Dieu les a rendu capables de faire pour le bien des ames; & que non-feulement ils s'en privent eux-mêmes, mais qu'ils en viennent même jufqu'à fe perfuader qu'ils rendront service à Dieu s'ils peuvent contribuer à leur extinction entiere & univerfelle. Il faut abfolument ignorer l'histoire fainte & celle de l'Eglife, pour ne pas favoir que c'est ainfi que cet ennemi du falut des hommes a fait recevoir & traiter les Saints Prophêtes, le Saint des Saints, fes Apôtres & fes difciples, les premiers Chrétiens, & dans la fuite de tous les tems, ceux qui ont été à Dieu d'une maniere particuliere & dont il fe fervoit pour le bien falutaire des ames. Le plus grand mal qu'il y avoit dans ce procédé de l'ennemi commun n'étoit pas ni les souffrances, ni même la captivité ou la mort qu'on procuroit fouvent à ces amis de Dieu, qui, au contraire, en faifoient leur bonheur & le fujet de leur joie mais c'est qu'outre que le Démon aggravoit de la forte les péchés de ceux qu'il employoit à s'opposer au bien, il détournoit par cela même les ames de bonne volonté des moyens de leur falut, qu'elles auroient pû embraffer fi Satan ne les leur avoit pas couvert du voile de fes calomnies & de fes menfonges pour leur en donner de l'horreur. Cette pernicieuse méthode a tellement réuffi de tout tems à cet ennemi, qu'il ne faut pas douter qu'à mefure que fon tems devient court, il ne s'efforce à la mettre en ufage par tout & envers tous, & ainfi à prévenir, à tromper & à féduire par fon moyen les meil leurs mêmes. Il ne faut pas que les ames de bonne volonté, fi elles ne fe tiennent bien fur leurs gardes, fe croient incapables d'être trom |
