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la conversion des empereurs; car le faire loi de l'État, c'est supposer que la loi le saisit ou qu'il est extérieur. Cette théocratie forme précisément le jésuitisme, institué douze siècles avant les jésuites...

Le jésuitisme, aujourd'hui maître de l'Église, a son principe dans la négation de la spiritualité du christianisme, transformé en théocratie. Ce pervertissement, surtout quant aux doctrines, a éprouvé d'incessantes résistances, et n'a commencé guère à les surmonter que par l'établissement des jésuites, qui peu à peu ont tout abattu.

SATANISATION DE L'ÉGLISE.

Mélange avec la cité païenne à Constantin. Théocratie. L'importance des siéges attachée à celle des villes. Constantinople s'élevant, -- s'égalant, s'indépendantisant. Séparation de l'empire en deux, l'un oriental, l'autre occidental, favorisant celle des églises. Orthodoxie morte en Orient où elle est née, et réfugiée en Occident où elle descend au plus bas degré. Rome, centre du monde de la chute, périssant à son tour.

Les empereurs dominant l'Église dans l'arianisme et les autres hérésies; puis, maîtres à Constantinople, schismatisant. Dans l'Occident, le pontificat dominant un instant les puissances temporelles, mais s'attirant de perpétuelles tribulations.

Papes étendant la main sur l'Illyrie, afin d'empêcher Constantinople de l'assujettir.

C'est la société païenne qui a déterminé cette deuxième chute de l'homme au moyen âge.

On voit, en philosophie, Aristote opposé à Platon; en théologie, saint Thomas à saint Augustin; dans le culte, les sens à l'intelligence, la foi aveugle à la foi lumineuse, les saints à Jésus-Christ; dans le gouvernement, le clergé asservissant les laïques, les évêques asservissant les prêtres, les papes asservissant tout le monde le paganisme et le judaïsme opposés au christianisme, le monde de la chute à celui de la réparation.

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Saint Thomas nie qu'on s'élève à Dieu intérieurement et immédiatement: d'où extérioration, mondanisation, rupture intérieure; le culte de la Vierge et des saints exagéré, la prodigalité des cérémonies; les expositions du saint sacrement, Jésus-Christ adoré là plutôt qu'intérieurement.

Après avoir rompu la communication intérieure, saint Thomas y supplée par la création continue, qu'il appelle prémotion physique1.

Molina en théologie, Bonald, Maistre en droit canon, tous renversent le christianisme, tous retirent l'homme de l'union intérieure pour le placer dans l'extérieure, c'est-à-dire pour rétablir le judaïsme et le paganisme. Quant à la science moyenne de Molina, il faut lui

1. Voir Bossuet, Traité du libre arbitre.

demander comment Dieu donne la grâce. Si c'est en agissant sur l'âme immédiatement, il tombe dans l'augustinisme et le thomisme. Si c'est en n'y agissant pas, comment la donne-t-il? Supposez même qu'il puisse la donner, Dieu n'est plus maître de l'âme, de la volonté.

La satanisation de l'Église sous la théocratie, par les hérésies, est faite.

1o Faire la satanisation par l'avarice et l'hypocrisie. Voir la Vie de Constantin par Eusèbe, livre IV, chapitre 54; le Dis cours de Pluquet en tête du Dictionnaire des hérésies; Salvien.

2o Satanisation par la philosophie: saint Thomas rompant la communication intérieure de saint Augustin.

3o Dans la grâce, prémotion physique des thomistes remplaçant l'action immédiate de Dieu sur l'âme et y faisant tout. Fatalisme. Jansénisme. Bossuet, Traité du libre arbitre. Labroue, Daniel.

4° Molina adoptant la non-communication; d'où Dieu agissant, non pas sur la volonté pour l'aider, mais l'aidant en agissant sur les choses. Destruction de la grâce.

5o Satanisation dans le culte des saints et autres pratiques. 6o Remarquer la stérilité des conversions après Constantin. Perte de la confiance en Dieu. Potamienne dit : J'obtiendrai de Dieu, au lieu de : Je le prierai de vous accorder. De même Perpétue à son frère, qui l'invite à demander à Dieu de lui révéler si elle sera martyrisée1.

7° Les docteurs de l'Église et ses grands évêques lui vinrent presque tous du dehors, et lui portèrent l'indépendance laïque et le mouvement du monde2.

4. Comparer Pouvoirs constitutifs, à la fin.

ÉD.

2. Le manuscrit contient ensuite quelques lignes, sous le titre :

* PREMIÈRE ALTÉRATION DE LA DOCTRINE DE LA GRACE.

La première altération de la doctrine, c'est la possibilité de l'état de pure nature, ou, ce qui revient au même, que la perfection primitive de l'homme était surnaturelle. Bellarmin dit que c'est l'opinion la plus commune des scolastiques, et Luther la traite de délire, delirant scholastici.

«< Luther, dit l'auteur de l'Exposition historique des hérésies, ne craignit point de publier hautement qu'il y avait plus de trois cents ans que les théologiens scolastiques ne lisaient plus saint Augustin, et qu'ils en ignoraient les sentiments; qu'ils avaient inventé une théologie, qu'ils appelaient scolastique, laquelle avait banni la véritable théologie, avait anéanti la théologie de la croix et mis le trouble et la confusion dans l'Église; que cette théologie scolastique n'était, à le bien prendre, qu'une ignorance de la vérité, un scandale des divines Écritures et une vaine et pompeuse philosophie; que Thomas, qui en était l'auteur, y avait fait régner Aristote, lequel y avait détruit la divine doctrine 1. Suivant Mélanchton 2, cette théologie avait introduit le pélagianisme 3. »

DÉSATANISATION; elle se fera par la régénération sociale. Consulter la II partie.

ÉD.

4. Du serf arbitre; réfut.

2. Apologie pour Luther.

3. Exposit., p. 170.

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Luther doutait du salut de saint Thomas 1. Écoutons Bradwardin, surnommé le docteur profond, et mort archevêque de Cantorbéry en 1348:

« Grand Dieu, je ne puis penser au triste état de votre Église, ni vous le représenter, sans avoir le cœur percé de douleur. Autrefois, huit cent cinquante prophètes de Baal et quelques autres qui leur ressemblaient, suivis d'une multitude innombrable de peuple qui leur était attachée, s'élevèrent contre le prophète de Dieu, qui se trouvait seul; de même, Seigneur, combien y a-t-il aujourd'hui de personnes qui se joignent à Pélage et combattent avec lui contre votre grâce gratuite et contre le grand Paul, qui en a été un si puissant et si généreux défenseur! Combien y a-t-il de personnes aujourd'hui qui font un mépris injurieux de cette grâce qui vient de votre miséricorde et non de nos mérites, et qui soutiennent opiniâtrément la cause du libre arbitre, comme s'il avait assez de force de lui-même pour se retirer de l'abîme d'infirmité et de servitude où il est précipité! Si ces personnes l'appellent une grâce et si elles semblent reconnaître qu'elle est nécessaire, ce n'est, Seigneur, que par manière d'acquit; et elles se vantent de la pouvoir mériter par les efforts de leur propre volonté, comme si vous vendiez ce don céleste, au lieu de le donner gratuitement.

1. Præf. adv. Latom., op. t. II, p. 247. Bossuet, Hist. des Variat. 1. III, no 50.

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