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plus spécialement de veiller à l'exécution universelle de la règle, et qui marque l'unité gouvernementale.

En entrant dans l'Église, l'homme reçoit un nouvel être qu'on appelle le fidèle, parce que c'est la foi qui le crée en lui. Comme la foi naît à la suite de l'enseignement et qu'elle est le fondement de la régénération, enseigner fait partie de la régénération autant que du gouvernement, à qui nous l'avons attribué.

En devenant fidèle, l'homme ne cesse point d'être citoyen; mais comme citoyen, il est totalement étranger à l'Église, et comme fidèle, totalement étranger à l'État. L'État et l'Église constituent deux mondes essentiellement différents. L'Église ne peut rien sur le citoyen; l'État ne peut rien sur le fidèle. Le fidèle, laïque, prêtre, évêque, pape, n'a aucun droit dans l'État; le citoyen, ou simple citoyen, ou magistral, n'a aucun droit dans l'Église...

Nous avons développé la constitution de l'Église, et contemplé le merveilleux concours, la céleste fraternité de ses membres. Deux sacerdoces sont en action: le sacerdoce extérieur, ministériel, et le sacerdoce intérieur de la prière. Le premier s'exerce par tous les fidèles, évêques, prêtres, laïques. Tous confèrent le sacrement de la régénération fondamentale; tous, en différente mesure, enseignent, prononcent sur la doctrine, portent les règles de discipline, établissent et jugent les pasteurs, participent à l'administration. Mais leurs

actes manqueraient d'efficacité sans le pontificat intérieur, exercé par les saints, dont les supplications obtiennent la coopération du Saint-Esprit. Nul pouvoir efficace hors de la sainteté; car la sainteté, c'est la santé des esprits et leur force pour faire le bien. Dieu est célébré trois fois saint. Il déclare Jésus-Christ pontife selon l'ordre de Melchisédech, c'est-à-dire selon l'ordre de la sainteté. Les saints sont pontifes selon le même ordre, mais comme créatures. Tout le bien que Dieu veut produire, il l'accorde à la prière de JésusChrist, qui lui-même l'accorde à la prière des saints.

FIN DE LA DÉFENSE DES POUVOIRS CONSTITUTIFS DE L'ÉGLISE.

DEUXIÈME SECTION

DÉCADENCE DE L'ÉGLISE DANS LA GRACE

(FRAGMENTS1)

ler LIVRE.

Ile LIVRE.

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· Résistance à la décadence de l'Église dans la grâce.

IIIe LIVRE. — Examen des erreurs reprochées à Baïus, Jansenius, Quesnel et Port-Royal.

* IDÉE GÉNÉRALE DE LA DÉCADENCE DE L'Église
DANS LA GRACE.

Si l'on considère l'Église depuis son origine jusqu'à nos jours, on voit qu'à peine établie elle commence à décliner comme pourrait le faire une institution humaine. D'abord travaillée par les hérésies, elle les

1. Je publie ces pages, seuls vestiges du plus important ouvrage, sans chercher à y introduire des subdivisions que leur état informe ne comporte pas. La suite même des morceaux n'est point marquée dans le manuscrit. A part quelques parties à peu près ébauchées, ce sont de simples notes. Mais les moindres indications d'un auteur qui avait si profondément étudié son sujet, renferment de grandes lumières et devaient être précieusement recueillies. ÉD.

rejette, mais elles lui emportent des âmes. On peut suivre son dépérissement dans le gouvernement, le culte, la morale. L'Église est si robuste cependant, qu'il fallait une institution pour la faire dépérir, comme un comité de ruine.

Si elle se trouve agonisante, c'est qu'elle a été frappée dans ce qui fait sa vigueur, que son principe de vie a éte atteint.

Or, quel est ce principe, sinon la grâce, action intérieure de Dieu dans les âmes pour les guérir de la chute et les relever intérieurement à lui?

Tout bien vient de la grâce, de la connaissance et de l'amour de Dieu; tout bien se termine à la grâce...

Plusieurs fois j'ai montré que l'Église s'est dénaturée sous Constantin en devenant loi de l'État, et qu'elle a contracté une décadence générale et irrésistible. Je vais exposer cette décadence dans la grâce, où je n'ai pour ainsi dire fait que l'indiquer.

Quand l'État commande, il doit pouvoir se faire obéir; autrement son ordre serait vain, et lui, ridicule. Comme il n'a prise que sur les choses qui tombent sous les sens, s'il prescrit la religion, il faut qu'elle soit tout extérieure, ou qu'il la traite comme si elle l'était, et par là qu'il la travaille, qu'il la change et qu'il l'extériore. Telle est l'opération à laquelle le christianisme est soumis depuis quinze cents ans et d'où

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