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prêtre demande à Dieu qu'il reçoive favorablement son offrande comme étant aussi celle de toute la famille chrétienne qui lui appartient. Hanc oblationem servitutis nostræ, sed et cunctæ familiæ tuæ, quæsumus, Domine, ut placatus accipias.

«5. Dans l'oraison qui suit la consécration et que quelques-uns disent, avec assez de fondement, être celle où se fait l'oblation du corps et du sang de Jésus-Christ, le prêtre, s'adressant à Dieu, dit qu'il lui offre cette sainte victime en mémoire de la passion, de la résurrection et de l'ascension de son Fils, et que ce n'est point lui seul, mais aussi tout son saint peuple qui la lui présente : undè et memores, Domine, nos, servi tui, sed et plebs sancta tua ejusdem Christi Filii tui tam beatæ passionis... offerimus præclaræ majestati tuæ, etc.

« Les saints Pères et les autres auteurs ecclésiastiques parlent de la même façon de ce sacrifice, et le considèrent toujours comme un sacrifice que l'Église et les fidèles qui la composent offrent par le ministère du prêtre.

<< Outre que saint Augustin l'appelle, en diverses rencontres, tantôt le sacrifice des chrétiens, sacrificium christianorum, tantôt le sacrifice qui s'offre tous les jours dans l'Église, quotidianum Ecclesiæ sacrificium, et que, parlant de l'oblation qui s'en fait, il l'attribue à tout le corps de l'Église 1; déplorant le malheur de quelques

1. De Civit. Dei, lib. X, cap. vi, 20.

femmes chrétiennes et vertueuses, que les barbares avaient emmenées captives, il compare leur état malheureux à celui des Juifs dans la captivité et dit que comme « les Juifs étaient dans une terre où ils ne pou<< vaient pas sacrifier à Dieu, ainsi qu'ils avaient accou« tumé, de même ces femmes ne pouvaient pas non plus « sacrifier à Dieu, ni présenter leurs oblations sur l'au«< tel, ni trouver un prêtre par les mains duquel elles «< fissent à Dieu leurs offrandes1.» Après avoir cité les passages, déjà reproduits, de Pierre Damien, de l'abbé Guerric, d'Innocent III, l'auteur poursuit : « On pourrait aisément rapporter beaucoup d'autres passages de divers auteurs, comme d'Alcuin, de l'ancien auteur qui a fait une explication du canon de la messe et que l'on croit être Flore, diacre de l'église de Lyon, d'Albert le Grand, d'Odon, évêque de Cambray, d'Étienne, évêque d'Autun, et de plusieurs autres, qui enseignent tous que les fidèles qui assistent au sacrifice de la messe doivent s'unir avec le prêtre dans l'oblation qu'il fait du corps et du sang de Notre-Seigneur Jésus-Christ, et n'être point seulement présents pour être de simples spectateurs d'un si grand mystère, ou tout au plus pour recevoir les grâces que le prêtre demande pour eux à Dieu par le mérite de son oblation. Mais, outre que ce serait s'engager dans un trop long discours, ceux que

1. Epist. 422.

nous avons rapportés suffisent pour montrer que c'est une vérité qui ne peut pas être contestée, et ainsi ce que nous avons à faire, c'est de remarquer que cette doctrine est principalement appuyée sur deux raisons.

« La première est que les actions qui se font par les membres d'un corps ne sont point tant les actions de ces membres que de tout le corps au nom duquel et pour lequel ils agissent, ce qui fait qu'il est vrai de dire que les autres membres font par eux ces mêmes actions, à cause de l'union qu'ils ont tous les uns avec les autres. Ainsi tous les citoyens d'une ville ou tous les habitants d'une province rendent au prince leurs devoirs et leurs obéissances, quand les magistrats ou ceux qui sont envoyés à cet effet lui font leurs soumissions au nom de toute la ville ou de toute la province.

« Or tous les fidèles, en quelque lieu de la terre qu'ils soient répandus, sont tous unis par les liens d'une même foi et d'une même charité, et sont non-seulement tous un même corps en Jésus-Christ, mais aussi les membres les uns des autres par les différents dons de grâce qu'ils ont reçus, selon que l'Apôtre nous l'enseigne expressément1.

« Et par conséquent tout ce qui se fait dans l'Église, soit dans les prières, soit dans l'administration des sacrements, soit dans l'oblation du sacrifice, est commun

1. Rom., XII, 5, 6.

à tous les fidèles, en sorte qu'il est vrai de dire que tous y concourent et y coopèrent. L'Église, dit saint Ambroise, est le droit commun de tous; en commun elle prie, en commun elle agit, en commun elle est tentée1. Et il n'importe pas que ce soient seulement quelques particuliers qui paraissent faire ces actions: l'unité de la foi et de la charité, ou même le Saint-Esprit qui est l'âme de l'Église, comme dit le cardinal Pierre Damien, fait que c'est toute l'Église qui agit par eux 2.

« C'est sur ce fondement que saint Augustin, parlant des petits enfants qui sont quelquefois présentés au baptême par des personnes indignes et d'une méchante vie, dit « qu'ils ne sont pas tant présentés par ceux qui <«<les portent entre leurs bras que par toute la société « des saints, c'est-à-dire par toute l'Église, parce que, « ajoute ce saint docteur, l'on doit croire qu'ils sont pré« sentés par tous ceux qui désirent qu'ils soient présen« tés. » D'où il conclut que « c'est donc toute l'Église, « notre mère, qui les présente, parce que c'est toute

1. Ecclesia, jus commune omnium; in commune orat, in commune operatur, in commune tentatur. Offic., l. I, c. xxix.

2. Tota Ecclesia diversorum quidem constat compage membrorum, sed unum est procul dubio corpus unius fidei soliditate fundatum, una vivificantis Spiritus virtute perfectum. Unde et Apostolus ait: Unum corpus, unus spiritus, sicut vocati estis in una spe vocationis vestræ. Dignum ergo est ut quidquid in sacris officii s a quibuscumque fidelibus particulariter agitur, hoc ipsa Ecclesia per unitatem fidei et charitatis amorem unanimiter agere videatur. Opusc. De Dominus vobiscum, VII.

« l'Église qui engendre tous et chacun de ses enfants. >>

« On doit donc dire la même chose du sacrifice qui est offert tous les jours dans l'Église. Ce n'est point le prêtre seul qui en fait l'oblation: tout le corps de l'Église, et particulièrement les fidèles qui sont présents, la font avec lui et par lui, parce que tous s'unissent de cœur et de volonté avec lui pour la présenter à Dieu. On doit dire, comme saint Augustin: « On doit «< croire qu'elle est présentée par tous ceux qui désirent « qu'elle soit présentée.

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Il serait inutile d'observer que si les fidèles présents offrent plus particulièrement le sacrifice que les fidèles absents, néanmoins les fidèles absents qui sont justes contribuent à la transsubstantiation, tandis que les fidèles présents qui se trouvent dans le péché n'y contribuent point.

fait

<< La seconde raison sur laquelle cette doctrine est fondée, continue l'auteur, c'est que l'union de JésusChrist avec l'Église, comme du chef avec son corps, ne pas seulement que l'on attribue au chef ce qui convient au corps, et au corps ce qui convient au chef, mais de plus que le corps et les membres qui le composent entrent dans la participation de tous les droits, de toutes les grâces, de toutes les prérogatives du chef, parce que le chef, s'unissant aux membres de son corps, les rend participants de sa vertu, de sa puissance, de son esprit, et, en un mot, de tous les avan

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